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Formation : Le concours en fin de M1 

Par François Jarraud


Les concours de recrutement des enseignants auront lieu en fin de M1. C'est le cadre que Vincent Peillon a présenté aux syndicats le 16 octobre. Comment assurer une formation professionnelle dans ces conditions ?

Le ministre a présenté les nouvelles Ecoles supérieures (ESPE) qui remplaceront dès la rentrée 2013 les IUFM. Ce seront des structures autonomes, disposant de leur propre budget, mais qui travailleront en coopération avec l'université et le rectorat. Chaque académie comptera une Espe avec parfois des antennes départementales.

Les concours de recrutement auront lieu en fin de M1. Durant toute l'année de M2, le jeune étudiant sera fonctionnaire stagiaire et devra effectuer un service à mi temps.  Une partie de la formation professionnelles devra avoir lieu avant le M1 sous es formes qui restent à définir.

Sur ce schéma les avis divergent. "L'organisation de l'Espe me semble intelligente", nous a dit T Cadart (sgen). Pour C Chevalier (se-unsa), la date du concours est mal choisie . "Je ne vois pas comment cela peut fonctionner" nous dit-il.

Pour le ministère, avancer le concours en fin de M1 a l'avantage d'augmenter le vivier potentiel de candidats. Or on sait que le manque de candidats  aux concours du secondaire est criant. Maintenant comment former ces personnes à un concours professionnel avant le M1 ?


François Jarraud


Davantage de postes dans chaque discipline en 2013

Le Journal officiel du 19 octobre a publié la répartition des postes des concours du secondaire en 2013. Il y a davantage de postes dans la quasi totalité des disciplines.

Capes 2013 : La répartition des postes
La répartition des postes aux différents concours du Capes est publiée au J.O. du 19 octobre. 6135 postes sont offrets à l'externe contre 4847 en 2012. et 692 à l'interne. Toutes les disciplines, sauf physique chimie, voient les effectifs monter. Ainsi en mathson passe de 950 (en 2012) à 1210 postes, en lettres modernes de 733 à 1000, en histoire-géo de 580 à 715, en documentation de 157 à 200, en anglais de 790 à 1050 en 2013.

Les postes

Agrégation, PLP, PEPS, CPE : La répartition des postes
1589 postes sont proposés à l'agrégation en 2013 contre 1248 en 2012. Le Journal officiel donne la répartition pra discipline. La répartition des postes de PLP en 2013 est elle aussi publiée au Journal officiel. En EPS, on compte 760 postes au Capeps externe et 65 en interne. Enfin il y aura 300 CPE recrutés en 2013.

La répartition
Les postes de PLP
Peps
Cpe

Privé : Les postes 2013
Le Journal officiel vient de publier la répartition des postes au privé. 1100 postes sont proposés au cafep, 150 agrégés CAER et 940 pour le concours interne certifiés.

Les contrats du privé
La répartition des concours internes
Concours externes


Concours de professeur des écoles
Finalement ce sont 8413 postes que les concours externes proposent pour la session 2013 pour le public auxquels s'ajoutent 950 contrats pour le privé. Le Journal officiel publie la répartition académique des postes des concours externes du public et du privé. La forte augmentation du nombre de postes rencontrera-t-elle un nombre de candidats suffisant ?

Des tensions pourraient exister dans plusieurs académies. Pour certaines, il semble impossible qu'elles puissent offrir suffisamment de candidats pour les 9363 postes prévus. C'est le cas par exemple à Amiens où 358 postes sont proposés alors que seulement 479 personnes ont composé en 2012. Créteil avait déjà le taux d'admission le plus élevé de France. Il pourrait encore progresser puisque 1110 postes sont proposés mais en 2012 seulement 1550 personnes se sont présentées. La situation n'est pas meilleure à Paris : 294 postes pour 314 candidats présents en 2012. Le doublement du nombre de postes aux concours 2013 pose problème.

Répartition des postes du public
Répartition du public du privé
Tensions dans le premier degré

Concours : Les candidats dispensés du CLES2
Un arrêté publié au Journal officiel dispense pour les années 2012 à 2014 les candidats aux concours d'enseignement de l'obtention du certificat de compétences en langues de l'enseignement supérieur de deuxième degré (CLES 2) dès lors qu'ils ont obtenu  un master ou un diplôme du supérieur validant une aptitude à maîtriser une langue vivante.


Refonder rapidement les contenus de la formation des maîtres : Un enjeu décisif

Pour Jean-Louis Auduc, ancien directeur d'IUFM, il est urgent d'apporter des réponses à ces questions concernant la formation des enseignants : quelles compétences pour l'enseignant du 21ème siècle, quels contenus pour quels concours, et surtout quelles ESPE voulons-nous ?


Il est, dans la période actuelle, extrêmement positif que concernant le recrutement des futurs enseignants, Vincent Peillon ait pris trois décisions importantes qui vont dans le bon sens :
-           Mise en place dès janvier 2013 de 6000 pré-recrutements au niveau Bac+2 au travers de « contrats d’avenir » spécifiques.
-           Organisation entre mars et juillet 2013 de deux sessions de concours pour permettre le recrutement des 40 000 postes nécessaires aux besoins du système éducatif et le financement des décharges indispensables à la formation des reçus aux concours de recrutement.
-           Remise en place pour les professeurs stagiaires après leur réussite aux concours «  d’une entrée progressive dans le métier avec seulement six heures par semaine devant élèves ».

