Sac de plage 2011 : Français 

Par Adeline Buisson et Jean-Michel Le Baut


Le nouveau programme de 1ère

Nouveaux programmes de francais au lycée : ne pas faire du vieux avec du vieux

De nouveaux programmes de français entrent en vigueur au lycée en septembre 2011. 

Quatre objets d'étude y sont définis pour la seconde : « Le roman et la nouvelle au XIXème siècle : réalisme et naturalisme » ; « La tragédie et la comédie au XVIIème siècle : le classicisme » ; « La poésie du XIXème au XXème siècle : du romantisme au surréalisme » ; « Genres et formes de l'argumentation : XVIIème et XVIIIème siècle ».

Quatre autres y sont fixés en première, reprenant les mêmes genres littéraires autour d'une problématique ou d'une période différentes : « Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours » ; « Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours » ; « Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours » ; « La question de l'Homme dans les genres de l'argumentation du XVIème à nos jours  ».

Deux objets d'étude viennent s'ajouter en première L pour l'enseignement de littérature (espérons que les répartitions de services n'aboutissent pas ici à un cloisonnement supplémentaire, cette fois-ci à l'intérieur même d'une discipline) : « Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme » ; « Les réécritures, du XVIIème siècle jusqu'à nos jours ».


Une restauration pour certains, une régression pour d'autres.

Le parti pris semble clair. Il s'agit de remettre à l'honneur la « Littérature » au moment même où la société a cessé de la sacraliser, et après des années de théories et de pédagogies du texte qui l'auraient aux yeux de certains dénaturée, en la resserrant délibérément sur les œuvres du « patrimoine », selon une lecture de l'histoire littéraire digne du Lagarde et Michard si cher aux nostalgiques d'une époque que beaucoup pourtant n'ont pas connue. Il s'agit aussi de remettre au centre le maître (« L’objectif est de montrer aux élèves.. », « le professeur a soin de proposer… », « on fait ainsi appréhender… », « on donne aux élèves »... ), et non plus l'élève qui se voit désigné dans l'apprentissage comme récepteur plus que comme acteur, comme lecteur plutôt que comme scripteur (« Ces finalités sont atteintes grâce à une progression méthodique qui prend appui principalement sur la lecture et l'étude de textes majeurs de notre patrimoine. »). Il s'agit encore de réaffirmer la primauté des connaissances sur les compétences (à travers un subtil et complexe tour de passe-passe qui semble faire passer les unes pour les autres) ou de concevoir l'enseignement en première essentiellement comme une année de bachotage (les apprentissages doivent y  permettre aux élèves de «  se perfectionner dans la pratique de certains exercices d'écriture, de lecture et d'expression orale dans la perspective de l'examen final »).


Un défi pour tous

S'agirait-il de mettre la littérature dans des cases (les jugements et classements académiques de l'histoire littéraire officielle, les normes scolaires de l'écriture de glose) au lieu de faire vibrer son pouvoir de bouleversement et de libération ? Ces nouveaux programmes risquent assurément de légitimer une conception de la littérature et des pratiques pédagogiques d'un autre âge, de transformer le lycée en « Maison de l'histoire de France » littéraire.  A moins que nous décidions d'y chercher et d'y trouver les appuis et les ressources nécessaires …

Pour donner aux cours de français du sens : « L'acquisition de ces connaissances et de ces capacités va de pair avec des attitudes intellectuelles qui se caractérisent par la curiosité, l'ouverture d'esprit, l'aptitude à l'échange, l'appropriation personnelle des savoirs et la créativité. »

Pour élargir et actualiser : « Il est par ailleurs vivement recommandé de faire lire aux élèves, dans le cadre des groupements de textes ou dans celui des projets culturels de la classe, des textes appartenant à la littérature contemporaine. »

Pour faire vivre notre enseignement par des démarches innovantes : « L'appropriation par les élèves de ces connaissances et de ces capacités suppose que soient mises en place des activités variées permettant une approche vivante des apprentissages. Le professeur vise, dans la conception de son projet et dans sa réalisation pédagogique, à favoriser cet engagement des élèves dans leur travail. Une utilisation pertinente des technologies numériques peut y contribuer. »


Alors, sans doute, le défi, collectif, sera relevé : faire en sorte que la littérature, passée ou présente, soit contemporaine à chacun de nos élèves.


Les nouveaux programmes de français au lycée :

http://www.education.gouv.fr/cid53318/mene1019760a.html



Manuels numériques de 4ème

Le manuel numérique a désormais sa place dans les collèges, mais comment choisir parmi la production massive qui accompagne les nouveaux manuels de Français pour le niveau Quatrième ? Vous trouverez ici un petit tour d’horizon de ces nouveautés, sans autre ambition que de vous présenter le marché et vous donner une analyse de leurs points forts et de leurs points faibles, pour vous aider à mieux vous y retrouver.


