Seconde Carrière 

Par Rémi Boyer de l’association Aide aux Profs



L’actualité est riche ce mois-ci de circulaires et de déclarations institutionnelles sur le chantier de la rénovation de la GRH à l’Education Nationale que tous les rapports qui se sont succédés de 1998 à 2008 appelaient. Enfin, le MEN prend conscience de l’importance :

-          de mettre en place le DIF pour les enseignants afin de faciliter la professionnalisation de ceux qui le souhaitent, selon leurs choix

-          des entretiens professionnels sous forme de bilans d’étapes (à 2 ans puis à 15 ans) dans la carrière des personnels

-          de la santé des personnels, avec un bilan de santé qui sera fixé à l’âge de 50 ans

-          de la nécessité de mieux informer les enseignants de la diversité des parcours de carrière qu’ils peuvent réaliser au sein de la sphère éducative

-          d’un accompagnement personnalisé des enseignants en quête d’une seconde carrière ou d’un nouveau challenge motivant dans le cadre de leur parcours de carrière dans le contexte de son allongement progressif, puisque la réforme des retraites devient semble-t-il inéluctable pour sauver le système par répartition.


Vous trouverez ce mois-ci dans notre rubrique :

-          l’actualité des circulaires qui nous paraissent prometteuses,

-          les emplois en détachement à prospecter en ce moment,

-          le récapitulatif des déclarations de Luc Chatel sur les grands chantiers à venir,

-          le parcours de carrière dynamique et captivant de Jean-Claude Rouanet, Professeur de Lettres Classiques devenu Inspecteur d’Académie.



Quoi de neuf sur la piste des parcours de carrière ?


La mobilité professionnelle prend enfin un sens avec la parution de plusieurs textes et rapports essentiels, afin de faciliter les parcours de carrière attractifs et valorisants :


Le Bilan Social 2009 des personnels de direction recense tous les emplois fonctionnels qui leur sont accessibles, apportant un nouvel éclairage essentiel, pour des enseignants attirés par ces secondes carrières sur des fonctions d’encadrement, sur la grande richesse des fonctions que peut leur proposer l’Education Nationale, et qui n’étaient pas assez diffusées jusqu’ici :

http://media.education.gouv.fr/file/2010/26/5/Personn[...]


Ces personnels disposent désormais d’un véritable service d’accompagnement de leurs parcours de carrière :

http://www.education.gouv.fr/cid49878/mobilite-carrier[...]


Le témoignage de ce mois-ci de Jean-Claude Rouanet, Professeur certifié puis agrégé de Lettres Classiques, avant de réaliser un brillant parcours de carrière dans des fonctions pédagogico-administratives, illustre parfaitement ce rapport dont vous recommandons la lecture.


Il reste désormais à étendre cet effort à tous les personnels enseignants (plus de 850 000 personnes), qui attendent depuis l’article 77 de la loi Fillon en 2003 la conception d’un dispositif dédié à leurs possibilités de « secondes carrières ».

Le BOEN n°15 du 15 avril 2010, relatif à la circulaire n° 2010-040 du 30-3-2010 de la  DGESCO B2-3 aborde les missions des personnels enseignants au sein des « services éducatifs des institutions culturelles et scientifiques (monuments, musées, théâtres, bibliothèques, services d'archives, muséums, etc.) » et illustre bien le véritable tournant opéré par Jean-Michel Blanquer, ancien Recteur de Créteil nommé récemment à la Direction de la DGESCO du MEN et jamais à court d’innovations intéressantes.

Dans le cas présent, elles sont essentielles, car permettent de donner une meilleure visibilité à ces formes de secondes carrières temporaires que constituent les fonctions très diversifiées, facteurs de professionnalisation, que peuvent occuper les enseignants dans les services éducatifs des institutions culturelles.  Cette circulaire définit à la fois les missions de ces enseignants, et les modalités de recrutement et d’évaluation des personnels enseignants qui y travaillent, après un appel à candidatures et une sélection opérée par une commission de recrutement qui tient compte de leurs compétences et de leurs motivations.

