Lycée : En marche vers la réforme 

La réforme du lycée et celle du bac seront appliquées à la rentrée 2019.



C'est toute la réforme du bac et l'essentiel de celle du lycée qui sont publiés au Journal officiel du 17 juillet. Un décret et pas moins de 7 arrêtés définissent les horaires des classes du lycée à partir de la rentrée 2019 et l'organisation du bac à compter des épreuves anticipées de 2020. Ces réformes, repoussées en CSE, portent la marque de la hâte avec laquelle elles sont mises en place : beaucoup de bricolage, une baisse sensible des horaires et des postes, un bac rendu plus complexe. Trois caractères dominent : la fin du bac national, les suppressions de postes et la concurrence relancée entre établissements.
 
Dans une "Note d'analyses et de propositions" le Conseil supérieur des programmes (CSP) présente à la fois une analyse critique des programmes actuels et leur recadrage dans le futur nouveau lycée. Quelle est la portée de ce texte ? Il s'agit de "notes d'analyses et de propositions". Pourtant c'est plus souvent au futur qu'au conditionnel que le texte est écrit. Ainsi il donne des indications précises sur les enseignants qui pourront exercer dans tel ou tel enseignement de spécialité ou option et en fixe même la répartition horaire. Il annonce des révisions de programmes conséquentes ainsi que des changements dans les épreuves du bac. L'objectif annoncé est "l'élévation réelle du niveau des acquis de l'ensemble des élèves" et "approfondir les savoirs". Pourtant le CSP n'hésite pas à prôner l'allègement des programmes dans plusieurs disciplines dans un curieux mélange entre traditionalisme et une certaine ouverture. On notera également la profonde réorganisation imposée à l'enseignement technologique pour la seule raison de le plier au modèle de l'enseignement général.
 
Ce sont "de 7 à 10% des heures de cours" qui seront supprimés avec la réforme du lycée, nous a déclaré Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu le 3 mai. Le Snes manifestait avec plusieurs syndicats (Fsu, Cgt, Sud, FO) dans le cadre d'une mobilisation en convergence avec les cheminots. Dans le cortège éducation, quelques centaines d'enseignants mais aussi des personnels des CIO et de l'Onisep.
 
Les syndicats de l'enseignement agricole dénoncent les suppressions massives de moyens à l'occasion de la réforme du lycée. Ainsi selon le Snetap Fsu, pour le bac technologique STAV des enseignements complets qui font la spécificité de l'enseignement agricole disparaissent purement et simplement. Pour le bac général, l'intersyndicale dénonce la réduction drastique des spécialités. C'est par ce biais que le ministère fait des économies de postes. Une démarche qui pourrait faire réfléchir tous les enseignants...
 
Comment préparer la réforme du lycée au niveau de l'académie mais aussi de l'établissement ? L'enseignement catholique publie un premier document qui donne des indications aux chefs d'établissement et aux directions diocésaines. Le document s'intéresse particulièrement à l'accompagnement personnalsié et à l'enseignement de l'orientation.
 
En seconde, l'évaluation nationale concerne aussi tous les élèves de seconde générale, technologique ou professionnelle. Elle aura lieu durant la seconde quinzaine de septembre.  Elle se fait directement sur une plate forme numérique. Il y a deux séquences de 50 minutes, une ne français et une en maths.
 
Rien ne se passe comme prévu dans ce dossier de la réforme du bac. Après des choix ministériels qui revenaient assez largement sur le rapport Mathiot, le ministre a présenté le 14 février sa réforme du bac dressant les contours d'un diplôme qui resterait national. Or au final, les projets de décret et d'arrêtés publiés le 12 mars atténuent fortement la dimension nationale de l'examen. Ils vont même jusqu'à remettre le choix de la note finale en contrôle continu au seul chef d'établissement, qui n'envisage pourtant pas de corriger les copies... Est-ce pour cacher tout cela que le ministère a envoyé au dernier moment les projets de textes aux syndicats ? Résultat des syndicats sont furieux de ces manoeuvres. Le Conseil supérieur de l'éducation prévu le 12 mars n'a pas pu se tenir faute de quorum. Le nouveau bac est déjà marqué par le vieux monde...
 
Le nouveau Bac inquiète mais, au-delà de l’organisation du contrôle continu et des épreuves ponctuelles, c’est la réorganisation du lycée dans son ensemble qui pose question à de nombreux enseignants. Alors que plusieurs pétitions ont déjà vu le jour, au Lycée Joliot Curie d'Aubagne (13), un établissement général et technologique, trois enseignants, issus de disciplines différentes, partagent leurs craintes et leurs propositions. Frédérique Perrier enseigne l'éco-gestion en série STMG, une voie technologique qui apparaît comme l’une des grandes oubliées de la réforme. Hélène Caracachian est enseignante de sciences physiques, l’une des disciplines de sciences expérimentales dont l’avenir s’inscrit en pointillés avec le projet actuel de réforme, notamment par le passage de trois à deux spécialités entre la première et la future terminale. Enfin, Jean Renoux est professeur d’Histoire-Géographie, une discipline a priori préservée, mais directement concernée par un parcours évaluatif alourdi, étant matière de tronc commun et enseignement de spécialité. Il est aussi responsable académique du Se Unsa.

 
"Sept principes pour rater une réforme" titre un communiqué du Sgen Cfdt sur la réforme du bac. Il résume bien la situation. D'abord accueillie assez favorablement par les acteurs de l'Ecole, la réforme du bac a perdu peu à peu des soutiens. Repoussé au 21 mars, le Conseil supérieur de l'éducation a très majoritairement rejeté les textes présentés sur la réforme du bac malgré quelques ajustements de détail acceptés par le ministère. Finalement le projet ministériel n'est soutenu que par le Snalc.
 
Dans le cadre de la réforme de l’accès à l’université, le ministère de l’Enseignement supérieur a publié les attendus dans chaque licence - compétences en expression écrite, aptitudes à la logique et au raisonnement conceptuel, culture générale… Les candidats jugés trop faibles pourront se voir  imposer des modules avant d’intégrer la formation. D’autres, dans les filières en tension, seront carrément recalés. Les universités ont jusqu'au 17 janvier 2018 pour affiner les attendus et pour les transmettre à la plateforme Parcoursup qui succède à APB. Les lycéens pourront saisir leurs vœux à partir du 22 janvier. La sociologue Annabelle Allouch, qui a travaillé sur les classements scolaires, la sélection et la reproduction sociale, a répondu à nos questions sur la portée de cette réforme.
 
Il y a urgence. Dans moins d'une semaine, une avalanche de mauvaises nouvelles va s'abattre sur les lycéens et leurs parents. Le 15 mai, Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, a visité un lycée général et un lycée professionnel pour parler de Parcoursup. La ministre promet que chacun aura une affectation au plus près de ses voeux. Une promesse répétée mais dont on ne voit pas comment elle pourra être tenue.




Par fjarraud , le mardi 04 septembre 2018.

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