Seconde Carrière 

Par Rémi Boyer, de l’association Aide aux Profs



Jean-Pierre Obin, enseignant devenu IGEN, a réalisé une mobilité professionnelle très diversifiée au sein de la sphère éducative


Quel a été son parcours de carrière, ses « secondes carrières » ?

Ingénieur de l’Ecole centrale de Lille et docteur de spécialité en mécanique des solides, Jean-Pierre Obin enseigne ensuite en collège et lycée en Algérie, pendant 3 ans, avec des classes à effectifs chargés (50 à 60 élèves), son premier contact avec l’enseignement. Il occupe ensuite successivement les fonctions de maître de conférences de mécanique à l’université Joseph-Fourrier de Grenoble (1970-1983), Responsable de la formation professionnelle initiale des étudiants à l'UER de formation des enseignants de l'Université Joseph Fourrier (1976-1980), Responsable du Diplôme inter universitaire de formation de formateurs d'adultes ( 1980-1983), Directeur de l'Institut de formation des maîtres (IFM) de l'Université Joseph Fourrier de Grenoble (1982-1983), Directeur de la Mission de la formation et de la recherche en éducation (MIFERE), à l’administration centrale du Ministère de l’éducation nationale (1983-1986), Adjoint au directeur général du Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP) ; expert auprès de la CEE pour la formation continue des enseignants (1986-1988), Conseiller technique au cabinet du Secrétaire d’État chargé de l'enseignement technique Robert Chapuis (1988-1990). Il soutient en 1992 une thèse de doctorat ès lettres et sciences humaines dirigée par Philippe Meirieu.

De 1990 à 2008 il a été Inspecteur Général de l’Education Nationale (groupe Etablissements et vie scolaire) et, de 1993 à 2008 Professeur associé à l'Institut universitaire de formation des maîtres  de Lyon. Depuis 2008 il est expert associé au Centre International d’Etudes Pédagogiques (CIEP). En 2011, il a préfacé « Mon projet pour l’Ecole » d’Arnaud Montebourg et publié « Etre enseignant aujourd’hui » publié aux éditions Hachette.

Jean-Pierre Obin est l’auteur de nombreux rapports, remis aux ministres Alain Savary (sur la recherche en éducation), Jean-Pierre Chevènement (sur la rénovation des collèges et la formation des instituteurs), Roland Carraz (sur la formation continue des personnels de l’enseignement technique).

Il a aussi, comme conseiller technique de Robert Chapuis, rédigé de nombreux rapports, sur la « revalorisation de la condition enseignante », sur la « mise en place des IUFM », sur la « formation continue des enseignants » dont il est l’un des plus ardents défenseurs, sur « l’évolution du statut des chefs de travaux » entre autres.

Son activité d’IGEN est énergique et passionnante, en participant aux évaluations nationales pour les académies de Lyon et de Grenoble pour les lycées professionnels (1990-1991) puis les collèges (1991-1992). Il s’intéresse aussi successivement à ces problématiques, rédige ou participe à des rapports essentiels :

- le passage du cycle d'observation au cycle d'orientation et l'accueil des élèves en difficulté (1992-1993)
- l'évaluation des établissements (1992-1993)
- la rénovation des lycées (1992-1993)
- la formation des enseignants dans les IUFM (1993-1994)
- la violence dans les établissements scolaires (1994-1995)

- l’absentéisme des lycéens (1995-1996)
- les zones d’éducation prioritaires (1996-1997)
- la formation des chefs d’établissement (1997-1998)

- l’avenir du métier d’enseignant (2002-2003)

Président du jury du concours de recrutement externe (1995-1998 et 2004-2008) et du concours de recrutement réservé (1997-1998) des conseillers principaux d’éducation, vice-président puis Président du jury du concours de recrutement des personnels de direction (1998-2004), il a aussi été membre du comité national de coordination de la recherche en éducation (1998-2001), rapporteur de l’évaluation de la formation des personnels de direction (2005), co-rapporteur de l’évaluation des mesures d’assouplissement de la carte scolaire (2007) et de bien d’autres rapports, dont celui, en 2004, sur « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires » qui suscitera beaucoup de controverses sous l’appellation de « rapport Obin ». Il a également participé, entre 2003 et 2007, aux travaux de l’OCDE sur le métier d’enseignant et sur la direction des écoles et des établissements scolaires.

