PISA : Ce que les chefs d'établissement, les syndicats et les parents en disent  

Par François Jarraud


Pour le SNPDEN, premier syndicat de personnels de direction, PISA souligne l'absence d'une politique suivie à la tête de l'éducation nationale. Pour les parents de la FCPE, "il faut changer l'Ecole de l'intérieur". A la FSU les positions du Snes ne sont pas celles du Snuipp..


"Les résultats de PISA soulignent surtout les conséquences de l'évaporation d'une politique compréhensible de l'Éducation nationale qui, en dix ans, a changé six fois de priorités malgré le vote de la loi d'orientation en 2005", explique le SNPDEN dans un communiqué daté du 8 décembre. "Outre que notre pays ne consacre plus à l'éducation les efforts que d'autres y consacrent, l'abandon de l'école aux mécanismes sociaux s'y traduit d'une façon brutale qui singularise la France. L'augmentation symétrique des meilleurs et des plus faibles, largement sur la base de leurs origines sociales, est un signal d'alarme... Les résultats de PISA témoignent moins de l'efficacité du système scolaire que d'une dégradation du fonctionnement de la société spécifique à notre pays car ce phénomène est loin d'être commun à l'ensemble de l'OCDE".


La FCPE relève que "les pays en tête du classement sont ceux qui ont misé sur une formation des enseignants de qualité, renoncé au redoublement, ont des classes hétérogènes et un enseignement individualisé dès le premier degré pour tous les élèves et pas seulement pour ceux en difficulté... Il est urgent de transformer l’Ecole de l’intérieur pour mettre fin aux inégalités et garantir la réussite de tous les élèves. Ceci ne pourra pas se faire si le seul objectif reste de diminuer toujours plus les investissements dans l’Ecole publique."


Pour le Snuipp, "les politiques éducatives susceptibles d'avoir des effets relativement rapides et efficaces sur les résultats des élèves ne peuvent être ni guidées par des objectifs de restriction budgétaire, ni orientées par la mise à mal de la formation des enseignants comme c'est le cas actuellement en France. Au contraire, les leviers identifiés par l'OCDE pour relever le défi des inégalités scolaires sont tout autres. Ils s'appuient sur des parcours scolaires sans redoublement, sur des classes hétérogènes avec un effort particulier en matière de prise en charge des élèves en difficulté, sur une formation professionnelle des enseignants digne de ce nom... Ils impliquent aussi un effort tout particulier là où les les difficultés sont concentrées. Le dernier rapport de la Cour des Comptes faisait état d'un sous investissement de l'école primaire de 15% par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE. 15%, c'est 15000 enseignants supplémentaires affectés en priorité en éducation prioritaire pour baisser les effectifs élèves, développer le travail en équipe et le « plus de maitres que de classe »".


Le Snes met en doute les résultats de l'étude. "Telle qu’elle est construite, l’évaluation PISA ne peut être qu’un élément parmi d’autres d’une évaluation des systèmes éducatifs et de leur comparaison. En effet, elle porte et favorise certaines conceptions de l’éducation dans lesquelles les compétences de bases et leur évaluation sont à la fois le cœur et les indicateurs de la « productivité » du système éducatif. Le système français plus ambitieux et plus complet n’est pas à ce titre privilégié. Plus largement, les enquêtes internationales posent d’importants problèmes méthodologiques qu’il ne faut pas sous estimer... La réponse ne peut pas être une adaptation de l’école aux conceptions de l’éducation portées par PISA. Elle ne peut donc pas se traduire par un pilotage du système guidé par le seul objectif d’un meilleur classement."


La FSU estime que " Il faut reposer sérieusement la question de la prise en charge des élèves en difficulté, sur les temps d'apprentissage, dans des conditions (effectifs, encadrement, …) en prise avec les besoins réels. Il faut revaloriser le rôle de la scolarisation en maternelle, réhabiliter la recherche en éducation et la formation initiale et continue des enseignants. Il faut revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire. Il faut reposer sérieusement la question des moyens accordés à l’Education nationale et de la part du PIB qui lui est consacré".


Le Se-Unsa "demande une autre politique qui donne aux enseignants les moyens de faire réussir tous les élèves, à commencer par une formation professionnelle solide alors que la masterisation l’a mise à sac. Il demande que la scolarité obligatoire soit effectivement organisée autour de l’objectif de l’acquisition du socle commun par tous les élèves, ce qui signifie refus de la sélection précoce, continuité éducative entre école et collège et développement des moyens au service de l’individualisation au sein de classes hétérogènes".


"Ce n'est pas en laissant se dégrader davantage les conditions de travail des enseignants et de leurs élèves que l'on peut espérer pour la France, des constats moins pessimistes à l'issue de la prochaine enquête PISA", estime le Sgen Cfdt qui fait allusion à des mesures récentes : "le démantèlement de l'éducation prioritaire, la suppression de la carte scolaire dont les effets sont dramatiques pour la mixité sociale, les nouveaux programmes de l'école primaire supposés garantir un « retour aux fondamentaux », alors qu'ils reposent sur une conception mécanique des apprentissages au lieu de leur donner plus de sens ... : la liste est longue des mesures qui, loin de contribuer à la réduction de l'échec scolaire des élèves les moins favorisés, réduisent au contraire leurs chances de progresser. Aujourd'hui c'est la formation professionnelle des enseignants qui est sacrifiée sur l'autel des économies budgétaires".

Communiqué

http://www.snuipp.fr/PISA-2009-le-systeme-francais

Communiqué

http://www.snes.edu/PISA-2009-oui-et-alors.html

Communiqué Sgen

http://www.cfdt.fr/rewrite/article/30728/actualites/communiques-de[...]



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Par fjarraud , le samedi 18 décembre 2010.

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