Le colloque de l'Ifé « Former les enseignants au XXIème siècle » : l'évolution de la professionnalité enseignante 


Le programme du colloque s'annonce dense et riche pour les 2 journées. Chaque demi-journée est construite sur une thématique différente. On va chercher à en savoir plus sur l'évolution de la professionnalité enseignante et le développement professionnel à 2 stades de la vie professionnelle (le début et la fin). Puis on aura l'ouverture sur la focale de l'apprentissage au travail, pour finir avec les dispositifs de professionnalisation et la plateforme Néopass.

Les contributions des chercheurs s'enchainent à un rythme ultra-rapide et un minutage ultra-précis : une conférence de 30 mn et un échange avec la salle de 15 mn. Ce format oblige les chercheurs à des transmissions courtes et concises, c'est un exercice redoutable pour eux mais aussi pour les participants au colloque qui doivent incorporer tous les propos entendus.


La première matinée est donc bâtie sur le thème de l'évolution de la professionnalité enseignante. Le tout premier intervenant est Christian MAROY, sociologue belge mais travaillant à l'université de Montréal sur les politiques éducatives. Il centre son propos sur l'évolution du travail enseignant au carrefour du changement de la demande sociale et de la commande politique.

Le travail, c'est le travail prescrit et le travail réel.

Le travail prescrit aux enseignants s’infléchit de façon convergente en Europe : les enseignants doivent, outre leurs tâches traditionnelles de préparation de cours, d’enseignement et d’évaluation, participer davantage à la vie de leur école, s’engager dans un travail collectif, se former…

Les prescriptions évoluent, on peut le retrouver dans les travaux d’Eurydice et de l’OCDE qui nous renseignent sur les nouveaux modèles d’enseignants attendus : un enseignant réflexif, travaillant en équipe, pédagogue maitrisant les savoirs et la didactique, ouvert aux TICE, impliqué dans l’établissement de plus en plus autonome, managé par son directeur.

Les législations évoluent, y compris dans le temps statutaire du travail enseignant qui comprend de plus en plus d'heures qui ne sont pas de l'enseignement stricto sensu : autres activités dans l'établissement, concertations, gestion...

Au niveau du travail réel, on peut faire un constat d’intensification et de complexification du travail des enseignants. L’intensification se marque moins par un allongement de la durée du travail que par un alourdissement et une extension des tâches à réaliser et par une complexification du travail en classe.

La gestion de la classe est plus complexe et difficile due à l'évolution des publics avec une mise à l'épreuve quotidienne qui demande des compétences relationnelles et émotionnelles (cf Rayou et Van Zanten). Les savoirs de l'école sont mis à mal par la multiplicité des autres sources de savoir et d'informations et les missions de l'école augmentent (éducation, orientation, formatio, insertion professionnelle, citoyenneté...)

Cependant, cette intensification du travail doit aussi être rapportée de façon croissante, aux

politiques scolaires basées sur l’évaluation et l’accountability. Il existe de plus en plus une commande politique de « résultats » adressées aux établissements et enseignants, qui prennent des formes variées selon les contextes. On assiste à un développement du contrôle, de l'entretien d'évaluation, des audits d'établissements, de l'évaluation des acquis des élèves, l'enseignant doit rendre des comptes

Deux tendances sont donc en tension : demande de professionnalisme, de professionnalisation et plus récemment demande de « reddition de comptes »

Le professionnalisme est une forme d'organisation ou de coordination du travail, qui garantit un monopole d'exercice (titres), une protection contre les aleas du marché, avec des règles qui les protègent de l'influence des usagers et des managers, avec une déontologie professionnelle, difficilement compatible avec l'idée de « service »

Selon les différents types de politiques d'accountability (plutôt douces en france, avec une confiance dans le professionnalisme enseignant), il peut y avoir un risque pour l'autonomie du professionnel, de glisser vers un professionnalisme managérial, consistant davantage à répondre au prescrit qu'à chercher des solutions dans les situations complexes rencontrées...



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Par isabelle lardon , le lundi 28 janvier 2013.

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