Le Guide de rentrée 2009 pour les parents : Comprendre mon enfant 

Par François Jarraud



- Lettre sur les enfants d’aujourd’hui
- Qu'est ce qu'un ado ?
- Des lycéens parlent des profs, des experts commentent
- Le triste destin des familles…
- L'intelligence de l'enfant
- Des ados en souffrance


Etre ado n'est pas une sinécure ! Comment lutter contre les drogues ? Comment gérer Internet en famille ? Comment veiller sur la santé de mon enfant ?

Lettre sur les enfants d’aujourd’hui


« A la question « quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? » il est urgent d’ajouter aujourd’hui une autre : « quels enfants allons-nous laisser au monde ? » La maxime est sévère mais reflète les changements radicaux que Philipe Meirieu constate dans l’éducation des enfants.


P. Meirieu n’est plus à présenter. Ancien directeur de l’INRP, expert des systèmes éducatifs , pédagogue reconnu, il a également participé à plusieurs réformes éducatives. Et on retrouve dans ce nouvel ouvrage (à paraître à la fin août) à la fois la capacité d’analyse de l’expert et l’expérience de terrain du pédagogue.


A qui s’adresse cet ouvrage ? Aux enseignants sans doute. Ils apprécieront particulièrement la vaste culture de P. Meirieu qui leur offre une succession de rencontres avec les grands pédagogues, d’Aristote à Deligny. En 300 pages c’est toute une culture éducative qui est transmise.


Mais les véritables destinataires sont les parents. Citoyens, P. Meirieu évoque la Convention des droits de l’enfant et les difficultés apportées à son application. Au-delà il stigmatise une politique qui accorde une valeur éducative à l’enfermement des enfants. Ce sera là la seule évocation politique de l’ouvrage. L’essentiel est consacré aux relations entre adultes et enfants et à la relation éducative.


Sur le premier point, P. Meirieu dénonce le règne de la pulsion, tant sur le terrain économique, la pulsion d’achat, qu’en ce qui concerne les pratiques culturelles. « Est intolérable l’absence de véritable réflexion collective sur les effets de l’environnement médiatique sur l’équilibre psychique et le développement intellectuel des enfants ».


Mais c’est la relation éducative qui est au cœur de l’ouvrage. « L’éducation », écrit P. Meirieu, « ne consiste plus à adapter ceux et celles qui arrivent à un univers donné… Elle invite à créer les conditions pour rendre nos enfants aptes à créer un monde nouveau et habitable ». Dans cette perspective , « à quoi éduquer nos enfants » interroge P Meirieu ? Il appelle à apprendre à différer et surseoir aux pulsions, à entrer dans le symbolique et la culture, à habiter un monde que les TIC permettent si facilement de fuir.


Bien loin d’être pessimiste, cette « Lettre aux grandes personnes » permet de mieux comprendre « la révolution copernicienne » qui modifie le rapport des ados au monde. Cet ouvrage sera la référence de la rentrée. Guettez son arrivée en librairie à la fin août.

Philippe Meirieu, Lettre aux grandes personnes sur les enfants d’aujourd’hui, Paris, Rue du monde, 2009, 309 pages.

Qu'est ce qu'un ado ?


Des ados plus sages et aimant l'Ecole ? Deux études passent au scanner les adolescents d'aujourd'hui. Plus sages que les générations précédentes ils sont aussi davantage menacés quant à leur insertion sociale.


Des ados plus sages et aimant l'Ecole

"Ces évolutions rassurantes sur le plan de la santé s'accompagnent de modifications importantes de certains aspects de la sociabilité. Les données dont en effet apparaître que les élèves interrogés ont un accès croissant aux nouvelles technologies… mais que le développement de ces pratiques ne se fait pas nécessairement au détriment des autres loisirs".  Les jeunes seraient-ils devenus plus sages ? C'est ce que laisse entendre l'étude ESPAD réalisée auprès des jeunes de 16 ans par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies tous les 4 ans.


En 4 ans les jeunes Français ont bien décroché de la plupart des drogues. L'usage quotidien du tabac est passé de 31% en 1999 à 17% en 2007. Celui du cannabis est passé de 6% en 2003 pour les usages quotidiens à 3,4%. Seul l'alcool reste préoccupant puisque la consommation régulière a augmenté passant de 7% à 13%. Les nouvelles bières fortes y sont peut-être pour quelque chose. Mais globalement la proportion de jeunes ne consommant régulièrement aucune drogue est en forte hausse.


Parce que nos jeunes sont aussi fort sociables. La moitié d'entre eux apprécie beaucoup l'Ecole, les trois quarts ont de bons rapports avec leurs camarades du sexe opposé. Cela passe de plus en plus par Internet. Il y a deux fois plus de jeunes qui se connectent quotidiennement depuis 2000 : on atteint 70%. Un chiffre à mettre en parallèle avec les 10% seulement qui lisent régulièrement.

Enquête Espad

http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/tend/tend64.html

Le cannabis expliqué aux parents

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2008/Lec[...]

Le cannabis envahit-il les collèges ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2008/91[...]


Les nouvelles jeunesses

Qu'est-ce qui distingue les adolescents actuels de la génération précédente ? L'allongement de l'adolescence, sans doute. L'incertitude quant à l'insertion professionnelle. Mais aussi, nous révèlent O. Galland et V. Cicchelli la montée des cultures adolescentes et la rupture avec l'Ecole. "Le divorce paraît patent entre la culture humaniste livresque délivrée par l'Ecole et la culture adolescente. On peut en voir un signe dans l'effondrement de la pratique de la lecture".


En une centaine d epages, l'ouvrage revient sur chacun de ces traits en proposant des extraits sélectionnés chez les meilleurs auteurs. On a ainsi un panorama des travaux sur les cultures adolescentes, la redéfinition des rapports au politique , les nouvelles formes d'exclusion et particulièrement celles liées à l'Ecole. Car selon Didier Lapeyronnie, "l'école s'éprouve collectivement comme une institution qui met à l'écart" les jeunes des milieux populaires.


