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PISA 2012 : Peillon pronostique mais n'annonce pas  

Par François Jarraud



Le 10 octobre, les déclarations de Vincent Peillon sur les résultats à venir de PISA 2012 ont surpris. Mais qu'en sait vraiment le ministre ? Vérification faite par le Café pédagogique auprès de l'OCDE sans doute rien. Que penser du pronostic ? Et d'un ministre pris en flagrant délit de pessimisme ?

 

A deux mois de la publication officielle des résultats de l'enquête internationale PISA, celle qui fait référence dans le monde entier, Vincent Peillon a déclaré sur Canal Plus, le 10 octobre, qu'il s'attend à une nouvelle chute de performances de la France. "Vous allez voir en décembre la nouvelle étude PISA. La France décroche totalement", a déclaré le ministre sur Canal Plus. "Dans les performances de ses élèves elle décroche encore", ajoute-il. "C'est la lecture, les maths, la confiance des élèves en eux-mêmes et en plus c'est le pays où les inégalités sociales et scolaires s'accroissent le plus", a dit le ministre.

 

Vous avez dit PISA ?

 

Organisée par l'OCDE, l'enquête PISA, qui a lieu tous les 3 ans, s'est imposée comme la principale évaluation internationale des systèmes éducatifs. Pisa 2012 se présente sous la forme d'un ensemble de questionnaires proposés par les experts de l'OCDE et acceptés ou pas par la France à travers les services du ministère de l'éducation nationale, particulièrement la DEPP. Le questionnaire principal évalue des capacités cognitives dans le domaine des maths, des sciences et de la compréhension de l'écrit. En 2012, les maths étaient le thème majeur du questionnaire. Il était accompagné d'un questionnaire sur l'environnement social et culturel de l'élève et son rapport à l'école. Un autre questionnaire s'adressait aux chefs d'établissement pour évaluer le climat scolaire et observer les écarts entre établissements. Un dernier questionnaire sur les TICE faisait le lien entre les usages numériques en classe et les niveaux atteints. 7500 élèves, âgés de 15 ans et 3 mois à 16 ans et 2 mois, ont passé les épreuves en mai 2012. Particularité de 2012, la France a accepté de participer à l'enquête des chefs d'établissement. Elle permettra, pour la première fois en France depuis 2000, de monter les écarts entre établissements.

 

Mais que sait effectivement le ministre ?

 

Interrogé par le Café pédagogique, l'OCDE nous apprend que " la version finale du rapport n'a pas encore été envoyée aux pays. Plus encore, les données de tendance qui permettent de voir le gain ou la perte de place entre les différentes études ne sont pas encore disponibles. Nos équipes travaillent encore pour finaliser les calculs". Autrement dit, Vincent Peillon s'est livré à un pronostic et non à une révélation. Interrogé sur cette sortie du ministre, le ministère fait d'ailleurs savoir "qu'il est difficile qu'il en soit autrement vu la période couverte".

 

Le pronostic est-il fiable ?

 

Les évaluations internes du ministère en 2012 montrent une chute des résultats en collège , essentiellement due à un effondrement dans les établissements d'éducation prioritaire. "En troisième, on observe une baisse significative de la proportion d’élèves qui maîtrisent les compétences de base en français parmi les collégiens des Éclair et ceux des RRS à un degré moindre. Pour les mathématiques, cette baisse concerne uniquement les Éclair", révèlent les évaluations de fin de 3ème en 2012. L'enquête CEDRE, toujours réalisée par la Depp, montre pour l'histoire géographie une baisse sensible des résultats au collège. " En fin de collège, les performances des élèves en histoire-géographie et éducation civique ont diminué, avec un score moyen inférieur de 11 points entre 2006 et 2012 [1]. En 2012, la part des élèves situés dans les niveaux les plus faibles (groupes < 1 et 1) augmente, passant de 15,0 % à 21,4 %".

 

Peillon épuisé de "fatiguer le doute" ?

 

Certes, Pisa 2012 n'évalue pas l'action du ministre Peillon mais bien celle de ses prédécesseurs de droite. Les jeunes qui ont eu 15 ans en 2012 sont entrés à l'école élémentaire en 2003 et sont le produit de l'école gérée par la droite. N'empêche la sortie du ministre a surpris. Car, dès son arrivée rue de Grenelle, Vincent Peillon a voulu insuffler à l'école de l'optimisme. Tout guilleret, le ministre affirme vouloir "fatiguer le doute", pour reprendre une de ses expressions favorites. 18 mois après son arrivée à l'Education nationale, Vincent Peillon a-t-il le blues ou mise-t-il sur un électrochoc salutaire ?

 

F Jarraud

 

Peillon annonce la catastrophe

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/10/11102013Artic[...]

Les résultats du système éducatif

http://www.education.gouv.fr/cid57096/[...]



Sur le site du Café


Par fjarraud , le jeudi 17 octobre 2013.

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