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Rythmes : Quand les profs sont entre eux... 

Comment les professeurs des écoles vivent-ils vraiment cette rentrée ? Que disent-ils quand ils sont entre eux ? Samedi 5 octobre, à l'appel du Snuipp, une cinquantaine d'enseignants du secteur Chatillon - Clamart - Fontenay (92) ont échangé sur les réunions de rentrée et les programmes. Mais, même dans ce département où aucune commune n'applique la réforme des rythmes en 2013, ce sont les rythmes scolaires qui occupent les esprits. Avec un autre sujet plus traditionnel : l'encadrement tatillon exercé par les inspecteurs.


"Il vous reste 32 mercredis". La dernière phrase prononcée lors de la réunion organisée par le Snuipp pour les enseignants du secteur Clamart - Chatillon - Fontenay (92) donne le ton. Durant 3 heures, les enseignants ont échangé sur tous les sujets de préoccupation mais en premier lieu des rythmes scolaires.


"On a voté contre la réforme Darcos", rappelle Edmond Philippart, qui anime la réunion avec deux autres élus Snuipp, Patrick Pelloux et Stéphane Koper. Face à ces trois hommes, déjà bien installés dans le métier, une cinquantaine de professeurs, très majoritairement des femmes, allant de débutantes à des enseignantes proches de la retraite. "Mais dans l'application réelle de la réforme on ne s'y retrouve pas", ajoute E Philippart. Il regrette que els conseil d'école ne soient pas entendus et souligne les conséquences financières. "Dans un département où les enseignants ne peuvent pas se loger, travailler le mercredi matin c'est engager des frais de transport. Il faudrait que ce soit pris en compte". Personne dans la salle ne mentionne la nouvelle prime accordée par le ministre. Versée partiellement seulement en décembre, elle n'est pas encore dans les têtes.


Un autre argument s'invite dans la discussion. "On ne pourra pas imposer aux communes de nous laisser les salles de classe", affirme une enseignante". "Ce ne sont pas les notres", répond une autre. "A Paris, les  activités périscolaires ont lieu dans les classes et les enseignants récupèrent les classes dans un état...", reprend une troisième. "Mais à quoi ça sert de laisser les  enfants enfermés dans les salles de classe", interroge une quatrième. L'idée que les classes soient utilisées hors de leur présence, est mal vécu par la plupart des enseignants présents.


Les enseignantes rendent compte des réunions avec les mairies. "Les maires auront de toute façon le dernier mot", assure-t-on. Dans les communes où il y a eu vote de la population , les voix des parents, favorables aux nouveaux rythmes, pèsent plus que celles des enseignants. "Si les maires préfèrent le mercredi matin plutôt que le samedi c'est aussi parce que ça permet d'économiser les activités du mercredi matin", remarque une enseignante". "On était content d'avoir le week end", reconnait un élu Snuipp. "Aujourd'hui quand les enseignants votent, les anciens préfèrent travailler le samedi mais les jeunes souhaitent le mercredi".


La consultation sur les programmes, celle sur l'éducation prioritaire sont évoquées par les enseignants. Au total c'est trois réunions de trois heures qu'il faut envisager. Comment les insérer dans l'année ? "Ca ne tiendra pas alors que le calendrier des réunions d'école est déjà envoyé", prédit E Philippart. "On a proposé d'utiliser le 13 novembre", une journée de récupération de la pré-rentrée. "Mais c'était trop simple, l'inspection n'a pas voulu". Les élèves viendront en classe donc le 13 novembre un mercredi après-midi où ils n'ont pas cours mais il seront libérés un autre jour où ils auraient du avoir classe. "Le ministre parle de bienveillance, de ne pas tout contrôler. Il n'est pas beaucoup entendu". Déjà le contrôle s'opère sur les APC, un nouveau dispositif d'aide, les réunions d'équipe, les réunions de concertation. L'encadrement tatillon continue. C'est aussi ce qui amène la phrase finale. "Il vous reste 32 mercredis. profitez en !".