Les professeurs de SES trouveront dans ce petit ouvrage de quoi alimenter les chapitres sociologiques. Mais plus globalement tous les enseignants y apprendront à décrypter la planète jeunes.

Les nouvelles jeunesses, O. Galland et V. Cicchelli dir., Problème spolitiques et sociaux, n°955.

Sommaire

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/p[...]



Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions : le choc ?

Quelles sont les pratiques culturelles des Digital Natives ? Dans quelle mesure sont-elles compatibles avec celles des institutions de transmission ? Sylvie Octobre tente de faire une rapide synthèse pour Culture prospective, une revue du ministère de la Culture.


"Du côté de la famille, moderne, individualiste, et plurimodale", écrit-elle, "les transmissions culturelles sont toujours efficientes, mais les objectifs des transmetteurs ont changé : les parents souhaitent laisser une large liberté aux héritiers, les identités culturelles sont co-construites dans des familles qui ressemblent à des agoras25. La culture est donc négociée, partagée… Il n’y a donc pas de rupture générationnelle, mais plutôt un continuum de situations de décalage vers les cultures dites populaires ou médiatiques26, qui connaît des accélérations technologiques".


Mais du coté de l'Ecole, c'est très différent. "Les mécanismes traditionnels de transmission sont concurrencés par l’irruption de nouveaux modes d’accès au savoir (wiki, moteurs de recherche, etc.)"; mais , pire encore "si l’autorité traditionnelle de l’école est battue en brèche, ce n’est pas seulement parce qu’elle n’a plus le monopole du savoir ni même que le savoir ne semble plus être le passage obligé pour réussir sa vie, mais également parce que ses modes d’intervention semblent de moins en moins en phase avec les compétences et attentes des jeunes générations".


Pour Sylvie Octobre, "ceci incite à une véritable réflexion pédagogique sur les modes de transmission, qui ne se réduise pas à l’insertion de technologies mais englobe une réflexion sur les apprentissages. Si les aptitudes des jeunes générations sont bien celles décrites par William Winn, directeur du Learning Center de l’université de Washington – cerveau hypertexte qui rebondit d’une idée à l’autre, aptitude au fonctionnement multitâches, approche intuitive de certains problèmes, désir d’interaction, etc. – celles-ci remettent en question les présupposés qui sont ceux de l’éducation cartésienne, silencieuse, linéaire et dissertative".

L'étude

http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/2008/pdf/Cprospectiv[...]



Les Français aiment-ils les jeunes ?

Deux sondages publiés le 13 mai éclairent les représentations croisées des adultes et des jeunes. Deux catégories qui se regardent en chien de faïence.


Les jeunes aiment la société nous dit un sondage réalisé par la Fondation Wyeth pour la santé des adolescents. 70% se déclarent satisfaits de leur sort, 80% se sentent proches de leurs parents, 67% aiment bien leur école. Ces jeunes partagent les valeurs immortelles : 87% comptent sur le travail pour réussir, 76% visent l'amour, 67% la liberté… "Adultes et adolescents partagent les mêmes valeurs" relève la Fondation.


Pourtant le fossé est bien là. Le sondage  de la fondation Wyeth montre des adultes sceptiques à propos des qualités des jeunes. Seulement 27% des adultes pensent que les jeunes sont satisfaits. Ils pensent que les jeunes croient davantage en la chance (44%) qu'au travail (16%).


"La société est fâchée avec sa jeunesse" nous dit aussi l'AFEV, une association qui mobilise des jeunes dans des actions citoyennes. Selon un sondage réalisé par l'AFEV, une majorité d'adultes (51%) a une image négative des jeunes. Ils les considèrent comme moins tolérants, plus individualistes que leurs aînés. 


C'est finalement l'idée de l'incompréhension entre générations que l'on peut retenir. Comme Louis Chauvel ou comme Yazid Sabeg, faut-il penser que la guerre intergénérationnelle est ouverte et que la France sacrifie une partie de sa jeunesse ?

Sondage AFEV

http://www.afev.org/index.php?page=fr_observatoire%20des[...]


Les adolescents et la réussite

Quels sont pour les adolescents de 15 à 18 ans les modèles de réussite et les défis à relever pour réussir ? Préparée par 10 forums académiques, dans le cadre d’un partenariat entre l’éducation nationale et la Fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, la journée de rencontre nationale du 13 mai donnait la parole aux jeunes, aux experts (B Cyrulnik, A de Gaudemar etc.) et aux éducateurs.


Interrogés sur les facteurs de réussite, les jeunes citent d’abord les études et le diplôme. Ils accordent néanmoins une grande importance au bien-être et à l’épanouissement personnel (pour 2/3 d’entre eux).Enfin, bien que 68% d’entre eux citent un de leurs parents comme modèle personnel de réussite, ils sont 60% à souhaiter réussir mieux que leur famille.

Lire le reportage du Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/140509[...]  

Des lycéens parlent des profs, des experts commentent


Dix ans après la consultation organisée par Philippe Meirieu sur quels savoirs enseigner dans les lycées, quelles sont les impressions des lycéens sur leurs établissements et leurs enseignants ? Une réponse partielle a été donnée par trois élèves du comité national de la vie lycéenne, auditionnés par la commission Pochard sur l’évolution du métier d’enseignant. Comme vous le verrez, leur regard neuf et parfois naïf n’empêche pas une réflexion pertinente.


Comment le métier d’enseignant est-il aujourd’hui perçu par les jeunes ? Qu’est-ce qu’« un bon prof » ? Les réflexions de ces lycéens sont-elles représentatives de leurs camarades moins engagés ? Qu’est-ce qui a changé par rapport aux remontées de la consultation Meirieu de 1998 ?

 

Dans les articles qui suivent, nous avons souhaité répondre à ces questions, en vous résumant l’audition des lycéens par la commission Pochard, en la confrontant avec celle de Floréale Mangin, présidente de l’union nationale des lycéens, UNL, et en proposant le tout à la sagacité de trois acteurs engagés dans l’école, Georges Felouzis, sociologue de l’éducation, Eric Favey, secrétaire national de la ligue de l’enseignement et Gabriel Cohn-Bendit, pédagogue, fondateur du lycée expérimental de Saint-Nazaire.

