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Seconde carrière 


Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs

Ce mois-ci, nous attirons votre attention :
-       Sur le parcours de carrière de Daniel Auverlot, agrégé de Lettres classiques, IA-DSDEN puis IGEN ;
-       Sur l’état du dispositif ministériel dédié aux secondes carrières à la mi-2012, juste avant le changement de Gouvernement, et sur les possibilités actuelles des secondes carrières proposées ;
-       Sur le nombre d’emplois en PACD et PALD disponibles, alors que la question de la pénibilité au fil de l’âge sera de plus en plus vive dans le contexte d’une carrière allongée à 41.5 années ;
-       Sur les nouvelles possibilités de mobilité externe que nous identifions progressivement, et qui nous permettent d’espérer générer jusqu’à un millier de reconversions par an à compter de l’horizon 2015.


Daniel Auverlot : 34 ans au service de la pédagogie, d'agrégé de Lettres de Classiques en collège à l'Inspection Générale

Quel a été votre parcours de carrière depuis la fin de vos études ?

Après un Bac A en 1974, j’ai préparé puis été admissible à l’ENS d’Ulm. J’ai obtenu mon Capes de Lettres en 1978 puis l’agrégation de Lettres Classiques en 1980. Après avoir enseigné 2 ans en collège, puis 4 ans en lycée, j’ai saisi en 1986 une opportunité, en étant détaché au Ministère de la Défense comme responsable des stages étrangers à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, jusqu’en 1994.

Après une inspection que j’avais demandée, il m’a été proposé d’enseigner en CPGE de Lettres au Havre, poste que je n'ai finalement  pas accepté puisque  en parallèle il m’a été demandé de devenir Directeur de cabinet du Recteur de l'académie de Rennes. J’ai travaillé avec deux recteurs pendant 5 ans : Pierre Lostis puis William Marois, actuellement recteur de Créteil.

En 1999, après avoir passé le concours, je suis devenu IA-IPR puis j’ai passé un an de formation à l’ESEN. Mon premier poste, de 2000 à 2002, a été IA adjoint dans le Val-de-Marne, et les trois années suivantes IA-DSDEN en Mayenne. De 2005 à 2008, j'ai été IA-DSDEN du Maine-et-Loire, et de 2008 à 2012 en Seine Saint-Denis. J’ai quitté ces fonctions récemment en mars, puisque j’ai été nommé Inspecteur Général de l’Education nationale (IGEN).

Quavez-vous apprécié dans le mé tier denseignant, et avez-vous parfois regretté de lavoir quitté ?

Je n’ai jamais eu le sentiment de quitter le métier d’enseignant, car lorsque je pilotais un Comité Technique Paritaire, j’y transférais les compétences que j’avais pu acquérir comme enseignant : l'art de la pédagogie en particulier est essentiel face aux politiques, aux organisations syndicales et aux médias. Ce n'est pas un paradoxe que de dire que je fais presque plus de pédagogie que lorsque j’enseignais.

Quelles sont les missions et responsabilité s dun IA-DSDEN, maintenant d'un SADEN ? Pouvez-vous nous raconter une journée-type ?

La mission est de mettre en œuvre et d’expliciter la politique choisie par les ministres successifs, et de mettre ces grandes orientations en œuvre sous la direction d’un recteur. Sur les trois postes que j’ai successivement occupés, celui en Seine Saint-Denis était atypique. En Mayenne et en Maine-et-Loire, mon agenda se déroulait comme prévu, alors qu’en Seine Saint-Denis, les imprévus le rendaient très élastique.

En Mayenne, une journée type, ce pouvait être le matin une réunion de 2 heures avec des équipes de direction, puis une réception de chefs d’établissement nouvellement nommés pour leur fixer leurs lettres de mission. L’après-midi pouvait être consacré à la tenue d’un Comité Technique Paritaire sur la carte scolaire du 1er degré, et le soir par la réception des IEN pour réaliser l’étude des travaux pédagogiques dans le département. Mon temps de travail oscillait entre 8h et 19h30 environ.

En Seine Saint-Denis la charge est différente : le travail de coordination avec les autres services de l'Etat est très important, notamment dans le cadre de la politique de la ville, les imprévus sont nombreux, différents incidents émaillent la vie des établissements scolaires, les délégations plus ou moins prévues d'enseignants sont toujours reçues à l’Inspection académique. Mon temps de travail sur ce poste s’étirait entre 7h et 20h de ce fait.