« - Pour les personnels du 1er degré, la commission comprend le délégué académique à l'éducation artistique et à l'action culturelle (DAAC), l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'Éducation nationale (IA-DSDEN), et le responsable de l'institution culturelle.

-    Pour les personnels du second degré, elle est composée du DAAC, d'un ou plusieurs représentant(s) des corps d'inspection disciplinaires (IA-IPR, IEN ET/EG) et du responsable de l'institution culturelle. »

La procédure retenue met la priorité sur l’exigence, au travers d’une lettre de mission signée du recteur d’académie qui en précise la nature, la durée et les objectifs. Tout comme ce qui se déroule lors d’un détachement, la personne est placée pour l’exercice de sa mission sous l’autorité de la structure d’accueil.

La circulaire apporte une dimension nouvelle : une valorisation des compétences développées, de l’investissement personnel et professionnel, pris en compte dans le parcours professionnel de l’enseignant, qui est invité à établir « un rapport annuel d’activité ».

Le texte rappelle aussi la création récente d’un « référent culture » par lycée, (cf. circulaire n° 2010-012 du 29 janvier 2010 publiée au Bulletin officiel spécial n° 1 du 4 février 2010), ce qui, pour les enseignants volontaires, peut constituer un premier pas vers d’autres missions.

Le même BOEN, via la note de service n° 2010-041 du 30-3-2010 s’attache à la valorisation des « parcours de carrière construits et maîtrisés » des personnels administratifs en précisant « les conditions de mobilité des personnels nommés sur les emplois fonctionnels administratifs des rectorats, des inspections académiques, de certains établissements publics locaux d'enseignement, des universités et du réseau des œuvres universitaires et scolaires. »

Nous avions déjà signalé ce site de concentration des publications retenu pour ces emplois d’encadrement qui est appelé à devenir le pendant, pour l’Education Nationale, de la BIEP :

http://www.evidens.education.gouv.fr/

Aide aux Profs tient à souligner le caractère très positif et constructif de ces circulaires, qui permettent enfin de constater que se développe progressivement un dispositif multi-facettes de parcours de carrière pour les personnels enseignants et non-enseignants au sein de la sphère éducative, riche en potentialités d’emplois et en perspectives de carrière, intégrant une vraie reconnaissance de la part de l’institution.

Néanmoins, pour les enseignants affectés dans les institutions culturelles, les missions décrites ici sont pour leur grande majorité rémunérées en vacations (HSE) en sus du temps statutaire au lieu de recourir à des allègements d’horaires comme il y a quelques années (sous forme de décharges de 3h à l’équivalent d’un mi-temps) : nous préconisons un retour à ce système bien plus synonyme de secondes carrières, puisque ces missions requièrent un fort investissement de la part des acteurs qui y sont retenus.



Quoi de neuf pour postuler sur un emploi en détachement ?

Enfin, ce BOEN signale des emplois accessibles à des enseignants en détachement auprès du CNDP, dont on peut retrouver le descriptif détaillé sur www.cndp.fr depuis la rubrique «     «  et de la Maison de la Légion d’Honneur.

Pour nos fidèles lecteurs en quête d’une seconde carrière, sachez que la plupart des recrutements académiques de CFC ont eu lieu pour les GRETA, tandis que la saisonnalité des publications d’emplois accessibles en détachement bat son plein…c’est le moment, si vous ne l’avez pas déjà acquis, pour prospecter auprès de toutes les structures qui en proposent, de vous procurer le 2e tirage qui vient de paraître (avec actualisation des derniers textes essentiels) de « Enseignant…et après ? Comment préparer et réussir sa seconde carrière » paru aux éditions www.lessavoirsinedits.fr et qui est désormais aussi diffusé dans tout le réseau des FNAC.