Toute sa carrière, Jean-Pierre Obin a ressenti une soif insatiable de connaissance et d’étude de l’Ecole et de ses acteurs, qu’il n’a eu de cesse de défendre, de promouvoir, de former, de conseiller, d’accompagner, devenant un expert de haut niveau dans de nombreux domaines, tant en France qu’à l’international, multipliant les activités de formation, d’écrivain (plus de 15 ouvrages et 150 publications), de directeur de collection, de formateur, de conseiller, autant de « secondes carrières » qui ont fait de sa mobilité professionnelle un parcours exceptionnel, atypique, au service de l’Education nationale et de ses valeurs : la recherche en éducation, l’éthique, la loyauté à l’institution et le bonheur de contribuer par passion à sa réflexion et à son évolution. Ce qu’il a réalisé est un véritable patrimoine d’idées et de réflexions constructives pour améliorer l’Ecole et les conditions de travail de ses acteurs.

Vous avez eu un brillant parcours de carrière, si diversifié qu’il est devenu difficile de le résumer : qu’y avez-vous préféré, et pourquoi ?


« Ce que j’ai préféré, c’est sans doute avoir été formateur à l’IUFM de Lyon, pendant 15 ans. J’enseignais à des étudiant en 1ère année pour la préparation aux concours de CPE et aux Capes, et à des stagiaires en 2e année. J’ai bien aimé aussi présider le concours des personnels de direction pendant 4 ans et celui des CPE pendant 8 ans. J’ai eu alors l’impression de pouvoir influer sur le cours des choses. »


Comment perceviez-vous alors vos étudiants, futurs enseignants ?


« J’ai toujours été partisan d’une formation solide pour les étudiants devenant professeurs, avec une 2e année de terrain. Dans la formation dispensée aux enseignants, ma préférence allait aux interventions des formateurs, universitaires et de terrain, plus que dans l’exposé des savoirs disciplinaires, car enseigner, c’est gérer des classes, des personnalités différentes, rencontrer des problèmes relationnels, institutionnels, juridiques, faire face à des imprévus multiples, gérer les conflits (parents, élèves).


J’ai toujours eu du plaisir à revoir mes anciens étudiants et stagiaires, et j’aurais eu besoin de plus de temps pour ma part pour leur transmettre ces outils indispensables pour leur permettre de réussir dans ce métier qu’ils avaient choisi par passion de former, d’éduquer et de transmettre les savoirs et la culture.


Ils aimaient le travail en équipe en général, et lors de leurs premières affectations en collège ou lycée, beaucoup étaient amers de ne pouvoir le mettre en pratique, car isolés dans des établissements ou les collègues plus anciens étaient souvent moins adeptes du travail collectif.


Lorsque j’ai enseigné à l’IUFM de Lyon, mes séquences de formation étaient très généralement consacrées à un apport de connaissances suivi d’une analyse de situation professionnelle, sur un cas réel rencontré par l’un de mes stagiaires dans son quotidien professionnel. De plus, nous travaillions en binôme avec une collègue chef d’établissement. C’était une manière d’aider, de conseiller, d’accompagner les jeunes enseignants dans leur pratique professionnelle, pour qu’ils apprennent à enseigner, à manier le groupe-classe, à se situer dans l’institution et à acquérir de l’expérience, avec l’envie de progresser. »



Vous avez consacré une grande partie de votre carrière à conseiller, former les enseignants dans leurs pratiques professionnelles. Pourtant, vous n’avez jamais enseigné dans les conditions difficiles des enseignants d’aujourd’hui : ZEP, ZUS, PEP IV, RAR, ECLAIR… Comment avez-vous compensé cette absence de vécu pour arriver à les aider sur le terrain ?

