Réaliser une VAE pour évoluer professionnellement, c’est possible 

Lors de l’assemblée générale annuelle d’Aide aux Profs, Paul Quénet, DAFCO de Caen (cf. Café du 15.10.2008) est venu nous entretenir des possibilités de Validation des Acquis de l’Expérience pour les enseignants. Lundi 13 octobre 2008, les ministres de l’Education Nationale et de la Fonction Publique ont justement mis en route la réforme du recrutement de la formation des enseignants, en introduisant la VAE pour faciliter les changements de fonction des enseignants.


A l’heure où la Loi Woerth sera bientôt présentée devant les députés, afin de flexibiliser la mobilité des fonctionnaires, et qui plus est celle des enseignants tout au long de l’année, la VAE est l’un des dispositifs facilitant cette mobilité.


Réaliser une VAE signifie que les compétences professionnelles peuvent être acquises par la pratique et pas nécessairement par la formation. Ainsi, l’évaluation des compétences construites par l’activité professionnelle permet par la VAE la délivrance d’un diplôme. Il est ainsi possible de présenter tout diplôme professionnel, c’est-à-dire qui conduit à une insertion dans l’emploi.

Trois années d’expérience dans le métier constituent la condition permettant d’amener à la validation du diplôme. La VAE peut délivrer tout titre ou diplôme contenu dans le Répertoire National de Certification Professionnelle (RNCP), soit, pour l’Education Nationale, 650 diplômes distincts. Tous les diplômes universitaires, soit plusieurs milliers, sont en théorie ouverts à la VAE, ce qui constitue un véritable choc culturel.


Comment conçoit-on une certification ?


Dans un premier temps, pour relier les compétences de la personne au diplôme professionnel, un référentiel des activités professionnelles est écrit. Il en est déduit un référentiel de certification en deux parties : les unités qui constituent le diplôme (distincts des enseignements) et un mode d’évaluation ponctuel. Jusqu’à cette étape les modalités de formation ne sont pas récisées. Elles le sont ensuite dans un référentiel de formation. Mais la VAE n’a pas à considérer ce dernier référentiel. Seul celui des activités professionnelles et les unités constituant le diplôme sont à prendre en compte.


Quel est le déroulement d’une VAE ?


A)        Première étape : la recevabilité (livret 1)

1.         permet de prouver que le candidat a exercé trois années cumulées un métier en relation avec le diplôme, sur un temps plein de 35 heures ;

2.         un engagement associatif peut entrer en ligne de compte ;

3.         cela permet de détecter les gens trop ambitieux (souhaitent un Master alors qu’ils ont un niveau bac par exemple) ;

4.         cela permet de se rendre compte parfois que les personnes visent un diplôme trop différent de leur spécialité professionnelle


B)        Deuxième étape : la recevabilité est prononcée (Livret 2)

5.         cela signifie que le Recteur, à travers ses services, a estimé que l’expérience professionnelle du candidat correspond au diplôme demandé ;

6.         le candidat est autorisé à rédiger le livret n°2, en décrivant son expérience à partir de différentes situations de son activité professionnelle, pour couvrir la totalité du référentiel de certification du diplôme ;

7.         ce travail demande généralement 2 à 3 mois : c’est un travail de retour sur soi, de prise de recul, de rédaction ;

8.         c’est aussi un travail où le candidat peut être initialement accompagné par un expert du diplôme afin de savoir ce qu’il doit mettre en avant ;

9.         Pour les diplômes non universitaires, il peut être également accompagné dans la rédaction du livret et en particulier pour le passage de l’expérience, réelle vécue, à l’écrit qui la transcrit.


C)        Troisième étape : la validation par le jury


10.       le jury prend le livret n°2 et le lit, en analysant les descriptions à l’aide de grilles permettant d’inférer la compétence à partir de l’activité, ces grilles permettent de positionner le candidat pour chaque unité en A, B, C , D, de la parfaite maîtrise à l’absence de la compétence ;

11.       le jury va prendre une décision avec trois possibilités :

a)         validation totale ;

b)         validation partielle : seule une partie des unités du diplômes sont validées, elles le restent 5 ans ;

c)         pas de validation (si c’est le cas, il faut réinterroger l’amont du processus : était-ce le bon niveau de diplôme ? La bonne spécialité ? Comment s’est passé l’accompagnement ?)


Si le jury estime qu’il n’a pas assez d’informations, il peut demander à rencontrer le candidat pour un entretien qui n’est pas une “épreuve orale”. Le candidat peut aussi demander à rencontrer le jury. Pour les diplômes du ministère en charge du secteur sanitaire et social, cet entretien est systématique.