Luc Chatel lance de grands chantiers pour les années 2010-2011

Nous retenons cette phrase essentielle, preuve que la loi du 3 août 2009 fait prendre à l’ensemble des trois fonctions publiques un virage à 180° auquel les agents n’ont pas été suffisamment bien préparés : « Le statut permet aux agents un développement de carrière mais aussi de traverser plusieurs métiers et de favoriser une vie professionnelle variée : les agents publics ne font pas le même métier durant toute leur carrière. » Ces déclarations s’inscrivent en droite ligne du « pacte de carrière » présenté aux organisations syndicales par Luc Chatel le 9 mars 2010 :

http://www.secteurpublic.fr/public/article/luc-chatel[...]

Dans l’interview consacrée le 29 mars 2010 à VousNousIls.Fr Luc Chatel détaille ses projets pour les années à venir :

http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/ca_vous_parl[...]

Cependant, Aide aux Profs considère qu’un entretien de carrière après 2 ans, c’est trop tôt, tandis qu’à 15 ans de carrière, c’est trop tard, puisque les études réalisées par Georges Fotinos montrent bien (septembre 2006) que la démotivation et le découragement pointent vers 8,3 années. De plus, il va être très difficile de « tenir » la promesse d’un entretien à « 2 ans » puis à « 15 ans » la même année pour tous les personnels qui seront concernés, sauf en recrutant de nombreux CMC et en les affectant exclusivement à ces tâches.

Nous préconisons que ces entretiens professionnels fassent l’objet d’une délégation de GRH de proximité, et soient réalisés par le chef d’établissement dans le 1er comme dans le 2nd degré.

Luc Chatel insiste sur le développement du DIF pour les enseignants, reprenant quasiment à la lettre la préconisation réalisée à la fin de la conclusion de « Enseignant…et après ? » paru fin août 2009.

Fin mars 2010, dans le n°265 de Valeurs Mutualistes de la MGEN, Madame Josette Théophile, nouvelle DGRH de l’Education Nationale, émet aussi la volonté positive et constructive de développer un « dispositif d’information, de formation et d’accompagnement des parcours de carrière des enseignants », l’article situé pages 30-31 se terminant par la présentation du guide pratique que j’ai publié sur la question, à destination des 3,8 millions de lecteurs de ce bimensuel, n°1 de la presse spécialisée en France :

http://www.mgen.fr/index.php?id=1307

La GRH, dans le contexte des départs massifs en retraite des années à venir, est en pleine mutation, les entreprises publiques comme privées redoublant d’efforts pour s’adapter et transformer leurs méthodes d’approche, en mettant l’accent sur l’écoute, la motivation et l’accompagnement des personnes dans leurs parcours de carrière.

Valérie Chatel, DGA et RH de l’Administration Générale au Conseil Général du Nord s’exprime sur ce sujet dans la Lettre du Forum n°99 du 25 mars 2010 :

http://www.forumgv.com/IMG/pdf/Paroles_de_DRH_Valerie_C[...]



Le parcours de carrière exceptionnel de Jean-Claude Rouanet : de l’enseignement des Lettres aux missions et responsabilités captivantes d’Inspecteur d’Académie


Aide aux Profs a rencontré Jean-Claude Rouanet aux Colloques de l’Association Française des Administrateurs de l’Education (AFAE : www.afae.fr ) auxquels nous participons depuis 2 ans. Cette année, il animait l’un des ateliers de réflexion auxquels nous avons pu contribuer sur le thème général du colloque « équipe de direction, équipe enseignante ». Rapidement, un courant de sympathie s’est établi et Jean-Claude Rouanet a accepté de témoigner de son parcours, mais aussi de rejoindre le réseau de personnes ressources que nous constituons au sein de la sphère éducative pour épauler les projets de mobilité des adhérents de l’association.


