Jean-Michel Jolion : "On ne peut pas sauver l'architecture générale de la masterisation" 

Par François Jarraud



Le rapport Jolion propose une analyse cohérente de la situation catastrophique de la formation des enseignants. Jean-Michel Jolion a pris le temps de revenir sur son texte et de clarifier quelques points qui nous semblaient devoir l'être. A commencer par l'avenir de la masterisation...



Vous dites qu'il y a plusieurs métiers d'enseignants. Il faudrait des formations différentes ?


Il faudrait en effet des formations différentes avec un cahier des charges spécifiques à chaque fois. Cela peut conduire à de nombreux points en commun mais cela permettrait de mieux préciser ce qu'est l'exercice de chacun de ces métiers.


Pour vous le concours n'est pas professionnalisant. Pourtant le ministère a mis en place des formations par alternance. Ne sont-elles pas professionnalisantes ?


Ce que le ministère appelle un master en alternance n'a rien d'une alternance. Tout au plus il s'agit d'un cursus adapté pour des salariés. En effet, dans une alternance, l'activité au sein de l'"entreprise" est un des éléments de la formation au même titre que les autres et sa validation est donc intégrée dans la validation du cursus. Ici, l'équipe de formation du cursus de master n'a pas son mot à dire sur ce qui se fait au sein de l'Education nationale et ce qui s'y fait n'est pas pris en compte. C'est même pire puisque la partie alternée n'est en rien valorisée dans le concours et surtout ces alternants seront surement moins bien payés que des adjoints d'éducation.


Vous défendez l'idée d'une entrée progressive dans le métier. Comment la voyez vous ?


Il faut une vraie formation professionnelle après le concours. Celle-ci peut tout à fait être intégrée au cursus de master. Cela milite pour un concours soit en fin de licence soit en fin de la première année de master. Et bien sûr, cela veut aussi dire qu'une offre de formation continuée est proposée à tous les enseignants, surtout sur les premières années de l'exercice de leur métier.


Comment assurer la mixité sociale des enseignants dans le cadre de la masterisation ?


Il faut avoir un dispositif de soutien social par des bourses mais ce n'est pas simplement le cas du métier d'enseignant. Dans beaucoup de professions, le niveau de recrutement conduit à un allongement des études ce qui crée une sélection sociale qu'il est du devoir de l'Etat de contrecarrer par des aides.


Compte tenu des "fragilités" qu'elle a induite, peut on sauver la masterisation ?


On peut en sauver quelques points mais pas son architecture générale.


Comment lutter contre la pénurie d'enseignants ?


En revalorisant l'image de ce métier, en ouvrant des évolution de carrières, en proposant un processus de formation et de recrutement qui ne soit pas une simple accumulation de contraintes qui n'a pour but que de sélectionner et pas de former.



Propos recueillis par François Jarraud



Sur le site du Café

Par fjarraud , le vendredi 21 octobre 2011.

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