Choisir son lycée 

Par François Jarraud


 

Connaissez-vous le lycée du Sacré Cœur de Beaune ? Ou Saint-Joseph à Nay ? Selon que vous lisiez Le Figaro ou Le Monde, ce sont les deux meilleurs lycées de France. Cette année encore, le ministère de l'éducation nationale a publié ses "indicateurs de résultats des lycées".


Le ministère publie trois indicateurs établis à partir des résultats des élèves à la session 2009 du baccalauréat et des données liées au déroulement de leur scolarité comme le taux de réussite au baccalauréat, le taux d’accès de seconde et de première au baccalauréat et la proportion de bacheliers parmi les sortants. Les familles oublient souvent les deux derniers, ne serait ce que parce que le taux de réussite au bac est une donnée facile à comprendre.


"Ces indicateurs donnent des points de vue complémentaires sur les résultats des lycées. Ils proposent une appréciation relative de la valeur ajoutée de ces établissements, en tenant compte de leur offre de formation et des caractéristiques de leurs élèves en termes d’âge, d’origine sociale et de sexe", précise le ministère. Il délivre d'ailleurs une brochure de 14 pages qui explique comment sont calculés les indicateurs et comment les utiliser. Mais qui lit cette brochure particulièrement indigeste ? Le résultat final arrive médiatiquement dans les familles à travers la presse.


Pourtant la consultation des indicateurs montre que les établissements prestigieux apportent peu de plus value. Henri IV (Paris) a 100% de réussite au bac mais… c'est le taux attendu compte tenu de la composition sociale des élèves. Inversement, Gabriel Fauré, dans un quartier populaire du 13èle arrondissement, apporte une plus value de 8% à ses lycéens de ES, score qu'il n'arrive pas à atteindre en L ou en S.


Tout cela a au moins le mérite de rappeler trois choses importantes. Il y a un très important écart entre les établissements. Il est tellement grand que la France ne participe pas à cet aspect de l'enquête PISA…


Le taux de succès d’un lycée dépend fortement des caractéristiques sociologiques des élèves. Le taux de réussite au bac est de 90% pour les élèves dont les parents sont cadres, 86% pour les professions intermédiaires, 83% pour les employés et 76% pour des parents ouvriers. On observe également un fort écart entre sexes : 81% des garçons sont reçus contre 85% des filles. Ce taux cache en fait un écart trois fois plus grand : 70% des filles d'une génération seront bachelières contre 58% des garçons.


A données sociales égales, certains établissements s'en tirent mieux que d'autres. Autrement dit il n'y a pas une fatalité sociologique. Il y a aussi la part de l'efficacité pédagogique. Voilà une piste de travail qui mériterait plus d'attention à tous les niveaux, de la rue de Grenelle aux médias…


Comment choisir un "bon" lycée ?


Pour choisir son lycée, si on en a la possibilité, les taux de réussite au baccalauréat sont une précieuse information. Mais les études ministérielles sur les lycées montrent que ceux qui ont les meilleurs résultats sont aussi parfois ceux qui éliminent le plus d’élèves en cours de route …


Voilà un des aspects de la difficulté à s'orienter après la troisième. Le Café vous propose un dossier spécial qui va au-delà des indicateurs des lycées pour aborder l'orientation de fin de troisième, un moment crucial où va se jouer une part importante du destin scolaire de chaque jeune.

Retrouvez les taux de votre lycée

http://www.education.gouv.fr/cid3014/indicateurs-de-result[...]

Le dossier S'orienter après la troisième

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/102[...]

Comment choisir son lycée

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/102_[...]

Une analyse des choix des familles (A Van Zanten)

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/200[...]

Les inégalités au bac

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/bb20[...]

Le Monde : Pourquoi leurs lycées réussissent

http://www.lemonde.fr/societe/article_interactif/2010/04/[...]




A quoi servent les indicateurs des lycées ?


D'après le ministère, "l’objectif des indicateurs de résultats des lycées est double : rendre compte des résultats du service public national d'éducation, fournir aux responsables et aux enseignants des lycées des éléments de réflexion pour les aider à améliorer l'efficacité de leurs actions". Mais, en fait, tout le monde le sait, ces indicateurs servent d'abord, peut-être même seulement, aux familles qui les transforment, comme les médias les y invitent, en un irrésistible classement.