Quelles compétences, acquises comme enseignant, vous ont été le plus utiles par la suite ?

D’abord, j’ai développé beaucoup de modestie, car j’ai eu à faire le grand écart entre les connaissances universitaires et ce que les élèves de collège savaient, lors de ma première affectation, dans un collège de la Moselle. J’ai développé aussi beaucoup d’humilité pour m’adapter.

Ensuite, en Lettres, l’apprentissage n’est pas linéaire comme il peut l’être en mathématiques. On revient sans cesse sur des notions que l’on croyait acquises par les élèves, qui oublient vite.  Il faut donc faire preuve de patience, d’adaptabilité aussi.

Enfin, savoir travailler en équipe est très important, notamment pour monter des projets, même si les textes ne rendent pas toujours la tache aisée.

Par la suite, ce qui m’a été utile dans ce que j’ai appris dans l’enseignement, c’est cette patience dont il faut savoir faire preuve, cette qualité d’observation aussi, pour repérer rapidement les absents, ou ceux qui acquiescent en réunion tout le temps sans jamais s’exprimer, mais ne vous sont pas forcément favorables.

Vous avez agi pendant 4 ans et demi dans l académie de Créteil, où 20% des nouveaux enseignants débutent : quelles sont les grandes problématiques auxquelles ils doivent se confronter ?

Quand j’ai quitté le Maine-et-Loire, quelqu'un s'est écrié « la Seine Saint-Denis n’est pas une promotion »  tellement le un département fait peur. Et en effet, les enseignants qui y sont nommés ont peur de leur affectation. De plus, ils ont du mal à se loger, du fait de la cherté des prix parisiens. Soit le logement n’est pas cher mais l'environnement peut se révéler problématique, soit c’est très agréable et inaccessible pour un enseignant. C’est la raison pour laquelle j’ai eu l’envie de créer une agence du logement à l’IA, pour leur faciliter la tache.

En Seine Saint-Denis, même si les élèves sont parfois plus difficiles, plus remuants, des établissements réussissent parfaitement grâce à la solidarité et à l'esprit d'équipe de tous les personnels. L’individualisme est presque impossible dans ce département. Tous les personnels d’un établissement doivent savoir travailler ensemble : enseignants, CPE, équipe de direction, personnel administratif et ouvriers.

Quest-ce qui vous a le plus marqué sur vos fonctions ? Quavez-vous le plus apprécié ?

J’ai eu grand plaisir à exercer des métiers différents. Le métier d’Inspecteur d’Académie m’a passionné, car j’y ai disposé d’une très grande autonomie sur un territoire, naturellement sous l'autorité des recteurs successifs que j'ai servis dans mes différentes affectations.

Vous êtes devenu IGEN : en quoi consistent maintenant vos missions et responsabilités ? A quels aspects du système éducatif vous intéressez-vous le plus ?

Tous les IGEN sont dans des groupes, et j’ai choisi celui du 1er degré, car les enjeux y sont décisifs, en amont du collège, dans le cadre de la future école du socle. En Primaire, l’acquisition de la langue, la découverte du statut d’élève, l’acquisition du langage mathématique sont décisives pour la suite. Les professeurs des écoles sont des personnels polyvalents dans leurs compétences, et il est important de les accompagner dans leur mission en étant conscient qu'ils ne peuvent pas être des spécialistes de l'ensemble des disciplines.


Aide aux Profs vous dresse l’état, mi-2012, du dispositif dédié aux secondes carrières des enseignants, grâce à notre expertise sur ce dossier toujours en souffrance


Depuis 2011, Aide aux Profs constate que les emplois accessibles en détachement publiés par le réseau SCEREN (CNDP-CRDP-CDDP), le CNED, l’ONISEP, se sont aussi ouverts à la mobilité statutaire des fonctionnaires d’autres administrations, et aux contractuels. Le CNDP et le CNED publient de plus en plus de postes à pourvoir sur leurs sites de Poitiers au Futuroscope, alors même que certains de leurs services (finances et RH) ont commencé à fusionner. Faut-il y voir la poursuite des objectifs du Gouvernement précédent, qui visait à réduire les effectifs et donc les implantations physiques de ces EPA, ou le Ministre actuel n’a-t-il pas encore eu le temps de s’atteler – aussi – à ces dossiers ?