«  Tout d’abord, le savoir n’est pas l’apanage de l’expérience, fort heureusement, il est même, profondément, capacité à s’abstraire de ses contingences pour en dégager des constances, des lois, de « l’universel ». Et puis je ne suis pas dénué d’expérience de l’enseignement secondaire : j’ai enseigné en Algérie, en collège, dans des classes de 50 à 60 élèves, au tout début de ma carrière d’enseignant. Ce n’était pas facile tous les jours, j’ai été confronté à des situations difficiles. 10 à 20 % de mes élèves, nous étions en 1965 au sortir de la guerre, s’appelaient SNP Mohammed ou Fatiha ; SNP cela voulait dire « Sans nom patronymique » ! Mais je reconnais que les choses aujourd’hui sont bien différentes dans ces établissements difficiles, même si en ZEP les effectifs sont moins nombreux qu’ils ne l’étaient sur mon premier poste. Mais surtout, mon travail d’inspecteur m’a conduit, presque pendant 20 ans, à fréquenter en permanence les établissements et les classes, les enseignants, les CPE et les personnels de direction.


Par la suite, ma pratique de formateur, à partir de cas réels vécus dans leurs classes par mes stagiaires, m’a permis de me tenir au fait de ce qui se passait dans les classes, afin d’aider les enseignants à progresser dans leurs pratiques professionnelles. En partant d’analyses de situations diverses et variées, j’ai alors conçu une méthode de travail qui est appelée depuis « la méthode Obin », pratiquée en particulier à l’ESEN par des formateurs d’enseignants. Elle est fondée sur une grille d’analyse fondée sur l’action.


Pour agir, on s’appuie toujours sur trois systèmes normatifs :

-       Un système de normes obligatoires privées, la morale

-       Un système de normes obligatoires publiques, le droit

-       Enfin un système normatif non obligatoire, public et privé, fondé sur des valeurs multiples et en tension entre elles dans un contexte où le choix est ouvert : l’éthique.


Ma méthode de formation est de travailler à partir de cas réels, tant pour les enseignants que les CPE ou les chefs d’établissement, car c’est ainsi qu’on apprend le mieux le positionnement professionnel, et que l’on s’adapte aux imprévus de la meilleure manière possible. »


Vous avez contribué à la mise en place des IUFM en 1988-90. Quel sentiment vous cause leur suppression récente ? Etait-il nécessaire de porter à BAC+5 l’entrée dans le métier d’enseignant ?


« J’y ai contribué bien avant 1988-1989. J’ai été le premier directeur du précurseur des IUFM créé en 1981 à Grenoble, qui s’appelait alors Institut de Formation des Maîtres (IFM) de l’Université Joseph Fourier de Grenoble. Cet institut a été la matrice sur laquelle Alain Savary a présenté en 1984 le premier projet d’IUFM.

En 1983, j’ai été appelé à l’administration centrale pour travailler sur ce projet, mais Alain Savary a brutalement quitté ses fonctions en 1984. Lionel Jospin a repris ce projet quelques années plus tard, et ainsi j’ai pu beaucoup y travailler, surtout quand j’ai été conseiller de Robert Chapuis devenu ministre de l’enseignement technique (1988-1991) dans le Gouvernement de Michel Rocard, qui a impulsé cette réforme, Lionel Jospin la mettant ensuite en œuvre (1988-1992).


