L'Expresso du 19 Mars 2007 

 

Par Francois Jarraud

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Le fait du jour
La semaine d'action du secondaireManifestante le 28/09/2006 à ParisL'interfédération, qui regroupe la quasi-totalité des syndicats enseignants, appelle à une semaine d'action du 19 au 24 mars. Le mouvement entend protester contre un décret pris par le ministre de l'éducation nationale. Ce texte supprime des décharges horaires, ce qui diminuera la rémunération de près de 100 000 enseignants. Il autorise les chefs d'établissement à confier plusieurs disciplines à un même enseignant contre son gré, y compris des disciplines pour lesquelles il n'a reçu aucune formation.

Plusieurs syndicats, dont le Snes et l'Unsen Cgt, appellent à la grève le 20 mars. Des manifestations sont prévues dans les grandes villes,par exemple à Paris à Denfert à 11 heures.

Il est bien difficile d'estimer quelle sera l'ampleur réelle de ce mouvement. Déjà des enseignants nous ont fait part de leurs actions : suppression de bac blanc, rétention de notes, réunions avec les parents  reviennent plusieurs fois. On sait qu'elles touchent déjà entre 300 et 500 lycées. Des occupations de lycée sont prévues, ainsi à Sceaux. La riposte la plus éducative semble être celle de ce collège de Villepreux (78) : les enseignants appliqueront durant une journée la polyvalence instituée par Robien. C'est le prof d'histoire-géo qui fera physique…Les manifestationsModèle de lettre aux parents

Editorial

"Orientation active" ou sélection sociale ? La nouvelle procédure "d'orientation active" mise en place par le gouvernement semble satisfaire tout le monde. Un nombre croissant d'universités l'utilise et, en ce moment même, les professeurs de terminale hésitent d'autant moins à donner un avis d'orientation qu'ils ont le sentiment d'aider leurs élèves. Toutefois la nouvelle procédure introduit une rupture dans l'histoire éducative du pays et constitue une régression sociale sans précédent.

Pourtant,  l'origine de cette réforme se trouve dans des préoccupations unanimement partagées. Le conseil européen de Lisbonne a souhaité voir les états européens augmenter  leur taux de diplômés du supérieur à 50% d'une génération. Cela implique de diminuer un taux d'échec en université qui reste très important. Chaque année 80 000 étudiants quittent le supérieur sans diplôme. Un étudiant sur trois est réorienté. Seulement 39% des bacheliers technologiques obtiennent le Deug. Un taux qui descend à 17% pour les bacheliers professionnels. Quel gâchis !

En octobre 2006, pour lutter contre cela, le rapport du recteur Hetzel a recommandé l'instauration  d'une procédure d'orientation qui est devenue officielle en janvier 2007. Le conseil de classe du second trimestre de terminale émet un avis d'orientation qui est communiqué à l'établissement d'enseignement supérieur. Celui-ci conseille l'étudiant et prend une décision de maintien ou non de l'étudiant à la fin du premier semestre universitaire. Comme le proclame le ministre : il y a orientation et non sélection. Le vilain mot est en effet dangereux pour un gouvernement.  Et actuellement la procédure semble satisfaire tout le monde. Les jeunes ont le sentiment qu'ils bénéficient d'une aide réelle. Les parents pensent qu'on va s'occuper de leur enfant. Les universitaires pensent qu'ils vont avoir moins d'étudiants et qu'ils seront mieux adaptés aux études universitaires.

Et pourtant nous devons attirer l'attention des parents, mais aussi des enseignants, sur les conséquences néfastes d'une "orientation active" qui n'apporte pas de solution réelle aux lycéens. Lire la suite
Le système

L'Ecole du futur vue par J. NimierJ. Nimier"De quelle façon est-il possible d'aborder dans la campagne électorale la question de l'école du futur. Par quel sujet? ou par quel problème? ou dans quel esprit , traiter cet aspect fondamental de notre avenir ? " Jacques Nimier a posé cette question à 36 acteurs de l'Ecole, parmi lesquels André de Peretti, François Dubet, Roger-François Gautrhier, André Giordan, Bruno Mattei, Philipe Meirieu, Guy Pouzard, Jacques Salomé, Claude Thélot pour n'en citer que quelques-uns. "A leur lecture il est évident, me semble - t-il, que le prochain Ministre de l'Éducation Nationale (quel qu'il soit!) ne pourra pas faire évoluer l'école d'un coup de baguette magique ou par quelques circulaires sur la lecture, le calcul ou le vocabulaire!"