Cette évolution accélérée ces deux dernières années pose un réel problème en matière de défense du droit des enseignants à une seconde carrière, comme la leur promettait pourtant l’article 77 de la loi Fillon de 2003 portant Réforme des retraites. Les enseignants auront beaucoup perdu au final, puisque, en deux réformes des retraites successives, leur carrière a été allongée de 4 ans, tandis qu’aucune possibilité de seconde carrière par rapport au stock existant n’a été créée. Pire : elles sont toutes peu à peu supprimées dans leur forme actuelle. (notons aussi qu’à la mi-2012, il n’y a plus que 48 enseignants sous statut de mise à disposition, alors qu’il en existait 5217 en 2005).

Bernard Criner (vice-président de la Ligue de l’Enseignement) nous en avait spécifié une raison : le montant des charges d’un emploi en détachement pour l’Etat est de 70% contre 30% pour un poste de contractuel. Cela explique que, progressivement, dans ses EPA, l’Education nationale cherche à remplacer les détachés partant en retraite, obtenant un concours, réintégrant, ou migrant vers d’autres emplois, par des contractuels qui lui coûteront moins cher. Si ce mouvement se poursuit au rythme actuel de rotation des postes, il n’existerait plus d’emplois en détachement dans les EPA à l’horizon 2015-2016.

Que restera-t-il comme formes de secondes carrières aux enseignants ? Peu de chose, en fait. Alors qu’à peine 6% des enseignants se laissent tenter par les métiers de l’encadrement, les possibilités de changer de niveau ou de discipline en cours de carrière ne comblent pas tous les souhaits de réel changement.

Depuis la loi du 21 août 2003, il faut bien avouer que l’Education nationale n’aura guère pris conscience que l’attractivité du métier d’enseignement devient intimement liée aux perspectives professionnelles accessibles en cours de carrière. Malgré les décrets d’application du 9 août 2005 et arrêté du 20 septembre 2005, la seconde carrière ne s’est pas développée, car elle s’est heurtée à ces facteurs :

-       Diminution des recrutements d’enseignants du fait du non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux, ce qui n’a pas été en faveur du développement d’une politique axée sur les reconversions des enseignants qui le demandaient ;

-       Nécessité de faciliter la mobilité des fonctionnaires d’entreprises publiques comme France Télécom, la Poste, EDF-GDF, dont une partie des personnels sont venus s’intégrer dans des EPA et dans l’enseignement ;

-       Défaut d’analyse, en amont, des compétences possédées par les enseignants, et transférables vers d’autres fonctions, administratives notamment : en l’absence de référentiel précis, en l’absence de passerelles interministérielles réelles, en l’absence de développement de VAE, de VAP et de RAEP, les organismes qui auraient pu accueillir des profils de compétence d’enseignants en quête d’une reconversion n’ont pas été trouvés.

Actuellement, la mobilité interne hors de l’enseignement n’existe quasiment pas, car elle est volontairement limitée par les services de l’Education nationale, grâce à un double frein : académique, d’une part, avec ces recteurs ou ces IA qui refusent les départs des enseignants en cours d’année scolaire (alors que les départs en CLM ou en CLD ne posent eux, pédagogiquement et administrativement, aucun problème), et ministériel, lorsque l’administration centrale, qui statue en dernier lieu, refuse le détachement (cas rares cependant). Le micro-service (2 personnes en 2007) dédié aux secondes carrières des enseignants a échoué dans sa mission, malgré trois années d’activité en ce sens. Aussi depuis 2009 l’Education nationale a-t-elle rebaptisé cette mission, en l’orientant vers la « mobilité », terme suffisamment vague et dilué pour organiser tout simplement des formes de mobilité fonctionnelle :

-       Obtenir une mutation ;

-       Changer de niveau d’enseignement (reconnaissons que c’est utile pour les PE d’enseigner en collège, et c’est bénéfique aux élèves de 6e, en l’absence de dispositif systématique de liaison CM2/6e) ;
-       Enseigner sur des postes spécifiques (2nd degré et BTS notamment) ;
-       Enseigner dans le supérieur, ou dans des écoles militaires (notamment sur les postes CPGE) ;
-       Devenir chef d’établissement (par concours, en détachement, ou comme faisant fonction) ;
-       Devenir inspecteur (par concours, par détachement, ou comme faisant fonction) ;
-       Devenir attaché d’administration (par détachement avec système de tutorat).

