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Le Cafe a Hong Kong > Messages > Honni soit qui mal y pense
Honni soit qui mal y pense

La découverte de la ville commence dès les bagages posés. Nous prenons un bateau passeur pour admirer les gratte-ciel depuis l’eau et rejoindre Victoria. Le temps est au gris, alors, en bons hong-kongais temporaires, nous sommes munis d’un parapluie. La vue sur la baie est impressionnante, des forêts de gratte ciel sur terre, des cargos, des jonques, des bateaux de pêche sur l’eau. Les immeubles poussent aux flancs des montagnes, design et colorés lorsqu’ils sont prestigieux ou denses, uniformes, lorsqu’ils servent d’habitation. De temps à autre, la végétation s’immisce, renaît sur les pentes comme une verte frontière entre les blocs. Et derrière, les montagnes surplombent ; la ville est criblée d’escalators vers les hauteurs, de passages couverts, de ponts gigantesques pour relier les îles.

Dans ce décor sans limites, la délégation française se pose sur une terrasse. Et tandis que les yeux sont baignés dans la magnifique vue, les débats s’engagent, plus prosaïques. Puisque nous sommes en terre de Chine, résumons-le ainsi : Microsoft est il un dragon dévoreur de système éducatif qui cherche à prospérer encore et sans partage ? Pour les non initiés à ce type de querelle, il faut mentionner que cette question est vive dans les milieux associatifs d’enseignants.

 

Deux points sont dénoncés par les défenseurs du libre. Le premier touche au mode de commercialisation des ordinateurs qui sont quasi systématiquement équipés du système Windows et contraignent les acheteurs à l’acquérir et l’utiliser. La réponse pour ce type d’argument est plutôt une nuance : la plupart des acheteurs ne sont pas des utilisateurs avertis de l’informatique, ils ont le choix entre deux systèmes Microsoft et Mac qui leur permet de se servir de leur ordinateur sans se préoccuper de programmation complexe. Le deuxième point porte sur la politique de Microsoft en éducation, en particulier sur son programme « partners in learning » qui soutient des projets et des associations ou encore sur la mise à disposition gratuite de suites Office pour les enseignants, et se focalise donc sur une supposée recherche d’hégémonie, voire de captation de la firme. Les associations, les animateurs des projets soutenus pointent comme réponse le faible soutien des pouvoirs publics, du ministère de l’éducation notamment. Pour vivre, même en reposant sur le bénévolat, les associations ont besoin d’argent pour financer leur structure, leur site, bref, tout ce qui concrétise, solidifie le projet. Leur survie repose souvent sur une quête perpétuelle de financement auprès des collectivités locales, d’entreprises, de fondations. Idem pour les projets, les innovations pédagogiques ; pour se développer elles ont besoin d’une reconnaissance, de matériels, de logiciels, parfois cruellement absents dans l’institution. Microsoft se positionne comme un financeur potentiel pour des partenaires qui bien souvent ont d’autres financements. Le partenariat tournera d’autant moins à la main mise que les données du marché sont claires et le financement multiple. C’est le cas lorsqu’il s’agit de Microsoft mais aussi d’autres entreprises comme Google ou Hewlett Packard.

Autour de la table, sur la terrasse d’un restaurant surplombant la baie de Hong Kong, sont réunis des représentants de tous les courants : un défenseur ferme du logiciel libre, des utilisateurs invétérés du Mac, des représentants d’associations partenaires de Microsoft , un chercheur plutôt observateur du débat et le responsable du programme « Partners in Learning » en France. C’est rare de pouvoir ainsi échanger sereinement, sans invectives, ni imprécations sur ce sujet. Je vous laisse deviner qui défendait quelle opinion. Et pour récompense de ce petit jeu, je tenterai à la fin du forum de décrire les possibles fléchissements, frémissements évolutions dans les points de vue.

Car, le pari est lancé. Une rencontre entre enseignants innovants du monde entier, d’Israël, de Thaïlande, d’Australie, d’Autriche, du Sénégal, du Brésil, des Seychelles et de tant de pays différents, n’est elle pas à même de changer les idées, les opinions les plus tranchées. En regardant ce que font les autres, en écoutant leur expérience, leurs doutes, leurs solutions, dans ce voyage dans les mondes de l’éducation, le débat perd de son acuité.

Et puis, « ce qui est important pour les enseignants c’est la pédagogie. Pour innover , on a besoin d’outils qui nous conviennent. Les querelles risquent plus de freiner l’innovation pédagogique, qu’autre chose », ainsi Annie clôt le débat. Mince, aurais je lâché un nom ?

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