Un classement qui prend tout son sens au moment où la carte scolaire est "assouplie". Les indicateurs mettent les lycées en concurrence et risquent d'alimenter les défections et la ghettoïsation.  Encore sait-on mal quelles familles s'en emparent et comment elles les utilisent. Plus que les données , la rumeur locale doit aussi avoir sa part dans les choix des parents.


Enfin les travaux récents d'Agnès Van Zanten (Choisir son école, Le lien social, Puf,2009, 284 p), montrent que les parents ont leur propre critère de choix. "Certes, les évolutions du marché du travail ainsi que les modalités d’orientation dans le système scolaire poussent beaucoup de parents à se soucier particulièrement de la capacité des établissements à améliorer le « niveau » de leurs enfants" nous déclarait Agnès Van zanten. "Pourtant les parents des classes moyennes ne font pas que des choix « instrumentaux ». Ils font aussi des choix « expressifs », c’est-à-dire orientés vers le bien-être, le bonheur et le développement global de leur enfant, en procédant à des appariements entre les exigences des établissements publics et le profil scolaire et psychologique de leurs enfants, mais surtout en ayant recours à des établissements privés".


Il manque donc un indicateur qui serait lui aussi bien utile aux familles : l'indicateur de bien être au lycée. Quand on sait que la France est le pays de l'OCDE  où les élèves se sentent le plus mal  en classe, on ne peut qu'être attentif à cet aspect des choses.



Affelnet modifié à Paris

La procédure d'affectation en 2de à la rentrée 2010 dans les lycées parisien est revue, annonce l'AFP. Un nouveau barême vise à rectifier un système qui avait causé beaucoup de mécontentement à la rentrée 2009.


Le nouveau barême d'affectation accordera 600 points à la proximité (contre 400 l'an dernier), 600 aux résultats scolaires (contre 700) et 300 à une bourse (contre 150). En 2009, dans une volonté de mixité sociale, Affelnet avait fait valorisé le fait d'être boursier ce qui avait eu un impact sensible sur les établissements. De nombreux parents s'étaient plaints de discrimination, par exemple ceux dont les enfants venaient de l'enseignement privé. Le rectorat de Paris annonçait 88% de satisfaits mais cela ne l'a pas empêché d'être condamné en février par le tribunal administratif de Paris.


En remontant à la fois la proximité, facteur de discrimination sociale, et la bourse, facteur très modéré de promotion des défavorisés, le rectorat cherche sans doute le bon équilibre. 


Pour la Fcpe 75, interrogée par le Café, "la 3ème année d'Affelnet devrait consolider la procédure". La Fcpe en attend "une amélioration de l'affectation". "Pour l'enseignement professionnel, le critère de proximité, qui a  conduit l'an dernier, à de nombreux élèves mal affectés, est  abandonné au profit de critères de motivation pour la formation  demandée", ajoute la FCPE. Pour elle, "pour aller vers plus de mixité sociale et scolaire dans tous les lycées parisiens, il faudra modifier plus en profondeur le logiciel, en particulier, réfléchir à  la présence et au poids des notes et à  la définition de critères permettant de construire la  mixité sociale et scolaire". L'association de parents d'élèves promet d'être très vigilante sur la mise en œuvre de la procédure.

Dépêche AFP

http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nou[...]

Affelnet condamné

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/02/1[...]

Pour ou contre le privé

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/[...]


Les chefs d'établissement critiquent les indicateurs du bac

"Le SNPDEN souhaite que des règles de bonnes pratiques sur l’usage de ces indicateurs s’élaborent sur la base de ce qui avait motivé la création de données qualitatives reflétant mieux la qualité de la prise en charge des élèves". Le principal syndicat de chefs d'établissement s'en prend aux indicateurs des lycées avec de solides arguments. "L’usage de ces données, fait parfois sans précaution par des organes de presse, ne peut que susciter de vives réticences, en particulier quand cela revient finalement à classer en tête des établissements qui, certes, ont 100 % de reçus au baccalauréat sur des effectifs très réduits, mais qui obtiennent aussi ce résultat en éliminant massivement des élèves en cours de scolarité comme en témoignent sans ambiguïté les autres données. A moins qu’ils ne recommandent ce type de pratiques aux établissements, les auteurs de ces classements doivent peser le message qu’ils délivrent par les choix qu’ils font. "

A quoi servent les indicateurs des lycées ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/04/1[...]





Sur le site du Café

Par fjarraud , le jeudi 15 avril 2010.

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