 



Les élèves parlent des profs : le CNVL auditionné par la commission Pochard

Auditionnés par la commission Pochard sur l’évolution du métier d’enseignant, trois élèves du comité national de la vie lycéenne, CNVL, ont présenté, de manière parfois naïve mais souvent pertinente, leur vision des profs et de leur métier.


Une profession socialement défavorisée, des enseignants peu accessibles

Accompagnés du délégué national à la vie lycéenne, les trois lycéens du CNVL auditionnés par la commission Pochard avaient été choisis pour représenter la diversité des filières (terminale générale, BTS, Bac Pro) et n’appartenaient à aucune organisation politique ou syndicale. Ils ont dès l’abord expliqué qu’ils ne se posaient pas en experts de l’école et de son passé, mais apportaient ici un regard neuf et une argumentation fondée sur leurs propres expériences.


Même s’ils ont tous « rencontré un prof qui nous a marqué et qu’on a admiré », l’image première renvoyée par les élèves est celle d’une profession socialement défavorisée et d’un manque de liens entre élèves et professeurs. Certains enseignants jouent bien leur rôle de cadre et de repère, mais ils ne sont pas la majorité et les élèves expriment le souhait d’enseignants plus accessibles.


Pour eux, le métier d’enseignant consiste à transmettre des connaissances, mais aussi des méthodes de travail qui permettent à l’élève de devenir plus autonome. Etre respecté par le prof leur semble essentiel, ainsi que son rôle d’accompagnateur. Guider, conseiller, valoriser la progression des élèves : trop peu d’enseignants fonctionnent ainsi. Trop souvent, le prof s’arrête à son cours et ne voit pas la vie du lycée. Il n’utilise pas assez les TICE, qui favoriseraient pourtant les rapprochements. Il semble important de retravailler l’image du métier d’enseignant auprès des jeunes.


Dans les compétences à demander aux enseignants, les élèves citent une nécessaire maîtrise des connaissances mais aussi une capacité à les faire passer, à les mettre en regard de situations réelles, à actualiser les cours et à s’adapter aux changements du monde. Ils regrettent que les explications ne soient pas toujours claires, ni les cours très structurés. Ils aimeraient que les profs soient davantage intégrés à la vie économique et sociale, aient du charisme, aiment leur métier et sachent communiquer avec leurs élèves.


Quels sont les moyens qui favoriseraient une relation aux professeurs plus conforme aux souhaits des élèves ? Il faudrait sans doute développer un système de tutorat, faire une plus large part au travail en petits groupes, utiliser davantage les TICE et faire plus de liens entre les différentes matières (un enseignant pourrait peut-être intervenir dans plusieurs d’entre elles). Il serait aussi souhaitable de faire naître une vie de classe et d’impliquer davantage les enseignants dans des activités hors la classe, voyages scolaires, clubs, CVL, etc. La formation des enseignants devrait comprendre une dimension qui leur permettrait de savoir aisément animer et dynamiser un groupe.


La société dans son ensemble a également un rôle à jouer : donner aux enseignants des conditions de vie professionnelle heureuse, redonner au métier une accessibilité et une image que la société ne lui reconnaît plus.


Les questions posées par les membres de la commission après cette introduction générale permettent aux lycéens de préciser leurs points de vue.


Sur quels éléments vous appuyez-vous pour justifier une dévalorisation de l’image du métier enseignant ?


Lorsqu’on annonce qu’on voudrait être prof, on nous renvoie une image de gens qui travaillent peu. En général la fonction publique est mal vue et le grand public n’est absolument pas conscient du travail fourni par les profs.


Quels éléments vous paraissent importants pour une campagne de communication sur le métier ?


Le prof est un être lointain. On l’imagine tout le temps comme il est dans la classe. Bien sûr, c’est différent pour les profs d’EPS et les élèves des cités ont souvent plus d’affinités avec leur prof d’EPS qu’avec leur prof de maths. Etre enseignant, c’est un métier qui fait peur, on a peur de ne pas être reconnu. Il faudrait aussi véhiculer davantage l’idée du prof qui travaille beaucoup de chez lui.


Quel regard portez-vous sur les relations enseignants direction de l’établissement ?


La relation avec le chef d’établissement, c’est ce dernier qui l’instaure. Certains profs apparaissent comme des pilotes à ses côtés, mais la plupart sont assez à l’écart. Un lycée, c’est une petite ville ; si ça marche bien, c’est parce que tout le monde s’entend.


Comment arriver mieux à cette société éducative ?


Les profs ne sont pas forcément informés. Par exemple, il y en a qui pensent que le CVL, c’est pour inciter les lycéens à descendre dans la rue. Si on sait bien leur expliquer les objectifs, beaucoup sont prêts à s’investir, car ils pensent qu’on les laisse de côté. Il y a portant beaucoup d’occasions de travailler ensemble (exposition, sorties, débats) qui favoriseraient la vie dans la classe et les processus d’apprentissage.


Que pensez-vous du discours sur les lycéens ? Avez-vous trop d’heures de cours, passez-vous trop de temps au lycée ?


En fait, on pourrait passer encore plus de temps au lycée dans des activités complémentaires, clubs ou activités sportives toujours très appréciées. L’Ecole souffre d’une mauvaise image. Il faut la reconstruire de manière positive, casser les clichés.


Pensez-vous qu’on puisse aimer son métier pendant 40 ans ?


Un enseignant peut très bien faire ce métier toute sa vie, s’il l’aime et si on lui on donne les moyens de se mettre à niveau. Il y a sûrement des moments de démotivation, mais il faut tenter de les contenir en donnant aux profs les moyens de s’épanouir : un prof de 60 ans qui aime son métier et sait faire passer son expérience, c’est formidable.


En conclusion, la formule magique du « bon prof » : de solides connaissances, une envie permanente de les transmettre, un bon charisme.


Les auditions

http://www.education.gouv.fr/cid20542/les-videos-des-auditions.html

Le CNVL

http://www.vie-lyceenne.education.fr/cnvl/cnvl.php



Quand les élèves parlent des profs : le point de vue de l’UNL

Comment les élèves voient-ils les profs ? Nous avons demandé à Floréale Mangin, présidente de l’union nationale des lycéens, UNL, également membre du CNVL, de nous présenter les réflexions de l’UNL à ce sujet.



