Formation : Le Conseil d'Etat annule l'arrêté sur la formation des enseignants 

Par François Jarraud



Dans une décision rendue le 28 novembre, le Conseil d'Etat a annulé les articles 3 et 6 de l'arrêté du 12 mai 2010 fixant les compétences des nouveaux enseignants, CPE et professeurs documentalistes et les modalités d'évaluation des agrégés. Le Conseil estime que le ministre ne pouvait seul supprimer les textes antérieurs. Il invite les parties à discuter. "Il est sursis à statuer sur la date d'effet de ces annulations, jusqu'à ce que les parties aient débattu de la question de savoir s'il y a lieu, en l'espèce, de limiter dans le temps les effets des annulations prononcées aux articles 1er et 2 de la présente décision".


"Les parents et les élèves veulent des enseignants formés", explique Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, une des organisations qui sont à l'origine de ce recours. " Par sa décision, le Conseil d’Etat redonne la main au ministre pour qu’il réécrive cet arrêté et rétablisse le cahier des charges de la formation, conformément aux demandes unanimes de tous. Le ministre lui-même a reconnu que cette réforme n’était pas conforme aux besoins. Qu’il joigne les actes à la parole !". La Fcpe exige l'application immédiate de la décision du Conseil.


Pour le SNES, un des syndicats qui ont attaqué le texte, "les conditions de service et formation des stagiaires doivent revenir à la situation antérieure à 2010". Le Sgen Cfdt souligne sa "victoire juridique". Il estime que celle-ci "doit contraindre le gouvernement à revoir son dispositif et à rouvrir avec les organisations représentatives... les discussions". Le Sgen demande "une véritable formation professionnelle en alternance".


Mais pour négocier il faut être deux et le ministère semble peu enclin à le faire. Interrogé par le Café, il estime que le Conseil d'Etat "confirme la légalité de l'arrêté qui définit les compétences des enseignants". Mais "le Conseil d'Etat a estimé que le ministre ne peut seul abroger le cahier des charges établi avec le ministre de l'enseignement supérieur". Pour le ministère, la décision du Conseil d'Etat "n'a pas d'effet immédiat, le Conseil ayant décidé un sursis à exécution... Le ministère s'attache à tirer toutes les conséquences de cette décision".

L'arrêt du Conseil d'Etat

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/Conseil.pdf

Communiqué Snes

http://www.snes.edu/Arret-du-Conseil-d-Etat-vers-la.html


Concours : Les premiers résultats

Le ministère publie les premiers résultats aux concours d'enseignement. Sont publiés pour le moment le capes de documentation et le capet d'économie gestion.

Les résultats

http://publinetce2.education.fr/publinet/Servlet/Publi[...]



Le nouveau rapport Grosperrin : Améliorer la professionnalité ou mettre en place une nouvelle gouvernance ?


Rejeté une première fois le 6 juillet, le nouveau rapport Grosperrin, que le Café pédagogique s'est procuré, repasse devant la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée aujourd'hui. En demandant au nom de l'efficacité professionnelle la suppression des concours d'enseignant, il participe à la mise en place d'une nouvelle gouvernance du système éducatif.


Le rapport critique l'ancienne formation des enseignants en IUFM ainsi que la masterisation actuelle. Il juge la formation professionnelle des nouveaux enseignants insuffisante, relevant "des stages pouvant devenir virtuels", "des parcours de formation incohérents" et "un allongement de la durée des études discriminant sur le plan social". Pour J. Grosperrin, les épreuves "revêtent un caractère disciplinaire marqué" et le concours est devenu "plus académique". Sur ce point, il reprend plusieurs points du rapport Jolion.


Il apporte des éclairages sur les conditions d'exercice des stagiaires et la crise de recrutement qui frappe les concours d'enseignement. Il signale la hausse des démissions de stagiaires (130 cas)  dans le second degré à la rentrée 2011. La chute du nombre de candidats aux concours de l'enseignement constatée à la session 2011 n'a pas été enrayée pour la session 2012. En septembre 2011, il n'y avait que 17 517 présents aux épreuves écrites d'admissibilité du concours de professeur des écoles soit seulement 7% de plus que l'année précédente malgré une campagne publicitaire lancée par le ministère. Pour le capes on a compté 12 084 candidats soit 2,5% de plus.


Le nouveau rapport propose des améliorations immédiates comme l'avancée de la date d'affectation des stagiaires de façon à ce qu'ils puissent mieux  préparer la rentrée. Il préconise de "réduire le poids des épreuves disciplinaires " aux concours. Il recommande d'avancer les épreuves d'admissibilité en fin de licence comme le recommande le rapport Jolion. Suivrait un master en alternance avec une vraie composante professionnelle. Les masters seraient spécialisés avec une option école maternelle, école élémentaire -collège ou lycée.  L'agrégation deviendrait un concours interne de promotion professionnelle.


Le principal changement dans le nouveau rapport concerne la suppression des concours d'enseignement. Jacques Grosperrin reste fidèle à cette idée déjà présente dans le premier rapport  mais, prudemment, il l'envisage "d'ici 10 à 15 ans".  "Une fois admis le principe selon lequel la certification des compétences académiques et professionnelles est délivrée par l'université, la procédure de recrutement pourrait évoluer pour tenir compte enfin des besoins très diversifiés des établissements". Après le master, des jurys locaux pourraient établir des listes d'aptitude dans lesquelles les établissements viendraient recruter sur la base d'un entretien professionnel. Pour J Grosperrin, ce recrutement "devrait être organisée dans le respect des principes fondamentaux d'accès à la fonction publique".