La récente suppression des IUFM, de ce pour quoi nous nous sommes battus et enthousiasmés dans les années 80-90, suscite en moi de la tristesse, de l’amertume, le sentiment d’un véritable gâchis, même si ces IUFM étaient critiqués et suspectés de défauts trop souvent imaginaires. Certains professeurs du Secondaire ont eu peur avec ces structures d’une « primarisation » de leur statut, puisque l’on y formait aussi les enseignants du primaire, d’où leur résistance au changement. Les critiques ont parfois pris des tournures un peu délirantes, comme avec cette rumeur malveillante mais persistante que l’on y enseignait aux professeurs la recette de la pâte à crêpes !


Par la suite, les IUFM ont été les victimes d’une agressivité permanente de la Droite, qui a une conception élitiste de l’enseignement, qui selon elle doit préparer dès la 6e les meilleurs élèves aux classes préparatoires aux grandes écoles, ce qui est pertinent avec la formation purement académique des professeurs. Il ne s’agit pas de faire réussir tous les élèves et de traiter les difficultés, mais de faciliter le parcours d’une élite, minoritaire. Cela va à l’opposé de ma conception de l’Ecole qui doit tenter de faciliter la réussite de tous.


Claude Allègre a eu aussi une grande responsabilité dans la disparition des IUFM, qui préparaient, quoi qu’on en dise, à une professionnalisation des enseignants. Aujourd’hui, l’université forme les enseignants dans leurs savoirs disciplinaires, tandis que les CPE et les professeurs des écoles sont toujours formés dans les IUFM, comme si l’on était revenu à la situation d’avant 1990 et  avait recréé  les écoles normales. Ce mouvement, cette évolution est profondément réactionnaire.


En 1970, un élève en fin de 3e pouvait, après 3 années d’études en Ecole normale, devenir instituteur. Maintenant, il faut un Master, Bac+5. Qu’attend-t-on de cette réforme pour les élèves ? Rien en fait. Seulement une amélioration des débuts de carrière des enseignants. Le seul objectif poursuivi par le Gouvernement a été la suppression des 17 000 postes de stagiaires, dans la seule logique de réaliser des économies.


Ainsi, il y a eu diminution d’un an de la formation professionnelle, et élévation de deux ans du niveau d’entrée dans le métier, ce qui ne coûte rien  l’Etat, et a pour effet de réduire très fortement les viviers de candidats et la part des classes moyennes dans l’intégration du métier, qui va encore « s’embourgeoiser » car on sait que la sélection sociale ne fait que croître au long des études universitaires. Certains syndicats, non sans cynisme, ont accepté cette réforme car ces deux années de plus étaient synonymes d’une amélioration du revenu à l’entrée dans le métier. Mais ce sont les élèves qui en ont pâti. »


Pour en savoir plus :

http://www.jpobin.com/ 


Son dernier ouvrage :

http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_Display[...]



Andréa Tisserand, adhérente accompagnée par Aide aux Profs, a créé GYMNEA


Une fois accompagnés dans leur projet de reconversion, les adhérents qui ont créé leur entreprise avec le soutien logistique d'Aide aux Profs peuvent poursuivre leur engagement au sein de notre association en devenant bénévoles pour assurer un relais de leur expérience pour tous ceux que nous accompagnons à leur tour.

En retour, Aide aux Profs les soutient dans le développement de leur nouvelle activité, en matière de communication, mais aussi pour les mettre en lien avec l'un des 500 professionnels du réseau que nous développons depuis janvier 2008.

Andréa Tisserand nous a contacté l'an dernier et a entrepris son projet de manière très dynamique, avec une forte conviction, une réelle motivation, et nous sommes heureux de constater que son activité se solidifie jour après jour, et la passionne.

Témoignage sur l’évolution de son projet:

Hongroise, professeur des écoles, je pratique une méthode hongroise d’aide aux enfants en difficulté d’apprentissage, la méthode GYMNEA. Adhérent accompagné de l’Association Aide aux profs pour la création de mon activité, je suis devenue adhérent référent pour l’année scolaire 2011/12.

http://www.bouger-pour-reussir.fr/

• Comment votre projet a-t-il évolué ?

