Le BETT, une vitrine technologique pour des objectifs pédagogiques 

Par Françoise Solliec

 

Ce qui fait le succès du BETT, c’est qu’il est la traduction concrète des synergies de tous les acteurs du développement des TICE au Royaume-Uni. Les ressources et les équipements y sont d’abord proposés en réponse aux évolutions des programmes et aux besoins des enseignants, tout en faisant valoir les dernières trouvailles technologiques.

 

 

Une prise en compte d’objectifs pédagogiques

Un effort conséquent pour le 1er degré

En parcourant les allées du BETT, le visiteur français ne peut que s’étonner du foisonnement de ressources et d’outils s’adressant spécifiquement ou majoritairement aux élèves du 1er degré. Il est vrai qu’en Angleterre, avec un budget 2008 (hors ressources liées aux programmes) d’un peu plus de 15 000 £ par école primaire et un équipement moyen de 50 machines, dont 17 portables, les TICE sont très présentes dans le premier degré. Les élèves apprennent très tôt à utiliser ordinateurs et TBI et sont dès leur plus jeune âge familiarisés avec des ressources numériques, qui se présentent souvent sous forme ludique très attractive.

En décernant un BETT Award 2009 au produit Espresso pour les premières années, qui vise les élèves les plus jeunes (de 4 à 8 ans), les juges, parmi lesquels les enseignants sont largement représentés, ont noté l’utilisation intuitive du produit tant pour les enseignants que pour les élèves, ses constantes évolutions, sa pertinence vis-à-vis des programmes d’enseignement et des objectifs d’apprentissage et sa focalisation sur des thématiques citoyennes. Ils ont particulièrement apprécié les bulletins d’informations hebdomadaires, les répertoires de liens et l’utilisation de nombreux stimuli visuels, photos, œuvres d’art, vidéos …

http//www.espresso.co.uk

 

Proposer des outils aux élèves à besoins spécifiques

Une vingtaine de stands environ occupaient au BETT la zone des « special needs » ou élèves à besoins spécifiques. Ils présentaient de nombreux outils destinés à compenser ou minimiser des déficiences (aide aux mal voyants, mal entendants, handicapés moteurs) ou à transposer des représentations (utilisation du toucher, de la chaleur, de mouvements d’objets).

Dans cette catégorie, c’est le Grid 2 qui a été récompensé par un BETT Award 2009. Cette interface s’adresse, entre autres, à des personnes muettes ou présentant des difficultés d’élocution et leur permet d’utiliser une vois synthétique, à partir de phrases constituées dans l’ordinateur par des symboles ou du texte. Les utilisateurs ont accès, à traves cette interface, à leur bureau et programmes usuels ; ils peuvent notamment écrire et recevoir des SMS ou naviguer sur le web. A noter, pour d’autres types de déficiences que l’interface accepte de nombreuses entrées autres que le clavier, telles pointeurs, souris, interrupteurs ou écrans tactiles.

Le choix des juges s’est fondé sur 3 critères

1. Ce produit améliore l’accessibilité à l’ordinateur pour une large palette de handicaps

2. Il met l’utilisateur en situation de réelle indépendance et sa flexibilité en fait un outil très puissant

3. Il donne simultanément à l’utilisateur une voix et un outil de contrôle.

http//www.sensorysoftware.com/thegrid2.html

 