Un travail suivi avec les syndicats enseignants et des pédagogues

L’UNL, affirme Floréale Mangin, est très attachée au système éducatif et souhaite travailler pour son amélioration. L’école doit être un endroit d’éducation, mais ce n’est pas seulement le rôle des enseignants, c’est la communauté toute entière qui doit s’en emparer.


« Nous ne cherchons pas du tout à aller à l’encontre des enseignants, mais à travailler avec eux. Ca fait parfois mal, mais nous sommes bien placés pour parler d’un certain nombre de problèmes ». Par exemple, l’UNL a beaucoup travaillé avec André Antibi et discuté avec les lycéens des problèmes inhérents à la notation des copies. La plupart des lycéens ne sont pas conscients de leur rapport à la note, ni de l’influence qu’elle a sur leur travail. Dans certains enseignements, comme en classes préparatoires, les notes, surtout les mauvaises, sont accompagnées d’une correction détaillée qui aide à progresser. La remise en cause de la constante macabre d’Antibi est tout à fait justifiée. Les élèves ont besoin d’une évaluation formative et non pas d’être cantonnés dans les rangs des « mauvais », d’autant qu’ils arrivent parfois à comprendre le contenu du cours bien après.


L’UNL participe à des rencontres régulières avec les syndicats d’enseignants : TPE, méthodes pédagogiques, analyses du système éducatif. Cela permet d’avoir une meilleure représentation des problèmes des enseignants. Cela permet aussi d’organiser l’action intersyndicale et de faire avancer des revendications de manière commune.


Les congrès de l’UNL sont l’occasion d’inviter des pédagogues reconnus, tels Philippe Meirieu avec lequel a été discutée notamment la question de la démocratie lycéenne. « C’est encore un autre rapport avec le corps enseignant ». Globalement, l’UNL note peu d’implication des enseignants dans les comités de vie lycéenne, CVL, mis en place après la consultation organisée en 1998 par Philippe Meirieu sur Quels savoirs enseigner dans lles lycées ? mais précise que cela dépend des établissements.


Selon l’image qu’en a l’UNL, le métier d’enseignant reste une vocation pour certains des jeunes profs. Ceux-ci ressentent cependant la difficulté d’être seuls face à un groupe d’élèves pas forcément heureux de leur situation. Ils sont également conscients d’être mal payés et mal considérés (la durée des vacances leur est souvent reprochée, ainsi que la sécurité de l’emploi, qui n’est plus pourtant aussi évidente dans le choix du métier). Cette mauvaise image affecte le regard des élèves sur l’ensemble des enseignant, « même si on a tous eu des rencontres avec des profs qui ont fait changer notre regard sur le monde. Notre expérience personnelle joue aussi : pour moi à l’UNL, j’ai découvert l’éducation autrement ».


Grâce aux anciens membres de l’UNL devenus stagiaires ou formateurs à l’IUFM, l’organisation lycéenne s’est également penchée sur la formation des enseignants. Il lui semblerait bon que profs et élèves soient davantage acteurs communs de la vie de l’établissement. « Se sentir bien dans son établissement, c’est important. Ainsi on note souvent des recrudescences de violences après un renforcement des dispositifs sécuritaires. Il ne faut pas oublier que la première implication est dans la vie de l’établissement, avant même l’appartenance au groupe classe ». Les lycéens sont prêts à subir le savoir, mais estiment qu’on ne leur demande pas assez leur avis.


Dans les discussions avec la FSU, plusieurs tables rondes ont été consacrées à la problématique de l’orientation et notamment le rôle et la situation des CO-Psy. Les débats ont été parfois houleux mais ils ont permis de confronter les représentations un peu idéalisées des lycéens avec la réalité et d’aboutir ensuite à des relations moins tendues, notamment dans les CA d’établissement.


De manière générale, l’UNL trouve le travail assez difficile pour la représentation syndicale. « Par exemple, au CNVL, les adultes présents ne nous laissent pas beaucoup de place. Nous avons également des difficultés avec les lycéens non syndiqués, qui ont peur de nous ». Le travail dans les instances académiques, CAVL, laisse aussi à désirer : « il y a trop de projets et pas assez d’actions » estime Floréale Mangin, qui ajoute « à l’UNL, la majorité des demandes concernent des problèmes de droits. Si les lycéens connaissaient mieux leurs droits, le fonctionnement serait meilleur ».


En conclusion, quelles seraient les recommandations que l’UNL voudrait faire aux enseignants ? « Ecouter davantage les élèves, tout en sachant poser son autorité. Ouvrir les IUFM sur cette réalité, essentielle, de la gestion de la classe. Savoir établir des liens interdisciplinaires, appuyés sur du concret, dans les matières enseignées : cela dépend trop souvent du seul bon vouloir des enseignants ».


L'UNL

http://www.unl-fr.org/

Surle Café, Antibi

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/06/index2106[...]

Article sur le site Meirieu

http://www.meirieu.com/RAPPORTSINSTITUTIONNELS/listesdesrapports.htm



Des élèves responsables dans leur établissement. Entretien avec Eric Favey

Les établissements demandent souvent à des associations de terrain, spécialisées dans l’animation et l’éducation, de les accompagner dans la formation des délégués élèves ou des élus au comité de vie lycéenne, CVL. Nous avons demandé à Eric Favey, secrétaire national de la ligue de l’enseignement, ce qu’il percevait au travers de ces formations des représentations élèves sur leurs enseignants et leurs établissements.


Les élèves ont souvent une perception très lucide du fonctionnement de leur établissement, même s’ils ne décryptent pas tout. Ils pensent en général que les enseignants sont très seuls et qu’il n’y a que peu de relations entre les différentes catégories de membres de la communauté éducative. Cette perception a peu évolué au cours des dernières années, mais la connaissance que les élèves ont de l’institution et de son fonctionnement prioritairement administratif et hiérarchisé est plus grande. Ces élèves sont plus professionnels, attendent plus de l’institution que nous autrefois. Ils sont touchés par l’évolution démocratique de la société et donc plus autonomes à ce niveau.