Le parcours de Jean-Claude Rouanet a été d’une grande diversité, toujours dans un esprit de Service Public :


« Professeur certifié de Lettres Classiques au lycée André Maurois de Limoges en 1969-70, je pars en coopération pour mon service militaire en 1970-72 en Algérie au lycée d’EL Asnam, au titre de la coopération culturelle. De retour dans ma région natale, Midi-Pyrénées, je suis nommé au lycée Edmond Rostand de Bagnères-le-Luchon où j’enseigne le Français, le Latin et le Grec de 1972 à 1976 tout en animant un club théâtre et un club de foot. J’obtiens l’agrégation de Lettres Classiques.


En 1976, je décide d’orienter ma carrière vers des fonctions plus diversifiées, au carrefour de la pédagogie, en devenant Censeur au lycée technique d’Auch, spécialisé dans l’industrie et le bâtiment, jusqu’en 1980. De 1980 à 1982, le lycée Edouard Vaillant de Vierzon m’accueille comme Proviseur, puis de 1982 à 1984 je suis appelé à exercer les fonctions d’Inspecteur d’Académie Adjoint au Rectorat de Nancy-Metz : en 1982, on a détecté mon potentiel et ces fonctions m’ont été proposées.


En 1984, en pleines Lois de Décentralisation, le Conseil Régional de Lorraine m’accueille en détachement comme Directeur de l’Education. J’y reste 2 ans, en créant alors le 1er Schéma Prévisionnel de Formation (« quel projet éducatif pour la Lorraine ? ») et le Service Educatif.


En 1986, je deviens Inspecteur d’Académie, Directeur des Services Départementaux de l’Education Nationale (IA-DSDEN) en Ardèche, jusqu’en 1990, à Privat. Par la suite, en 1990-91, j’effectue une escale à Bourges comme Inspecteur d’Académie puis je réalise de nouveau un détachement de 4 ans dans un Conseil régional, cette fois dans la région d’origine, à Toulouse, de 1991 à 1994.


De 1994 à 2002, j’ai la chance de pouvoir demeurer plus longtemps dans cette belle région où j’ai alors commencé à cultiver quelques lopins de vigne, une autre de mes passions. J’occupe pendant 8 ans les fonctions de Chef du Service académique d’Information et d’Orientation (CSAIO) de Toulouse.


De 2002 à 2009, une dernière migration m’attire dans la Sarthe comme IA-DSDEN au Mans, et depuis le 1er octobre 2009 mon activité ne s’est pas ralentie avec la retraite, puisque je suis l’un des membres actifs de l’AFAE, du Bureau des Inspecteurs d’Académie, tout en publiant de temps en temps des articles pour l’Université du Mirail à Toulouse (j’avais réalisé ma thèse de Lettres sur Julien Gracq, encore l’une de mes passions !) tout en produisant quelques bouteilles de vin de mon hectare de vignes. »


Aide aux Profs tient à souligner à ce stade que le parcours de Jean-Claude Rouanet est incontestablement le plus diversifié que nous ayons eu à vous présenter depuis la création de cette rubrique « seconde carrière » depuis novembre 2006. Il illustre parfaitement la passion que l’on peut éprouver pour les fonctions très enrichissantes d’encadrement, à différents niveaux, au sein de l’Education Nationale, et les secondes carrières très diversifiées qui sont accessibles à ces personnels d’encadrement. La forte mobilité dont ils doivent faire preuve constitue aussi l’une des facettes de ces métiers, à la fois contrainte (pour l’environnement familial) et atout (en termes de découvertes de nouveaux environnements), nécessitant de fortes capacités d’adaptation.



Comment avez-vous réussi à concilier, durant cette itinérance, vos vies professionnelle et familiale ?


« Je suis marié depuis 40 ans, et nous avons élevé deux filles. Ce fut parfois difficile lors de leur adolescence, de ne jamais pouvoir se fixer très longtemps au même endroit, mais au final cette mobilité géographique a été un atout précieux, leur développant une grande capacité d’adaptation, grâce à la vision de contextes différents.

Pour ma part, cette mobilité, je la vivais déjà dans ma tête, j’avais envie de parcourir les différentes étapes de ma carrière de cette manière jusqu’aux fonctions d’Inspecteur d’Académie. »



Pourquoi avoir décidé un jour de « quitter les élèves » ?


