L'éducation pour tous c'est pas encore demain 

Par François Jarraud


   

Le rapport mondial de suivi sur l'Education Pour Tous (EPT), rédigé par l'Unesco, affirme que ses objectifs ne seront pas atteints en 2015 malgré les engagements internationaux. Il met en avant le poids des conflits dans les difficultés des systèmes éducatifs.


Comme dans nos légendes, les sombres cavaliers voyagent ensemble. La crise ne suffit pas à fragiliser les progrès scolaires. Elle amène avec elle son amie la guerre qui achève dans certains pays de détruire la scolarisation et surtout celle des filles. Selon le rapport "le monde n’est pas en voie d’atteindre les objectifs de l’éducation pour tous fixés pour 2015. Malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines, le message essentiel qui se dégage du Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2011 est que la plupart des objectifs seront manqués, et de loin".


Certes durant la dernière décennie on a connu des progrès extraordinaires. "De 1999 à 2008, 52 millions d’enfants supplémentaires ont été scolarisés dans le primaire. Le nombre d’enfants non scolarisés a été réduit de moitié en Asie du Sud et de l’Ouest. En Afrique subsaharienne, les taux de scolarisation ont augmenté d’un tiers malgré un fort accroissement de la population en âge de fréquenter l’école primaire" souligne le rapport. La mortalité infantile a baissé et la parité s'est améliorée.


Mais le climat a changé et "l’écart est encore très important entre les objectifs de l’éducation pour tous fixés en 2000 et les avancées limitées qui ont été réalisées". " La faim freine les progrès. Dans les pays en développement, 195 millions d’enfants de moins de 5 ans – soit 1 sur 3 – souffrent de malnutrition", souligne l'Unesco. Or ces carences nuisent au développement de l'enfant. " Le nombre des enfants non scolarisés diminue trop lentement", juge l'organisation, d'autant qu'une proportion importante des enfants ne finit pas le primaire. Or on sait qu'il faut un ancrage long pour que la lecture et l'écriture restent en mémoire.


" La crise financière mondiale a accru la pression qui pèse sur les budgets nationaux", explique l'Unesco. Sept des 18 pays à faible revenu étudiés dans le Rapport ont procédé à des coupes dans leurs dépenses d’éducation en 2009. Ces pays comptent 3,7 millions d’enfants non scolarisés. L'aide internationale s'est réduit. Il faudrait 16 milliards par an pour financer l'EPT or l'aide ne reçoit que 5 milliards.


Les guerres n'épargnent pas l'Ecole. "Plus de 40 % des enfants non scolarisés vivent dans des pays touchés par un conflit", relève l'Unesco qui dénonce "les violations considérables des droits de l’homme qui sont au coeur de la crise de l’éducation dans les pays touchés par des conflits". "Rien ne justifie les attaques visant des enfants", déclare Irena Bokova, directrice générale de l'Unesco. " Dans les pays pauvres touchés par un conflit, 28 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire ne sont pas scolarisés – soit 42 % du total mondial" note le Rapport. " Les conflits armés détournent les fonds publics de l’éducation au profit des dépenses militaires. À l’heure actuelle, 21 pays en développement dépensent plus pour l’armement que pour les écoles primaires : s’ils réduisaient de 10 % leurs dépenses militaires, ils pourraient scolariser 9,5 millions d’enfants de plus". L'Unicef appelle donc à la consolidation de la paix et à un effort financier plus important et plus ciblé. Rappelons que la moitié des enfants non scolarisés vivent dans 15 pays seulement. La moitié des analphabètes dans 10.


La place du maître. Ce que montre aussi le rapport c'est le cercle vertueux qu'introduit l'éducation dans un pays. Ainsi les progrès éducatifs font baisser la mortalité infantile, améliorent les résultats économiques et font progresser la parité. Mais le progrès éducatif est aussi plus lent que ce que les conférenciers de 2000 avaient prévu. Même là où la guerre est absente et la crise pas plus grave qu'ailleurs, les progrès éducatifs prennent du temps. La scolarisation introduite brutalement a souvent fait chuter la qualité de l'enseignement et détourné de l'école les familles. Il ne faut opas oublier la part du maître.

Le rapport

http://www.unesco.org/new/fr/education/themes/leading-the-international-agen[...]

Le rapport 2010

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/88_Sommaire.aspx



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Par fjarraud , le dimanche 20 mars 2011.

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