Il n’est guère surprenant qu’ils trouvent leurs professeurs distants. Ils sentent bien que les enseignants connaissent mal la situation de délégué et que celle-ci n’est pas forcément très bien comprise au sein de l’établissement. « On nous amuse avec cette responsabilité » se plaignent-ils souvent. Le délégué, ou l’élu au CVL, est en effet plus souvent pris comme un intermédiaire entre l’administration et les autres élèves que comme un véritable acteur de la vie de l’établissement. Dans la mise en place des formations, les animateurs de la Ligue s’étonnent toujours que les chefs d’établissement veuillent leur déléguer la totalité de la conception, même s’ils sont conscients de leur apport en tant qu’experts à ce sujet. Ils insistent pour qu’une partie des enseignants de l’établissement s’implique dans cette action.

En effet, la plupart des enseignants sont souvent moins impliqués que d’autres personnels dans la vie de l’établissement. Pourtant, s’ils en avaient conscience et acceptaient de s’y investir davantage, cela leur donnerait des clés de compréhension des élèves et améliorerait la situation en classe. Les élèves passent finalement beaucoup de temps au lycée et perçoivent beaucoup sur son fonctionnement.


Les enseignants ont un rapport à leur métier qui ne leur permet pas d’accorder beaucoup d’importance à ce que les élèves en perçoivent. Leur donner la parole à ce sujet leur paraît non pertinent, voire démagogue.


La Ligue n’a pas été auditionnée par la commission Pochard. Elle a néanmoins rédigé à son attention une note de proposition soulignant la méconnaissance de la réalité territoriale, sociale et culturelle qu’ont de nombreux enseignants au sujet de leur établissement. Ils se privent ainsi de la connaissance du milieu dans lequel vivent leurs élèves, qui pourrait leur fournir des éléments de décryptage importants. La proposition serait de reprendre les formations conjointes entre membres de la communauté éducative et personnels du territoire environnant sur une thématique liée à la politique de l’établissement et aux préoccupations du bassin d’appartenance. Ces stages conjoints déclencheraient des échanges, favoriseraient des habitudes de travail en commun et rompraient l’isolement des profs. Ce serait aussi une manière indirecte d’améliorer la perception des enseignants vis-à-vis de leurs élèves, en entendant parler les acteurs locaux. Ce serait sans doute enfin une réponse partielle au manque de considération sociale des enseignants. Il est vrai que la situation actuelle est peu favorable à ce type d’initiatives. Les enseignants ont souvent un habitat éloigné de leur lieu de travail et sont réticents à y passer beaucoup plus de temps. L’institution aujourd’hui est plutôt dans une tendance au désengagement en ce qui concerne l’aide au travail d’équipe intercatégoriel et interprofessionnel.


Au niveau des pratiques pédagogiques, les élèves mentionnent souvent tout l’intérêt qu’ils trouvent aux enseignements d’EPS, en grande partie parce qu’ils font assez peu de différence entre le prof animateur des activités de l’association sportives et l’enseignant des cours inscrits à l’emploi du temps officiel. De la même manière, l’utilisation des TICE les met en situation d’acteurs et de producteurs, dans une relation plus fine et moins magistrale à leur enseignant. Les technologies de l’information et de la communication sont de plus un véritable atout pour développer un lien réel et fort entre élèves, enseignants et familles.


Si on revient sur le rôle des délégués élèves ou des élus des CVL, les élèves expriment une certaine insatisfaction depuis longtemps. Ils ont l’impression qu’on leur accorde beaucoup plus une place symbolique et théorique qu’un vrai rôle. Ils connaissent les textes, voient ce qui se pratique dans certains établissements plus ouverts et sont assez déçus des possibilités d’action qu’on leur laisse en réalité. De plus, ils souvent mal à l’aise vis-à-vis de leurs camarades qui ont tendance à leur reprocher de ne pas assez les défendre.


Il est dommage que les établissements entretiennent ces façons de faire. Il ne faut pas faire semblant avec la représentation élèves car, à terme, on fabrique de la défiance par rapport à l’institution. L’implication des élèves du CVL ou du CA est beaucoup plus sérieuse qu’on ne croit et devrait être un sujet de préoccupation de l’établissement tout entier. Dans nos formations, nous incitons les élèves à être curieux du projet d’établissement et à se positionner comme de véritables acteurs.


Lors de la formation des élus du CVL en particulier, nous soulignons l’importance d’une participation régulière et d’un travail continu entre les réunions plénières. Nous les accompagnons dans maints projets culturels et nous réjouissons ensuite de les retrouver souvent en position de responsabilité dans la vie sociale ou culturelle d’un quartier.


Certains chefs d’établissement ont le souci de faire davantage du CVL un outil de régulation et d’information qu’une véritable instance participative et productive. Pourtant les occasions de travail en commun ne manquent pas et on voit de plus en plus de groupes de travail comprenant des élèves se mettre en place au moment d’une rénovation ou d’une reconstruction des bâtiments.


Ce ne devrait pas seulement être au chef d’établissement ou aux CPE de travailler avec ces élèves. Les enseignants, qui sont la catégorie de personnels la plus nombreuse au sein de l’établissement, devraient s’emparer de cette relation. Même si cela peut paraître du temps perdu, ce serait en fait du temps gagné pour la formation citoyenne des élèves en classe. La confiance ainsi construite serait un facteur important d’amélioration du climat de la classe.

Pour lutter contre la dévalorisation sociale, morale et matérielle du métier d’enseignants, souvent mentionnée par les jeunes, la relation avec les parents est fondamentale. Il faut retrouver une vraie forme d’alliance avec les parents et tout faire pour que des liens de confiance existent avec les élèves. Les enseignants se privent trop souvent de ces approches qui sont pourtant de véritables leviers.


La ligue de l'enseignement

http://www.laligue.org/



Les lycéens aiment leur lycée ! Entretien avec le professeur Georges Felouzis, sociologue de l‘éducation

Peut on vraiment parler pour l’enseignant d’un métier dévalorisé dans la perception publique ?


