Edito 

Petits détails et humbles soldats de la République…   
A l’heure où cigares, laxisme des héros du ballon rond et doubles rémunérations défraient la chronique, les enseignants se tâtent pour la grève du 24, en pleine ligne droite des fêtes d’Ecole. Pour la plupart, ils ont déjà eu des nouvelles de la rentrée, avec son lot de stupéfactions.
-    Le maître supplémentaire qui avait tant contribué aux modules d’aides à la compréhension l’an passé ? Supprimé. L’inspecteur d’académie l’a promu au grade de gisement d’efficience.
-    L’intervenante d’anglais ? C’était hier son pot de départ, non-renouvellement de son contrat oblige. Elle a partagé les cacahuètes avec l’auxiliaire de vie scolaire, dont le contrat est arrivé à terme, bien que son année aux côtés de Kévin ait été jugée formidable par tous.
-    Hier, madame Martin, la maîtresse du CM1, a appris que la classe «pratiques culturelles et histoire des arts » prévue pour fin septembre est supprimée : le poste de la chargée de mission « arts et culture » qui assurait l’animation du lieu d’accueil disparaît. Gisement d’efficience aussi. Pourtant, 234 classes y sont venues cette année. De toutes façons les crédits pour ce type de projet ne seront plus versés, réduction des déficits oblige. Par contre, l’Inspecteur d’Académie vantera bien la priorité « Histoire des Arts » lors de la venue du Recteur, le 5 septembre, avec tous les journalistes.
-    A la rentrée, la nouvelle directrice ne fera pas son stage obligatoire pour sa prise de fonction : les remplaçants « formation continue » seront tous occupés par les congés maternité.
-    Par contre, elle risque d’être mobilisée pour aider à l’accueil des professeurs stagiaires qui arrivent dans la classe de CE1. Avec sa collègue maître-formatrice, elles doivent travailler au module de trois heures prévu dans la « formation » des professeurs stagiaires pour le mois d’octobre, sur le thème « devenir enseignant : les compétences »... Oui, oui, trois heures…
-    Sans doute les collègues de la maternelle leur donneront-elles aussi au coup de main, bien qu’elles n’aient pas eu la classe supplémentaire souhaitée : avec 29,4 élèves par classe de moyenne, insuffisant pour être dans la norme d’ouverture. Et encore, on ne compte plus depuis longtemps les deux ans dont la liste d’attente suffirait à faire une classe… Ils iront à la crèche, un peu plus tassés que l’an passé.

Françoise Lantheaume, sociologue, présentait à la tribune du congrès du SNUipp ses travaux sur la « souffrance » des enseignants : sentiment d’être perpétuellement débordé, modestie et doutes sur l’efficacité de leur travail, appréhension et manque de confiance dans l’institution. Elle a appelé les syndicats à « réinventer leur rôle » pour aider les enseignants à lutter contre l’isolement. Alors, à jeudi, et sinon bel été malgré tout…



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Par MBrun , le vendredi 18 juin 2010.

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