Par François Jarraud
Comment améliorer le taux de diplômés du supérieur ? Pour l'Inspection générale, la solution est à chercher en amont, du coté du lycée. Sa revue s'interroge sur l'articulation entre deux mondes qui se parlent peu, au moment où se met en place "l'orientation active" et une réforme de la première année universitaire. Et c'est évidemment le devenir des bacheliers technologiques qui se trouve au coeur des débats.
Ainsi Alain Boissinot, recteur de Versailles, estime que la spécialisation est excessive en série STG. Il recommande, " compte tenu des évolutions de l’enseignement supérieur, que les voies générales et technologiques (soient) appelées à se rapprocher autour de deux grands pôles : les sciences et technologies (actuelles séries S et STI), les lettres et sciences humaines (actuelles séries L, ES, STG). A l’intérieur de chacun de ces pôles, les séries devraient être moins spécialisées et nombreuses qu’aujourd’hui (on pourrait même penser à les remplacer par un système « à la carte », prévoyant seulement quelques points de passage obligés). Du coup, la seconde de détermination pourrait être considérablement simplifiée et allégée".
Christian Forestier, membre du HCE, dénonce lui aussi la déprofessionnalisation de la série STG. " Le baccalauréat technologique, et notamment le baccalauréat technologique tertiaire, prépare-t-il à toutes les
formes d’enseignement supérieur ou bien est il uniquement conçu pour l’enseignement technologique court ? Si c’est la seconde réponse qui est la bonne, il faut se donner les moyens de la mettre en œuvre". Il demande un sursaut des séries générales qui doivent pouvoir augmenter leurs effectifs.
La revue
http://www.education.gouv.fr/cid20752/la-revue-inspection-generale.html
S.T.G. Quelle rénovation ?
S'il est une réforme qui fait débat c'est bien celle de la filière technologique tertiaire dont l'avenir, dans le grand chamboulement des filières du lycée qui se prépare, n'est pas assuré. Il est heureux que les Cahiers pédagogiques lui consacrent un excellent numéro (n°461). C'est que la filière STG est au cœur des problématiques de la démocratisation du lycée et de l'enseignement supérieur et même, disons-le, au cœur des problématiques du changement. C'est le pari de la réforme de 2005 de permettre à des jeunes de milieu défavorisé d'accéder à des études longues grâce à une pédagogie adaptée. Et le pari, le numéro le montre, n'est pas gagné.
Comment réussir cette réforme ? Gérard Barrère explique que pour réussir il faut "remettre en question cette hiérarchie qui consiste à répartir les meilleurs élèves d'abord dans l'enseignement général". Christine Videlet, Damien Meunier présentent 8 principes qui balisent cette réforme : l'importance accordée aux tice, à la réflexion dans les apprentissages, à la théorisation plus qu'à l'application, à la transversalité et à l'autonomie. Tous objectifs particulièrement ambitieux. Au point que, pour Sylvie Cordesse Marot, ils risquent de faire changer de sens la filière. "Le repositionnement élitiste de la filière joue contre le rôle historique d'ascenseur social. Les élèves les plus faibles économiquement et socialement ont commencé à faire les frais de cette rupture stratégique". En effet, "la seule façon d'élever le niveau de nos enseignements sans sacrifier les lycéens les plus fragiles passe par l'amélioration des dispositifs pédagogiques pratiqués dans les classes et par leur mutualisation" toutes choses difficiles ! Pour elle il y a rupture sociale. Elle relève, dans un second article à quel point les épreuves du bac ont été rendues plus difficiles sans que les moyens de préparation aient suivi (la filière STG on s'en doute consomme moins de moyens que l'ancienne STT…).
Pourtant de l'enthousiasme il en reste dans cette filière. Dans les différentes disciplines générales et technologiques, le numéro présente les difficultés rencontrées et les efforts pédagogiques fournis.
Au terme de ce numéro particulièrement riche, c'est une réflexion générale sur le lycée qui se dessine. C'est dire que ce numéro est conseillé à tous les enseignants du secondaire. L'école française est-elle capable d'une réelle démocratisation ? Réponse peut-être en juillet où sortira la seconde génération de bacheliers STG (et même en fait la première à passer toutes les nouvelles épreuves).
STG quelle rénovation, Cahiers pédagogiques n°461, mars 2008.
Le sommaire
http://www.cahiers-pedagogiques.com/numero.php3?id_article=3626
Sur le Café, La filière STG au centre des débats
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/200[...]