La réforme proposée par le rapport Grosperrin est un élément de la nouvelle gouvernance du système éducatif que l'UMP met en place. Elle fait de l'établissement autonome, piloté par une direction renforcée ayant le pouvoir de recruter et d'évaluer les enseignants, l'élément central d'un système éducatif géré par des évaluations nationales et la mise en concurrence. L'Etat ne garderait plus que la rédaction des programmes et la délivrance des diplômes. Quant aux enseignants il seraient comme dans de nombreux pays fortement dépendants pour le salaire et l'emploi des autorités locales. Sous une formulation plus prudente c'est toujours la rupture que demande le rapport Grosperrin. Son adoption par la commission des affaires culturelles marquerait la volonté de l'UMP de faire de l'éducation un cheval de bataille électoral.

La commission des affaires culturelles et le rapport Grosperrin

http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cedu/10-11/c1011048.asp

Sur le premier rapport

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/07/Ra[...]

Sur le premier rapport

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/07/010[...]


Le rapport Grosperrin adopté

La Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale a adopté mercredi 7 décembre le rapport de Jacques Grosperrin sur la formation des enseignants. Pour ce dernier, "le dispositif actuel de formation des enseignants étant largement critiqué, les propositions approuvées par la mission visent à « réformer la réforme », en améliorant la formation pédagogique et professionnelle des futurs enseignants. Parmi celles-ci ne figurent plus de propositions relatives à la suppression des concours de recrutement".


Un point de vue qui n'est pas partagé par l'opposition qui a voté contre ce texte. POur le PS, J Grosperrin "après avoir retiré les propositions litigieuses les a réintégrées dans le corps de la 2ème version du texte". Le PS dénonce la suppression de l'agrégation, le remplacement du concours par le master et le recrutement des enseignants par l'établissement".

Le nouveau rapport Grosperrin

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/12/071220[...]


Formation des enseignants : Le contre projet de la CDIUFM

La Conférence des directeurs d'IUFM publie "22 propositions pour une formation universitaire professionnelle des enseignants". Destiné à peser sur le débat politique, il fixe les conditions d'une réforme de la formation des enseignants. La CDIUFM souhaite une formation en alternance à partir de la 2ème année de licence, appuyée sur un référentiel national.

Le projet

http://www.cdiufm.fr/actualites/article/la-cdiufm-publie-22-propositions



Comment relancer l’attractivité du métier enseignant ?


Par Jean-Louis Auduc


L’actuelle profonde crise de recrutement du métier enseignant implique qu’en préalable de tout accroissement des recrutements dans l’éducation nationale soit relancée l’attractivité du métier enseignant. C’est un impératif décisif à un moment où dans les cinq années qui viennent plus de 35 000 enseignants du premier et du second degré vont partir en retraite.


Pour mettre en place dans les mois qui viennent une telle relance, quatre défis devront être relevés non pas de manière successive, mais de manière concomitante :

- Les salaires et la carrière enseignante ne sont plus aujourd’hui à la hauteur des qualifications requises. Les enseignants français sont parmi les plus mal payés des pays de l’OCDE. Une piste : Intégrer dans la salaire de base de tout enseignant les primes et indemnités correspondant aux tâches effectués dans l’établissement scolaire par tout enseignant dans le cadre du suivi des élèves.


- Formation initiale et continue. Pour rendre attractif le métier, l’enseignant doit se sentir préparé et rassuré. C’est le rôle de la formation initiale et continue. Une piste :  Indépendamment du rétablissement d’une véritable année de stage professionnalisante, l’enseignant doit avoir la garantie d’une formation continuée d’au moins une semaine d’adaptation au nouveau poste ( publics concernés, environnement, projets en cours,….) en cas de mutation et d’une formation-bilan de carrière tous les sept ans. 


- Conditions de travail. Les régions, les départements, les communes sont concernés par cet aspect essentiel du bien-vivre son travail dans un établissement adapté. Une piste : Mise en place d’un plan pluriannuel par les collectivités territoriales de mise en place de bureaux pour les enseignants, d’ordinateurs personnels dans l’établissement et de salles pour recevoir les élèves et les parents.


- Reconnaissance et sécurisation. Pour se sentir libre d’innover, il faut se sentir sécuriser et en confiance avec son institution. Des projets comme celui prévu pour l’évaluation par l’actuel ministre tournent le dos à cet impératif. Il faut également permettre à l’enseignant d’exercer des responsabilités dans son établissement. Une piste iconoclaste : Pourquoi ne pas supprimer l’emploi de principal adjoint et de proviseur adjoint et répartir les responsabilités afférentes entre trois ou quatre enseignants déchargés qui ainsi pourraient se sentir pleinement acteurs de leur établissement et pas seulement sujets ?


C’est dès juin 2012 que tout élu aux présidentielles devra se mettre au travail concernant ces défis, faute de quoi la crise de recrutement continuera  et avec elle, les difficultés pour compenser tous les départs en retraite des personnels et éventuellement créer de nouveaux postes pour assurer une meilleure réussite de tous les jeunes.


Jean-Louis Auduc



Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 21 décembre 2011.

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