Chatel redouble 

Par François Jarraud



Certains donnaient Luc Chatel favori au poste de premier ministre. Finalement le nouveau gouvernement, qui ressemble tant à l'ancien, le  retrouve à l'éducation nationale, enrichi de la jeunesse et de la vie associative. Pour Luc Chatel, l'occasion perdue n'est pas tant de ne pas accéder à la tête du gouvernement. C'est peut-être celle de ne pas avoir quitté l'éducation nationale à temps.


D’une certaine façon l’année scolaire 2009-2010 fut pour Luc Chatel une belle époque. N’est ce pas l’impopularité du ministre précédent qui mesure la popularité du nouveau maître ? Installé rue de Grenelle, Luc Chatel semblait protégé par le souvenir de Xavier Darcos. Les décisions les plus dures avaient déjà été prises. C’est Xavier Darcos qui avait eu la sordide idée de supprimer l’année de stage des nouveaux professeurs pour récupérer quelques milliers de postes, dilapidant ainsi l’avenir de l’Ecole pour sauvegarder un morceau du présent. Après le pourfendeur du pédagogisme, méprisant les instits « changeurs de couches », il était facile pour Luc Chatel de se présenter sous les habits de la tolérance et du respect. A l’arrogance et à la violence de Darcos succédait un ministre affable. L'homme du sérail cédait la place à un ministre travailleur qui, en un temps très court, s'est emparé des dossiers au point d'égaler les spécialistes.  Aussi, si Xavier Darcos avait réussi à faire l’union syndicale contre lui, Luc Chatel arrivait à s’entendre avec certains syndicats et même, et ce n’est pas rien, à obtenir au Conseil supérieur de l’éducation des majorités qu’aucun de ses devanciers n’auraient pu espérer. Si Luc Chatel avait été nommé par Nicolas Sarkozy pour apaiser les relations avec les enseignants et faire passer les réformes sans faire de vagues, en juin dernier, il apparaissait avoir parfaitement réussi. Le porte-parole du gouvernement avait même su passer entre les gouttes du discours xénophobe de cet été sans se mouiller...


Le destin a finalement rattrapé Luc Chatel à la rentrée. Il y a eu la publication des instructions adressées aux recteurs qui montrait à la fois une certaine dissimulation dans la poursuite des suppressions de postes et le refus de nombreux cadres de servir cette politique. Puis, le ministre a décidé de rogner les moyens des mouvements pédagogiques. Et là il se retrouvait dans le rôle que Darcos avait si bien joué quand Sarkozy, à Périgueux, appelait à la fin du pédagogisme. Enfin le budget 2011 a achevé d'enfermer le ministre dans des contraintes qui ferment l'avenir de l'Ecole et bloquent toute velléité ministérielle. Même les ambitions d'école numérique semblent envolées. Il était temps de partir.


La création d'un grand ministère de l'éducation et de la jeunesse pourrait soutenir de vastes ambitions. Mais la politique budgétaire imposée par l'Elysée le vide de ses moyens d'action. Elle va affecter gravement le service éducatif et mobiliser les électeurs alors que la réforme des retraites et les suppressions de postes ont réuni les syndicats et mobilisé les personnels.  Et la situation est peut-être encore pire en ce qui concerne la politique de la jeunesse, délaissée par le gouvernement précédent. Pour le ministre de l'éducation nationale tous les problèmes sont devant lui.

La composition du gouvernement

http://www.elysee.fr/president/les-actualites/communiques-de[...]

Le bilan économique du gouvernement Fillon

http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/11/14/une-economie-p[...]



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Par fjarraud , le jeudi 18 novembre 2010.

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