François Jarraud



A Grenoble, il faut "se laisser le temps de l'installation"

Un mois après la rentrée, les rythmes scolaires sont devenus une enjeu politique. Mais que se passe-t-il réellement sur le terrain ? Paul Bron, adjoint au maire de Grenoble, construit un bilan contrasté. Depuis la rentrée, les 12 600 écoliers de la ville étrennent de nouveaux rythmes. A Grenoble, toutes les écoles n'ont pas exactement les mêmes horaires. La matinée commence entre 8h30 et 9h selon les écoles. Elle comprend 3 heures de cours. Suit une pause méridienne durant 1h45 à 2h15, et encore 2 heures de cours. Les classes s'arrêtent à 16 heures. Le relais est alors pris par les activités périscolaires (payantes) ou l'étude, rebaptisée "accompagnement scolaire", ou encore "Récréactive", un nouveau concept où l'enfant circule librement entre des ateliers calmes (lire des contes, atelier philo etc.). Quel impact ont-ils sur l'école ? Quels problèmes rencontre la ville ? Pour Paul Bron, l'articulation de cultures professionnelles dans les écoles génère des frictions. Tout n'est pas encore bien calé. Mais "il faut réussir le changement"...


Pourquoi des horaires différents selon les écoles ? Et pourquoi la régularité des activités périscolaires tout au long de la semaine ?


En fait les écoles avaient déjà installé des rythmes différents spontanément. La raison tient en fait à la cantine : il faut plus ou moins de temps pour faire déjeuner les enfants selon les écoles. La régularité est volontaire. Avoir des jours plus courts et d'autres plus longs c'est aller contre l'équilibre des rythmes de l'enfant. Et ca équivaudrait à rendre le périscolaire obligatoire de fait, ce qui ne me parait pas souhaitable.


Quel bilan faites-vous de ce premier mois des nouveaux rythmes scolaires ?


Apres un mois de fonctionnement nous pouvons faire un premier point d'étape. Le constat essentiel porte sur  l'augmentation significative des enfants pendant le temps périscolaire après l'école (entre 5% et 50% selon les écoles et les communes). C'est incontestablement un aspect positif qui correspond à un réel besoin de garde des familles en dehors des 24h hebdomadaires d'école. L'information nouvelle et massive faite aux parents quant à la réforme, la sortie anticipée plus tôt dans l'après midi et l'offre d'activités nouvelles et de meilleure qualité ont aussi contribué à cet engouement.


Cependant l'augmentation de la fréquentation des temps périscolaires n'est pas sans nous renvoyer certaines questions que nous examinerons dans le cadre du Projet Educatif de Territoire. Les nouveaux temps scolaires sont-ils adaptés aux plus petits ? Comment atténuer la présence lourde des enfants en collectivité pendant la journée et éviter une surconsommation d'activités ?


Les communes ne peuvent pas poser des règles coercitives car elles doivent permettre le libre accès de tous. La responsabilité de bien équilibrer la journée de l'enfant relève avant tout des familles et chaque partenaire doit pouvoir jouer son rôle éducatif. Par contre, la ville, en collaboration avec les enseignants, peut inciter les parents des plus petits à  rechercher, dans la mesure du possible, une autre organisation , un autre mode de garde. Pour les plus grands et ceux qui n'ont pas d'autres choix, il nous faut organiser après l'école, une diversité d'ateliers qui intègrent absolument des temps calmes et respecter la place distincte de chaque professionnel. Une évaluation de cette nouvelle organisation permettra de mieux équilibrer ces activités en fonction de chaque enfant, voir de réajuster certains horaires.


Le périscolaire est payant. Cela ne réduit pas d'autant l'offre ?


Avant on avait des activités PEL déjà payantes. On les a multiplié par dix de façon à répondre à la demande. Les tarifs restent très bas : de 1 à 12 euros par mois. Il s'agit d'activités menées avec des spécialistes. 


Comment trouvez-vous les animateurs ?


Le deuxième constat concerne le besoin crucial d'animateurs. L'augmentation de la fréquentation et la baisse des taux d'encadrement, impliquent l'embauche d'un nombre importants d'intervenants. En effet, la plupart des villes appliquent maintenant les consignes d'encadrement proposées par le Ministère Jeunesse et Sport ( 1/18 en élémentaire et 1/14 en maternelles) alors qu'il n'existait auparavant aucune norme précise. Ceci est un progrès qu'il faut souligner car il améliore la qualité de la gestion du groupe d'enfants.


Pour l'instant, le marché de l'emploi ne dispose pas suffisamment de personnes qualifiées. Nous nous appuyons sur les enseignants volontaires et sur le personnel municipal compétent dont les Atsem en maternelle, et nous devons trouver de nouveaux animateurs. Dans une ville comme Grenoble par exemple, nous avons engagé un partenariat avec les universités afin de pouvoir inclure un parcours salarié ou indemnisé d'étudiant dans son cursus universitaire. Il y a là une véritable niche d'emploi qui concernera bientôt toutes les communes qui engageront la réforme en 2014. Les fédérations d'éducation populaires, l'Etat et les collectivités territoriales se mobilisent pour proposer une formation qualifiante adapté.