Si on regarde ce qu’était socialement un enseignant de lycée, il y a 40 ans, c’était quelqu’un qui occupait une fonction relativement prestigieuse, liée à un diplôme qu’une faible proportion de la population possédait. La massification de l’accès à l’enseignement supérieur et l’augmentation significative du nombre de diplômés font que l’enseignant n’occupe plus cette position symbolique prestigieuse. Aujourd’hui, un enseignant de lycée, c’est un fonctionnaire de catégorie A, comme beaucoup d’autres, avec, objectivement, un salaire qui n’est pas très élevé, or le salaire est un fort indicateur dans notre société. Il y aussi la nature de son travail, plutôt bien considérée par les élèves, mais qui, dans certains lycées, peut apparaître fragile en regard de la position prestigieuse de certains parents.


C’est en fait une situation un peu paradoxale, car les concours de recrutement restent très sélectifs. Cela entretient un certain malaise chez les enseignants qui perçoivent ensuite que ni le salaire, ni la considération ne sont à la hauteur de cette réussite académique.


L'isolement du professeur revient de plusieurs façons dans les propos des élèves. Comment décrypter ces remarques ?


L’enseignant est isolé, c’est vrai, mais il existe de grands contrastes entre les établissements. Par nature, le travail de l’enseignant est solitaire. Il n’est pas tout seul physiquement dans sa classe, mais il est bien seul maître à bord. La coopération dans le travail de préparation pourrait nuancer cet isolement, mais elle est relativement faible.


Les enquêtes de type Pisa montrent que c’est une caractéristique nationale : les enseignants français sont plus isolés, mais aussi plus autonomes, car leur fonction est totalement restreinte à l’activité d’enseignement. La division entre les différentes tâches est moins marquée dans d’autres pays.


Les élèves ont bien là une vision réaliste ; malgré les discours incantatoires sur le travail d’équipe, les équipes pédagogiques sont quasiment inexistantes.


Pourtant les attentes envers les profs sont importantes. Dans les propos des élèves, le prof reste un personnage. On lui demande du charisme, on souffre de son inaccessibilité. Comment expliquer ces contradictions ?


Les élèves demandent beaucoup aux enseignants, surtout au lycée. Le professeur est pour eux un personnage central et une personne de référence. Ils en attendent de la reconnaissance, de l’intérêt et le veulent charismatique. Il est normal que les lycéens se plaignent du cadre trop formel de l’enseignement, car le lycée est pour eux le début de l’autonomie. Ils voudraient des relations plus étroites et une meilleure capacité à les intéresser.


En fait, l’enseignant a un rôle composite : noter, sélectionner, faire passer des connaissances, être une personne de référence. C’est une alchimie difficile à mettre en œuvre, et il n’est pas toujours à la hauteur.


Comment décrypter aussi ce qui concerne la correction et l’enseignant producteur de savoir ? Les lycéens se voient-ils consommateurs ou constructeurs de savoirs?


L’évaluation est toujours un problème difficile. La note dépend de l’évaluateur et peut être très variable d’un correcteur à l’autre. Lorsque l’élève reçoit sa note, il réagit à la fois rationnellement et émotionnellement et il lui est difficile de démêler la note au devoir et la note à l’élève. Les enseignants se doivent cependant de donner des repères réalistes, mais ils ne doivent pas oublier de montrer à l’élève qu’il est capable de progresser et de lui donner des indications pour y parvenir. C’est cette composante interactive qui rend le métier de l’enseignant très difficile.


Les élèves sont sûrement un peu consuméristes, mais c’est parce que le système éducatif français, centré sur l’utilité des savoirs et l’acquisition des diplômes, les encourage à cela. Il y a beaucoup de paradoxes dans ce système utilitariste, sélectif et classant les élèves. Pourtant, l’analyse des questionnaires remontant de la consultation Meirieu montrait que les élèves ont de l’intérêt pour les savoirs qu’ils apprennent.  Ils sont donc nécessairement constructeurs de leurs savoirs, mais aussi d’eux-mêmes. Entrés au lycée en pleine adolescence, ils en sortent jeunes adultes. L’établissement est pour beaucoup dans cette phase de maturation et de construction de soi.


La remarque sur les disciplines, qui est très vraie, est elle aussi intéressante. Pourquoi est-elle mise en avant ? Les lycéens jugent-ils qu'il y a des disciplines trop nombreuses ou souhaitent-ils qu'elles soient enseignées autrement ?


Héritier de l’enseignement des jésuites, l’enseignement français est très cloisonné. La principale préoccupation du monde académique est de parler selon les schémas du monde académique. Ce n’est pas toujours facile non plus, au niveau où sont les lycéens, de croiser les disciplines. Les TPE ont cette vocation à rassembler des compétences diverses autour d’un même objet, mais ce n’est pas assez fréquent dans le monde scolaire français. Dans d’autres pays, l’enseignement est moins cloisonné.


C’est un problème réel qui dépasse largement les demandes des élèves en termes de méthodes pédagogiques, car le fait de marquer fortement les orientations par les disciplines décourage des élèves d’entrer dans certaines filières (par exemple les filles dans les sections scientifiques). Je pense que les élèves ont raison. On leur propose un système très académique, mais il serait bon de le faire évoluer.


Une bonne partie des remarques formulées par ces élèves étaient déjà dans l'enquête Meirieu de 1998. Les choses ont-elles évolué depuis ?


Je ne sais pas exactement sil les choses ont évolué ou non, mais rien n’a changé de manière radicale. De nombreux rapports ont suivi qui tous disent la même chose, mais la vie quotidienne dans les lycées reste très semblable à ce qu’elle était ; il n’y a certainement pas eu de révolution.


Comment expliquer la place à part des profs d'EPS ?


Je n’ai pas grand’chose à dire à ce sujet. Objectivement, c’est vrai que les enseignants d’EPS ont une place à part, tant chez leurs collègues que pour les élèves. Ils sont moins académiques et pratiquent une pédagogie très différente. Je pense aussi que cette matière ne fait pas peur aux élèves.