Profitant de mon mi-temps lors de l’année scolaire 2010/11, j’ai effectué les démarches pour un démarrage d’activité – conseillée en cela par Rémi : inscription comme auto-entrepreneur, réalisation d’un logo, d’une plaquette de présentation et création d’un site internet. J’ai commencé à diffuser de l’information concernant mon activité et à me faire connaître. J’ai également prospecté à la recherche de partenariats avec des associations et professionnels travaillant dans des domaines voisins (méthodes alternatives, bien-être, etc.)
J’ai eu la chance de pouvoir faire appel à une collègue et amie enseignante qui est également graphiste et qui a conçu le visuel de la plaquette et continue à m’aider pour mes affiches et autres travaux graphiques. Aidoprofs peut aussi nous aider par une mise en relation avec des prestataires, comme c’était le cas pour mon site internet.

Mes efforts ont porté leurs fruits :

- j’ai établi plusieurs partenariats avec des professionnels de la relation d’aide (naturopathe, spécialiste du shiatsu, coach professionnel, relaxologue). Je fais partie d’un petit réseau informel en développement qui permet de conseiller et d’aider les parents et les enfants par des approches complémentaires.

- j’ai également établi un partenariat avec une association d’accueil périscolaire et de loisirs bien connue à Metz qui me prête un local où j’organise des conférences de présentation de ma méthode à destination des parents. Ils m’aident aussi à diffuser mes plaquettes.

- j’ai commencé à nouer des liens avec la presse locale : un petit article présentant mon activité est paru dans le magazine Metz Femmes et un article est à paraître dans l’hebdomadaire d’actualité locale La Semaine.

Le nombre d’enfants ou d’adolescents que je suis est en augmentation lente, mais constante et ceux qui font régulièrement les exercices font des progrès qui commencent à être remarqués. J’ai ainsi été contactée par une orthophoniste, étonnée et intriguée par les progrès réalisés par un enfant avec qui j’ai commencé les exercices cet été. Suite à notre rencontre, elle me recommandera à d’autres parents de sa clientèle, car ma méthode est unique, mais complète avantageusement d’autres prises en charge comme l’orthophonie.

J’ai eu également une demande d’une association de professionnels de l’aide aux enfants en difficulté (regroupant des psychologues, des orthophonistes et des enseignants) pour une conférence de présentation.

J’ai aussi profité de la proximité du Luxembourg pour y établir des liens et me faire connaître – d’abord au sein de la petite communauté hongroise des gens travaillant dans les différentes institutions européennes. (J’ai donc créé des outils de présentation en hongrois (le logo est le même, le nom adapté au public) ; il n’existe pas encore de version hongroise de mon site, mais je peux facilement renvoyer les gens vers l’information disponible en Hongrie. et vers le site hongrois de la méthode).

J’y ai ainsi établi un partenariat avec une école de musique et de danse dirigée par une Hongroise : elle m’aide à diffuser mes plaquettes et me prête également un local pour organiser des conférences et accueillir les enfants avec qui je travaille. En effet, beaucoup de parents hongrois connaissent l’existence de la méthode Kulcsár et sont contents de la retrouver au Luxembourg – j’ai déjà plusieurs clients et les demandes arrivent régulièrement. Plusieurs écoles (luxembourgeoise ou française) semblent intéressées et les recommandations par les parents commencent aussi à fonctionner.

J’ai demandé pour cette année scolaire à travailler à 75% (c’est-à-dire 3 jours par semaine) et j’ai réservé mes jeudis après-midi (libres de cours au Luxembourg) pour pouvoir m’y rendre et rencontrer mes élèves.

• Quel est l’apport de votre activité à votre évolution personnelle ?