Quel impact sur l'école ?


Le troisième constat est d'ordre organisationnel. La mise en œuvre de nouveaux temps périscolaires change le fonctionnement classique de l'école et les rapports entre les professionnels : enseignants, Atsem, animateurs… Il est nécessaire de  stabiliser les listes d'enfants, sécuriser les sorties de l'établissement, organiser les transferts d'activités, mutualiser une partie des locaux et du matériel, assumer les absences... La meilleure garantie repose sur l'implication réelle des directeurs et des enseignants et la mise en place d'animateur référent dans chaque école qui anime l'équipe périscolaire. Des cultures professionnelles se confrontent, il faudra du temps et un partenariat assumé pour que l'articulation des temps de l'enfant dans la journée, soit partagée par les acteurs éducatifs.


Quelles perspectives pour Grenoble ?


Le Projet Educatif de Territoire s'installe doucement. Encore sous la dépendance du Rectorat qui le valide, il devra s'assouplir afin de donner une place à tous les acteurs et permettre un suivi et une évaluation de la réforme. Le problème du pilotage et de la gouvernance de l'ensemble des temps de l'enfant à l'école se pose. Quelle est la mission et le statut du directeur, le conseil d'école a-t-il un rôle nouveau à jouer, quelle sera la place et le rôle des associations partenaires et de la ville ?


Enfin il est vrai que cette réforme coûte cher aux collectivités locales. Nous avions estimé ce coût à 150€ par enfant et par an. Celui-ci est justifié dans les faits. Il est même supérieur dans des villes comme la notre, qui ont assumé en plus, le principe "d'autant d'atsem que de classes" et l'embauche et la fonctionnarisation de 37 animateurs référents. On est à 220 euros brut par élèves, soit un surcout d'un million d'euros. Il devient indispensable que chaque commune, dans la mesure de ses moyens, s'engage plus encore dans l'éducation avec le soutien de l'Etat. Nous souhaitons le prolongement du fonds d'amorce à toutes les villes en 2014 et une contractualisation avec la CAF, de tous les temps périscolaires, comme elle le fait avec les centres de loisirs.


Au delà des résistances légitimes, des confrontations professionnelles et des calculs politiques, nous nous devons de réussir le changement, qu'il soit engagé en 2013 ou en 2014, pour tous les enfants et surtout pour les enfants les plus en difficulté.


Propos recueillis par François Jarraud


Grenoble : Mode d'emploi des rythmes

http://www.grenoble.fr/include/viewFile.php?idtf=15226&p[...]



Suchaut : Rythmes : Comment sauver la réforme ?

"La question urgente pour faire en sorte que la réforme des rythmes réussisse est de savoir comment prendre en compte les mécontentements actuels avant qu’ils ne fassent l’objet d’un enjeu politique plus large". Bruno Suchaut, chercheur associé à l'IREDU et directeur de l'URSP, appelle les politiques à prendre le temps de la réforme. "C’est la dimension qualitative du temps d’enseignement qui importe plutôt que sa seule répartition. Dans cette perspective, la refonte des programmes aurait donc dû précéder celle des rythmes".


L’effervescence actuelle autour de la question des nouveaux rythmes scolaires est inquiétante, non seulement pour le Ministère de l’Education nationale, mais aussi pour l’ensemble de la communauté éducative et même, plus largement, pour l’avenir de l’école et des élèves. L’application des nouveaux rythmes depuis la rentrée fait en effet débat et tend à être utilisée comme un argument pour la campagne électorale des futures élections municipales. Si cette tendance se confirme dans les prochains mois, cela constitue un réel danger qui peut avoir de lourdes conséquences sur le processus de refondation de l’école. Le fait qu’une minorité de communes ait fait le choix du passage à 4,5 jours à la rentrée scolaire était déjà un élément révélateur des difficultés et des résistances à venir dans la mise en œuvre de la réforme. Il semble en effet, sur la base du mécontentement actuel observé dans certaines localités, que ces difficultés et ces résistances existent bien, même s’il est difficile d’en apprécier à la fois le degré et les conséquences potentielles. On peut bien sûr s’interroger sur les causes de la situation actuelle qui peuvent être partiellement associées à des maladresses dans l’action politique de plusieurs natures.