Les outils d’évaluation

On notera, déclare l’inspecteur général Alain-Marie Bassy, dans le texte figurant au rapport remis à Cap digital, « l’explosion de l’offre en matière d’assesment (évaluation des compétences des élèves). Ces évaluations, généralement alignées sur les curricula définis par la QCA (Qualification and Curriculum Authority), s’effectuent soit directement en classe à l’aide de télécommandes interactives permettant la réponse à des questions figurant au TBI (Quizz Box), soit de façon distante (sous le contrôle de l’enseignant ou en « self-evaluation » par l’élève à son domicile, sur la base d’une batterie de tests de qualification (TurningPoint, GL assessment, etc.). On relève toutefois que ces tests et ces quizz sont en général adaptés aux « key stages » 1, 2, et pour partie 3 (soit des élèves de 5 à 14 ans), mais s’adressent rarement à des niveaux plus élevés. En la matière, se confirme l’importance de l’attention accordée par le Royaume-Uni, en matière de développement de l’usage des TICE, aux classes d’âge les moins élevées (early years, primary et début de secondary schools, ce qui équivaut en France à la maternelle, à l’école élémentaire et au collège).

 

 

Pour répondre aux besoins pédagogiques, des évolutions technologiques

Mobilité et travail à plusieurs

« Cette année, dans les allées du BETT, encore plus de terminaux présents sur le salon, de toutes formes, de toutes couleurs. Même si ces terminaux sont très séduisants sur la forme, on peut se poser la question des usages et des ressources, qui se heurtent à la petitesse des écrans : les ressources ne s’adaptent pas encore toutes à ces tailles d’écrans, ce qui nécessite de scroller de haut en bas et de gauche à droite pour apercevoir la page affichée sans jamais l ‘apercevoir dans sa totalité » explique Marie Gaillard dans le rapport cité plus haut qu’elle coordonne pour Cap Digital et PM conseil sur les réflexions de la délégation française au BETT 2009.

 « Très remarquée », note-t-elle encore « la Microsoft surface allie un écran tactile horizontal de 1 m2 environ et des logiciels spécifiques. C’est le concept du « social computing » qui est développé ici, l’idée de partager une expérience à plusieurs, simultanément si nécessaire, autour de cette table interactive. Chaque main est repérée, et les interactions adaptées à l’utilisateur, comme par exemple des images qui s’orientent dans le bon sens pour la personne qui les manipule. A travers différentes applications, on peut alors créer de la musique à plusieurs, jouer à des jeux de mots, ou bien encore explorer un cœur en 3D ».

 

Vidéo et partages de ressources du type you tube : favoriser la créativité et la communication

A ce sujet, citons encore Marie Gaillard qui a été particulièrement frappée par « l‘avènement de la vidéo comme étant la ressource à développer et utiliser cette année, associée à des plates-formes communautaires d’échange.

Click View, par exemple,  se définit comme une plate forme web de gestion de vidéos, issues de bases de données ou enregistrées directement sur des programmes TV, mais aussi de séquences pédagogiques créées par les enseignants pour leurs élèves, avec des vidéos qu’ils ont pu associer à d’autres types de ressources (textes, présentations, ou autres medias). Ces séquences peuvent être partagées sur un site communautaire et exportées par les élèves afin qu‘ils puissent les visionner de chez eux.

http//www.clickview.co.uk

 

On retrouve ce concept sur truetube.co.uk, site internet gratuit, branche de production de contenu internet de broadcast indie CTVC, une compagnie de production télévisuelle fondée par la Rank Foundation, qui fournit des outils de montage et de partage de vidéos pédagogiques. Le site a d’ailleurs été récompensé cette année par le BETT Award pour le secondaire ».

http//www.truetube.co.uk

 

 

Pour autant le modèle anglo-saxon est-il, tel que, transférable en France ?

C’est la question que pose également dans son texte Alain-Marie Bassy, au regard du succès du BETT et de la pénétration qu’il révèle des TICE dans les classes du Royaume-Uni. Il y répond brillamment, en comparant les politiques menées en France et en Angleterre et en s’appuyant sur les usages repérés dans les deux pays. Nous reproduisons intégralement son article, intitulé « BETT 2009 : la guerre des concepts dans l’e-éducation », dans cette rubrique, avec son aimable autorisation et celle de Marie Gaillard, coordonnatrice de rédaction du rapport remis à Cap Digital.

 

 

Par fsolliec , le dimanche 15 février 2009.

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