Je continue à apprendre tous les jours, au contact de mes élèves et de mes partenaires ; à me former aussi : ainsi j’ai effectué un stage de la méthode cet été, programmé pendant mes vacances en Hongrie. Je m’enrichis de tous les contacts humains que cela m’apporte et continue à m’ouvrir vers d’autres nouveautés et d’autres rencontres. J’apprécie beaucoup l’alternance de mes deux activités complémentaires et je suis sûre qu’elles s’enrichissent mutuellement.

• Quels sont vos projets en cours ou à venir?

Je compte bien exploiter et développer tous ces contacts. Je continue aussi à prospecter et je réfléchis à l’évolution de ma situation : la prochaine étape sera de trouver un local fixe et cela pose le problème du statut d’auto-entrepreneur qui ne permet pas de déduire de charges.

Si mon expérience et mon témoignage peuvent être utiles à d’autres enseignants, c’est avec plaisir que je les conseillerai à travers le dispositif d’Aidoprofs, qui réalise les mises en relations pour tous les adhérents accompagnés dans le projet de mobilité de leur choix.



Le mercredi 19 octobre a eu lieu à Paris la 4e conférence sur les secondes carrières des enseignants et leur mobilité professionnelle

Le samedi 20 novembre 2009 Aide aux Profs réalisait devant 45 personnes la 1re conférence sur les secondes carrières des enseignants, qui avait alors réuni Georges Fotinos, François Muller, Brigitte Bonvalet, Alain Bouvier, Bernard Criner et Rémi Boyer :

http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=ressour[...]

Le 29 juin 2010 a eu lieu une 2e conférence devant 60 personnes à L’université de Poitiers à l’invitation du SAFIRE :

http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_Disp[...]

Le mercredi 16 Février 2011 a eu lieu la 3e conférence à l’IUFM de Rouen avec 40 personnes :

http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_D[...]


Le 19 octobre 2011, 70 personnes s’étaient déplacées, avec un grand intérêt pour la publication du 2e ouvrage de Rémi Boyer, qui est déjà salué par le Café Pédagogique comme un excellent guide pratique et une mine d’informations pour tout enseignant (et fonctionnaire !) souhaitant réaliser sa mobilité dans les meilleurs délais, en toute autonomie :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/20[...]


Aide aux Profs constate, à travers les nombreux témoignages de ceux qui la contactent, que la rénovation de la GRH dans l’Education nationale prendra plus d’une décennie

Depuis 2006 nous sont parvenus plus de 3200 témoignages d'enseignants, dont plus de 1000 exhaustifs grâce au pré-bilan de carrière que nous leur avons proposé.

Ces pré-bilans nous ont beaucoup appris sur le système de Gestion des Ressources Humaines de l'Education nationale. Sur le papier, tout est prévu pour que la GRH puisse se dérouler dans les meilleures conditions qui soient, c’est déjà ça.

Cependant, tout comme il aura fallu plus de 10 ans à de nombreux acteurs du système éducatif pour dénoncer une GRH inadaptée, relevant plus de la gestion de personnel indifférenciée que de la gestion individualisée, nous nous apercevons progressivement qu'il faudra à nouveau au moins 10 bonnes années pour que les changements en cours soient visibles sur le terrain.

Certes, ça bouge ici et là...on peut observer de nombreux remaniements au sein de l'administration centrale, avec des mobilités internes, des départs, des arrivées.

Aide aux Profs a pu constater en 2009-2010 que le non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux a eu pour conséquence l’amorce d’une réduction du nombre d’emplois d’enseignants détachés. Ainsi l’Education nationale démontre-t-elle qu’elle n’est pas du tout favorable aux secondes carrières des enseignants, puisqu’elle supprime progressivement toutes celles qui sont accessibles aux enseignants sans reprise de formation préalable. Chacun sait qu’il est bien plus facile de détruire que de bâtir, les résultats sont nettement plus visibles et rapides, mais quel gâchis de compétences…

