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Un décret limite fortement le redoublement 

Le redoublement devient très exceptionnel. Les élèves en difficulté beaucoup moins. Le Journal officiel du 20 novembre publie le  décret limitant le redoublement à 2 cas de figure : une interruption de la scolarité ou le refus d'orientation en 3ème et 2de.  Dans les autres cas le redoublement n'est plus possible. Pour autant le texte ne prévoit rien d'autre pour accompagner ces élèves en difficulté que les mesures habituelles.


Le nouveau décret


Pris suite au Conseil supérieur de l'éducation du 3 juillet, le nouveau décret sur l'accompagnement pédagogique des élèves réduit énormément les possibilités de redoublement. La  loi d'orientation veut qu'il devienne "exceptionnel". Il sera ultra rare. En effet le redoublement ne sera plus possible que "pour pallier une rupture importante de rupture des apprentissages scolaires" comme une période de maladie par exemple. Encore ne pourra t-il intervenir qu'une fois durant la scolarité du primaire sauf cas vraiment exceptionnel. Et il nécessitera l'accord de l'Inspecteur.


Le décret prévoit un autre cas pour le secondaire c'est le redoublement à la demande des familles. " Pour les élèves des classes de troisième et de seconde, lorsque la décision d'orientation définitive n'obtient pas l'assentiment des représentants légaux de l'élève ou de l'élève majeur, ceux-ci peuvent demander le maintien dans le niveau de classe d'origine".


Inutile le redoublement ?


La croyance dans l'utilité du redoublement est très répandue aussi bien chez les parents que les enseignants. La récente enquête de la Peep montre que 52% des parents croient en son efficacité. Chez les enseignants une vaste majorité y est attaché car, comme le montre le Cnesco, le redoublement peut sembler efficace dans un premier temps. Mais les chercheurs ont bien démontré son effet négatif à moyen et long terme sur la carrière scolaire des élèves.


Pour autant on aurait tort de croire le redoublement inutile. On vient de voir qu'il peut entrer dans les stratégies scolaires familiales. Par exemple, redoubler une troisième peut être proposé pour éviter une orientation dans la voie professionnelle. En seconde on l'utilisera pour empêcher une orientation dans la voie technologique ou une filière générale non souhaitée. Pour les enseignants, la menace du redoublement est aussi une arme pour faire régner l'ordre scolaire. C'est la force des ces croyances et des ces situations qui ont permis aussi longtemps le maintien d'une pratique aussi coûteuse.


Que faire des élèves faibles ?


La quasi suppression du redoublement ne rend pas pour autant les élèves plus forts. Le décret ouvre une piste intéressante avec la proposition d'un "dispositif de remise à niveau" dans le secondaire. C'est une pratique fréquente à l'étranger qui permet d'éviter les redoublements. Il restera à voir ce que le  ministère mettra de concret sous cette appellation. Pour le reste le texte renvoie au PPRE et aux dispositifs existants dont l'efficacité n'est pas assurée.


L'enjeu institutionnel est énorme.


"La France a une pratique très massive du redoublement". Le 28 août, Nathalie Mons, présidente du Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) a présenté un important programme d'étude sur ce sujet. Selon le Cnesco, 28% des jeunes français âgés de 15 ans ont déjà redoublé ce qui nous place dans le peloton de tête des pays de l'Ocde. Ce taux peut monter à 60% en L.P. Deux périodes sont marquées par une forte hausse du redoublement : le CP et le CE1 où le redoublement est plutôt vu comme un outil de remédiation; et les 3ème et 2de (9% des élèves y redoublent) où il est une réponse aux stratégies des familles. Les chercheurs arrivent ainsi à faire le portrait robot du redoublant : un garçon, issu d'une famille monoparentale en précarisation économique, avec une mère de niveau éducatif faible. S'attaquer au redoublement c'est donc s'installer au coeur des inégalités sociales à l'École. Le coût du redoublement est énorme. Il est évalué par le Cnesco à 1,6 milliards soit nettement plus que le coût de l'éducation prioritaire. Cela correspond à plus de 20 000 postes d'enseignants qui pourraient être libérés grâce à cette suppression. De quoi mettre la refondation sur les rails sans impacter le budget. C'est maintenant sur l'utilisation de ces moyens que le débat va se porter


François Jarraud


Le décret

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00002977[...]

Le ministère supprime le redoublement

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/07/04072014Article63[...]

La ministre aménage le redoublement

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2014/155_2.aspx



Redoublement : Le CNESCO interroge les élèves

Le Cnesco, le conseil chargé d'évaluer l'éducation nationale, étudie la perception du redoublement chez les collégiens et lycéens. " L’enquête permettra de déterminer comment le redoublement est vécu par les élèves redoublant mais aussi comment il est perçu par l’ensemble des élèves en général", explique le Cnesco. "Peu d’études sur le redoublement se sont intéressées à l’avis des élèves concernant cette pratique. C’est pourquoi le Cnesco veut mener cette enquête dans le but d’analyser les caractéristiques de chaque élève et de déterminer leur profil ainsi que leur relation à l’école".


L'enquête interroge les collégiens et les lycéens sur l'utilité du redoublement, ses motifs et le regard porté sur lui et ses conséquences. Il lie les réponses à l'origine sociale et culturelle des élèves, à la présence de soutien scolaire et aux habitudes de vie de l'élève.


Répondre aux enquêtes

http://www.cnesco.fr/perception_eleves_redoublement/



La baisse du redoublement profite davantage aux enfants de cadres

"La politique de baisse du redoublement ne produit pas les mêmes effets selon le milieu. Par exemple, la part d’élèves en retard en fin de collège chez les enfants d’ouvriers non qualifiés a diminué d’un tiers en dix ans, pendant qu’elle a été divisée par deux chez les enfants de cadres", relève une étude de la Depp (direction des études du ministère de l'Éducation nationale).


L'étude souligne la forte baisse du taux de redoublement en une génération. En 2004, 32% des enfants de fin du primaire avaient au moins un an de retard. Ils ne sont plus que 14%. Au collège, 46% des élèves de 3ème étaient en retard en 1993. Ils ne sont plus que 24%. Au lycée, le taux de redoublement en seconde est passé de 15 à 8% depuis 2005.


Pour la Depp, la baisse du taux de redoublement n'a pas entrainé de chute aux examens. " Le pourcentage d’élèves « à l’heure » reçus au diplôme national du brevet (DNB) est resté constant sur les six dernières années, de l’ordre de 92 %, et le taux de mentions obtenues par ces élèves est également stable", écrit la Depp. "Sur la même période, le passage en seconde générale et technologique des élèves de troisième « à l’heure » a légèrement progressé, passant de 79,8 % en 2008 à 81,9 % en 2013... Le taux de réussite au baccalauréat général et technologique, quel que soit l’âge des candidats, est en constante progression. Ainsi, il apparaît que la politique de diminution du redoublement a permis d’atteindre une meilleure fluidité des parcours, sans affecter la réussite des élèves qui a globalement progressé".


Le ministère devrait prochainement publier un décret limitant à l'extrême les possibilités de redoublement. Les prévisions budgétaires ne le laissent exister de fait qu'en seconde àç un niveau moitié plus faible qu'aujourd'hui dès 2017. Le Cnesco prépare de son coté une conférence de consensus sur le redoublement début 2015.


L'étude

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/18/0/DEPP_NI_2014_36_fo[...]

Redoublement  La ministre dément mais aménage sa suppression

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2014/155_2.aspx

Le Cnesco à l'assaut du redoublement

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/08/29082014Article63[...]




Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 22 novembre 2014.

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