Il existe une logique de compensation pour les diplômes de l’Education nationale lors d’une délivrance après des épreuves ponctuelles : un 16 en math peut compenser un 4 en anglais dans la moyenne générale. Ce principe est repris pour la VAE même s’il n’y a pas de notes et de coefficients. Mais une prise de décision collective du jury à partir des positionnements faits à la lecture du livret 2 ou à la suite de l’entretien est possible. Pour l’Académie de Caen en 2008,  62,5% des candidats ont obtenu une validation totale, 30% une validation partielle et 7,5% n’ont pas été validés, ce qui constitue dans l’ensemble une réussite du dispositif.


Ensuite, le candidat a cinq années devant lui pour valider le diplôme s’il y a eu validation partielle. Si la compétence existe et a été mal décrite, une nouvelle VAE est possible. Le candidat doit alors reprendre partiellement l’écriture du livret 2. Cela peut signifier une nouvelle VAE ou une VAE via une formation (épreuve ponctuelle finale ou contrôle en cours de formation).



Comment passer d’une VAE à une seconde carrière ?


Toute démarche de VAE comprend un amont et un aval : il s’agit de valider une expérience pour favoriser un projet professionnel. Il est possible de réaliser une VAE avant la seconde carrière et dans une seconde carrière.


Quelles sont les secondes carrières autres que les voies classiques (inspection, direction, conseiller en formation continue,…) ?


1)         Les débouchés de type administratif : l’administration publique est en effet source d’emplois, tant dans l’Education Nationale que dans les autres ministères ou les collectivités locales. La Loi Woerth va permettre de renforcer ces possibilités.

2)         Les métiers accessibles avec des compétences professionnelles (ex : un professeur d’économie et gestion peut devenir consultant ; un professeur de Sciences et Techniques Industrielles peut devenir ingénieur).

3)         Si les compétences techniques diverses de la personne se situent en deçà de son niveau de diplôme, il peut y avoir déclassement (passage d’un corps de catégorie A à un métier de technicien par exemple)


Comment mener son projet de seconde carrière ?


Il est important d’avoir une idée de ce que l’on veut faire, et rencontrer des gens qui exercent le métier que l’on envisage. En effet, le métier que l’on imagine peut être très différent du métier réel. C’est une question d’auto-évaluation, de projection de ses compétences, et il est important de faire le lien lors d’un entretien, ou lors d’un bilan qui peut se dérouler à distance (association Aide aux Profs par exemple) ou en présence (cellule de seconde carrière d’une académie).

La VAE ne doit pas être confondue avec un bilan de compétences (BC).

Faire une VAE, c’est conscientiser ses compétences. Les personnes sont plus efficaces dans leur travail en faisant un état de tout ce qu’ils savent faire.


Peut-on faire une VAE quand on a changé de métier ?


Bien entendu, il faut penser cette étape dans le processus de sa seconde carrière :

a)         Revenir sur l’évaluation de ses compétences les renforce,

b)         Cela permet d’établir une légitimité dans sa nouvelle activité, pour renforcer l’affirmation de soi envers soi-même, ses collègues, ses subordonnés. Certaines entreprises poussent ainsi des BTS anciens qui encadrent de jeunes ingénieurs à valider un diplômes d’ingénieur par VAE.


Il faut remarquer que pour l’Education Nationale, et la Fonction Publique en général le concours et le corps priment sur le diplôme, ce qui limite la portée de la VAE pour ce qui est de la progression de carrière. Cependant, outre l’estime de soi et la conscientisation des compétences, la VAE est aussi un moyen de sortir de la Fonction Publique.


Quels sont les autres emplois dans l’Education Nationale qui permettent de réaliser une seconde carrière ?

12.       Chef d’établissement (école, collège, lycée, lycée professionnel, CFA, GRETA)

13.       Inspecteur (dans le Primaire ou le Secondaire)

14.       Conseiller en Formation Continue (CFC)


Le CFC est un métier de projets. Il favorise la mise en œuvre de la formation continue des adultes dans un GRETA (Groupement d’établissements). Le CFC va aller à la recherche de clients : conseils généraux, conseils régionaux, Pôle Emploi (ex-Anpe), direction régionale du Travail, entreprises du bassin d’emploi que le CFC a en charge.

Le CFC tisse des liens, c’est un métier très diversifié où l’on ne s’ennuie jamais, mais où il faut aussi faire preuve de disponibilité, d’autonomie, de rigueur, de responsabilité, de loyauté, de probité, de fiabilité, de créativité. Le métier de CFC devient de plus en plus une fonction de passage vers d’autres choses, car on y acquière beaucoup de compétences en peu de temps.

Par exemple, s’agissant d’un CFC recruté par un Conseil régional :

a)         Il s’occupe de la formation continue dans les entreprises

b)         Il y développe aussi la VAE (compétence d’information-orientation des adultes des Régions).


Il existe aussi beaucoup de postes de chargés de mission dans les rectorats :

- pour travailler sur la formation des enseignants (ex-DAFPEN)

- sur les TICE

Ce sont des postes d’opportunité, il n’existe pas véritablement de politique générale.