Ainsi, après la dissolution de l’INRP en janvier 2011, Aide aux Profs a pu constater que le réseau SCEREN est en train de supprimer progressivement une partie de ses CDDP (qui n’ont pas d’existence juridique, d’où la facilité à le faire) et d’accroître ses effectifs sur le site du CNDP au Futuroscope. L’idée semble être, à moyen terme, de ne conserver que quelques gros CRDP en France, et de supprimer le plus de sites possibles pour réaliser des économies de fonctionnement. L’ONISEP est logée à la même enseigne, avec une fusion de CIO, qui affectent les personnels en détachement, les personnels en mis à disposition ayant été l’an passé reconduits devant élèves, sans que leurs compétences aient été réemployées à d’autres fins. Le CNED n’échappe pas à cette logique de démantèlement puisqu’en 2007 il comptait 166 détachés (enseignants, IEN, IA-IPR) d’après l’excellent mémoire de Master de Catherine Terseur sur la question, et qu’il n’en compte plus que 107 en 2011, soit une diminution de 35.5% en l’espace de 3 à 4 ans.  

http://personnelcned.blogspot.com/  

http://www.lepetitjournal.com/homepage/a-la-une/68972-cned-[...]

http://poitou-charentes.fsu.fr/IMG/_article_PDF/article_401.pdf

http://www.viescolaire.org/info/?p=5446

Le 30 novembre 2010, Le Café Pédagogique a tenté – en vain ? - d’alerter les consciences sur « le syndrome France Télécom qui plane sur le CNED » :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/11/011210CNED.aspx

http://www.netjo.fr/devenir-du-cned-et-de-ses-missions[...]

http://www.jeanlucfichet.fr/themes/education/consequen[...]

Pour mieux connaître le CNED, son histoire, ses missions, ses personnels :

http://www.univ-rouen.fr/civiic/memoires_masterICF/textes/T_Terseur.pdf


Dans ce contexte, le récent travail de Georges Fotinos et de Mario Horenstein sur le burn-out des enseignants en éclairera plus d’un sur les conséquences du mal être au travail :

http://www.lepoint.fr/societe/education-17-des-enseig[...]

http://www.lepoint.fr/societe/burn-out-a-l-education-na[...]


Aide aux Profs préconise de s’inspirer du travail de Bernard Salengro, créateur d’un Observatoire du stress à la CFE-CGC. Si chaque opérateur de l’Etat (EPA, EPIC, EPST, EPSCP, AAI, etc) créait en son sein une structure de veille sur le stress, ainsi que les IA et les Rectorats, sans doute arriverait-on à mieux prévenir les risques psycho-sociaux, plutôt que d’attendre qu’ils dégradent la vie personnelle et professionnelle des agents de toute une organisation :

http://videos.senat.fr/video/videos/2010/video3795.html

http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_Displ[...]

http://www.youtube.com/watch?v=a070HeZ2mKU

http://www.dailymotion.com/video/xgsn1k_le-19h-bernard-sa[...]

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=aute[...]



Quel sens l’Education nationale donne-t-elle à l’expression « reconversion professionnelle » en 2011, alors qu’une loi sur les secondes carrières végète sur le papier depuis 2003 ?


Dans les académies, nous observons du changement, avec la mise en place de réseaux d'inspecteurs reliés aux cellules de seconde carrière et d'aide aux enseignants en difficulté, et c’est un effort positif à souligner. Les lignes commencent à bouger... Cependant, cela s'effectue à moyens réduits, avec une orientation sur la seconde carrière des enseignants que nous réprouvons:

Ainsi, dans le langage académique, "reconversion professionnelle" signifie seulement changer de discipline, de niveau d'enseignement, d'établissement, ou embrasser la carrière de chef d'établissement ou d'inspecteur. Qu'a donc inventé de nouveau l'Education nationale en la matière ? Rien du tout. Nous sommes en train de faire du surplace, avec une volonté semble-t-il de nier le droit des enseignants à une seconde carrière, puisqu'il ne leur est toujours pas reconnu la possibilité d'effectuer leur mobilité à tout moment de l'année, comme le prévoit pourtant la loi du 3 août 2009.

