Professionnaliser, un Dossier du Café 

Par François Jarraud



D'ouvrages en colloques, de rapports en circulaires, on n'en finit pas, depuis une vingtaine d'années, de filer la métaphore autour d'un drôle de concept. : la professionnalisation des enseignants. Les dix compétences de l'enseignant (ou plus si affinités) sont désormais la loin inscrite dans le marbre. On entend leur permettre de "poser les gestes efficaces" (ceux qui font que leurs élèves apprennent ?),  "reconnaître leur valeur" (par les temps qui courent...), les faire devenir "réflexifs",  capables d'assumer en professionnels les "tensions du métier" ? Savant, artisan, technicien, ingénieur, mage, artiste, praticien réfléchi, chercheur, acteur social ou  un fonctionnaire exécutant des directives avec zèle ?


Après un bref rappel du concept et de ses différentes déclinaisons, le Café tente un arrêt sur image." Le terme « professionnalisation » fait l’objet de critiques sévères : pour certains, à l’instar du terme « compétence », c’est l’entrée en force d’une terminologie anglo-saxonne qui veut remplacer les compétences disciplinaires en « savoir-agir » aux contours flous. Parle-t-on de professionnaliser les médecins ?


Professionnaliser, expliquent les défenseurs de la notion, ce serait alors, pour les enseignants, articuler les connaissances disciplinaires nécessaires à l’enseignement avec un « savoir aider », « savoir faire apprendre » les élèves. On touche là à un nouveau défi du métier d’enseignant, sommé de passer d’une obligation d’enseignement à une obligation d’apprentissage… La « responsabilisation  de l’enseignant », très présente dans les discours ministériels actuels, glisse-t-elle désormais vers « l’obligation de résultat ».


En ce sens, de la même façon qu’il entend « individualiser » les processus d’apprentissage, le discours managérial ne cherche-t-il pas à rompre avec le collectif des enseignants, suspecté de résistance ou de blocage ?

Le Dossier du Café n°97

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008Pro[...]



Une bataille pour l'école

"Les ressources pour faire la classe proposées par la DGESCO ne sont que des appuis à la libre disposition des professeurs". Avant même de les introduire, la Dgesco attire l'attention sur le fait que la "liberté pédagogique" établit que les documents qu'elle publie ne sont en rien obligatoires.


Or il s'agit en fait des "ci-devant documents d'accompagnement" des nouveaux programmes de SVT  du collège. Pour la première fois, voilà que le ministère les renie et n'ose les publier sous cette appellation. Mais, comme ils sont peut-être quand même indispensables, les distribue sous une nouvelle appellation jugée sans doute plus neutre : "ressources". En un mot c'est une page de l'histoire de l'école qu'on tente de tourner. Plus besoin maintenant de pédagogie, il faut du résultat. L'ennui c'est que l'institution continue à penser que le résultat ça va avec la pédagogie… Le problème c'est aussi qu'on tient en même temps et le discours sur la "liberté pédagogique" et celui sur le retour à l'autorité dans les établissements en changeant le statut des chefs d'établissement pour en faire des directeurs pédagogiques. Déduisez la finalité…


Un autre épisode glissant mérite l'attention, c'est celui des lois mémorielles. On a bien vu, lors du débat avec les députés, sur Public Sénat par exemple, Xavier Darcos non seulement expliquer que la représentation nationale devait définir l'enseignement de l'histoire mais aussi citer spontanément en exemple l'article de loi sur "les aspects positifs de la colonisation", alors même que celui-ci a été annulé. C'était un clin d'œil très clair et immédiatement interprété, sans démenti, par le député UMP Christian Vanneste. Quelques heures plus tard cela ne l'empêchait pas d'affirmer "qu'il serait très vigilant à ce qu'il n'y ait aucune ingérence dans la pédagogie de l'histoire venue du politique".


Un récent tract mobilise les sympathisants de l'UMP en posant la question : "et si la bataille pour l'école était en voie d'être gagnée ?". Le contenu du tract, avec ses chiffres faux (sur le budget, sur le nombre d'enseignants sans élèves par exemple), ses fanfaronnades ("l'apprentissage de la Marseillaise dans les classes maternelles est rendu obligatoire" !!!) a indigné plusieurs lecteurs. Il a au moins l'intérêt de confirmer que la bataille idéologique sur l'Ecole s'intensifie.

Sur eduscol

http://eduscol.education.fr/D0018/ressources.htm



L'Université d'automne du Snuipp à La Londe

400 participants, les meilleurs spécialistes (E Bautier, Y Chenouf, F Ramus, AM Chartier etc.) : la huitième édition de l'Université d'Automne du SNUipp est un succès.


Cette année encore elle réussit la rencontre entre les chercheurs, souvent critiques, et les enseignants. "Ici on est en confiance" écrit P. Picard. "Même quand ça fatigue un peu, même quand les nuits ont été courtes, même quand le soleil invite à la plage... Parce que les intervenants qu'on est venu écouter semblent faire la preuve qu'ils connaissent les difficultés du métier, mais aussi parce qu'ils affichent sans ambiguité qu'on est là pour mieux comprendre ce qui se passe dans la classe, pour mieux faire pour les élèves qui "ont le plus besoin de l'Ecole". Trois journées de conférences, de débats, de rencontres…

Le reportage de Patrick PIcard

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Lalonde[...]


Sur le site du Café
Par fjarraud , le samedi 15 novembre 2008.

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