L’action des CMC (Conseillers mobilité carrière), un métier dont on remarquera qu’il ne fait toujours pas l’objet d’un concours (ce qui signifie qu’il a été créé avant tout pour favoriser la mobilité forcée ou redéploiement des fonctionnaires à travers le territoire, en fonction des suppressions de service décidées arbitrairement par l’Etat) s’exerce depuis 2009 dans l’Education nationale.

Dans les 30 académies, ils sont environ 70 CMC à opérer, pour une capacité d’accueil en face-à-face pour un ou plusieurs entretiens, d’environ 4 500 enseignants par an en 2011-2012.

Leur action est bien malaisée, car prise en étau entre le souhait d’aider réellement des enseignants à changer de métier, et la pression des cadres RH sur la nécessité de gérer la pénurie enseignante, en les conduisant préférentiellement dans des « viviers » destinés à les amener progressivement, faute de leur proposer d’autres voies, à passer le concours d’inspecteur ou de chef d’établissement.

L’action des CMC se résume donc à fournir des listes de liens, comme la BIEP ou les sites de la FPT, pour prospecter un emploi en détachement, en CDD ou en CDI. Les CMC conduisent aussi des entretiens professionnels pour repérer des compétences, auxquelles ils n’ont pas grand-chose à proposer, tellement le chantier est vaste pour opérer une réelle GPEEC dans l’Education nationale.

La pénurie d’enseignants actuelle n’est pas – de notre point de vue - conjoncturelle, mais bien structurelle, et ne fait que commencer. Comment espérer attirer durablement des générations d’étudiants dans un métier avec si peu de possibilités de promotion, où l’on plafonne financièrement dès 50 à 55 ans, alors qu’il reste encore 10 à 15 ans de carrière ? L’endettement abyssal de l’Etat ne peut faire espérer aux enseignants un meilleur traitement dans les dix années qui viennent au moins, et ça pose un réel problème.

Voilà un vaste chantier auquel n’a pas souhaité encore s’atteler Vincent Peillon, puisque sa lettre de rentrée passe malheureusement sous silence la question des secondes carrières des enseignants.

Combien y a-t-il d’enseignants en détachement à l’heure actuelle ? (données 2011)

Pour le 1er degré, ils étaient 6 136 ; pour le 2nd degré, il y en avait 11 707.

On peut estimer que 25% d’entre eux occupaient des fonctions non enseignantes (hors fonctions d’encadrement), soit à peine 0.5% des effectifs globaux, ce qui est insuffisant pour assurer aux enseignants de réelles secondes carrières.

On peut estimer la mobilité utilisant ce statut à quelques centaines d’enseignants par an, vers l’une des trois fonctions publiques (FPT, FPE, FPH), dans les EPN, et dans le secteur associatif (associations complémentaires de l’Etat qui peuvent encore financer des emplois en détachement). Les enseignants recrutés en détachement travaillent dans la communication, le secteur culturel et sportif, les ressources humaines, la formation et l’ingénierie de formation, le développement durable, la coopération à l’étranger, les fonctions de direction aussi.

Néanmoins, on peut regretter qu’il n’existe toujours pas de valorisation des parcours différents, de ceux partis en détachement, puisqu’à leur retour, leurs compétences ne sont pas employées, optimisées par leur administration. Bien au contraire, ils sont pénalisés par un avancement qui s’est fait au ralenti, et par une réintégration dans les conditions les plus défavorables qui soient, via un vœu « département », ce qui n’incite pas à la réintégration et grippe donc actuellement la fluidité de ce système de secondes carrières temporaires.

Aide aux Profs a beaucoup de propositions à formuler sur les secondes carrières des enseignants, mais pour l’instant, le discours du nouveau Ministre ne va pas dans le sens de l’avancement du dossier des secondes carrières des enseignants, puisque la priorité des priorité va à leur recrutement, et à un bon accompagnement dans leur formation initiale.


Quelle est l'importance actuelle des emplois en PACD et PALD pour les enseignants en difficulté de santé ?

En 2011, il y avait 2 057 enseignants en Postes A Courte Durée (PACD) et 1 196 en Postes A Longue Durée (PALD), soit 3 253 emplois au total, ce qui ne constitue toutefois que 0.4% des effectifs enseignants, un chiffre notoirement insuffisant par rapport aux besoins, puisque l’on peut estimer qu’une demande de PACD ou de PALD sur quatre est actuellement refusée, les EPA comme le CNDP et le CNED employant de moins en moins d’enseignants sous ce type de statut. Aide aux Profs constate en revanche que les IA et les Rectorats proposent de plus en plus des affectations dans leurs services administratifs, ce qui est en soi une bonne chose, pour tester l’employabilité des enseignants – cadres A – aux fonctions administratives et aux qualités qui y sont recherchées.

