Formation des enseignants : « La situation actuelle semble la pire » affirme le rapport Jolion 

Par Marcel Brun


« Le système actuel met les étudiants en situation d’échecs par accumulation de contraintes au lieu de les mettre en situation de réussite. ». Cette phrase pourrait être tirée d’une plateforme revendicative, mais elle est extraite du rapport d’étape sur la masterisation des enseignants que vient de remettre Jean-Michel Jolion, président du comité Master, à Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur. Dans une présentation de la situation très synthétique (12 pages), le rapport insiste sur un point connu de tous les étudiants : que vaut un master de ce type (et sa formation) pour les étudiants qui n’ont pas le concours d’enseignant (la majorité) ?


Comme de nombreux acteurs depuis deux ans, le rapport cherche des solutions pour sortir du dilemme infernal : comment rendre compatible la préparation d’un concours et le travail universitaire de recherche inhérent à un master, alliant travail d’appropriation de savoirs disciplinaires, stages, problématisation d’un axe de mémoire, écriture... ? « La situation actuelle semble la pire des solutions, à la fois parce qu’elle désorganise l’Université et oblige les étudiants à courir plusieurs lièvres à la fois. Solution ? « L’admissibilité en fin de M1 » pour proposer un M2 spécifique aux non-admissibles et une découverte approfondie du métier pour les admissibles. Avec pour corollaire le maintien de l’admissibilité pour plusieurs années, pour permettre aux reçus-collés (ayant eu le master, mais pas le concours) de retenter le concours sans redoubler en master. Proposition iconoclaste, le rapport demande même de publier le nombre de postes plusieurs années à l’avance pour donner des indications pertinentes sur le marché de l’emploi enseignant aux étudiants de licence...


Des concours « déconnectés » de l’exercice du métier. Les concours en prennent également pour leur grade : leurs contenus sont jugés peu articulés avec les contenus des masters, « la non prise en compte de l’activité professionnelle en cours de formation est un principe de plus en plus difficile à comprendre pour les étudiants. Les concours sont jugés « déconnectés » de l’exercice réel du métier ».


Motivation et souffrance. Si le « nouveau système ne s’est pas effondré, c’est essentiellement grâce à « la motivation très très (sic) forte des étudiants », malgré leur grande « souffrance ». « Nous sommes au milieu du gué d’une réforme qui aurait mérité un plus grand consensus en amont pour en permettre une vraie réussite ». Sachant que « les deux ministères » (éducation nationale et supérieur) n’ont pas les moyens de mettre en place les outils de supervision nécessaires pour « connaître la réalité du terrain », notamment les raisons de la baisse du nombre d’inscriptions ou les problèmes spécifiques posés aux filières professionnelles, comment construire des réponses à des problèmes qu’on connaît mal ?


La question de la formation en alternance, un autre cheval de bataille des directeurs d’IUFM, est également citée. Une éventuelle modification du statut des assistants d’éducation pourrait permettre une nouvelle piste, parmi d’autres, pour la formation des enseignants.


La place des IUFM. Notons que comme le demande la conférence des directeurs d’IUFM, le rapport demande une place spécifique pour les IUFM dans le champ de l’université, à la fois du fait des responsabilités spécifiques qu’ils ont du assumer dans la nouvelle organisation (notamment avec les rapports nombreux avec les rectorats et inspections académique pour la mise en stage), mais aussi par leur rôle important dans l’aménagement du territoire. On sait que certains centres départementaux sont menacés par les restructurations financières.


Liens :

Lire le rapport

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docs[...]

Dossier Formation des enseignants

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx



Le député Grosperrin missionné sur la réforme des concours

L'Assemblée nationale  a confié à Jacques Grosperrin la présidence d'une mission d'information sur le recrutement des enseignants. Interrogé par RTL, le député a fixé deux axes à sa mission : revoir la formation des enseignants de façon à les préparer "à un nouveau métier" d'enseignant , et préparer "un nouveau concours de recrutement" faisant appel par exemple à l'alternance et comprenant une formation professionnelle.


Auteur d'un rapport remarqué sur le collège, J Grosperrin a déposé récemment une proposition de loi sur la création d'une "école du socle". Sa nomination montre qu'à l'intérieur de l'UMP le courant favorable à une formation professionnelle des enseignants  et à la démocratisation de l'école progresse.

Sur RTL

http://www.rtl.fr/actualites/vie-pratique/article/une-missi[...]

J Grosperrin au colloque sur le collège

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/130[...]

Le rapport Grosperrin

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/116_5.aspx


Les IUFM publient leur conception d'une formation rénovée

Alors qu'une mission parlementaire s'intéresse au recrutement des enseignants, la Conférence des directeurs d'IUFM (CDIUFM) publie "une contribution à la réflexion sur l'évolution de la formation des enseignants" qui met au clair sa conception de cette formation.


