ECLAIR : C'est la guerre ?  

Par François Jarraud


Le nouveau dispositif Eclair, destiné à remplacer les Réseaux Ambition Réussite (RAR) qui sont au coeur de l'enseignement prioritaire, recueille peu d'avis favorables. Les syndicats critiquent l'absence de dialogue avec le ministère. Ils contestent aussi les fondements d'un dispositif qui augmente l'autonomie non des établissements mais des chefs d'établissements.


Le nouveau Eclair c'est le dispositif Clair avec les écoles. Au total à la rentrée 2011 il concernera 249 collèges et 1725 écoles et remplacera les établissements prioritaires. C'est par la presse que les syndicats ont appris la nouvelle et ils n'ont pas aimé cela.


Selon le Snuipp, le recrutement des enseignants des écoles Eclair ne sera pas effectué par les directeurs d'école. " Les directeurs d’école ne participeront donc pas au recrutement des enseignants des écoles primaires, les postes ne seront pas profilés, et l’affectation ne sera pas soumise à une période minimale comme pour le second degré (5 ans)", annonce le Snuipp. Mais le syndicat soulève d'autres problèmes. " La première inquiétude concerne évidemment le devenir de l’éducation prioritaire en dehors des 254 collèges ciblés par le dispositif. Certaines annonces liées à la « carte scolaire » le confirment : le recteur de l’académie de Versailles a annoncé lors du dernier comité technique paritaire académique que sur les 38 collèges actuellement classés en RRS ou en RAR, seuls 5 resteraient en éducation prioritaire !" Le syndicat souligne aussi que le nouveau dispositif "ne peut pas exonérer le ministère de prévoir les moyens nécessaires au bon fonctionnement du système scolaire dans l'ensemble des zones difficiles".


Le Se-Unsa "s’opposera à toute décision qui conduirait à la disparition des RAR au moment où ce dispositif  commence à porter ses fruits... Il serait contreproductif de déstabiliser un dispositif qui fait ses preuves en imposant une nouvelle logique aux effets non encore évalués". Le syndicat dénonce "la transformation d’une politique de réussite scolaire en une politique plus sécuritaire. Il dénonce également les confusions dans les missions et les dérégulations mises en œuvre dans le cadre de ce programme en matière de gestion des personnels. Il exige le respect du vote des conseils d’administration qui se sont prononcés contre l’entrée dans cette dangereuse expérimentation".

Communiqué Snuipp

http://www.snuipp.fr/Les-ecoles-de-RAR-passent-aux

Communiqué Se-Unsa

http://www.se-unsa.org/spip.php?article2825

Luc CHatel réorganise l'éducation prioritaire

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/201[...]


Christian Chevalier : Non à une gestion libérale des établissements

 

Secrétaire général du Se-Unsa, Christian Chevalier répond à nos questions sur le nouveau dispositif ECLAIR appelé à remplacer les Réseaux Ambition Réussite (RAR) qui représentent le coeur de la politique d'éducation prioritaire.


Que redoutez-vous du nouveau dispositif Eclair ?


 Il y a d'abord la façon dont il se met en place, une question de forme. On est surpris par une annonce qui est faite sans concertation, qui ignore aussi les conseils d'administration des établissements. Il y aussi des questions de fond. Les RAR vont disparaître à la prochaine rentrée avec la mise en place des nouveaux Eclair. Or il y a eu un rapport de l'Inspection générale, un autre de la Dgesco (direction de l'enseignement scolaire du ministère) sur les RAR qui tous deux montrent que le dispositif a des qualités, qu'il fonctionne. Alors pourquoi le faire disparaître ? Le dispositif Eclair a été imaginé durant les Etats généraux de la sécurité à l'Ecole. Il a une finalité sécuritaire.  C'est un glissement du prioritaire vers le sécuritaire.

Lisez la suite de l'entretien

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/1[...]



Une nouvelle indemnité pour les enseignants laissée à l'appréciation du chef d'établissement


Une circulaire publiée au B.O. du 13 janvier organise le versement de la nouvelle indemnité "pour fonctions d'intérêt collectif" crée pour les établissements CLAIR (préfet des études) et pour certaines fonctions des lycées (professeur référent pour les usages pédagogiques numériques, tutorat, référent culture). Cette indemnité annuelle, versée en fin d'année scolaire, sera totalement modulable par le chef d'établissement et par le recteur.


Le recteur pourra "répartir cette enveloppe entre les établissements en fonction des priorités académiques". Il pourra tenir compte du nombre d'élèves, de la spécificité de l'établissement etc. Le chef d'établissement devra veiller" à ce que les critères de modulation de l'indemnité retenus au sein des établissements soient objectifs et transparents. Conformément au deuxième alinéa de l'article 5 du décret, les attributions individuelles vous sont proposées par le chef d'établissement en fonction de la participation effective des intéressés, la fixation définitive de ces montants relevant de votre compétence. Le montant des attributions individuelles doit ainsi prendre en compte l'investissement de l'enseignant ou du conseiller principal d'éducation dans ces fonctions, tout comme la réalisation des objectifs fixés en début d'année scolaire dans le projet d'établissement et la concrétisation de projets pédagogiques." Cette nouvelle rémunération renforce l'autonomie de l'établissement et du chef d'établissement.

La circulaire

http://www.education.gouv.fr/cid54506/menh1028790c.html


RAR : Le Sgen demande la relance de L'éducation prioritaire

 

Réagissant à la publication du rapport ministériel sur les Réseaux Ambition Réussite, le Sgen CFDT " réitére sa demande de reconnaissance et de relance de l'ensemble de l'éducation prioritaire (RAR et RRS) en lien avec une politique de la ville permettant une plus grande mixité sociale et scolaire".


