Le Guide de la rentrée 2008 pour les parents : Primaire : La nouvelle semaine respecte-elle les rythmes biologiques ? 

Par François Jarraud



La réduction de la semaine d'école à 4 jours, la création de deux heures réservées aux élèves en difficulté, tout cela transforme les rythmes de l'école. Est-ce un progrès pour les élèves ou la concentration des heures de cours risque-t-elle d'augmenter la pénibilité ?


Le Bulletin Officiel du 19 juin publie les décrets et arrêtés fixant les programmes du primaire et les horaires des écoles. " À compter de la rentrée 2008, le temps scolaire des élèves de l’école primaire est organisé comme suit : 24 heures d’enseignement par semaine pour tous les élèves, ceux qui rencontrent des difficultés d’apprentissage pouvant bénéficier, en outre, de deux heures d’aide personnalisée… L’enseignement scolaire hebdomadaire peut se répartir sur quatre jours ou sur 9 demi-journées du lundi au vendredi (cas des écoles ouvertes le mercredi matin). Sauf décision contraire prise dans les conditions prévues à l’article 10-1 du décret n° 90-788 modifié, les 24 heures d’enseignement sont organisées à raison de 6 heures par jour les lundi, mardi, jeudi et vendredi. Les élèves rencontrant des difficultés bénéficient, au-delà du temps d’enseignement obligatoire, d’une aide personnalisée de 2 heures maximum par semaine selon des modalités définies par le projet d’école (par exemple, une demi-heure par jour, une heure deux jours par semaine, etc.).".


" L’inspecteur d’académie-DSDEN veille à l’harmonisation des projets d’aménagement du temps scolaire entre les écoles maternelles et élémentaires relevant du même périmètre scolaire et à leur homogénéité entre écoles soumises aux mêmes contraintes pour un territoire donné". C'est que les 2 heures réservées aux élèves en difficultés posent de sérieux problèmes aux communes :par exemple prévoir un second ramassage scolaire ou une garderie.


L’organisation et la mise en place de l’aide personnalisée : "Le conseil des maîtres propose à l’inspecteur de l’éducation nationale l’ensemble du dispositif d’aide personnalisée au sein de l’école, comprenant le repérage des difficultés des élèves, l’organisation hebdomadaire des aides personnalisées et les modalités d’évaluation de l’effet de ces aides en termes de progrès des élèves. L’inspecteur de l’éducation nationale arrête ce dispositif pour l’année scolaire".


"Le maître de la classe effectue le repérage des élèves suscep tibles de bénéficier de cette aide personnalisée dans le cadre de l’évaluation du travail scolaire des élèves, avec l’aide, le cas échéant, d’autres enseignants. Cette liste, présentée au conseil des maîtres ou conseil de cycle, peut évoluer au cours de l’année en fonction d’évolutions constatées ou de besoins nouveaux" ajoute encore le B.O. Mais il prévoit aussi des évolutions locales : " Aux mêmes fins de différenciation pédagogique, la mise en œuvre de l’aide personnalisée peut aussi se traduire par l’utilisation à titre expérimental d’horaires décalés. Ceux-ci permettent, dans le cadre du service hebdomadaire dû par les professeurs des écoles, la prise en charge de la difficulté scolaire par une organisation décalée des heures d’entrée et de sortie des classes d’une même école ou de deux écoles proches. Ce décalage autorise l’intervention simultanée de deux enseignants dans la même classe pendant une durée du temps scolaire clairement identifiée par le projet d’école. Cette expérimentation, qui sera ciblée sur les aides personnalisées en français et en mathématiques, fera l’objet, comme les autres dispositifs, d’une évaluation au terme de l’année 2008-2009 dans les départements où elle aura été pratiquée.".


L'adhésion des parents est souhaitée mais pas nécessaire.

http://www.education.gouv.fr/bo/2008/25/MENE0807572D.htm

http://www.education.gouv.fr/bo/2008/25/MENE0800496C.htm

Sur le Café, A. Prost contre les nouveaux horaires

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/05/29052008Accueil.aspx  

Sur le Café, notre dossier sur les programmes

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Programmes[...]


Selon H Montagner il faut revoir le temps scolaire

" Il est physiologiquement et psychologiquement impossible qu’une journée de six heures de temps encore plus contraint par les exigences accrues des «fondamentaux», permette aux enfants de 2008-2009, et au-delà, d’être suffisamment réceptifs, lucides et disponibles, et ainsi de bien comprendre et apprendre. C’est la quasi-certitude que les enfants-élèves seront encore plus fatigués, stressés, démotivés, «en désamour pour l’école», culpabilisés, en déficit de confiance en eux-mêmes et dans autrui, insécurises. Insidieuse, une nouvelle forme de maltraitance s’installe". Le professeur Hubert Montagner sait de quoi il parle : il a étudié longuement la chronobiologie.