Parfois, un GRETA peut aussi avoir besoin d’une personne pour faire du coaching en entreprise.


Il existe beaucoup de postes dans les collectivités territoriales, le conseil général (CG) et le conseil régional (CR) notamment, et les communes.

Beaucoup d’enseignants qui sont allés vers les CG et les CR ont été employés dans les services éducatifs en détachement de 3 ans renouvelables une fois. L’expérience d’Aide aux Profs, qui a déjà accompagné des enseignants vers ce type d’emploi, montre que la personne peut être intégrée dès la troisième année dans un emploi de la Fonction Publique Territoriale (FPT) sans concours.


Si l’on souhaite changer de métier, il faut être actif, c’est ce que nous enseignent les différents témoignages recueillis depuis plus de deux ans sur la rubrique « seconde carrière ». Il faut aller de l’avant, car ce ne doit pas être une fuite, un renoncement à quelque chose que l’on ne supporte plus, mais un vrai choix, un projet, quelque chose de nouveau, de plus riche.

Tout recrutement, que ce soit dans la FPT ou le Privé, a pour but de résoudre un problème. Le recruteur attend que le recruté lui apporte des solutions et pas de nouveaux problèmes. Il va d’abord regarder la personne à travers ses compétences, ce qu’elle est en mesure de lui apporter pour dynamiser sa fonction, dans l’intérêt de l’organisation.


Comment est réalisée l’information sur les emplois disponibles au sein de rectorats ?


L’information est diffusée dans tous les Etablissements Public de l’Etat (EPLE), affichée en salle des professeurs. Ces emplois supposent souvent d’être mobile géographiquement.

Le service centralisateur des demandes est la Direction des Ressources Humaines (DRH), qui gère tous les personnels de l’Académie. S’il s’agit de la formation continue des adultes, ce sont les services de la DAFPIC ou DAFCO qui s’en occupent, et pour l’innovation, le service innovation (cf. interview de François Müller sur le Café).


Il est toujours possible d’adresser une candidature spontanée à la DRH, soit directement, soit par la voie hiérarchique (par le chef d’établissement ou l’IA-IPR ou l’IEN ET/EG de sa discipline). On peut aussi, lors d’une inspection, en parler directement à son inspecteur.


L’enseignant, de part son statut, peut aussi réaliser des activités ponctuelles, sans doubler son salaire. Sont rangées dans ces activités les publications et ouvrages rémunérés en droits d’auteur, les vacations (cours à l’université, corrections de copies au CNED, conception de chapitres pour un éditeur scolaire dans le cadre des nouveaux programmes, etc.). Sauf pour les publications, il est obligatoire d’obtenir de son administration une autorisation de cumul, de la responsabilité du supérieur hiérarchique, généralement le chef d’établissement.


Créer son entreprise ?


C’est possible dans le cadre énoncé par les décrets 2007 (cf. les précédentes rubriques seconde carrière sur le Café). La procédure actuelle veut que l’absence de réponse de l’administration à la demande d’autorisation soit considérée comme un accord de principe. Au-delà du 61e jour à compter de le réception de la demande (penser à le faire avec recommandé en avis de réception pour en garder trace), l’administration n’a plus le droit de s’y opposer. Il est donc important de réaliser cette démarche bien en amont de son projet de création d’entreprise. Il est possible de contacter le service de la DRH pour obtenir un avis préalable à la demande.


Et le dispositif de « seconde carrière » développé par le ministère, comment fonctionne-t-il ?


Une commission composée avec les employeurs potentiels et le/la DRH examine les candidatures. Les postes proposés par la seconde carrière sont souvent des postes administratifs d’attachés, de chargé de mission, de gestionnaire, etc. Le dispositif s’ouvre de plus en plus vers les postes en détachement, qui permet de contourner la « logique de concours », puisqu’il devient possible d’être intégré dans le corps à une échéance de trois ans.

Un détachement dans le corps des IA-IPR est possible, avec une entrée dans le corps progressive, mais il faut au préalable être proposé par les inspecteurs de la discipline.


Pour devenir IA-IPR en Administration et Vie Scolaire (AVS), c’est un peu différent : cette fonction est aussi une voie de promotion pour les chefs d’établissements. L’IA-IPR en AVS va en effet évaluer le fonctionnement des établissements et le travail des Conseillers Principaux d’Etablissement (CPE) et des documentalistes. C’est donc un spécialiste de la vie des établissements scolaires et le jury valorise une expérience en ce sens.

Pour approfondir, consultez ces sites:

http://www.vaeguidepratique.fr/ 

http://www.vae.gouv.fr/

http://www.education.gouv.fr/cid1106/fonctionnement-de-la-v.a.e.html


Sur le site du Café

Par rboyer , le jeudi 15 janvier 2009.

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