Certes. Retenons quelques –unes des réponses. Pour François Dubet, "Je souhaite donc que le débat ne s'organise pas sur tel ou tel point " technique ", mais sur la question de savoir si notre société a la capacité de maîtriser les politiques scolaires ou si, définitivement, celles-ci lui échappent". R.-F. Gauthier estime que "de nouvelles perspectives sont devenues nécessaires : fusionner enseignement primaire et collège, avec l'objectif unique de conduire tous les enfants à la maîtrise des connaissances et compétences nécessaires à vivre ; faire du lycée général et technologique l'antichambre méthodique de l'enseignement supérieur…; cesser de rendre l'école à tous niveaux transitive aux angoisses générées par le monde socio -économique en faisant d'abord de l'école un lieu de joie d'apprendre, et non de peur d'être jugé…; proscrire à tous niveaux tout calcul de moyenne arithmétique de notes hétérogènes et construire un vrai contrôle continu, au niveau de l'établissement, de l'apprentissage des connaissances et compétences simples ou complexes ; donner aux élèves et aux familles la liberté du choix de leur filière d'études". Laissons le dernier mot à André Giordan : "Que le prochain ministre de l'Education ne propose pas à son tour sa réformette personnelle : une supposée nouvelle loi d'orientation. Un peu de recul sur un passé récent montrerait que le changement de l'école ne se légifère pas... et que le changement ne vient jamais d'en haut ! Trente ans de réformes successives non préparées, non partagées, inachevées, pas évaluées ont fini par bloquer le système". Le site de J. Nimier90 millions pour la GuyaneEn déplacement en Guyane, le ministre de l'éducation nationale a annoncé à l'AFP que l'Etat investirait 90 millions pour l'enseignement en Guyane de 2008 à 2013. Ces fonds seront utilisés pour construire des établissements scolaires. Plus de 3 000 enfants ne sont pas scolarisés dans le département.
Dépêche AFPNon scolarisatione en  GuyaneLes enseignants de mieux en mieux payésAprès une hausse de 3,8%, les salaires vont de 50 000 à 90 000 euros par an. L'année précédente la hausse n'avait été que de 3,4%... Vous avez compris, ce n'est pas en France. Selon le BE Etats-Unis, les salaires des professeurs du supérieur n'ont jamais autant augmenté outre-Atlantique.BE Etats - Unis

L'élève

Orientation : Les redoublements à la hausseEduScol met à jour sa rubrique "les chiffres de l'orientation". " En fin de troisième générale, les décisions d'orientation vers la voie professionnelle concernent un peu plus d'un tiers des élèves alors qu'ils sont 30% à la demander. Cet écart entre les demandes des familles (30,24%) et les décisions des conseils de classe (35, 3%) pointe la particularité de cette voie d'orientation : la voie professionnelle affiche un taux de demandes inférieur à celui des décisions. 6 élèves sur 10 bénéficient d'une décision d'orientation vers la seconde générale et technologique (-3,69% par rapport aux demandes des familles)". La classe de seconde reste la plus difficile : 14% des élèves ont redoublé en juin 2006. Après plusieurs années de baisse, le taux de redoublants a progressé de 1% en 2006, passant de 13 à 14%. L'écart est particulièrement fort chez les filles.   Sur Eduscol
L'excès de poids ne progresse plus chez les adosRéalisé par l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé),le Baromètre santé 2005 apporte une moisson de chiffres qui prennent un peu à rebours les idées reçues. Le premier enseignement concerne le surpoids. Selon l'Inpes, "entre 1997 et 2005, la proportion de jeunes en excès de poids est restée stable en Ile-de-France, que ce soit chez les garçons ou chez les filles". Elle concernerait 8% des jeunes. 

Le Baromètre signale également une baisse de la consommation d'alcool et de tabac (plus rapide en Ile-de-France qu'en province) et une stabilisation de la consommation de cannabis en Ile-de-France, alors qu'elle a fortement augmenté en province. Mais un usage problématique de cannabis concerne 28% des garçons en Ile-de-France contre 13% en province.

