Le mensuel n° 100  / Comment accueillir les enfants roms à l’école ?  Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Comment accueillir les enfants roms à l’école ?
par Florence MOTTOT


Manouches, gitans, tsiganes ou roms… Depuis les années 1990, la migration de ces populations  en provenance d’Europe de l’Est et des Balkans soulève un large éventail de questions administratives, économiques, socioculturelles et scolaires. Parmi les problématiques existantes, cette dernière interrogation a constitué le point d’ancrage du colloque organisé à Besançon fin 2008 : « Comment scolariser les enfants roms ? »
210 personnes inscrites, 40 conférenciers : un public conséquent était réuni dans les locaux de l’IUFM de Besançon pour ces trois jours de réflexions. Sur les bancs de l’amphithéâtre, chercheurs, mais aussi professionnels de l’éducation et du travail social. Choix judicieux : la portée du colloque a tenu à ce partage de connaissances théoriques et d’expériences pratiques.
La première journée a vu, après les allocutions officielles, l'intervention d’universitaires traitant des dimensions géographiques, démographiques, sociologiques, culturelles, et linguistiques de la problématique rom.
La deuxième, davantage tournée vers le partage d'expériences de terrain, a donné la parole à des formateurs, professeurs et médiateurs (en provenance, pour une partie, de pays de l’Est).
La dernière, prospective, s’est attachée à penser une école ouverte à la diversité: quels outils didactiques et pédagogiques mettre en œuvre ? Comment former les professeurs ? Quels partenariats établir ou renforcer entre le travail social et l'école ?
L’enjeu final du colloque dépassait de toute évidence le cas particulier des roms : il s’agissait de penser l’intégration dans et via l’école de toute population migrante.

    Roms et école
Avant de rapporter les interventions des différents participants au colloque, synthétisons succinctement les difficultés les plus couramment rencontrées par les enfants roms et leurs instituteurs.
- d’une part, l’institution scolaire est en opposition avec le mode de vie rom. Rester assis durant les cours, ne pas courir ou crier: autant d’impératifs qui n'ont pas lieu d'être dans la communauté. Les horaires, l’organisation en trimestres et années, le respect de l'autorité du maître (gadjé de surcroît) s'opposent à la souplesse rom, à la négociation avec les adultes au sein de la communauté. Enfin, issus d’une culture de l’oralité, de la persuasion, les enfants perçoivent avec difficulté la valeur de l'écrit et sa nécessité pour réussir professionnellement.
- des études1  s’attachent, d’autre part, à pointer les capacités cognitives propres à ces populations. La notion de temporalité chez les enfants du voyage est particulière : ils perçoivent le temps non pas de manière linéaire, mais comme une suite de moments, où l'instant présent est primordial. Pour un élève rom, se projeter dans l’avenir s’avère ainsi difficile. Parallèlement, pour ces élèves en partie nomades, l’espace est formé d’un ensemble de lieux familiers mais variables. « Cette absence de continuité présente des difficultés en matière de perception de rythmes plus fins comme les exercices d'algorithmes, les notions de latéralisation, d'orientation ou de schéma corporel. Ce problème d'orientation semble avoir des répercussions au niveau de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture qui organisent et sont organisés par l'espace et la temporalité. »

A Besançon, l’objectif des chercheurs et des travailleurs du terrain était de conjuguer connaissances et expériences, de manière à mieux prendre en charge la spécificité des élèves roms.  


1. INRP, Dossier d'actualité n° 30 – octobre 2007. La scolarisation des Roms en Europe : éléments de réflexion et analyse comparative.
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