Evaluations CM2 de la DEPP : inquiétudes 

12% des jeunes sont en difficulté de lecture...
L'enquête annuelle menée auprès des jeunes des deux sexes qui suivent la Journée d'appel de préparation à la défense (JAPD) montre que 78% d'entre eux sont des lecteurs efficaces, 10% des lecteurs médiocres, 12% des personnes en difficulté de lecture parmi lesquels 5% sont en grave difficulté.

Ces chiffres sont sensiblement identiques à ceux des années précédentes , tout au plus constate-on une augmentation très légère des jeunes en très grande difficulté (4,3% en 2005, 4,9% en 2008).

La Depp, le service des études ministériel, conclue en parlant " d'augmentation" : "ces résultats doivent alerter sur l'augmentation du nombre de jeunes en difficulté de lecture". Pour la Depp ce ne sont pas tant ces chiffres qui justifient le terme augmentation (elle est tellement infime) que d'autres travaux et surtout une autre évaluation réalisée par… la Depp".
Le Note
http://www.education.gouv.fr/cid23397/les-evaluations-lec[...]

Thierry Cadart (SGEN-CFDT) : "la démocratisation est effectivement en panne"

cadartThierry Cadart, pour le SGEN, pense qu’il y a une panne dans la progression de l’Ecole : «  il est nécessaire de réformer le système, mais pas dans ce sens là. Il y a eu des errements dans la politique éducative qui laissent les collègues déboussolés. On avait réussi à mobiliser le système éducatif sur l’idée de la démocratisation jusque dans les années 90, et aujourd’hui on est en panne. Il est net que cela engendre un un malaise sur l’investissmeent sur le métier.
D’ailleurs, le SGEN est sensible à la montée des difficultés professionnelles, , comme l’avait montré notre enquête sur la manière dont les enseignants de collège vivent leur métier. »
La réaction de Claire Keppler, responsable du secteur Educatif au SE-UNSA
La responsable du SE-UNSA a répondu aux questions du Café  :
cadart"L’étude de la DEPP portant sur les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle (1987-2007) mérite toute notre attention.
Contrairement aux évaluations CM2 qui viennent de se tenir (ou pas) dans nos classes, cette enquête présente toutes les garanties de rigueur scientifique : pas d’évaluation maison pour valider des programmes maison, mais des procédures et des épreuves qui permettent d’éliminer tous les items biaisés en raison de problèmes d’édition, de formulation ou d’évolution des programmes entre les deux dates. On ne saurait donc écarter d’un revers de main les résultats de cette enquête qui interroge tous les acteurs de l’école.

Pour vous, quels en sont les principaux résultats ?

-    une baisse significative des performances dans les trois compétences (lecture, calcul, orthographe),
-    une dégradation importante des performances en lecture à partir de 1997, en particulier pour les plus faibles (21% des élèves se situent maintenant au niveau des 10% les plus faibles en 1987),
-    une stabilisation des performances en calcul après une régression entre 1987 et 1999,
-    une dégradation régulière des performances en orthographe, en particulier en orthographe grammaticale.
Ces résultats sont inquiétants. Les auteurs de l’enquête ne se risquent que très prudemment à avancer quelques explications. Ils relèvent qu’en calcul, l’accent mis sur l’apprentissage des techniques opératoires dans les programmes de 2002 peut éventuellement être la cause du léger redressement des résultats. Ils notent qu’en lecture, les inégalités sociales continuent à se creuser et soulignent que la réduction massive des redoublements dans cette période n’a pas d’impact sur les résultats d’ensemble.
Le SE-UNSA n’a pas d’explications toutes faites à fournir à ces résultats. Quelle part peut-on attribuer aux programmes ? Aux démarches pédagogiques ? Aux conditions d’enseignement ? A l’évolution du  rapport entre école et société ? Aux changements dans les modes de vie de nos élèves ? On sent bien que tous ces paramètres jouent un rôle dans des interactions complexes.
Cependant, le SE-UNSA a une certitude : la politique éducative menée par X.Darcos et N. Sarkozy ne constitue pas la réponse aux défis posés par ces performances médiocres :
-    Le désengagement de l’état dans la scolarisation des 2/3 ans pénalise les élèves originaires des milieux les plus modestes,
-    L’investissement de l’Etat dans l’éducation prioritaire est notoirement insuffisant pour faire une différence,
-    La réduction du temps scolaire et l’alourdissement des programmes sont générateurs d’échec,
-    Le soit-disant « retour aux fondamentaux » rend l’accès au sens encore plus difficile pour les élèves d’origine modeste et risque de les priver des apports culturels indispensables à la réussite,
-    La réduction importante des moyens des RASED compromet l’aide à apporter aux élèves les plus en difficulté,
-    La nouvelle formation des maîtres ne leur permettra pas d’acquérir les compétences professionnelles indispensables.
Vers où faut-il chercher des solutions ? Ce dont le SE-UNSA est sûr, c’est que l’école n’a pas besoin de nouvelles évaluations, de pseudo-mesures de la performance et de mise en concurrence. Elle a besoin d’un investissement massif dans la formation professionnelle et l’accompagnement des équipes. Elle doit pouvoir proposer des modalités d’apprentissage variées en fonction des besoins des élèves : décloisonnements, travail en petits groupes, travail individualisé. En clair, elle doit avoir les moyens humains pour accomplir une mission de plus en plus complexe dans une société en pleine crise. Sarkozy, avec ses idées éducatives simplistes et sa volonté idéologique de réduire le nombre de fonctionnaires n’est pas à la hauteur des défis qui attendent notre école.

Sur le site du Café
Par ppicard3 , le dimanche 15 février 2009.

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