« Pour les retrouver autrement, en fait : je ne les ai jamais quittés vraiment. J’ai continué d’animer des clubs, et même si j’ai quitté ma discipline d’enseignement, j’ai conservé un contact avec les élèves, pour leur apporter beaucoup plus sur le plan éducatif que didactique. Au-delà des cours, les élèves ont besoin d’autres réponses, et quand j’étais Censeur au lycée d’Auch par exemple, je m’occupais d’un internat de 450 élèves avec 4 Conseillers Principaux d’Education (CPE), ce qui a exigé une capacité d’écoute, de dialogue, d’accompagnement au quotidien. »



Quelle fonction avez-vous préférée ?


« IA-ISDEN car c’est la fonction la plus polyvalente, qui nécessite une régulation de la Maternelle jusqu’au bac, avec un investissement local, auprès de tous les ministères. Je me suis occupé de la prévention de l’absentéisme, des relations avec le Préfet, de l’Interministérialité, de la Revue Administration (de 2003 à 2008). J’ai eu à travailler sur les problématiques : « la sécurité et l’hygiène » et « l’action éducatrice » de manière active et volontariste. »



Quelles sont les missions et responsabilités d’un IA-DSDEN ?


« L’IA-DSDEN représente le Recteur dans son département. Ses missions et responsabilités sont très variées :

-     conduite de l’action de l’Education sur le territoire de son département,

-     gestion du 1er degré, des personnels, des moyens (ouverture et fermeture de postes, de classes quand c’est nécessaire, des décisions souvent difficiles à prendre), et des collèges, parfois des lycées, comme par exemple lorsque j’étais à Toulouse,

-     veiller au respect de l’obligation scolaire (de 6 à 16 ans),

-     s’assurer de la qualité de l’action éducative et pédagogique dans les établissements du département, en réalisant des visites pluri-hebdomadaires,

-     organiser son « collège » d’Inspecteurs de l’Education Nationale (IEN). Chacun a en charge une circonscription. Tous les mois l’Inspecteur d’Académie les réunit (dans le 2nd degré, les chefs d’EPLE sont les relais responsables et font appliquer les consignes ministérielles, académiques et départementales),

-     contribuer au « collège » des IA-IPR, un lieu pour réaliser différentes analyses, via des rapports de terrain,

-     participer à la conception des aspects des projets d’établissements portant sur les aspects disciplinaires par exemple,

-     travailler sur les contrats d’objectifs.


La charge de l’IA-DSDEN est assez complète, et on y réussit grâce à un réseau de relais fiables, une bonne organisation. »



Pouvez-vous nous décrire ce qu’était l’une de vos « journées-type » ?


« Je travaillais en général de 7h-7h30 le matin jusqu’à 20h30-21h le soir, avec un emploi du temps d’une grande variété :


Le matin :

-     débriefing avec l’équipe rapprochée sur ce qu’il s’est passé la veille dans l’Académie. Evocation de l’actualité brûlante avec les chefs de service,

-     découverte du courrier,

-     réunion à 9h-9h30 des commissions paritaires ou préparatoires à la prise de décisions ou à l’extérieur (par exemple avec le Préfet du Département ou de la Région)


L’après-midi :

-     visite d’une école, d’un collège ou d’un lycée de l’académie si cela n’avait pas été prévu le matin,

-     vers 17h, étude des questions résiduelles, et entretiens, audiences avec des personnels du 2nd degré,

-     réponses aux courriers, signatures,

-     concertation avec l’assistante de direction,

-     lecture des circulaires ministérielles,  conception des circulaires académiques,

-     courriers à destination des élus locaux, car la qualité de l’Ecole en dépend.


Le travail d’un IA-DSDEN comporte un volet important de communication, c’est un travail immense, qui exige un réseau fiable de relais.