Alors que les 2 heures d'aide et l'accompagnement scolaire se mettent en place, perturbant sérieusement l'organisation du temps scolaire, il rappelle les travaux scientifiques sur les rythmes biologiques des élèves. "Pour que l’école puisse donner une chance maximale de réussite à tous les enfants, la durée et l’organisation des journées scolaires devraient être modifiées en fonction de l’âge et des particularités «empêchantes» qui contrarient les apprentissages. Il faut notamment  développer de nouvelles stratégies d’accueil et des aménagements d’espace appropriés au début de chaque matinée scolaire (8h 30-9h 30 et 13h-14h 30)".

Article H Montagner sur le site de P Meirieu

http://www.meirieu.com/FORUM/montagner_temps_scolaire.pdf  

Sur le Café : la Cfdt demande une conférence sur le temps scolaire

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/07/03072[...]  


Un Munich pédagogique pour Antoine Prost

"Une catastrophe est en marche, plus grave que les nouveaux programmes de l'école primaire ou les suppressions de postes qu'on dénonce dans la presse ou dans la rue". C'est un texte très alarmant que publie l'historien de l'éducation Antoine Prost dans Le Monde du 28 mai.


"A qui fera-t-on croire qu'il est possible d'apprendre mieux et plus en travaillant moins ?" affirme –t-il faisant allusion à la réduction de la durée de la semaine scolaire.  "Le résultat de ces lâchetés et de ces hypocrisies est connu d'avance : le nombre des élèves incapables de suivre en 6e va augmenter. Je dénie à quiconque ne proteste pas aujourd'hui de toutes ses forces contre cette mesure le droit d'ouvrir demain la bouche pour déplorer cet échec majeur".

Article

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/05/28/un-munich-pedago[...]  


Pour l'Andev la semaine de 4 jours est incohérente et défavorable aux apprentissages

"La diminution du nombre d'heures du service public de l'enseignement apparaît d'autant plus étonnante qu'elle est contradictoire avec différentes orientations récentes". Pour l'Andev, association des directeurs de l'éducation des villes de France, la suppression des cours du samedi matin n'est pas que néfaste pour les enfants. Elle augmente les charges des communes.


"Ce n'est sans doute pas l'intérêt des enfants qui a prévalu dans cette orientation" affirme l'association. L'Andev rappelle plusieurs études sur les rythmes scolaires, dont celle du CNRS (2003) : "ayant concerné 800 enfants de CE2 et CM2 (elle) tire les enseignements suivants : globalement, les enfants sont particulièrement fatigués le lundi matin, surtout en semaine de 4 jours du fait du long week-end; il y a de grosses variations de forme des élèves dans la semaine lorsqu'il y a un "trou" le mercredi". Pour l'Andev ce n'est pas le nombre d'heures de cours qui est trop important mais le nombre de jours de classe qui est trop faible et par conséquent les journées qui sont trop longues.


La suppression des cours du samedi matin semble aussi incohérente aux yeux de l'Andev. Elle contredit la politique ministérielle la plus récente. "Le Ministre appelait récemment les enseignants à effectuer réellement les trois heures de sports prévus dans les programmes, et certaines académies ont même incité les écoles à pratiquer 4 heures de sports hebdomadaire. De l'autre le ministre dans sa déclaration  insiste sur les enseignements fondamentaux "tous les enfants entrant en 6ième doivent savoir lire écrire et compter". Tout cela devra donc être mis en œuvre par les enseignants dans le cadre d'un nombre d'heure d'enseignement diminué".


Surtout, la décision ministérielle ignore les contrats éducatifs locaux et l'action des communes. " Une telle décision a des conséquences importantes pour les communes notamment en terme d'organisation de leur personnel. Les communes qui pour la plupart organisent de nombreuses activités le matin, le midi le  soir,  les mercredis et les vacances scolaires interviennent déjà auprès des enfants sur un temps beaucoup plus long que l'éducation nationale. La plupart, en complément de l'école sont aussi présentes dans le soutien scolaire en mettant en place des études surveillées et de l'accompagnement à la scolarité. L'organisation de nouvelles activités à l'école le samedi  matin augmenterait donc encore leurs responsabilités auprès des enfants et les coûts de prise en charge des enfants. C'est pourquoi l'Andev estime que les heures d'enseignement libérées devraient être mise à la  disposition des communes en compensation de ce désengagement de l'Etat".


La décision unilatérale du ministre intervient au moment où il appelle les collectivités locales à participer financièrement au programme d'accompagnement scolaire. Pourra-t-il le mener à bien sans l'aide communale ?

L'Andev

http://www.andev.fr/



Par fjarraud , le lundi 01 septembre 2008.

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