Un premier point est probablement de ne pas avoir pris suffisamment de temps pour mener à bien cette réforme des rythmes scolaires et, de fait, de ne pas avoir pu anticiper toutes les implications que pouvaient avoir les changements envisagés sur le fonctionnement de l’école et sur les acteurs. Bien sûr, le passé est nourri d’exemples de réformes qui n’ont pu aboutir faute de détermination politique suffisante mais ne pas prendre suffisamment de temps pour que l’ensemble des acteurs comprennent, acceptent et partagent la même vision du changement peut également être un risque pour la mise en œuvre d’une réforme. C’est pourtant ce difficile équilibre dans la gestion du temps de l’action politique qui constitue un gage de réussite.


Un second point est de ne pas s’être emparé de la question de manière globale, et cela à deux niveaux. Le premier niveau concerne la répartition du temps d’enseignement qui n’a pas été considérée dans l’année, mais uniquement sur le plan hebdomadaire et journalier. En effet, le fait de restreindre la réforme à  cette échelle hebdomadaire contraint fortement les modèles d’organisation de la journée et interroge en même temps sur les possibilités d’évolution futures localement quand la question de la répartition annuelle sera à l’ordre du jour, le schéma actuel ne convenant plus dans sa totalité. Le second niveau relatif à la globalité de l’action est de ne pas avoir pris en compte simultanément l’ensemble des autres dimensions liées à la modification des rythmes scolaires. Il est ainsi admis au regard des résultats des recherches en éducation que c’est la dimension qualitative du temps d’enseignement qui importe plutôt que sa seule répartition. Dans cette perspective, la refonte des programmes aurait donc du précéder celle des rythmes : c’est en fonction de ce que les élèves doivent apprendre à l’école que l’on peut ensuite s’interroger sur la manière de répartir ce temps d’apprentissage et non l’inverse. De même, la réforme des rythmes scolaires exerce de fait une influence sur les conditions de travail des enseignants avec notamment cette demi-journée du mercredi, qui même si elle est compensée en heures, est néanmoins perçue comme une charge supplémentaire. Les résistances actuelles des enseignants, quelles soit justifiées ou pas, étaient en dans tous les cas prévisibles et la réflexion sur le temps de travail et d’enseignement aurait également dû être menée avant ou parallèlement à celle des rythmes. Enfin, les conditions du partenariat local dans la définition des activités péri-scolaires et leur articulation avec le temps scolaire ne peuvent aussi de faire sans intégrer des aspects essentiels comme l’aide aux élèves en difficulté et l’aide aux devoirs. Un risque est en effet de ne pas pouvoir offrir aux élèves qui en ont besoin, tout les temps nécessaire au renforcement des apprentissages. C’est donc une vision globale du temps de l’enfant qui doit être la priorité dans les modalités d’organisation de la réforme et non un morcellement du temps avec différentes activités se succédant sans logique apparente. Autrement dit, la complémentarité des actions et des acteurs doit être la ligne directrice dans les formes d’organisation de la semaine dans les écoles.


Il est évidemment trop tôt pour dresser le bilan de la mise en place des nouveaux rythmes scolaires. Une évaluation au niveau local de la mise en place de la réforme sera évidemment indispensable pour tenter de dégager les effets sur les élèves (apprennent-ils mieux ? Sont-ils moins fatigués ? etc..), les enseignants (ont-ils de meilleures conditions pour exercer leur enseignement ?) et les municipalités (viabilité financière, satisfaction des intervenants, etc..). A l’heure actuelle, et dans le contexte décrit précédemment, il est sans doute utile de rappeler certains faits et certains discours qui mettent en évidence deux tendances principales. La première est une inquiétude réelle de certains parents et de certaines municipalités concernant plusieurs aspects : nature des activités proposées aux élèves, conditions d’encadrement, avenir dans le financement, etc. La seconde est une résistance ou, à tout le moins, une faible adhésion à la réforme d’une partie du monde enseignant. Le refus de certains enseignants de laisser leur salle de classe (pourtant financée par les communes…) à la disposition des intervenants en dehors du temps scolaire ou encore des APC programmées à des plages horaires totalement inadaptées aux rythmes biologiques, sont des illustration frappantes de cette résistance et de dysfonctionnements.


La question urgente pour faire en sorte que la réforme des rythmes réussisse est de savoir comment prendre en compte les mécontentements actuels avant qu’ils ne fassent l’objet d’un enjeu politique plus large. Une solution serait peut-être déjà de prendre le temps d’une évaluation approfondie des organisations en place dans les communes volontaires pour la rentrée 2013 et d’en dégager des pistes mais aussi de reconsidérer la question des rythmes dans leur globalité (répartition annuelle du temps, conditions de travail des enseignants, programmes scolaires…) avant la décision de généralisation. Au final, la problématique des rythmes scolaires relève d’une grande complexité qui ne peut s’appréhender qu’en lui consacrant un temps politique suffisamment important. Le fait d’avoir engagé cette réforme sur un objet si souvent abordé par le passé dans le monde de l’éducation relève d’un réel courage politique mais il faut savoir aussi apprécier les risques réels de voir cette réforme prendre un mauvais chemin et, savoir prendre le temps nécessaire pour programmer une généralisation qui puisse de réaliser dans les meilleures conditions possibles pour tous.


