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En classe : Montreuil 2013 : L’école de Christelle Blot : des CM2 et des 6èmes critiques littéraires 

Le Café poursuit son exploration de l’ancrage pédagogique du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de la Seine-Saint-Denis avec une expérience remarquable. Rencontrer Christelle Blot est une plongée dans le dynamisme créatif, un bain de jouvence pour l’école. Cette professeure de français au collège Louis Braille à Esbly (77) est tombée elle-même enfant dans la marmite du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse et aujourd’hui elle entraîne ses élèves dans les allées du Salon et les méandres de la création littéraire numérique.

 

Vous vous rendez au Salon de Montreuil avec vos classes depuis des années. Quelles sont motivations ? 

 Mon établissement est un collège de taille importante incluant une section SEGPA ainsi qu’une Unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS). Il accueille des élèves de plusieurs communes et villages environnants. Depuis quatre ans, ma collègue Magali Erlich, enseignante en CM2 à Coupvray, et moi-même menons des projets communs dans le cadre d’une liaison inter-degré. Cette année, nous avons été retenus pour une participation au prix Tam-Tam. Deux autres classes se sont jointes à nous : une autre classe de sixième en partenariat avec une classe de CE2.

Nous avons fait le constat d’une perte de lecteurs entre la 5e et la 4e. A cet âge-là, ils sont nombreux à abandonner la lecture, même parmi les plus gros lecteurs. De plus, dans le cadre d’une véritable liaison élémentaire-collège, les enseignants des écoles élémentaires nous notifient le niveau de lecture des élèves ainsi que leurs difficultés avant l’entrée au collège. Face à ces défis, nous avons décidé de lancer des actions ponctuelles pour envisager la lecture sous toutes ses formes et ce dès la sixième avant que le processus de perte ne soit enclenché.

 

Comment s’articule votre projet avec le SLPJ ?

Tous les ans, j’emmène mes élèves au Salon et on fait le prix Tam-Tam. Ce sont des éditions plus rares avec des illustrations plus attrayantes. Nous n’avons plus de librairies spécialisées et ces ouvrages sont difficiles à trouver dans les librairies généralistes, c’est pour nous l’occasion de découvrir de nouveaux éditeurs et auteurs auxquels les élèves n’ont pas forcément accès. Nous donnons la bibliographie aux parents pour encourager la dynamique de lecture plaisir et enrichir l’acte de vote des élèves. Nous complétons la participation au prix Tam-tam par une démarche plus longue et plus profonde avec le prix des Incorruptibles pour ouvrir au monde de l’édition et expliciter l’intérêt des prix décernés à un auteur dans le processus littéraire. Au Salon, le prix Tam-Tam ne s’arrête pas au vote mais se poursuit par un parcours entre les allées à la découverte des auteurs, illustrateurs et éditeurs de la sélection.

Chaque élève doit motiver son vote selon des critères précis : choix d’un personnage, d’un sujet ou encore d’un passage. Ce travail n’est pas noté mais chaque enfant dispose de son carnet de lecteur permettant à chacun de lire à sa vitesse.

D’année en année, nous constituons des mallettes de lecture en y ajoutant les anciennes sélections du prix Tam-Tam. Nous avons ainsi réussi à créer par exemple une malle lecture pour les sixièmes d’une soixantaine d’ouvrages.

 

Comment se poursuit le projet littéraire au-delà du Salon ?

L’approche de la lecture et de l’écriture littéraire se décline sous différentes modalités.

Pour le volet média, nous avons fait une demande classe média au CLEMI pour laquelle nous avons retenu trois axes : photographie, écriture journalistique, pour faire une gazette des contes, et l’étude d’une publicité. Par exemple, pour retracer le chemin entre l’élève d’hier et l’élève d’aujourd’hui dans une démarche expérimentale où les élèves manipulent eux-mêmes, nous avons démarré avec le sténopé pour arriver au numérique. Madame Stéphanie Tur, professeure documentaliste participe au projet et intervient à la fois au collège et à l’école élémentaire. Nous souhaitons aussi qu’à terme les élèves maîtrisent eux-mêmes la communication du collège sur grand écran : menu, anniversaires, sorties, réunions, vie des clubs du collège ou encore les encouragements. Après le Salon, nous avons rendez-vous au Festival de la BD à Angoulême auquel nous participons depuis des années et où nous sommes régulièrement présélectionnés. Cette année, les élèves vont couvrir l’événement en tant que journalistes !

Pour le volet littéraire, le conte est au programme à la fois en CM2 et en sixième. Ma collègue Magali Erlich, enseignante en CM2, a obtenu de la mairie une dotation de quatre tablettes et grâce au partenariat avec la Médiathèque du Val d’Europe, un animateur média nous assiste dans la mise en place d’un projet de littérature augmentée. Chaque binôme sixième-CM2 écrit un conte à 4 mains. Ils  doivent respecter le schéma narratif linéaire et choisir dans leur texte des mots-balises. Ces mots sont cliquables et donnent lieu à une autre dimension de lecture : photographie, illustrations, reportage informations documentaires. Cette littérature augmentée multiplie les portes d’entrée dans l’histoire et la rend interactive. L’objectif est que nos élèves soient acteurs de leur lecture et de leur écriture, qu’ils soient des critiques et des élèves autonomes. In fine nous aurons couvert de multiples écritures et genres littéraires.

 

Vos élèves ont-ils fait une expérience proprement littéraire au Salon ?

Lors d’une visite antérieure, mes élèves et moi avions à notre programme une rencontre avec un illustrateur portugais et sa traductrice. Je redoutais une situation de non-communication absolue. Et là, nous avons découvert que certains élèves étaient lusophones. La conversation s’est enclenchée et l’illustrateur leur à tous demandé de dessiner leurs peurs. Les échanges sont devenus intenses et ouverts. C’était une rencontre créative à partir d’un dialogue impossible au départ.

 

Propos recueillis par Ange Ansour


Sur le site du Café


Par fjarraud , le lundi 16 décembre 2013.

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