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Peillon choisit la prudence 

Par François Jarraud


Il n'y aura pas de bivalence. Vincent Peillon a présenté le 11 octobre les mesures qui seront retenues dans la loi de programmation et d’orientation. Il annonce une refondation prudente, mesurée mais profonde. Les syndicats, les élus, les parents devraient être associés à la préparation de la loi qui sera soumise au Parlement en janvier.

Une réelle priorité

 « Dans le contexte actuel, vous mesurez le sens de faire de l’Education nationale la priorité budgétaire de ce quinquennat »  souligne en début de discours Vincent Peillon. Le ministre insiste sur le fait que le vote d’une loi de programmation va donner « de la sérénité » pour transformer l’Ecole en sécurisant le budget. « L’Education nationale ne sera pas la variable d’ajustement budgétaire ». Le ministre estime avoir les moyens de la transformation. Ils seront affectés en priorité à la formation des enseignants puis à la maternelle, enfin au « plus de maitres que de classes ». Toutefois, cette assurance est démentie par le Snes qui, dans un entretien accordé au Café pédagogique (article plus bas) signale que le ministre a reconnu ne pas avoir les moyens de la relance de la formation continue.

Un calendrier serré qui va ignorer les enseignants

« Nous voulons mettre les enseignants au centre des attentes de ce ministère » promet Vincent Peillon. Il affirme vouloir combler la fracture qui a pu se faire entre l’administration et les enseignants. Mais le calendrier de la loi semble incompatible avec une consultation des enseignants. Le ministre doit déposer son projet de loi au conseil des ministres du 12 ou du 19 décembre ce qui implique un travail interministériel à partir de début novembre. Le débat parlementaire aura lieu en janvier. Dans ces conditions, interrogé par le Café pédagogique,  le ministre écarte une consultation des enseignants. Mais il promet de « faire un tour de France des salles des professeurs juste après l’installation de la loi ». Dans l’immédiat, à partir de lundi, il recevra les syndicats, les élus, les parents, les mouvements d'éducation populaire et les lycéens.

Les mesures prévues pour la rentrée 2013

Vincent Peillon a énuméré les mesures qui seront prises à la rentrée prochaine et seront incluses, pour certaines d'entre elles, dans la loi. Car d'autres relèvent de textes réglementaires et non du législatif.

La formation des enseignants se fera dans les nouvelles écoles ESPE. Dès la rentrée prochaine les stagiaires n’auront plus que 6 heures de cours à assumer. La formation sera professionnalisante et en alternance. Le ministre ne s’est pas prononcé sur la place du concours. Cette question oppose actuellement les spécialistes avec en toile de fond deux conceptions opposées du métier.

Rythmes scolaires. Les neuf demi-journées de classe au primaire seront mises en place à la rentrée. « Aucun enfant ne sera dehors avant 16h30  au minimum » promet V. Peillon. Le périscolaire devra donc être développé. Le ministre souhaiterait qu’il soit confié en priorité aux enseignants mais ce point sera traité avec les syndicats et les collectivités territoriales. Pour financer ce périscolaire, « il y aura un lien de solidarité entre collectivités locales ». Ce sera sans doute un point traité dans les discussions avec les associations d’élus. Le ministre n’ira pas plus loin sur les vacances. « Je n’ai pas voulu ouvrir maintenant cette question » affirme –t-il , probablement pour ménager les enseignants. Mais il ne perd pas de vue l'objectif d'un passage à 38 semaines ou au moins d'une "reconquête" réelle du mois de juin. Cette question pourrait revenir plus tard.

Maternelle. Le ministre souhaite revenir « progressivement » au taux d’accueil de 30% en ciblant les quartiers défavorisés.

Les mesures pédagogiques sont aussi prévues pour la rentrée. Le ministre veut une évolution de la notation, une limitation du redoublement, des devoirs faits sur le temps périscolaire. Ces points, mis en avant par F Hollande, ne relèveront sans doute pas de la loi mais de circulaires. Leur installation réelle sera sans doute plus longue qu’annoncé.

Collège. « Je ne retiens pas la bivalence des enseignants » annonce Vincent Peillon à propos de la liaison école collège. L’expression « école du socle » n’a d'ailleurs été prononcée à aucun moment du discours. Toutefois, le ministre veut encourager le travail en commun des enseignants de l’école et du collège « à l’initiative des équipes pédagogiques ».

Lycée. Pas de réforme pour l’instant. Mais Vincent Peillon envisage plus tard une réforme du lycée. « Je m’interroge sur les trois voies » dit-il en faisant allusion aux séries S, ES et L. La reconquête du mois de juin reste aussi un objectif en lien avec une réforme du bac. Tout cela est reconduit pour l’après 2013. Une « consultation approfondie »  sur la réforme du lycée devrait avoir lieu.

L’éducation prioritaire sera bien délabellisée comme annoncée mardi 9 octobre. Pour le ministre il ne s’agit pas de diminuer les moyens mais au contraire de les concentrer sur les établissements qui en ont le plus besoin. « On reviendra sur l’assouplissement de la carte scolaire » promet V Peillon. Le ministre assure de sa volonté « de mixité sociale et scolaire ». « Je veux que l’Ecole bâtisse du commun entre les enfants de France » assure-t-il. Là aussi le ministre assure vouloir rencontrer les acteurs de l'éducation prioritaire. Récemment l'OZP avait manifesté ses inquiétudes suite à la publication du rapport de la concertation.

Un conseil national des programmes, une instance indépendante du ministre chargée de l’évaluation du système éducatif vont être mis en place début 2013.

Prudences

« Il faut faire les choses avec circonspection. Je donnerai du temps au temps » explique Vincent Peillon. En fait, le ministre fait preuve d'une grande prudence. En apparence il valide l'essentiel du rapport de la concertation. En fait il revient sur des points importants susceptibles de rencontrer une vraie opposition chez certains syndicats. Au final la mise en route de la loi se fera très rapidement. Mais, pour les vrais changements dans les classes, il faudra sans doute davantage de temps. Et s’adresser directement aux enseignants. Le chantier de l’année prochaine ?

François Jarraud

Lien : Le discours de V Peillon

http://www.education.gouv.fr/cid65754/premiers-arbitrages-apres-la-remise-du-rapport-de-la-concertation-sur-la-refondation-de-l-ecole-de-la-republique.html


Sur le site du Café

Par fjarraud , le jeudi 25 octobre 2012.

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