Le soir :

-     de 18h à 21h, car la journée n’est pas terminée, il faut être disponible pour les représentants de parents d’élèves, pour les maires, pour définir aussi les tâches du lendemain, programmer celles des autres jours, en fonction des priorités et des imprévus quotidiens,

-     mise en ordre des dossiers personnels des personnels de Direction : il faut lire les rapports d’inspection de ceux du 1er degré. L’IA-DSDEN vise et arrête la note proposée par l’IEN.


L’IA-DSDEN a un travail de prospective aussi à réaliser, ce qui m’a permis pour ma part d’ouvrir des Unités Pédagogiques d’Intégration (UPI).


L’emploi du temps d’un IA-DSDEN ne s’arrête pas le vendredi soir, loin s’en faut :


-     le week-end, presque les deux-tiers de l’année (20 sur 36 en moyenne), nous réalisons des visites, pour des « opérations portes ouvertes », des inaugurations d’écoles, car l’IA-DSDEN a un rôle majeur à jouer, comme représentant délégué du Recteur, au milieu des personnes qui agissent au sein des différents maillons de l’Ecole dans le département.

-     Plusieurs fois par semaine, il faut se rendre du chef-lieu de département au siège de l’académie. Par exemple, lors de mon dernier poste, je réalisais la distance Le Mans-Nantes pour des commissions, avec à chaque fois 4 heures de trajet aller-retour, et des journées de travail souvent intensives (11h à 13h).


Globalement, être IA-DSDEN n’est pas un « travail administratif », cette fonction exige une très forte implication personnelle. On y est entouré d’experts au quotidien : chefs de service, secrétaire général, etc. »



Considérez-vous qu’il existe un fossé entre les fonctions d’enseignant et celles exercées au sein de l’administration ?


« C’est un vrai saut. La gestion de l’emploi du temps requière une grande rigueur. En tant qu’enseignant, on ignore bon nombre de procédures de fonctionnement de l’univers administratif, comme être ordonnateur, responsable des dépenses, même si dans la cadre de la direction d’un EPLE un intendant est là pour vous guider, vous épauler. Il faut se familiariser avec la méthodologie de la conception d’un budget, d’un compte financier, donc apprendre les principes de la LOLF et de ses Branches Opérationnelles de Programmes (BOP). Le cœur, avant tout, c’est l’enseignement, qui a un impact important dans les tâches de communication. »


Quelles sont les qualités indispensables pour réussir sur les différentes fonctions que vous avez occupées ?


« - D’abord, une grande ouverture d’esprit, un intérêt pour la chose éducative et d’autres choses,

- Ensuite, une grande capacité d’ouverture aux autres.

- En matière de communication, il faut être capable d’entendre et de restituer de manière fidèle, de s’informer, de trier l’information, ce qui mérite d’être répertorié.

- Posséder une bonne santé, morale et physique, intellectuelle.

- Faire preuve de déontologie par rapport aux valeurs que véhicule l’Ecole, avec l’égalité des chances, pour que le système éducatif puisse répondre autant que faire se peut à toutes les attentes et les besoins.


- la créativité est l’un des aspects importants de ces fonctions : lancer des expérimentations, des réponses adaptées, prendre en compte la nécessité de donner des réponses diversifiées, de moderniser

- être présent auprès des autres, être force d’encouragement pour les chefs d’établissement, car « lIA-DSDEN n’est pas que pour couper tout ce qui dépasse » (rires).

- on prolonge aussi la formation initiale des chefs d’établissement sur le terrain, ce qui nécessite un regard empathique, une volonté de les aider à faire face, à agir au quotidien. C’est un travail d’accompagnement, de management d’équipes. »



Quelles étaient vos missions et responsabilités quand vous étiez CSAIO ?


« D’abord, en arrivant sur cet emploi, je n’avais pas d’expérience comme conseiller d’orientation ni comme IEN en Information et Orientation, mais j’avais été deux fois Inspecteur d’Académie et professeur délégué à l’information et l’orientation quand j’enseignais. Quand j’étais professeur à Bagnères-de-Luchon, l’ONISEP venait de naître. Le parcours de carrière naturel dans le domaine de l’orientation était alors d’être d’abord CIO, puis IEN puis CSAIO.