Pour l'Inpes ces comportements à risques sont liés à deux facteurs principaux : l'absence de cohésion familiale et l'insatisfaction scolaire. "Les jeunes qui n'aiment pas l'école ou leurs études ou bien qui ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail sont plus nombreux que les autres à déclarer avoir consommé du cannabis au moins 10 fois au cours des 12 derniers mois".Etude (pdf)

La classe

La Semaine de la presse et des médiasC'est l'autre temps fort de la semaine. Du 19 au 24 mars, la Semaine de la presse et des médias, organisée par le Clemi, invite les élèves à partir à la découverte des médias régionaux et nationaux. Cette année 1 463 publications participent à l'événement et touchent plus de 4 millions d'élèves sans parler des  400 000 enseignants. Clemi
Réunion Projetice à RennesComment utiliser le tableau blanc interactif ? Avec les tice comment marier maths et physique ou  technologie et arts plastiques ? Quelles ressources utiliser en histoire-géographie ? Mercredi 21 mars, l'association Projetice organise une animation au collège Les Hautes Ourmes, à Rennes. Projetice
Que faire face à la triche ?Selon une enquête canadienne, 53% des étudiants du premier cycle universitaire ont recours au plagiat électronique, 73% l'ont fait dans l'enseignement secondaire. Des chiffres assez comparables à ceux d'une étude américaine. 77% des étudiants ne croient pas qu'utiliser le copier – coller sans citer els sources soit un geste répréhensible.

Ces chiffres sont extraits d'un rapport de Nicole Perreault, animatrice du réseau des répondants TC de la Fédération des Cegeps québécois. Son travail présente les procédés modernes de plagiat qui vont du copier – coller de ressources en ligne à la commande de devoirs tout prêts à des entreprises sur Internet.

Pour N. Perreault, "la méconnaissance des normes" est le premier facteur de plagiat. " Dès le primaire, les élèves réalisent des travaux de recherche dans Internet. Très souvent, sans en envisager les conséquences, des enseignants peuvent encourager le copier – coller d’images et de textes que les jeunes ont glanés dans la toile. En effet, les sources provenant du Web sont souvent perçues par plusieurs comme des textes publics, et donc non soumis à la même protection que peuvent l'être des textes publiés au format papier. Cette situation peut perdurer au secondaire et au collégial où l’étudiant peut croire que le copier – coller à partir du Web sans identifier la source est quelque chose de normal".

Très concrètement elle indique des solutions pour diminuer le plagiat. "Il importe de se doter d’une définition du plagiat électronique puis d’identifier des sanctions et une réglementation adaptées au niveau de formation". C'est la base d'un travail de prévention. Elle recommande de suivre davantage le travail des élèves, de mettre l'accent sur la bibliographie. Plus que par des solutions techniques, c'est la pédagogie qui peut venir à bout du plagiat.
Etude (pdf)
La recherche

L'éducatif au colloque de l'AnCpe"Qu'entend-on aujourd'hui par éducation ? Dans une société en mal de repères qu'attend-on de l'école en matière d'éducation ? Comment l'éducation donnée par l'école s'articule-t-elle avec celle donnée par les familles ?" Sur ces thèmes l'Association nationale des Cpe organise les 23 et 24 mars un colloque à Marly-le-Roi (78). Parmi les intervenants : Jean-Louis Auduc, Alain Bouvier, Philippe Meirieu, Maurice Mazalto etc.Le programmeLeçon de mots : Un exemple par l'absurde" Une leçon de mots à l’école maternelle n’est pas seulement une bêtise, c’est une faute et un danger puisqu’elle ne peut enseigner à cet âge que des erreurs aux enfants. A moins que ces leçons ne soient prévues que pour plaire à des parents qui préfèrent la vitrine d’un pseudo-travail, avec tous ses dangers, à la mise en place d’une véritable maîtrise de la communication pour tous…" Pour Eveline Charmeux la leçon de mots voulue par Alain Bentolila et bientôt instaurée par le ministre, est une bêtise. Elle en donne un exemple. L'article d'E. CHarmeuxLe dossier

Citoyenneté

Discrimination : Des chiffres officiels" Les analyses ont permis de constater que la discrimination était très forte à l’encontre de tou.te.s les candidat.e.s minoritaires, tant de sexe féminin que de sexe masculin et d’origine « noire africaine » ou d’origine « maghrébine ». Les écarts de traitement les plus importants ont été relevés à l’encontre des hommes et femmes d’origine « noire africaine », avec des employeurs qui ont choisi dans 4 cas sur 5 le/la candidat.e majoritaire. Lorsque les candidat.e.s minoritaires étaient d’origine « maghrébine », les employeurs ont favorisé 3 fois sur 4 le candidat majoritaire au sein des paires masculines, et 2 fois sur 3 la candidate majoritaire au sein des paires féminines. En terme de discrimination, ce dernier résultat n’est toujours pas satisfaisant ; c’est pourtant le meilleur enregistré sur toute l’enquête".