Une nouvelle GRH à l'échelle d'un système d'1,3 million de fonctionnaires passe nécessairement par la rénovation des procédures, pour tenter d'impulser le changement. Mais peut-on faire confiance à des arrêtés et à des circulaires pour modifier du jour au lendemain les habitudes des uns et des autres ? La pratique nous révèle que non. Il semble que les circulaires ne satisfassent que ceux qui les conçoivent, en se disant qu’une fois les idées couchées sur le papier, « le travail est fait ». Pourtant le SNPDEN révélait le 14 mars 2011 qu’il n’attribuait qu’une note de 07.9/20 aux académies en matière de « respect des textes » :

http://www.snpden.net/sites/default/files/files/30ministeres.pdf


Dans les pré-bilans de carrière réalisés par Aide aux Profs, qu'ils datent de 2006 ou de 2011, nous constatons toujours ce type de situation incompatible avec la tendance actuelle, même si elles nous semblent minoritaires, puisque notre dispositif est avant tout contacté par des enseignants qui ont perdu toute confiance dans la capacité de l’Institution à les aider:

- attitudes négatives, assimilables au harcèlement moral, de la part d'un chef d'établissement ou d'un inspecteur, envers des enseignants, victimes impuissantes, puisque notre système privilégie toujours l'évaluation de ses personnels de manière descendante, à sens unique;

- découragement, de la part des personnels d'inspection, des volontés de mobilités hors de l'enseignement, du fait de la situation de pénurie d'enseignants que connaît depuis peu notre système.


Pour que tous les comportements des acteurs changent, il faudra une décennie, ou plus, et une vraie volonté politique, avec de vrais moyens.



Justement, des personnels d’encadrement et de direction commencent à se rebeller contre les conditions de travail qui leur sont imposées, du fait des restrictions budgétaires

La dure vie des directeurs...

"Dans toutes les écoles, l'absence des assistants pose des  problèmes insolubles" confie V Decker sur son blog. "Nous sommes tous désolés pour la nouvelle inspectrice, qui vient juste  d'arriver. Mais nous n'irons plus aux réunions, nous ne rendrons plus  de courrier, nous ne communiquerons plus que sur le plan pédagogique,  pour ne pas pénaliser les élèves ni les collègues. Et du coup, ceux  qui remplissaient Base élèves ne le rempliront plus"...

http://education.blog.lemonde.fr/

 

Les inspecteurs décrètent leur auto-isolement

C'est une décision unique. Dans un communiqué publié le 4 octobre, le SIEN Unsa invite les inspecteurs à rester à leur bureau un jour par semaine", le mardi. "Chaque mardi pour le premier degré comme pour le second... les inspecteurs ne se déplaceront ni pour inspecter, ni pour participer à aucune réunion autre que syndicale".    


Interrogé par le Café, Patrick Roumagnac, secrétaire général du Sien Unsa, nous explique que cette décision fait suite au refus de payer des frais de déplacement dans plusieurs académies. "Une nouvelle pratique consiste à "inviter" les inspecteurs dans des réunions. Et quand ils demandent le paiement de leurs frais à le refuser parce qu'une invitation n'est pas une convocation. On applique la même tactique avec les enseignants pour leur formation. On en est là faute d'argent. C'est lamentable".


Incitation à la tricherie. P Roumagnac relève "l'exaspération croissante" du terrain. "On nous met dans une position intenable vis à vis des enseignants à essayer de justifier des choses de moins en moins explicables. Les inspecteurs sont de moins en moins d'accord avec ce qu'on attend d'eux. On leur fixe des contrats d'objectifs sans les moyens nécessaires. Ce n'est rien d'autre qu'une incitation à la tricherie".



Sur le site du Café


Par fjarraud , le vendredi 21 octobre 2011.

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