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Le rapport de la concertation veut "changer l'Ecole au quotidien" 

Par François Jarraud


Christian Forestier, Nathalie Mons, Marie-Françoise Colombani et François Bonneau, responsables de la concertation nationale pour la refondation de l’Ecole, ont remis le 5 octobre leur rapport de synthèse issu de la concertation pour la refondation de l'Ecole. Plus qu’un catalogue de recommandations, c’est une réorientation de l’Ecole française qui se fixe comme objectif « une Ecole plus juste et plus bienveillante ». Le chantier est d’importance.

Un rapport ambitieux

La formation. Le rapport de la concertation affirme vouloir changer ce qui se passe en classe. L’ambition, portée par Vincent Peillon dès le début de son ministère, est d’importance. Elle implique un changement des pratiques pédagogiques qui ne relèvent pas de décrets mais de la formation et de la mutualisation de pratiques. Justement la seule recommandation qui impacte directement le métier d’enseignant est l’instauration d’une formation continue obligatoire pour les enseignants. Une situation qui existe dans la plupart des pays développés. Mais cette mesure a son revers. En période de vaches maigres le ministère pourrait être tenté d'utiliser ce caractère obligatoire pour imposer des formations durant les congés et pour les faire réaliser par le personnel d'encadrement. Deux conditions fortement annonciatrices d'un échec...

A l’école primaire, le rapport compte sur le « plus de maîtres que de classes » pour changer le quotidien au moins en CP et CE1. Cette mesure pourrait avoir un impact positif sur la réussite des élèves si les enseignants sont formés à cette forme particulière d'aide. Le rapport préconise que le travail personnel soit fait à l’école. Il recommande l’apprentissage d’une langue dès le CP.

Au collège, le rapport se positionne en faveur du socle commun et d'une continuité école - collège. La principale réforme serait le regroupement de disciplines en 6ème et 5ème, à l’image de ce que fait l’enseignement intégré des sciences (EIST). Ce dispositif n’a pas fait ses preuves en termes d’évolution du niveau des élèves. Il est plus délicat à mettre en place pour certaines disciplines. Mais il améliore l’intégration des jeunes qui sont le splus éloignés de la culture scolaire au collège. Avec le même souci, le rapport recommande une « notation plus positive » et la réforme du LPC, que V. Peillon vient justement d'alléger. Viennent enfin deux points de rupture culturelle avec l'école actuelle. Le rapport demande la suppression du redoublement à l’école et au collège. De nombreuses études ont montré que le redoublement n'apportait généralement pas de réponse aux difficultés des élèves, et qu'il peut démotiver. Sa suppression est une bonne chose mais il faut réfléchir par quoi le remplacer. Plus important encore, le rapport demande que la famille ait le dernier mot dans l’orientation. ON a là aussi une rupture profonde avec le système actuel.

Au lycée, le rapport s’intéresse au L.P. en recommandant de faire de la 2de pro une classe de détermination. Au lycée général il recommande « la relance  des TPE ».

Education prioritaire

Les questions du décrochage et de l’échec scolaire motivent largement le rapport. Le rapport demande d’en finir avec les zonages prioritaires. Les établissements verraient leurs moyens (DHG) varier selon la composition sociale et scolaire des effectifs élèves. Pour inciter des professeurs expérimentés à y enseigner, le rapport souhaite la création de missions comme coordonnateur de niveau.  Enfin un référent décrochage serait nommé dans chaque établissement secondaire.

Rythmes scolaires

Le rapport était très attendu en ce qui concerne les rythmes scolaires. Il préconise les limites de 5 et 6 heures maximales de cours  l’école et au collège. Les fins d’après midi les élèves ne seraient pas libérés mais se verraient proposer de l’accompagnement scolaire défini avec les collectivités locales. Le rapport ne recommande pas le passage aux 38 semaines travaillées , même s’il évoque cette possibilité. Il entend par contre qu’il y ait bien 36 semaines effectives de cours. Ce qui implique une réforme du bac probablement par une plus forte proportion de contrôle en cours de formation.

Le maximum de 5 heures de cours jusqu’en 5ème et 6 heures en 4ème et 3ème impacterait forcément le temps de travail enseignant. A l'école on ne voit pas comment insérer les 27 heures dues par les enseignants. Au collège il semble aussi impossible de caser les 25h réglementaires de 5ème par exemple dans les 4,5 jours à 5h par jour. Il y a là à la fois du "blé à moudre" pour les négociations à l'école : travailler une demi journée de plus en échange de moins d'heures de cours ? Au collège, le ministre s'est -il réservé un réservoir de moyens ?

Gouvernance

Là l'essentiel a été fait hors concertation dans l'accord entre l'Association des régions de France et l'Etat. Le rééquilibrage des pouvoirs est vu uniquement dans l’affirmation des régions qui seront en charge du service public d’orientation et de la carte régionale des formations.

Et après ?

C’est une vraie réorientation que propose la concertation. La grande inconnue consiste dans l’application puisque ces mesures ne sont pas chiffrées. Le budget de l’éducation nationale augmenté de 300 millions est-il en mesure de financer la formation continue et initiale ? Les collectivités locales peuvent-elles passer de l’encadrement d’un faible pourcentage  d’enfants un jour par semaine à tous les enfants tous les soirs ? Aura-t-on des réponses à ces questions mardi 9 avec la conférence du président de la République sur la refondation de l’Ecole ?

François Jarraud

Le rapport

Sur le site du Café

Par fjarraud , le jeudi 25 octobre 2012.

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