Les responsabilités sont là aussi immenses dans ce type de fonctions. Il faut coordonner dans chaque département (huit en Midi-Pyrénées !) l’action des IEN chargés de l’orientation auprès des élèves ayant besoin d’information pour des choix d’orientation. Le système éducatif français permet ce pilotage, car il est d’une arborescence rare.


La fonction de CSAIO suppose aussi de savoir dialoguer avec les différentes branches professionnelles pour élaborer des contrats d’études professionnelles (dans la bâtiment, l’industrie mécanique, etc.), de connaître les besoins en qualifications, de réaliser de la prévision, de la prospective. J’ai signé pour ma part plus de 20 contrats d’objectifs.


Il faut aussi diffuser de la documentation aux familles (brochures ONISEP par exemple), et à ce titre le CSAIO remplit aussi les fonctions de Délégué Régional à l’ONISEP en étant l’un des adjoints de l’IGEN délégué à l’ONISEP, en étant directeur éditorial, dans son académie, des publications à réaliser.


Enfin, le CSAIO est aussi l’un des conseillers du Recteur de l’Académie. J’avais à ce titre lorsque j’étais en poste à Toulouse élaboré une charte de l’information et de l’orientation pour donner aux EPLE la marche à suivre pour travailler en concertation. »



Qu’avez-vous retenu de la fonction de chef d’établissement en collège ou en lycée ?


« Evoluer des fonctions d’enseignant vers chef d’établissement est un bon choix de carrière, car l’établissement est un lieu d’action où se joue la réussite de tous les élèves, où il faut être inventif, créatif, réactif au quotidien, c’est une vie professionnelle pleine d’imprévus. C’est le métier le plus gratifiant sous cet angle là, et qui exige un fort investissement personnel, avec une équipe d’enseignants au même diapason pour accompagner la réussite des élèves. Le rôle du chef d’EPLE est de savoir mobiliser les enseignants justement, d’être un bon manager, de savoir motiver, valoriser les compétences multiples et complémentaires qui peuvent interagir au sein d’un collège ou d’un lycée. »



Quelles étaient vos responsabilités lorsque vous étiez « Directeur de l’Education » au Conseil Régional ?


« J’étais alors « Monsieur Education ». J’étais chargé de d’apporter des avis, des conseils, d’assurer les fonctions de délégation du Président et du vice-président, de négocier des contrats, des devis, des marchés… Je devais pourvoir à l’équipement des établissements, pour assurer leur rénovation en temps utile, leur restructuration quand c’était nécessaire, et pour programmer les constructions nouvelles.


Dans cet emploi, il est aussi question de pédagogie, car lors du dialogue avec les architectes, on met en œuvre son expérience d’enseignant, en concevant sur le papier le nombre de salles nécessaires au bon travail des professeurs sur le terrain, ou pour déterminer quel doit être le bon emplacement du Centre de Documentation et d’Information (CDI) dans l’établissement scolaire. On est amené à définir le nombre de salles que doit contenir l’établissement, les activités qui y seront pratiquées, en concertation avec les ingénieurs du bâtiment. »



Quel regard portez-vous sur Aide aux Profs, que vous connaissez depuis deux ans au travers de nos deux rencontres aux colloques de l’AFAE ?


« Du bien. Il faut quelque chose qui réponde aux questions des professeurs qui croient qu’ils sont sur les mêmes rails à vie. Ils ont besoin eux aussi de perspectives, et votre association doit être pluraliste dans ce domaine. Cette question des parcours de carrière préoccupe aussi le Ministère de l’Education Nationale, et un rapprochement me semble souhaitable afin d’apporter des solutions. Votre dispositif associatif permet de remotiver les gens, de faciliter la réflexivité, les retours en arrière sur soi, sur son parcours de carrière. »



Par rboyer , le jeudi 15 avril 2010.

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