Bruno Suchaut


Sur les programmes du primaire

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/25092013Ar[...]



Anne-Sophie Benoist : "Reculer l'application des nouveaux rythmes à 2015 serait une catastrophe"

Présidente de l'Andev, l'association des directeurs de l'éducation des villes, Anne-Sophie Benoist suit de très près la mise en place de s nouveaux rythmes scolaires. Un mois après la rentrée elle fait le point des difficultés rencontrées et rappelle les efforts des communes.


Quel regard jetez-vous sur la mise en place des nouveaux rythmes scolaires ?


Les collectivités territoriales sont partout au rendez-vous. La mobilisation est maximale pour préparer la généralisation en 2014. C'est là où c'est le plus difficile, par exemple dans les communes rurales, que l'on constate le génie territorial, la capacité des territoires à se mobiliser en s'appuyant sur leurs forces. Elles font des choix. Entre un nouveau rond point et la réforme des rythmes, il est vite fait.


Certaines communes semblent refuser la loi et attendre les municipales. C'est ce que vous constatez ?


Certaines communes sont très engagées dans leur PEDT, d'autres moins. D'autres aussi arrêtent de travailler leur PEDT en attendant avril en espérant que la loi ne s'applique pas. Tout existe. Mais c'est rare et ce n'est pas forcément toujours des communes de droite...


Quels échos avez-vous des communes qui appliquent les nouveaux rythmes ?


C'est trop tôt pour faire un bilan. Mais le problème principal n'est pas financier. C'est la formation des animateurs. Il faut du temps pour les former et les amener à s'investir pleinement de façon à donner du sens à ce qui se fait. Le souci principal c'est que les enfants viennent aux activités au lieu de trainer dans la rue ou les entrées d'immeubles.


Comment se passent les relations avec les enseignants ?


Ce n'est pas facile, pas plus d'ailleurs avec les parents. C'est difficile d'arriver à un partage du projet éducatif, difficile de mettre en place une culture commune. L'occupation des salles de classe semble être un des gros points noirs. En effet c'est très crispant pour les enseignants de partager la salle de classe. Ils considèrent leur salle comme quelque chose d'intime et c'est aussi un espace de travail. Heureusement toutes les écoles ne sont pas pleines. Ailleurs des communes essaient d'installer des armoires fermant à clé pour garder un espace privé. La mutualisation du matériel pose aussi problème, même s'il provient de la mairie. Un autre problème identifié c'est le maintien des études. Les enseignants y sont attachés.


Quelle visibilité avez vous sur le financement du périscolaire en 2014 ?


On est dans le flou surtout du côté de la Caisse d'allocations familiales (CAF). Il y a une contradiction entre le décret d'août dernier et les déclarations de la CAF. On attend une circulaire qui clarifie les choses. Les collectivités souhaitent une pérennisation du fonds d'amorçage. Mais elles sont prêtes à faire des choix budgétaires.


Dans les communes qui appliquent les nouveaux rythmes, vous estimez que les activités sont de qualité ?


C'est trop tôt pour le dire. Mais partout les collectivités territoriales ont innové et tiré parti des ressources locales. Elles ont mobilisé tout ce qu'elles pouvaient réunir.


Vous êtes optimiste pour l'avenir ?


Ne pas arriver à mettre en place les activités périscolaires ce serait une catastrophe. Reculer l'application de la loi en 2015 également. Il faut penser aux 140 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme actuellement.


Le ministère prépare la réforme de l'éducation prioritaire. Là aussi les cilles sont aux premières loges...


Ce qui nous parait prioritaire c'est d'arriver à stabiliser les choses. Il faut lutter contre le turn over chez les enseignants. Revoir l'empilement des dispositifs. Mais aussi revoir les indicateurs. Par exemple remplacer le passage en 2de générale et technologique par le passage en lycéen y compris les LP. Il faut introduire des indicateurs du bien être, de l'estime de soi. La stabilité des enseignants, le dialogue avec les parents sont de  bons leviers de réussite. Mais pour le moment, on se demande ce que va devenir l'éducation prioritaire.


Propos recueillis par François Jarraud



Sur le site du Café


Par fjarraud , le jeudi 17 octobre 2013.

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