Pour le Sgen, la reconnaissance des RAR  s'oppose au déploiement du nouveau dispositif CLAIR. Il souligne que " le Ministère reconnaît que la politique « ambition réussite » vise à lutter contre les inégalités scolaires liées à l'origine sociale. La politique de réussite visée est donc bien une politique de territoire intégrant collège et écoles et non centrée sur un établissement comme dans le cas des Clair".


Il critique le rapport sur les effets de la suppression de la carte scolaire. Le rapport "minimise l'impact de la suppression de la carte scolaire sur les RAR, alors même qu'il relève que plupart des établissements ont perdu des élèves et qu'une « quarantaine » sur 254 collèges concernés( c'est à dire 1/6) en ont perdu beaucoup. Depuis la décision en 2007 d'assouplissement de la carte scolaire par le président de la République, les établissements RAR ont perdu près de 11000 élèves au total passant de 126000 en 2006/2007 à 115 300 en 2009/2010 et que le nombre de demandes de dérogations est deux fois plus fort en RAR que dans les autres établissements (22% contre 10,5%). Pour le Sgen-CFDT, la carte scolaire doit être repensée notamment pour enrayer cette désertification progressive mais régulière des RAR".

Sur le rapport ministériel

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011[...]



Un rapport officiel évalue positivement l'enseignement prioritaire


Alors que le ministère se prépare à la généralisation des réseaux CLAIR à la place des réseaux RAR (Réseaux ambition réussite), le Bilan des RAR publié par la Dgesco juge positif el travail effectué en RAR et prend à rebours sur plusieurs points la vulgate officielle.


"A l’issue de ces quatre années, les progrès sont encourageants", note Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire, en préface au Bilan. En effet, le rapport souligne "la réduction des écarts de réussite scolaire" entre RAR et autres établissements. "Il fait apparaître entre 2006 et 2010 une réduction des écarts de la proportion des redoublants et des élèves en retard au collège, dans la maîtrise de compétences de base en mathématiques en CM2 et aux résultats du DNB ;  un maintien des écarts dans la maîtrise de compétences de base en français en CM2 et du taux d’orientation en seconde générale et technologique (GT) ;  une aggravation des écarts dans la maîtrise des compétences de base en français et en mathématiques en fin de troisième et du taux d’orientation en seconde GT en première générale".


Ces résultats sont obtenus par plusieurs moyens. Et d'abord des moyens humains supplémentaires. " Les enseignants supplémentaires constituent un véritable levier, en appui aux autres enseignants, pour le dynamisme pédagogique dans les réseaux", écrit le ministère, généralement beaucoup plus prudent sur la question des moyens... Le rapport souligne aussi que "la mobilisation des équipes, notamment des enseignants, sur des dimensions plus éducatives a permis d’apaiser notablement le climat scolaire". Il vante les avancées pédagogiques en RAR particulièrement pour le travail d'équipe et le pilotage local." Si l’éducation prioritaire s’est structurée en réseaux autour des collèges, la dynamique n’a pu se mettre en place que grâce au co-pilotage effectif du RAR, assuré par le principal et l’inspecteur de l’Éducation nationale (IEN). Le comité exécutif est devenu le plus souvent une véritable instance d’échanges et de débats. Le rôle de son secrétaire, cheville ouvrière de l’animation du réseau, contribue fortement à cette dynamique. Le réseau a développé le travail en équipe aussi bien au sein du collège qu’entre les écoles et le collège, même si les différences de culture professionnelle et la prédominance des disciplines dans le second degré constituent encore des freins à des modes de travail plus collaboratif".


Les RAR rattrapées par le social. "En quatre ans, la composition sociale des classes de sixième des réseaux « ambition réussite » a très peu évolué. Elles sont constituées d’un peu plus de deux tiers d’élèves issus de professions et catégories professionnelles (PCS) défavorisées et d’environ 8% de PCS favorisées... L’assouplissement de la carte scolaire n’a pas conduit à une ghettoïsation massive et généralisée des collèges RAR. Au cas par cas, les situations sont plus contrastées. Des évolutions de la liste des établissements RAR pourraient être nécessaires pour s’ajuster aux dernières évolutions, en lien avec la politique de la ville".


Pour l'Observatoire des Zones Prioritaires (OZP), " loin de préconiser un « dépôt de bilan des ZEP », ce document conforte l’existence des RAR et de leurs projets et donne des perspectives positives de continuité pour les années à venir... Pour autant, des questions importantes demeurent trop rapidement traitées ou sans réponse : l’engagement de moyens nouveaux pour répondre au défi de l’amélioration des apprentissages fondamentaux, la prise en compte des enjeux spécifiques au premier degré, une conception trop étroite de la fonction de coordonnateur d’éducation prioritaire et une sous-estimation des effets produits par l’assouplissement de la carte scolaire sur les collèges.

La question de la reconnaissance du travail des personnels (en particulier des coordonnateurs et professeurs supplémentaires en termes indemnitaires et de développement de carrière) et celle du statut prioritaire des RAR dans les politiques académiques méritent d’être prises à bras le corps et non au détour de formules assez convenues. A la lecture de ce bilan, on peut s’interroger également sur la plus-value réelle que peut apporter le programme Clair à ce dispositif".

Le rapport

http://www.educationprioritaire.education.fr/fileadmin/do[...]

OZP

http://www.association-ozp.net/spip.php?article9630

Enseignement prioritaire : Un recadrage contestable

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/rentree2010_1_6.aspx



Sur le site du Café
Par fjarraud , le lundi 24 janvier 2011.

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