On ne parle guère de la violence contre les profs. Là dessus aussi, y a t il des évolutions ?


 La violence est, me semble-t-il, surtout entre élèves, mais il est difficile d’en parler, car la variabilité est très grande d’un établissement à l’autre. On ne dispose pas de mesures statistiques fiables sur une longue période, mais les études montrent que la violence dans les établissements ne baisse pas, en France comme à l’étranger, et qu’il ya encore beaucoup de chemin à faire avant d’améliorer la situation.


Et, en conclusion, avez-vous des travaux en cours sur l’évolution du métier d’enseignant ?


Non, pas directement, mais je participe actuellement au dépouillement des 1 400 questionnaires remplis par des lycéens en réponse à une enquête lancée par le magazine Phosphore sur la manière dont les lycéens voient leur condition, 10 ans après la consultation Meirieu.


Je suis toujours frappé par la pertinence et l’intelligence des réponses des élèves. Globalement, ils aiment bien ce qu’ils font. S’ils expriment des reproches et des angoisses, ils expriment aussi beaucoup de satisfaction. Bien sûr, si les lycéens sont attachés à leur lycée, c’est parce qu’il est un facteur de sociabilité et qu’ils s’y constituent une culture juvénile, avec ses relations amicales ou amoureuses. Le lycée, c’est leur lieu de vie et ils l’aiment !



Questions : François Jarraud. Entretien : Françoise Solliec


G. Felouzis dans le Café

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/2004/[...]

Le rapport Meirieu

http://www.meirieu.com/RAPPORTSINSTITUTIONNELS/listesdesrapports.htm

Le triste destin des familles…


Naître dans une famille nombreuse, est-ce un handicap ? Oui répond l'Insee. L'actualité des familles c'est aussi la question de l'incompréhension. Peut-on comprendre l'adolescent ? Et lui quelle importance accorde-t-il à la famille ?


La destinée négative des familles nombreuses

"Une famille très nombreuse aurait en elle-même une influence négative sur la destinée sociale". L'affirmation serait choquante si elle ne résultait d'une étude  réalisée par Dominique Merllié et Olivier Monso pour l'Insee. Leurs travaux établissent en effet que, toutes caractéristiques sociales mises à part, le fait d'avoir plus de 2 frères ou sœurs influe négativement sur la réussite sociale.


Ainsi la probabilité d'avoir un diplôme supérieur varie du simple au double selon la taille de la fratrie, la mobilité sociale également.  Par exemple l'accès à la catégorie cadre quand on est fils d'ouvrier passe de 7 à 15% selon l'importance de la fratrie. L'effet se fait aussi sentir chez les fils de cadres (49 et 56%).


Les auteurs avancent deux hypothèses qui intéressent directement l'école. Selon eux ces inégalités sociales sont liées au fait que la probabilité d'accès au diplôme n'est pas la même selon l'importance de la fratrie. A diplôme égal les inégalités disparaissent.


Par conséquent, ils interrogent les styles éducatifs des familles nombreuses et peu nombreuses pour expliquer ce facteur d'inégalité sociale. " Ainsi, des enfants nombreux vivent davantage en interaction entre eux, dans une société d’enfants ; des enfants uniques ou peu nombreux (et aussi d’âges espacés) sont plus continûment plongés dans une société d’adultes : les conditions du développement intellectuel et social peuvent en être affectées. Les mères des familles nombreuses sont plus souvent inactives, de sorte que leurs enfants, gardés chez eux, sont moins souvent ou moins précocement confrontés à d’autres lieux de socialisation que leur foyer. Les pratiques éducatives peuvent aussi être affectées. Une étude associant un questionnaire détaillé sur ces pratiques et des tests du développement intellectuel des enfants a permis de constater que les styles éducatifs pouvaient constituer l’une des médiations entre « classe sociale » et développement intellectuel (Lautrey J., 1980). Un style éducatif rigidement structuré, plus fréquent dans les familles des classes populaires, est également lié aux conditions de logement et au nombre des enfants : un ordre éducatif contraignant peut correspondre au défaut des conditions matérielles qui rendraient possible une structuration plus souple et plus négociée de l’environnement éducatif, qui apparaît plus favorable au développement intellectuel". C'est finalement l'autoritarisme qui nuirait aux familles nombreuses.

L'étude (en pdf)

http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/FPORSOC07f.PDF

L'intelligence de l'enfant


"C'est la vocation naturelle des sciences humaines que de démontrer comment sont fabriqués les faits sociaux que nous percevons volontiers comme naturels" rappelle Marie Duru-Bellat dans la préface à "L'intelligence de l'enfant".


L'ouvrage s'attaque à quatre questions : Est-il légitime d’évaluer l’intelligence par un chiffre de QI ? L’intelligence est-elle innée ou acquise ? Quel est le rôle de la famille, de l’école, de la société et de la culture dans la genèse de l’intelligence ? Quels enjeux autour de l’inégalité des capacités intellectuelles?


Elles sont abordées sous l'angle des sciences sociales. Ainsi découvre-t-on l'histoire des tests de QI et la construction sociale de l'intelligence, chaque classe sociale se voyant justifiée par un rang intellectuel…


Pour autant l'ouvrage n'élude pas la question de  l'hérédité mais l'ancre dans le rapport à l'environnement. Une dernière partie traite de l'intelligence et ses enjeux, à l'école et ailleurs.

Marie Duru-Bellat et Martine Fournier (dir.), L'intelligence de l'enfant. L'empreinte du social. Ed. Sciences Humaines, Auxerre 2007, 292 pages.

Le sommaire

http://www.scienceshumaines.com/l-intelligence-de-l-enfant-[...]



Eux et nous : questions d'ados, paroles d'adultes

"Peut-on comprendre les adolescents ? Et d'abord le faut-il ? On peut en douter, en effet.. vouloir comprendre ce serait vouloir inclure,incorporer, intégrer". Pourtant Jean P. François nous invite à découvrir la psychologue des adolescents.