Les directeurs d'IUFM y défendent l'idée d'une formation "pilotée par l'alternance", "associant maîtrise des savoirs disciplinaires, maîtrise de l'enseignement de ces savoirs et maîtrise du rôle d'enseignant dans le système éducatif". Ils défendent aussi l'idée d'une égalité d'accès au métier d'enseignants, mise à mal par l'allongement de la durée des études.  Outre cet impact social de la formation, ils posent aussi la question du maillage territorial, mis à mal là aussi. Chargé de mission par l'Assemblée, J Grosperrin pourrait être attentif au document publié par la CDIUFM.


La CDIUFM fait aussi le point sur les masters en alternance, une idée défendue par exemple par le recteur de Versailles. Selon la CDIUFM, " Dans un très grand nombre d’académies, les recteurs ont sollicité les IUFM et les universités pour des projets de masters en alternance. Dans ce type de master, les étudiants seraient en poste dans un établissement scolaire une partie de la semaine (par exemple une ou deux journées), sous contrat à l’année avec le rectorat, et suivraient une formation à l’université le reste de la semaine. L’état d’avancement de ces projets étant très variable, seules quelques rares universités seront en mesure de proposer ces masters dès la rentrée prochaine. La CDIUFM estime que la rentrée 2012 est une échéance raisonnable dans la plupart des cas".

La contribution

http://cdiufm.amue.fr/2011/03/10/contribution-de-la-cdi[...]

L'actualité

http://www.iufm.fr/applis/actualites/spip.php?article815

Grosperrin missionné sur le recrutement des enseignants

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/04[...]

Communiqué Peep

http://www.peep.asso.fr/art-76-communique-de-presse-du[...]


Rapport Jolion : Il faut plus qu’un toilettage affirme l’Unsa Education

Pour l’Unsa Education, il faut revoir en profondeur la formation des enseignants. « Le rapport Jolion confirme l'analyse de la fédération UNSA Éducation et de ses syndicats nationaux: les difficultés de la mastérisation ne peuvent être résolues par un simple toilettage de l'année de stage », affirme Patrick Gonthier, secrétaire général de l’Unsa Education. « La fédération UNSA Éducation poursuit son travail de réflexion et d'élaboration de propositions fondées sur une réelle formation en alternance professionnelle, un parcours progressif du cycle licence aux premières années d'exercice, une articulation entre une année de M2 qui doit être celle de la préparation à l'admissibilité et la première année d'exercice, une attention réelle --- comme le recommande le rapport Jolion --- à la situation des candidats "reçus-collés" (reçus au master mais n'ayant pas réussi le concours). »

Communiqué

http://www.unsa-education.org/modules.php?name=News&fi[...]

Sur le rapport Jolion

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/04/For[...]


Rapport Jolion : Le Sgen et le Snuipp disent « chiche »

« Triste consolation compte tenu de l'ampleur du désastre », écrit le Sgen Cfdt à la lecture du rapport Jolion sur la masterisation de la formation des enseignants. « Le Sgen-CFDT se félicite de voir ses analyses et revendications confortées » particulièrement sur « la nécessité de déplacer l'admissibilité des concours en fin de M1 » et « la reconnaissance que les concours sont totalement inadaptés ».


Même son de cloche au Snuipp. « Un simple replâtrage de la réforme n'y suffira pas. Il faut tout remettre à plat. Pour le SNUipp-FSU, le cursus de formation des enseignants doit se concevoir selon un continuum intégrant des modules de préprofessionnalisation dès la licence, l'organisation d'une véritable alternance progressive en M1 et M2, un concours avec des épreuves disciplinaires et professionnelles dont l'admissibilité est placée en M1 et une reconnaissance de la formation par un master. »

Communiqué Sgen

http://www.cfdt.fr/rewrite/article/33322/actualites/communiqu[...]

Communiqué Snuipp

http://www.snuipp.fr/Necessite-de-changer-la-formation


Stagiaires : Il faut revoir la formation des enseignants

Selon une enquête du Snuipp, les professeurs stagiaires " sont majoritairement insatisfaits des volumes et des contenus de formation. S’ils se sentent plutôt soutenus dans les écoles par les tuteurs et les formateurs, le tiers-temps est jugé trop restreint pour près de 89 % d’entre eux, pour qui les retours en formation sont plutôt insuffisants (45,8 %), voire même tout à fait insuffisants (32,9 %)".

L'enquête snuipp

http://www.snuipp.fr/Bilan-sur-la-prise-de-fonction-des



Sur le site du Café

Par fjarraud , le dimanche 24 avril 2011.

Partenaires

Nos annonces