Forum PiL 2011 : Déterminer les lauréats 

Par Françoise Solliec


Même si tous les projets des enseignants présentés à Washington sont déjà des gagnants, comment définir ceux qui illustrent le mieux les notions de collaboration, d’utilisation de technologies de pointe dans l’éducation  ou encore d’extension des apprentissages au-delà de la classe ?


Répartis par groupes de 3, 48 juges venus d’une trentaine de pays différents vont devoir évaluer les 115 projets présentés. Un processus pris à juste titre très au sérieux, qui n’a cessé de s’affiner au cours des 7 ans d’existence de la manifestation. Les juges, chercheurs, représentants d’institutions liées à l’éducation, membres de ministères de l’éducation … ont reçu leurs 8 dossiers chacun il y a environ une dizaine de jours. Pour chaque juge, les projets sont répartis dans tous les continents, à l’exception de son propre pays. Ils sont décrits en anglais selon une présentation formattée, complétée par des liens libres qui font parfois appel à des documents dans la langue originale. Une première lecture permet alors aux juges de se faire une impression qui sera sans doute largement modifiée par la suite, en fonction des réunions de concertation et des présentations orales des enseignants.


Lors du forum, en amont des présentations, plusieurs réunions d’harmonisation, animées par les 4 juges coordinateurs, ont eu pour but de clarifier les critères d’évaluation et d’unifier les interprétations. Des cas d’école sont discutés, mettant en lumière les divergences d’appréciation, de manière à les réduire le plus possible. Les grilles d’évaluation, fondées sur 8 critères, sont le fruit de groupes de recheche et prennent en compte le retour des années précédentes. Ces grilles ont paru bien anglo saxonnes, autrement dit assez constructivistes, à nos juges français, mais ils leur reconnaissent le mérite d’être solides et relativement faciles à suivre.

Les points seront donc attribués sur ces 8 critères parmi lesquels figurent l’autonomie et la responsabilisation des élèves, y compris dans la gestion de leur modes d’acquisition de compétences, l’ancrage dans le réel et l’utilisation artificielle ou non des technologies.


Dans les réunions de travail, les juges se sont également entraînés à la conduite des entretiens de présentation. « Ces présentations orales sont essentielles » déclare Alain Chaptal, qui exerça déjà les fonctions de juge au forum de Hong Kong en 2008, « elles peuvent modifier complètement les impressions dues à la lecture des dossiers ». Elles sont aussi vécues comme très enrichissantes et mettant en valeur la passion et l’investissement des enseignants, ainsi que leur capacité à dépasser de nombreux problèmes.

« Il ya un vrai travail de conceptualisation de la grille d’évaluation » affirme Thierry de Vulpillières, le seul juge en fonction chez Microsoft, « mais les entretiens mettent en valeur d’autres aspects ou problématiques, notamment la relation avec l’établissement ». Ils sont aussi l’occasion d’obtenir des compléments d’information par rapport au dossier et de réintroduire une spontanéité nécessairement masquée par le formattage de la présentation écrite.


Jean-Roch Masson, enseignant en CP, estime que pour lui ces entretiens individuels se sont déroulés agréablement, bien que la langue lui ait été une barrière et que le temps limité ait engendré quelques frustrations, les réponses devant être plus concises qu’anecdotiques. « Les juges se sont montrés cordiaux et intéressés » dit-il. Ils ont souvent posé des questions similaires, par exemple le changement d’approche éducative induit ar le projet (glissement de l’apprentissage de la lecture par l’action), les valeurs éducatives en jeu (collaboration, créativité) et la nature des éléments d’évaluation (désinhibition face à l’écrit, nécessité du respect de l’orthographe pour être compris). Les juges ont enfin cherché à savoir comment se prolongera le projet dans l’avenir (plus d’une centaine d’enseignants ont désormais adopté avec leurs élèves des pratiques de lecture par twitter et Jean-Roch espère bien déboucher en fin d’année sur une production écrite plus longue de type blog).


Chacun des projets sera vu par 3 juges ; 18 prix seront décernés jeudi soir dans 6 catégories :

-       Etendre les apprentissages au-delà de la classe

-       Collaboration

-       Construction du savoir et de la pensée critique

-       Innovation dans des contextes de défi

-       Utilisation dans les apprentissages d’une technologie Microsoft de pointe

-       Choix du public

Pourtant ce n’est pas cette distribution des prix qui est l’élément le plus structurant de l’événement, mais bien la rencontre entre enseignants et la valorisation de leurs travaux, qui a véritablement sous-tendu l’ensemble de ces journées. « Il y a une production de connaissances à l’issue de chacun de ces forums » explique Thierry de Vulpillières. « Il y a la volonté de détecter des comportements pédagogiques qui font acquérir des compétences aux élèves. Faut-ils qu’ils soient reproductibles ? La question fait débat et n’est as tranchée ».

« C’est très riche pour moi de participer à un tel événement », déclare Bénédicte Robert qui, comme l’an dernier, prépare les Journées de l’innovation qui auront lieu à l’Unesco les 28 et 29 mars. « On voit bien qu’il y a de la place pour des événements de cette nature dans le monde francophone, et ces journées ouvrent de multiples pistes d’action ».



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Par fsolliec , le mercredi 09 novembre 2011.

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