 

Ancien prof de lettres, directeur de centre de vacances, formateur, il a rassemblé des devoirs, des lettres venant de centaines d'adolescents. C'est en s'appuyant sur ce trésor, souvent émouvant, qu'il nous invite à découvrir les caractéristiques de la psychologie adolescente. Ainsi sont abordés le désir d'opposition, la peur de grandir, la sexualité etc., toutes questions difficiles.

Jean P. François, Eux et nous : questions d'ados,paroles d'adultes, Paris Erès, Cemea, 2007, 256 pages.

Présentation

http://www.edition-eres.com/resultat.php?Id=2050


Nos enfants

"L'enfant est un être en devenir qui doit être éventuellement protégé, puni, ou les deux à la fois, contrôlé, mis aux normes. Et c'est un sujet, fragile, mais un sujet quand  même, un acteur de son existence. Reconnaître ce dilemme ne signifie pas la fin des institutions classiques mais,.. l'accélération de leur transformation". En présentant ainsi cet ouvrage, Michel Wieviorka montre d'emblée que nous sommes dans un moment très particulier pour l'enfance, celui où on passe de l'idée d'enfant objet (le fils de) à l'enfant sujet. Et tout ce livre se construit pour accompagner ce passage à travers des articles courts qui montrent l'évolution des valeurs, le passé, les nouveaux droits des enfants et enfin l'enfant dans la cité.


Ainsi sur l'évolution des représentations de l'enfant, F. de Singly explique ce qu'il a appelé "l'adonaissance". Dans cet univers des ados, les TIC sont un élément de construction de soi. C'est ce que développe Pascal Dibie en montrant comment elles permettent aux jeunes de développer de nouvelles solidarités, et aussi comment elles structurent leur façon de penser ("l'attention partielle continue"). Pour Monique Dagnaud elles amènent aussi à être "ici et ailleurs" en même temps qu'ici et maintenant.


Dans la cité, le jeune est à la fois un individu qui a des droits (et l'ouvrage évoque par exemple le droit aux origines ou la Convention internationale) et qui est l'objet de politiques, et le maire d'Auxerre ou JL Rosenczveig l'illustrent bien.


Organisé en petits chapitres, l'ouvrage nous offre ainsi un état des lieux des réflexions sur l'enfance dans une langue claire et facilement accessible. Il ouvre des portes sur des paysages différents et invite à les visiter de façon plus sérieuse. En ce sens c'est une lecture bien adaptée aux rythmes et aux découvertes des vacances.

M. Wieviorka (dir.), Nos enfants, Les entretiens d'Auxerre, Editions Sciences humaines, 2008, 292 pages.

Des ados en souffrance ?


L'absence de perspective plombe la jeunesse française

 "Le niveau réel d’un pays se mesure à l’attention qu’il accorde à ses enfants, à leur santé et à leur sécurité, à leur situation matérielle, à leur éducation et à leur socialisation, ainsi qu’à leur sentiment d’être aimés, appréciés et intégrés dans les familles et les sociétés au sein desquelles ils sont nés". Armée de cette vision, l'Unicef a osé faire un palmarès du "bien – être des enfants dans les pays riches". Et, disons le tout de suite, mieux vaut être un jeune Polonais que Français : la France est 16ème sur 21.


Oui mais comment mesurer ce bien-être ? Pour cela l'organisation a retenu 6 critères : le bien-être matériel, la santé, la relation avec la famille, les comportements à risque,le bien-être subjectif et le bien-être éducationnel.


Ce qui classe la France ce sont les deux dernières catégories. Alors encore la faute à l'école ? Non le niveau scolaire des jeunes français est moyen.  Ce qui classe la France au 18ème rang pour ces catégories c'est le fort pourcentage de jeunes qui ne sont engagés ni dans une formation, ni dans un emploi, ni dans les études de 15 à 19 ans et le pourcentage 'élèves de 15 ans qui s'attendent à trouver un travail peu spécialisé. Autrement dit, l'étude révèle tout un pan de la jeunesse qui tient déjà les murs et qui se sent à l'abandon. 


" Qu’a-t-on à gagner à mesurer et à comparer le bien-être des enfants dans différents pays ? Un axiome nous donne la réponse : "Pour améliorer quelque chose, prends en d’abord la mesure". Alors que la France a supprimé la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, l'étude de l'Unicef invite à s'occuper de tous les jeunes jusqu'à leur majorité.

http://www.unicef.org/french/media/media_38299.html

http://www.unicef.ca/portal/Secure/Community/508/WCM/PRE[...]



Ados : bonheur et scepticisme

"Pour avancer mieux vaut pas trop s'inquiéter". L'enquête réalisée par Ipsos pour la Fondation Wyeth pour la santé auprès d'adolescents de 15 à 18 ans dépeint une jeunesse heureuse mais pas béate.


Car tout va bien pour nos ados : 95% disent avoir beaucoup d'amis, 80% ont de bonnes relations avec leurs parents et 79% se sentent bien à l'école. Ce qui compte pour eux c'est d'abord la famille (90%) puis les amis et les amours (57%), l'école arrivant en 5ème position, pour seulement 37% d'entre eux. 64% d'entre eux sont confiants dans leur avenir personnel. Huit sur dix croient d'ailleurs dans l'engagement.


Mais le trait marquant de cette génération est sans doute le scepticisme certain. Seulement un adolescent sur quatre (25%) croit que "le monde sera meilleur demain", neuf sur dix sont inquiets face aux évolutions du monde et de la France.


Ainsi les auteurs de l'étude classent les ados en 5 groupes. La moitié d'entre eux seraient soit très confiants en l'avenir soit satisfaits de leur sort personnel. Un quart restent indécis et croient peu en l'action. 22% sont inquiets ou angoissés face à l'avenir. C'est particulièrement le cas des jeunes de L.P., issus de milieux modestes ou dont les parents sont séparés.


L'enquête révèle un phénomène intéressant : neuf jeunes sur dix affirment connaître le métier qu'ils veulent faire. Le médical est plébiscité devant l'industrie, les arts et le sport et l'administration. Une information à se rappeler quand on est devant des élèves muets sur leur orientation…

http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1849.asp?rubId=21



Sur le site du Café

Par fjarraud , le mardi 01 septembre 2009.

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