Bilan et nouveautés

L’écart est grand d’un éditeur à l’autre : du simple DVD-ROM au manuel numérique entièrement interactif (et enrichi premium), il y en a pour tous, et surtout pour tous les niveaux de compétences informatiques. Certains font le choix d'enrichir substantiellement la version de l'enseignant, en lui fournissant notamment un outil de construction de cours.

Un coût toujours élevé

Des efforts commencent également à être faits en matière de tarification du numérique, mais ils restent globalement insuffisants, même s’il est vrai que de plus en plus de licences simples sont gratuites pour les adoptants. Les versions enrichies, en revanche, demeurent un investissement, ce qui se comprend tant les droits d'auteur afférents à un manuel de français peuvent être coûteux. Comme l'an passé, les éditeurs proposent une offre de découverte gratuite jusqu'au 31 décembre 2011.

Pour une visibilité des compétences

D'une façon générale, les éditeurs ont effectué un travail de repérage efficace en ce qui concerne les compétences du socle travaillées et les activités d'Histoire des arts. Un plus non négligeable pour veiller au bon respect des nouveaux programmes.

On sent bien, face à cette extraordinaire diversité, que nous vivons une époque de mutations, de transition… et d’hésitations !


La suite de l’article

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/let[...]


Productions d’enseignants innovants

Des bandes-annonces de livres realisées par les élèves 

Delphine Bitton Guillaumie est professeure de lettres au lycée Jay de Beaufort à Périgueux (Dordogne). Elle s’est lancée dans un projet original : faire réaliser par ses élèves de seconde des bandes-annonces littéraires ! L’expérience s’avère particulièrement stimulante par ses finalités (favoriser, dans le partage, le plaisir de lire) et ses démarches (proposer une tâche complexe où se mêlent la lecture, l’écriture, l’appropriation des médias numériques, la créativité, le travail en groupes …). On pourra découvrir en lien quelques productions très réussies et dans l’entretien suivant les éclairages pédagogiques de Delphine Bitton Guillaumie.


Pouvez-vous expliquer ce qu'est une "bande-annonce de livre" ?

Une bande-annonce de livre reprend les mêmes caractéristiques qu'une bande-annonce de film. Elle se compose tout d'abord d'un texte qui  présente les éléments principaux d'annonce d'intrigue et de présentation des personnages pour amorcer une envie de lire. Ce texte accompagne et illustre des images - voire des extraits vidéo -  qui sont choisis en fonction du livre choisi. Les images et le texte sont montés ensemble dans un diaporama animé pour donner le rendu d'une véritable bande-annonce de cinéma.


D’où vous est venue cette idée ?

L'idée m'est venue en travaillant sur un extrait de « L'Invité mystère » de Grégoire Bouiller (édition Allia) avec les élèves. L'éditeur américain a en effet publié une bande-annonce sur le net qui a remporté un vif succès.  J'ai vu par la suite que d'autres sites d'éditeurs présentaient ce type de "teaser" et qu'un simple logiciel de montage d'images suffisait.


Concrètement, comment les élèves ont-ils préparé leurs bandes-annonces ?

Ce travail a été donné en prolongement de l'étude de « Bel-ami » de Maupassant en classe de seconde. Il se compose de plusieurs étapes mais il est important de présenter toutes ces étapes de manière qu'ils aient une vue synthétique du projet et surtout, qu'ils visualisent immédiatement le résultat final. C'est pourquoi j'ai présenté chaque étape en l'accompagnant d'un exemple concret à partir de « Bel-Ami ».

Les élèves avaient tout d'abord un roman contemporain à lire de manière cursive (livre choisi librement dans une liste présélectionnée).

Puis, ils devaient écrire le "storyboard » ou en français « scénarimage "  de leur bande-annonce. Pour cadrer précisément leur écriture, j'ai construit un tableau en deux colonnes texte/image et donnant des exemples de progression du texte. Voici les différents contenus des diapositives qui sont proposés aux élèves dans ce tableau : présentation de l’auteur, présentation du contexte (date et lieu de l’action), présentation de l’intrigue et/ou des héros, phrase interrogative d’accroche pour fixer l’attention du futur lecteur, conclusion qui qualifie le type du roman (aventures, historique, policier…) et/ou fait le lien avec une problématique susceptible d’intéresser le lecteur. Un exemple de storyboard à partir de « Bel Ami » leur a été montré.


Lors de cette première étape, il a fallu préciser les codes de l'écriture des bandes-annonces : les effets d'attentes, la concision et la précision des termes utilisés. Il a également été utile de donner des précisions sur la manière dont, à partir du texte rédigé et des mots clefs ainsi formulés, ils pourraient faire une recherche d'image sur un moteur de recherche comme Google images. Je vous rassure, beaucoup en savaient plus que moi... J'ai précisé aussi quelques règles pour le choix des images : de l'invention avant tout ! Par exemple, pas question d'utiliser des images du film s'il y avait une adaptation au cinéma, ou encore de faire un montage des plus belles photos de son acteur fétiche... j'ai donné aussi quelques règles de cohérence graphique : ne pas abuser des couleurs et des effets au risque de lasser visuellement, ne pas mélanger photo et tableau de diverses époques sans que cela ne fasse sens etc. J'ai insisté aussi sur le rythme et sur la brièveté (pas plus de 1mm30). Les images choisies doivent être stockées sur un fichier informatif. Il faut donc s'assurer que tout le monde sait enregistrer une image.  La présentation des consignes demande une heure de cours mais elle dépasse ce simple cadre puisqu'il s'agit d'expliquer les effets recherchés sur le spectateur. Je dois dire que, dès cette présentation, les élèves répondent avec enthousiasme et posent beaucoup de questions.