Le Bureau international du travail et la Dares publient les résultats d'une enquête importante sur les discriminations au travail. Elle porte sur 2 440 tests et 2 323 offres d'emploi. Elles attestent des pratiques discriminatoires qui très souvent rient les candidatures dès le CV.Etude (pdf)
Winnie attend sa mèreWinnie, 3 ans, scolarisée à l'école Marx Dormy à Paris (18ème) n'a plus sa mère. Elle a été expulsée vers Madagascar où elle ne dispose d'aucun moyen de subsistance. Un collectif de parents d'élèves organisait le 17 mars un défilé. La pétitionDisciplines

Maths : Sésamath publie un manuel de 4ème Le nouveau manuelAprès le manuel de 5ème, qui avait rencontré un réel succès, Sésamath, une association qui regroupe des enseignants de mathématique, publie un nouveau manuel pour la 4ème. L'ouvrage a deux originalités. Il résulte d'un travail collaboratif : 75 professeurs y ont participé. Il est publié sous licence libre et téléchargeable gratuitement. Une version imprimée sera également éditée par Génération 5.

"Réaliser un manuel libre est sans doute plus difficile pour le deuxième que pour le premier. Toute l'équipe avait à coeur de ne pas décevoir les milliers de collègues qui utilisent déjà le Sésamath 5e avec leur élèves (70 000 de ces manuels ont été vendus l'an dernier). C'est pourquoi, le Sésamath 4e comporte davantage d'exercices (dont un certain nombre en lien avec les thèmes de convergence, d'autres tirés du brevet...)" a déclaré au Café Benjamin Clerc, président de Sésamath. Chaque chapitre de l'ouvrage comprend 8 pages d'exercices, 10 pages consacrées au raisonnement mathématique, un QCM et des énigmes.

Mais comment organiser un tel travail collaboratif avec 75 auteurs ? "Au sein de notre équipe, il y a quelques personnes qui se chargent de la cohérence de l'ensemble", a déclaré N. Debarle au Café. "Finalement, tout cela se fait assez naturellement et chacun prend la place qui lui convient le mieux et qui s'avère nécessaire".

Comment coordonnez vous tous ces auteurs et vérifiez vous leurs articles ? "Nous avons une interface de travail qui a été faite spécialement pour le projet. Elle permet, un peu comme un wiki, de gérer les versions des documents. A chaque fois qu'un document est mis en ligne, tout le monde est prévenu sur cette liste. Il y a alors toujours quelqu'un pour relire et la qualité s'améliore ainsi. Certains se chargent de donner le rythme. On se donne des échéances pour terminer les chapitres. Quand un chapitre est entièrement rédigé, il est alors relu à nouveau dans son ensemble et sa cohérence globale est vérifiée".

Sésamath prépare maintenant un manuel de 3ème  et envisage un futur manuel pour les sixièmes.
Le manuel

Histoire-Géo : Consultation sur les programmes de ST2SAprès ceux de première, ce sont les programmes de terminale de la filière ST2S (ex SMS) qui sont soumis à consultation. La consultationLangues : 20 000 personnes pour l'occitan à BéziersSelon l'AFP, 20 000 personnes ont manifesté le 17 mars à Béziers pour réclamer des moyens pour l'occitan. Dépêche AFPInternet

Une faille dans I.E. 7Selon Secuser, une faille a été découverte dans Internet Explorer 7. Elle permet une attaque par phishing ou une usurpation d'adresse. Aucun correctif n'est disponible.Communiqué
Le Café

Le Café mensuel n°81 est en ligneAu sommaire de ce numéro, dans la rubrique "L'élève" : Orientation – Jobs d'été; dans "La classe" : Vidéos interdites, Violence scolaire; dans "La recherche" : Se motiver, L'impact positif des TICE; dans "Le système" : Décharges : semaine d'action, Les profs et la présidentielle. Et les dossiers spéciaux des disciplines : Ombres et lumières au primaire, le podcast en français, la parité, les décharges menacent-elles l'EPS ?, l'euthanasie, le Forum Retz etc.

Enfin, toutes les rubriques habituelles : elles vous font découvrir des centaines de sites éducatifs dans toutes les disciplines du primaire et du secondaire. A noter notre nouvelle rubrique régulière "Carrière" qui propose ce mois-ci aux enseignants qui souhaitent changer de métier, les concours ITRF. Le sommaireLe pdf (3 Mo)L'affichette àmettre en salle des profs

Les travaux continuent

Lisibilité, accès aux archives : tous ces problèmes ne sont pas encore résolus. Nous y travaillons. En attendant vous pouvez utiliser le moteur de recherche et, ci-dessous, les liens vers les derniers Expressos.

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Par fjarraud , le lundi 19 mars 2007.

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