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Ressources numériques, et si nous imaginions accompagner les usages pédagogiques que les nouveaux services nous promettent ?
 

Problématique : En dix ans nous sommes passés du CD-ROM et du DVD aux ressources multimédias en ligne, des manuels papier aux manuels numériques enrichis,  … Les ressources pédagogiques numériques éditoriales et les informations qui permettent de les sélectionner de manière pertinente sont désormais diverses et disponibles par de multiples entrées. Mobilisables sur de multiples supports, en local ou à distance, l’existence d’une offre cohérente et facilement compréhensible reste encore peu lisible pour les enseignants.

Les enseignants sont des bricoleurs de ressources et se sentent limités par l’institution qui demande d’avoir la main sur des ressources vérifiées et dans le respect des droits. Les éditeurs tentent de s’adapter à la demande croissante d’interactivité et d’appropriation des produits proposés. L’institution axe l’avenir sur une meilleure lisibilité et sur l’élargissement de l’offre légale, tout en accédant à la demande des enseignants de fabriquer plutôt que d’utiliser, en proposant des grains pédagogiques.

Sandrine Geuquet est enseignante en premier degré en Wallonie. Comme ses collègues français, elle est à la recherche de ressources, et notamment pour tablettes, puisqu’elle participe à une expérimentation lancée par la Communauté Française (notre EN) en classe de CP (1ère année en Belgique). Sa première remarque est que les applications proposées par les éditeurs (en l’occurrence Apple et Ibooks Author) sont vite épuisées pour son niveau. Elle préfère donc  « bricoler » elle-même ses ressources à partir de la banque illimitée d’Internet, faisant fi des droits d’auteur, estimant l’enrichissement de son enseignement comme la seule priorité. Oh, comme nous nous reconnaissons dans ces pratiques ! Elle souligne ensuite la difficulté de sélectionner les applications proposées par exemple sur Edumobile http://www.edumobile.be/fr/APPLICATIONS/iapps.html , car il faut les tester au préalable.

Pour répondre à la difficulté qu’éprouvent les enseignants à repérer les ressources utilisables en toute légalité, Roger Masson, chef de projets TICE pour la Région Rhône-Alpes, nous parle de Correlyce, un catalogue régional ouvert de ressources éditoriales en ligne pour les lycées de la région PACA, et de son intégration dans l’ENT. Ce service propose un Bouquet de ressources validées et transversales (4 titres d’encyclopédies), un catalogue de ressources éditeurs payantes ou non, choisies par l’établissement, validées par un comité territorial, et un moteur de recherches en cours de perfectionnement.

Anne Lechene, de  BIC éducation présente la solution Bic Connect, pensée pour le primaire. Le logiciel permet la préparation de séances en étant créateur ou utilisateur de ressources, l’importation de ses propres documents, un accès Internet encadré et intégré dans des séances. La plateforme intègre des bibliothèques organisées comme base de ressources,et sera ouverte à tous en novembre, à l’issue de l’expérimentation actuellement menée dans les écoles pilotes inscrites. Une réponse, donc, à la problématique soulevée par notre collègue wallonne.

http://www.bic-education.com/page/logiciel

Alain Thillay, chef du bureau des ressources pédagogiques à la DGESCO, recense les actions menées au niveau du ministère ces 10 dernières années, à travers les sites de recensement de ressources (citons la clé pour démarrer, le Catalogue Chèque Ressources, ressources pour l’Ecole Numérique Rurale du CNDP…). Les travaux en cours s’axent vers un point d’accès unique pour exposer les ressources : l’ENT. En effet, il y une abondance de ressources spécifiquement conçues pour l’Education sur les sites institutionnels tels  Edubase,  PrimTice, et une multiplication des outils et des supports de consultation à distance. Il faut en outre proposer des ressources adaptables et modulables, donc plutôt sous forme de grains ou granules pédagogiques (la plus petite unité pédagogique d'un parcours). Le projet Edutech vise à partir d’octobre à regrouper les ressources des établissements publics à caractère scientifique et culturel. Il suffira de s’inscrire avec son adresse professionnelle pour avoir accès à des ressources qui resteront hébergées sur ces établissements (y compris sous droits), avec une possibilité de télécharger, utiliser en ligne et dans la classe (exception pédagogique). Le ministère travaille également à une amélioration des informations sur les sites académiques et disciplinaires et à une meilleure mutualisation des productions des enseignants.

Déborah Elalouf, des éditions Tralalere, assure qu’aucun des anciens supports de contenus n’a disparu en 10 ans, contrairement aux idées reçues, et que le CDrom n’a pas disparu de la demande. Elle replace l’importance du professionnel de l’édition : bricoler ses propres ressources, c’est bien, mais les supports rich media sont difficiles à créer seul. Les éditeurs sont à l’écoute des besoins des enseignants et observent la façon dont ils détournent les produits du marché pour les faire évoluer en permanence (exemple de leur produit  Vinz et Lou qui a intégré au fil des années des vidéos, des jeux interactifs, est devenu un serious game, s’est adapté aux nouveaux formats, à un changement de diffusion - avant diffusé majoritairement dans les écoles, il a été mis sur Youtube avec un énorme succès). La prochaine évolution sur demande des enseignants sera celle du passage en web2.0, avec la possibilité pour l’enseignant de s’approprier la ressource et de la modifier.

Anne Broquet nous présente la richesse des ressources proposées sur le portail de la BNF- http://classes.bnf.fr/index.php , accompagnant les expositions virtuelles de dossiers pédagogiques enrichis. Le partenariat avec certains musées élargit l’offre. Il y a actuellement des modules de différents types utilisables de façon autonome, dont 40000 images commentées.

Mathieu Le Masson présente les travaux de l’Institut National Géographique et des portails mis à la disposition des enseignants  http://www.edugeo.fr/ qui propose des  cartes pour l’étude de l’évolution d’un territoire, des outils pour rendre les informations exploitables - tracer des zones, des légendes, des scenarios par zone géographique, le tout pensé par des enseignants et  téléchargeable pour travailler hors ligne. L’évolution ira vers une intégration de l’EDD et de l’économie avec un partenariat avec l’INSEE, par exemple.
Une bonne nouvelle : Edugeo intègre la plateforme Edutech à la rentrée et sera désormais gratuit.

La discussion finale touche aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle : que faire des contenus apportés par les élèves ? Pourquoi n’adapte-t-on pas plus vite le juridique aux véritables besoins ? Le problème de l’évaluation des ressources est également soulevé : les faire évaluer par les pairs serait très intéressant.

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