Ces mesures indispensables prises, il serait erroné de penser que le dossier formation des maîtres est clos et que la formation des enseignants a été rénovée. Des dossiers restent à examiner, des décisions restent à prendre qui seront souvent décisifs dans leurs contenus concernant la refondation de l’école :

Le référentiel des compétences attendues d’un enseignant

Ce qui est important, c’est que les étudiants qui souhaitent devenir enseignant aient une claire vision de ce que l’on attend d’eux, que la société ait clarifié ses demandes, ses exigences vis-à-vis de l’école. Quelle feuille de route la société veut-elle donner à l’école et à ses personnels ? Souvent, on décrit le métier enseignant comme « faire cours » alors que tout démontre qu’enseigner, c’est « faire classe ». Faire cours, c’est donner à penser qu’enseigner un savoir, ne nécessite pas de réfléchir sur ceux à qui on l’enseigne.  Faire classe, c’est considérer que le cœur du métier d’enseignant, c’est transmettre des savoirs et mettre en apprentissage des élèves en faisant dans la classe des choix raisonnés face à des situations complexes en se dotant de repères conceptuels, méthodologiques et éthiques permettant de viser la réussite de tous et de chacun. Faire classe, c’est aussi réfléchir à : Nous enseignons, mais qu’apprennent-ils ? Ne pas réfléchir à cette question pendant la formation initiale des enseignants serait un manque important.

Les contenus des épreuves des concours de recrutement

Est-ce que les concours de recrutement tels qu’ils sont conçus actuellement répondent aux défis posés par l’exercice du métier enseignant ? La réponse apparaît négative face à ce qu’est aujourd’hui la réalité du travail enseignant et les exigences d’une professionnalisation accrue des enseignants.  Les concours de recrutement doivent  mieux être articulés au métier choisi par les étudiants aujourd’hui encore plus qu’hier pour tous les degrés d’enseignement. Les contenus des concours de recrutement doivent cesser d’être tourné vers l’amont, mais s’inscrire dans les exigences nécessaires à l’exercice du métier choisi et comporter dès l’écrit des parties d’épreuves concernant la didactique de la discipline permettant aux candidats une réflexion sur les enjeux de la transmission des savoirs.

Les concours de recrutement d’enseignants doivent répondre à un triple défi :
-           valider la connaissance des différents champs disciplinaires faisant partie des programmes d’enseignement ;
-           déceler les qualités indispensables à l’exercice du métier enseignant
-           commencer à travailler sur les compétences professionnelles nécessaires à l’enseignant

Ils doivent également pour tous les niveaux de recrutement s’inscrire dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences et ne pas l’ignorer comme c’est le cas actuellement de la quasi-totalité des concours de recrutement du second degré. Comment travailler à la continuité école-collège, à la fluidité des parcours des élèves si l’enseignant dès sa formation initiale ne perçoit pas la dynamique entre sa ou ses disciplines d’enseignement et les compétences du socle commun ? Comment prendre en compte pour les professeurs des écoles, la spécificité de la maternelle et pour ceux du second degré la spécificité du collège ? Autant de questions mal résolues  dans les concours actuels et auxquelles il est urgent d’apporter des réponses.

L’inscription dans un processus dynamique de continuité de la formation initiale et continuée donnant tout son sens aux ESPE ( Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education)

La création des ESPE n’est pas un « ripolinage » des IUFM. Ils ne doivent pas être seulement des structures de préparation de concours. Ils doivent être pleinement acteurs, sur certains points concepteurs, des trois temps de la formation initiale, de la construction d’une formation continuée de qualité aux côtés d’autres partenaires et devenir un lieu de certification de compétences pour les personnels de l’éducation nationale et peut-être d’autres secteurs…

Les trois temps de la formation initiale des enseignants  où l’ESPE doit avoir toute sa place sont :
-           Le temps des pré-recrutements avant la licence afin de permettre à ceux qui se destinent au métier enseignant de découvrir les caractéristiques de ce métier et de les accompagner, notamment par des formations spécifiques, dans les tâches qu’ils auront à accomplir dans les établissements scolaires.
-           Le temps de la préparation des concours et du master, où la mise en place d’une alternance  réfléchie doit permettre d’articuler l’ensemble des exigences indispensables à la réussite des étudiants et à une bonne entrée dans leur métier.
-           Le temps de l’adaptation à la prise de fonction, de l’année de stage à la seconde année d’exercice où un accompagnement des néo-recrutés comme la mise en place de formations spécifiques correspondant à leurs besoins, doivent trouver leur place. Ce temps doit déboucher sur un véritable bilan de compétences formatif de l’enseignant lui permettant de voir ses forces, ses faiblesses éventuelles et de se construire dans le cadre de la formation continuée son propre parcours. 

La place des ESPE dans la formation continuée des enseignants doit rapidement être précisée ainsi que la possibilité pour ceux-ci de délivrer des certifications diplômantes concernant un certain nombre de tâches effectuées par les enseignants comme le tutorat, l’accompagnement, le conseil pédagogique en direction des nouveaux enseignants.

En rester au quantitatif comme aujourd’hui et ne pas très vite refonder les contenus de la formation des enseignants pourrait être très lourd de conséquences pour l’avenir. Il faut à tout prix ne pas se trouver devant un « heurt des temporalités » entre l’urgence et les nécessités à moyen et à long terme, mais les gérer dans une complémentarité qui implique de modifier rapidement les contenus des épreuves des concours de recrutement et de publier dans les mêmes délais, un référentiel adapté aux enjeux de l’école du XXIe siècle des compétences attendues d’un enseignant.

Jean-Louis Auduc

Sur le site du Café

Par fjarraud , le jeudi 25 octobre 2012.

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