Par Antoine Maurice et Benoît Montégut

C’est un peu l’impression des collègues, des équipes sur le terrain : par où commencer ? Il est vrai qu’il existe une certaine cacophonie et différents sons de cloche au sein des différentes formations. Modestement, nous avons voulu vous proposer quelques pistes.  

Une certaine cacophonie : par où commencer ?

Loin de nous l’idée de dénigrer le travail, souvent remarquable des collègues sur le terrain, dans un temps, souvent très court pour alimenter les ressources académiques. Cependant, il s’agit de rester bien conscient également de la charge de travail considérable au sein des équipes pour mettre en place, à la fois sur le fond mais aussi sur la forme, la réforme en proposant au sein de l’établissement mais aussi du secteur (cycle3) une certaine cohérence.

Ainsi, certaines académies mettent l’accent sur l’importance d’établir un diagnostic des besoins des élèves, quand pour d’autres, des propositions de programmation sont faites ou bien encore des propositions de traitements d’activités soclées.

Quel élève physiquement et socialement éduqué à former à la fin du cycle 3 et du cycle 4 ?

Pour avancer, à un moment il faut trancher ! C’est un peu l’idée que nous défendons. Un diagnostic des besoins des élèves est certes indispensable mais il est aussi bien connu au sein des équipes. Par contre, qu’est ce qui nous paraît fondamental à faire vivre aux élèves ? Par là nous entendons au sein de la culture physique, sportive et artistique. Mais également, au niveau méthodologique : l’élève à la sortie de la troisième peut-il ne pas avoir mis en œuvre des projets d’apprentissage individuels et collectifs ? Enfin, d’un point de vue éducatif : peut-on ne pas prendre en compte l’éducation à la santé et à la citoyenneté ? Au final, l’ensemble des points présentés reflète les enjeux de formation du socle commun à travers les compétences travaillées par les programmes. Il s’agit de décider l’élève à former d’un point de vue moteur, méthodologique et éducatif au sortir du cycle 3 et du cycle 4.

Les champs d’apprentissage à proscrire

Comme nous venons de le préciser, les compétences travaillées nous semblent être intéressantes pour socler les choix de l’équipe. Par exemple, on perçoit l’importance d’un langage à la fois sur les activités sportives mais aussi sur les activités artistiques. En ce sens, une entrée par les champs d’apprentissage est à proscrire mais surtout elle est en décalage avec les compétences travaillées issues des enjeux de formation du socle commun. En effet, le champ d’apprentissage 3 : « s’exprimer devant les autres par une prestation artistique et/ou acrobatique » à cause de la présence du « ou » laisse la possibilité d’une absence « totale » du langage artistique dans le vécu de l’élève. Alors même qu’il apparaît au sein des compétences travaillées pour le cycle 4 la compétence de « communiquer des intentions et des émotions avec son corps devant un groupe ».

Il ne s’agit pas de faire de l’artistique avec de l’Acrosport sous le prétexte de justifier la construction actuelle des champs d’apprentissage…

Une liberté aux équipes à utiliser pour ancrer dans le contexte!

Il est vrai que l’usage de l’expression « liberté des équipes » est omniprésent depuis quelques mois. Comment peut-on la comprendre dans le cadre de la réécriture des projets pédagogiques EPS ? Si l’absence de liste d’APSA au sein des programmes peut être perçue comme un pas en arrière pour certaines personnes, avec, pour ne pas le citer, le « spectre » du retour de l’enseignement du lancer du poids au collège (comme le précisait Didier Delignières dans nos colonnes, les collègues et les équipes sont suffisamment responsables). Cette absence peut également constituer une chance pour voir apparaître de nouvelles APSA au sein des programmations (Voir notre dossier Enseigner la danse Hip-Hop). Le cadrage précédent ne proposant qu’une seule APSA d’établissement, des activités telles que la randonnée, le step, le futsal, la danse Hip hop, les parcours, sont désormais programmables et peuvent s’insérer au sein d’un contexte singulier pour proposer un relais en dehors de l’école.

La question des attendus de fin de cycle

Si nous ne partageons pas forcément l’écriture de certains des attendus de fin de cycle en EPS, par exemple : « réaliser des actions décisives en situation favorable afin de faire basculer le rapport de force en sa faveur ou en faveur de son équipe » (si la situation est favorable, c’est bien que le rapport de force est déjà favorable, non ?) il convient toutefois de les utiliser pour le traitement didactique des activités, mais sous quelle forme ?

Il nous semble ainsi pertinent de concevoir des situations d’évaluation, telles que l’on retrouvait au sein des évaluations DNB, qui mettraient en avant les compétences travaillées par élève au niveau moteur méthodologique et éducatif. Nous faisons référence à la logique de situation complexe, et de forme de pratique scolaire qui permettrait de caractériser les attentes pour l’élève et de les évaluer.

Le cycle 3 : Le parent pauvre des propositions ?

Force est de constater qu’aucune proposition, à l’heure où nous rédigeons cet article, n’existe au sein des ressources d’accompagnement proposées par le ministère sur la plate forme EduSCOL. Pour autant, l’enjeu du cycle 3 est évidemment indispensable à une période caractérisée comme l’âge d’or du développement des conduites motrices. Toutefois, au sein des écoles, nous imaginons là encore la charge de travail et le faible nombre des temps de concertation possibles inter-degrés. Pourquoi ne pas proposer un tour d’horizon des ressources à la fois matérielles et humaines afin de proposer plusieurs traitements de cycles et de séances. Il nous semble que cela pourrait constituer un point d’aide pour les collègues au sein des écoles, mais également un média considérable pour échanger autour des pratiques.

Restons lucide : L’enjeu est-il au sein des programmes ?

Nous ne pouvions pas finir cet article sans évoquer un sentiment qui est bien présent, et à juste titre chez de nombreux collègues. L’enjeu est-il dans ces nouveaux programmes ? Bien évidemment, non. Par contre, il semble évident que l’esprit de cette réforme, mettant l’accent sur la cohérence des enseignements, le travail en équipe, le décloisonnement des démarches, et la liberté laissée aux équipes est un véritable enjeu. Restons lucide également que cette évolution sera longue, lente et qu’elle exigera un accompagnement bienveillant de la part de l’ensemble des acteurs.

Les ressources d’accompagnement

http://eduscol.education.fr/cid99757/ressources-d-accompagnement-d[...]

Dossier Enseigner la danse hip hop
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2014/hiphop0509.aspx