La seconde étape se déroule une fois les storyboards corrigés. Il s'agit d'un travail de groupe sur deux heures : les élèves se regroupent selon le livre choisi et mettent en commun leur storyboard individuel afin de ne garder que les meilleures idées, ils recomposent alors un storyboard collectif.


Comment s’est passée la réalisation elle-même ?

La troisième étape consiste dans la réalisation "technique". Pour des contraintes très pratiques (à savoir que la salle informatique de mon lycée est difficile d'accès du fait de son succès), j'ai demandé aux élèves de réaliser le montage des images en diaporama à la maison. Le logiciel utilisé est « Windows Live Movie Maker » : c'est un logiciel très simple et qui se télécharge gratuitement, il est souvent "par défaut" sur les ordinateurs sous Windows. Tous les élèves ont pu l'utiliser sans problème.  L'exercice a eu un tel succès que plusieurs élèves ont réalisé le montage de leur propre storyboard en plus de celui du groupe.


Techniquement, ce travail nécessite-t-il des compétences particulières ?

L'aspect "pro" du rendu final peut faire peur mais, en réalité ce travail nécessite des compétences informatiques très limitées, le logiciel en question étant simplissime. Il est mille fois plus simple par exemple que le logiciel Powerpoint.


Comment exploitez-vous ensuite ces bandes-annonces ?

L'évaluation a porté sur l'écriture des storyboards uniquement et non sur le travail collectif et la réalisation finale. Les bandes-annonces ont été visionnées en classe et je dois dire qu'ils étaient impatients de découvrir les réalisations des uns et des autres, un peu comme un spectacle de fin d'année ! Certaines ont ensuite été publiées sur le blog de la classe.


Quels sont les intérêts de ce projet d'après l'expérience que vous en avez ?

Il y a tout d'abord un effort d'écriture tout à fait intéressant : cet exercice s'est déroulé en fin d'année et après avoir travaillé toute l'année sur le développement des paragraphes, il a fallu au contraire revenir à une expression synthétique de la pensée.

L'autre intérêt a été l'implication dans le livre, car chaque choix d'image a donné lieu (notamment dans la phase de groupe) à d'âpres discussions sur l'accord entre l'image et roman en particulier pour figurer le héros.

Enfin il y a eu tout au long du mois où s'est déroulé ce travail une sorte d'excitation dans la classe et d'émulation, avec beaucoup de questions liées à l'écriture et au choix d'images (et pas une seule question technique !).


Quels conseils donneriez-vous à ceux qui seraient tentés de lancer leurs élèves dans de semblables réalisations ?

Un conseil ? Ne pas hésiter !


Bandes-annonces d’élèves et méthodologie précise :

http://jdbobaille.blogspot.com/search/label/bande%20annonce%20seconde

Bande-annonce d’éditeur pour L’invité mystère :

http://www.youtube.com/watch?v=UALgbX7tnz8&feature=player_embedded


Les profs de français au Forum des enseignants innovants 2011

Le forum de Lyon est terminé, mais les projets qui y ont été exposés restent bien vivants ! Au travers de ces quelques exemples, qui ne constituent d’ailleurs pas l’ensemble des activités présentées en français, vous verrez que l’imagination des professeurs de cette discipline s’exerce dans bien des domaines. Comme dit notre collègue Monique Royer « l’école de demain existe, nous l’avons côtoyée la semaine dernière ».

La suite de l’article

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/fra[...]



Sites ressource

Si vous avez un peu de temps pendant ces vacanes et une connexion internet, pourquoi ne pas aller revisiter les sites que nous avions sélectionnés pour vous dans le guide des indispensables du web ?



Notre sélection de l’été :

Ressources disciplinaires

http://weblettres.fr

http://eduscol.education.fr/ 

http://www2.educnet.education.fr/lettres/ 

http://www.cndp.fr/secondaire/francais/


Ressources généralistes et culturelles

http://www.bnf.fr

http://www.ricochet-jeunes.org/sommaire.asp

http://www.louvre.fr

http://www.curiosphere.com

http://recherche.culture.fr/


Et, sur weblettres, prenez le temps d’aller jeter un œil sur les sites des collègues

http://www.weblettres.net/sommaire.php?entree=27



Sur le site du Café
Par fsolliec , le mercredi 13 juillet 2011.

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