Avec l’allongement de la carrière, et la difficulté de l’administration de proposer des formes de reclassement aux enseignants devenus inaptes, gageons qu’il sera indispensable de réfléchir à accroître le nombre de possibilités d’emplois en PACD et PALD dans les années et décennies qui viennent, pour tenir compte de la pénibilité du métier au fil de l’âge. Il n’est pas acceptable qu’après tant d’années d’investissement au service de leurs élèves, des enseignants soient en effet mis sur le côté, placés en disponibilité d’office sans traitement (90 ont été dans ce cas en 2011, c’est encore trop), ou tout bonnement mis en invalidité, avec une indemnité qui ne remplace pas leur ancien traitement.

Quelles sont les milliers de possibilités attractives de mobilité externe identifiées par Aide aux Profs pour les années à venir ?

Ces dernières semaines, d’anciens enseignants ayant créé des entreprises nous ont contactés, et rejoignent progressivement notre dispositif comme adhérents référents dès le 1er juillet 2012. Que sont-ils en mesure de proposer, et pourquoi cela nous permet-il d’espérer atteindre un millier de reconversions annuelles d’enseignants à compter de l’année 2015 ?

La première innovation est la création du métier d’enseignant à son compte, permettant à tout enseignant qui aime son métier de continuer à l’exercer, sans toutefois en subir les désagréments. Ainsi, hors de tout contexte hiérarchique, sans attendre une progression de carrière lente et limitée, sans subir de classes pénibles, d’affectations non désirées ou aléatoires, chaque enseignant peut-il exercer son métier autrement, tout en étant bien mieux payé que dans l’Education nationale (entre 4000 € et 6000 € nets/mois pour 40h de cours individuels pour un prof de mathématiques par exemple, selon les témoignages que nous avons recueillis) : en cours particuliers ou en petits groupes, en bénéficiant d’un vrai bulletin de salaire via l’URSSAF, grâce au système du CESU. Les adhérents référents qui nous rejoignent sont contactés par des milliers de parents en quête de cours pour leurs enfants, partout en France, et nous réalisons déjà depuis deux semaines pour ces entrepreneurs une pré-sélection des candidatures d’enseignants qui souhaitent en faire leur seconde carrière, en quittant l’Education nationale, tout en poursuivant l’enseignement de leur discipline de compétence.


La deuxième voie intéressante est proposée par ces enseignants de Lettres qui ont créé leur entreprise en édition. Certains recherchent des concepteurs pédagogiques, payés en droits d’auteur, ce qui ne peut constituer qu’un complément de salaire, et d’autres recherchent des agents de promotion des ouvrages qu’ils publient. Ce métier peut être exercé comme auto-entrepreneur, et déjà, les candidatures affluent sur Aide aux Profs, car les adhérents référents qui proposent cette activité recherchent des centaines d’enseignants diffuseurs, payés en commissions sur les ventes réalisées.


La troisième voie prometteuse nous est proposée par des entreprises privées, en particulier dans le domaine de l’immobilier, pour ceux qui aspirent à devenir agents immobiliers, pour toucher des commissions sur les ventes des biens qu’ils réaliseront.

De mois en mois, dans les années à venir, Aide aux Profs compte convaincre de nombreux réseaux d’entrepreneurs, anciens enseignants ou non, de la diversité des compétences des enseignants et de leur employabilité dans d’autres domaines, afin que les secondes carrières des enseignants prennent corps, et puissent concerner plus d’un milllier d’enseignants chaque année, puisque la volonté actuelle de l’Education nationale sur ce dossier consiste surtout à proposer à la majorité d’entre eux de changer de niveau ou de discipline d’enseignement. Rien de bien nouveau, alors que 39% des enseignants songent à quitter le métier au bout de 8 à 10 ans d’après la dernière enquête de Georges Fotinos pour la Mgen (publiée fin janvier 2012).
Il y a urgence, pour l’Education nationale, de commencer à faire preuve d’imagination, de créativité, en matière de possibilités de reconversion hors enseignement en son sein, au risque, dans le cas contraire, de connaître durablement une pénurie d’enseignants, situation à laquelle elle ne s’est pas du tout préparée.


 

Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 27 juin 2012.

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