L'INRP c'est fini 

Par François Jarraud



Deux décrets publiés au Journal Officiel du 29 décembre annoncent la dissolution de l'INRP et la reprise du Musée national de l'éducation (Rouen) par le CNDP.


C'est l'aboutissement d'une procédure menée tambour battant. Le 17 septembre, les élus du personnel apprenaient du ministère que l'INRP serait intégrée dans l'Ecole Normale Supérieure de Lyon. Le 28 décembre les décrets sont signés ! Issu du « musée pédagogique » fondé en 1878, devenu établissement  public en 1954, l’INRP regroupe à la fois des équipes de recherche universitaire (UMR) expertisées par l’AERES, des formateurs intervenant à la demande des rectorats et des acteurs de terrain participant à la recherche et à la formation continue des enseignants. Au total 220 emplois, répartis sur plusieurs sites dont les principaux sont à Lyon, siège de l’INRP et à Rouen, où se trouve le Musée national de l’éducation. Même si un rapport d’audit de 2007 concluait par l’idée que « l’impact des travaux de l’INRP sur le système éducatif, même s’il est difficilement évaluable, apparaît extrêmement faible », les lecteurs du Café connaissent bien la veille scientifique et technologique de l’INRP, les recherche sur les TICE ou encore le site Educmath. Tous trois font référence et s’avèrent fort utiles aux enseignants de terrain. Car la particularité unique de l’INRP c’est justement d’associer aux recherches des universitaires des enseignants de terrain.


Dans l'ENS Lyon, l'INRP devient un simple service de l'ENS, appelé "Institut Français de l'Education". Comme le dit le décret, " les droits, obligations et biens, mobiliers et immobiliers, de l'Institut national de recherche pédagogique, à l'exception de ceux afférents au Musée national de l'éducation, sont transférés à l'Ecole normale supérieure de Lyon". Il en va de même des contrats des personnels et des fonctionnaires. Un autre décret attribue les biens et les agents du Musée national de l'éducation au CNDP. Le 6 décembre le Comité Technique Paritaire de l'INRP avait voté à une courte majorité le décret de dissolution.


En effet cette disparition a divisé le personnel. Si certains chercheurs voient dans le rapport Winkin, qui a préparé la suppression de l'INRP, un moyen " de stopper le processus de dégradation de la recherche dans le domaine éducatif en France", comme l'a souligné Eric Sanchez dans le Café, une partie du personnel est mise en danger par cette évolution. Le rapport Winkin prévoit que les enseignants détachés devront quitter l’établissement au bout de cinq ans. Ils devront s’impliquer dans des programmes transversaux, et pas seulement des équipes spécifiques. De leur côté, les enseignants-chercheurs verront leur service aligné sur ceux de l’ENS, avec systématiquement des cours aux étudiants. L’ensemble de la réorganisation devra être conduite au cours de l’année 2011. C'est l'idée même d'une recherche pédagogique en lien avec le terrain qui est supprimée avec l'INRP. A cette division répond en écho dans le même rapport l'opposition entre une recherche pure et sa "valorisation".


Le 22 décembre, l'intersyndicale cgt, Fsu, Sgen Cfdt, Unsa Education du CNDP et des CRDP a dénoncé "un mauvais coup porté à la recherche et à l'innovation en matière d'éducation" et l'absence de concertation qui l'a accompagné. "A travers cette dissolution c'est le coeur de la recherche pédagogique" qui a été visé, souligne l'intersyndicale.

Le décret

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF[...]

Décret relatif au Musée de l'éducation

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JOR[...]

La recherche pédagogique est-elle utile ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/11/[...]

Insertion de l'INRP dans l'ENS

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/11[...]

Les opportunités de l'IFE

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/11[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le lundi 24 janvier 2011.

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