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Peillon annonce 40 000 postes aux concours 2013 

Par François Jarraud


Le ministre de l'éducation nationale a annoncé le 20 septembre l'ouverture de 40 000 postes aux concours de recrutement des enseignants en 2013. C'est 18 000 de plus que ce qu'il avait lui-même indiqué fin août. Ce niveau de recrutement est-il possible ?


Deux concours en 2013 ?


Alors que certains se plaignent de la lenteur du changement, Vincent Peillon a donné un brutal coup d'accélérateur sur le dossier des postes. En trois semaines on est passé de l'idée du remplacements des départs en retraite (22 000 postes) au respect de la promesse de François Hollande de créer 60 000 nouveaux postes dans l'enseignement. Cette décision devrait se décliner dans la loi de finances 2013.


Se posera alors la question des concours. Comment intégrer cette hausse du nombre de postes alors que les concours 2013 sont déjà largement organisés. Dans le premier degré le concours des CRPE a lieu dans quelques jours et ceux du second degré au début 2013. Dans tous les cas les inscriptions sont closes. Faudra-t-il donc ouvrir de nouvelles sessions ? 2013 pourrait bien être l'année des deux concours.


Mission impossible ?


C'est que depuis la mise en place de la masterisation la crise de recrutement sévit dans le secondaire. En 2011, 826 postes n'ont pas été pourvus au capes externe et 706 encore en 2012. Toutes les disciplines ne sont pas dans la même situation. La crise est particulièrement grave en maths, en lettres (et surtout lettres classiques) et en anglais. En lettres classiques 69% des candidats présents ont été admis. C'est le cas encore en éducation musicale ou en allemand, alors que le taux de réussite habituel tourne autour de 30%. Pour trouver 4 800 enseignants il faudrait donc 16 000 candidats présents aux épreuves. Il en manque au moins 3 000. Au primaire, globalement les postes offerts sont remplis. Mais il y a peu de marge : 55% des admissibles sont reçus, un taux identique à celui du secondaire, 26% des présents contre 33% dans le secondaire.


Dans le premier degré des tensions existent dans plusieurs académies. Pour certaines, il semble impossible qu'elles puissent offrir suffisamment de candidats pour les 8 600 postes qui étaient prévus jusque là. C'est le cas par exemple en Guyane où 155 postes étaient offerts alors que l'année dernière seulement 137 candidats sont venus passer les épreuves. Aura-t-on plus de candidats présents en 2013 ? Et dans quelle proportion ? La situation est aussi tendue à Amiens où 320 postes étaient proposés alors que seulement 479 personnes ont composé en 2012. Créteil avait déjà le taux d'admission le plus élevé de France. Il pourrait encore progresser puisque 1120 postes étaient proposés mais en 2012 seulement 1550 personnes se sont présentées. La situation est à peine meilleure à Paris : 270 postes , 314 candidats présents en 2012. Le doublement prévisible du nombre de postes aux concours 2013 semble impossible au regard des données des années antérieures.


Rendre le métier attractif


Les raisons sont bien repérées. La crise de recrutement est liée à la masterisation. En élevant le niveau de recrutement, on a raréfié le nombre des candidats potentiels et on a mis l'enseignement en concurrence avec d'autres métiers. A l'évidence ni en terme de salaire, ni en celui d'évolution de carrière, ni même maintenant en ce qui concerne les conditions de travail et l'autonomie, le métier d'enseignant ne peut se comparer avec les postes d'encadrement proposés par des entreprises privées ou d'autres administrations. Est-il utile de rappeler que la France est le seul pays de l'OCDE où les salaires des enseignants ont reculé durant les 10 dernières années ?  Et que, si le statut social a à voir avec l'expertise reconnue, la quasi suppression de la formation continue et initiale des enseignants n'incite pas à la reconnaissance sociale....


L'attractivité du métier devient un dossier brulant pour le ministre. D. Robin, co-secrétaire général du Snes estime que sans revalorisation du métier l'objectif des 40 000 postes ne pourra pas être atteint. Mais comment à la fois financer de nouveaux postes et revaloriser le métier ? Le rapport Debarbieux montre que la revalorisation ne doit pas être que matériel. Pour recruter il faut sans doute aussi inventer de nouvelles relations humaines dans l'éducation nationale. Encore un chantier...


François Jarraud


Liens :

Sur les postes au primaire

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/09/17[...]

Peillon promet 22 000 postes

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/08/2[...]

Augmentation des inscriptions

http://www.education.gouv.fr/cid61077/augmentation-des-inscriptions-[...]

Pourquoi le métier d'enseignant est-il déconsidéré ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/01/1901[...]

Recrutement: le gouvernement interpellé , le statut aussi

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/07/13072012Arti[...]

La crise de recrutement confirmée

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/07/11072012[...]

Statistiques des concours 2012

http://www.education.gouv.fr/cid60943/donnees-statistiques-capes-s[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 22 septembre 2012.

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