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Expression 2.0 des élèves et culture numérique à l’École

Problématique Comment accompagner les élèves dans un choix critique et raisonné des outils, des ressources et des usages du numérique ? Expression 2.0 des élèves et culture numérique (collaborer, s’exprimer, créer) : quelle place à l’École ?

L’institution met en avant les actions qu’elle mène en faveur du soutien du numérique à l’école, au niveau de tous ses acteurs. Mais elle ne souffle mot de l’utilisation des réseaux sociaux, et affirme sa volonté de poursuivre dans la voie engagée, dans un souci d’éducation citoyenne, sans réelles innovations. Le CNDP, lui, doit garder son public, et montre moins de frilosité, déclarant les pratiques courantes des apprenants prescriptrices, et il est donc prêt à franchir le pas des réseaux sociaux comme supports de production. Dans l’enseignement catholique, on valorise et développe les compétences acquises hors de l’école en les confrontant à des professionnels du cinéma. Au lycée, on réfléchit et expérimente la participation à des réseaux sociaux « sérieux », les bibliothèques partagées.

Blandine Raoul Réa, de la DGESCO, inaugure cette table ronde par la diffusion de la vidéo de promotion de l’institution pour l’introduction du numérique à l’école. Je ne sais pas si c’est ce petit air léger et décontracté qui l’accompagne, mais, tiens, tout est soudain plus radieux, surtout l’avenir !

http://www.dailymotion.com/video/xvuzj6_faire-entrer-l-ecole-dans-l-ere-du-numerique_school

Vient ensuite un bref récapitulatif des actions d’accompagnement des  élèves et des enseignants dans ce « nouveau » mode d’expression multiforme, plébiscité par tous, apprenants, familles et enseignants : l’éducation aux médias à travers les programmes par le CLEMI, la rénovation du B2i, le maintien des dispositifs tels l’accompagnement personnalisé ou les TPE permettant le travail collaboratif et la production personnelle…

Le numérique induit de nouvelles compétences à développer : aller chercher l’information  et l’organiser ; il est indispensable d’aller vers plus de pluridisciplinarité et de collaboration de la communauté éducative entière : CPE, direction, car le numérique à l’école dépasse le cadre pédagogique, il nécessite un accompagnement de l’élève dans l’usage raisonné et responsable du Net.

Du côté des enseignants, des actions d’accompagnement sont également menées, comme les groupes de travail TRAM (Travaux académiques mutualisés) sont organisés, qui rassemblent autour d’une thématique des équipes disciplinaires pour produire des scénarios pédagogiques sur 1 année.

L’Education Nationale œuvre également la transformation des esprits, notamment au niveau des  personnels d’encadrement et d’inspection, qui sont également accompagnés ;  elle poursuit le développement des ENT et l’accompagnement à l’utilisation des ressources numériques, y compris en termes de droits d’auteur, et soutient la production, par exemple, de jeux sérieux).

Jean-Marc Merriaux, du CNDP, constate la présence d’une culture numérique chez les enfants et les adolescents, connectés de différentes façons à plus de 90%, mais s’interroge sur la nature des pratiques. Plus de 70% n’utilisent pas les réseaux sociaux dans un contexte scolaire. L’école doit-elle s’en emparer ? Les enfants produisent des contenus dès le plus jeune âge et jouent au moins 1 fois par semaine.

Comment prendre en compte ces usages dans la production et l’édition des contenus numériques ? Il est temps que les pratiques des élèves deviennent prescriptrices.

Si la production de films d’animation en classe n’est pas nouvelle, maintenant l’élève est en capacité de maîtriser les outils de production. Il est également en capacité de gérer plusieurs médias en même temps. La classe de demain devra le lui proposer. Il est donc temps non seulement de renforcer et déployer l’éducation  aux médias et à l’information, mais surtout de la repenser.

Françoise Maine représentante de l’Enseignement Catholique,  nous parle du Festival National du Film de Poche - http://www.infilmementpetit.fr/, qui s’empare des pratiques observées (ils aiment se filmer et diffuser en instantané sur les réseaux sociaux), ont des  pratiques d’exploration et de découverte permanente. Ils sont ici amenés à imaginer un scénario thématique et rencontrent des professionnels. Ils peuvent participer avec leur classe ou seuls, à partir de la 3ème. Leurs productions sont ainsi valorisées par les prix remis par un jury de cinéastes et d’enseignants (dans lequel on peut déplorer cependant l’absence de pairs). Les principes sont la création d’un film de 3 mn sur caméras embarquées tout support (y compris leur téléphone), la production d’image, en leur laissant du temps de réflexion entre le shoot et le share. De point de vue juridique, les autorisations de diffusion sont rigoureusement observées et le règlement signé par les parents des mineurs. Les évolutions notées en 3 éditions sont le fait qu’ils conçoivent de vrais scenarios, que leur participation les amène plus facilement à  choisir des filières artistiques en toute connaissance de cause, certains « raccrochent » au collège par le projet qui dure plusieurs mois. Le festival est aussi un lieu de rencontre avec des professionnels, avec une  confrontation des manières d’écrire.

Florence Canet enseignante documentaliste dans l’académie de Toulouse, nous montre une expérience de terrain menée dans le cadre d’une TRAM, en lycée. Il s’agit d’une activité de partage de signets collaboratifs sur la Social book marking  Diigo, dans le cadre des TPE en BTS. Il s’agit en d’autres mots d’une écriture collective dans une bibliothèque virtuelle. L’objectif était de faciliter la production des mémoires en groupe en stimulant (et vérifiant) la participation de tous, de remédier au copier/coller massif, de permettre la diffusion du travail, et d’apprendre à sélectionner les ressources utilisées (par l’annotation et le commentaire). Il s’agit donc bien d’une éducation aux réseaux sociaux, la protection des données étant assurée par l’utilisation seule du prénom. La  validation des productions était aussi bien faite par les pairs (fonction « j’aime »), que par l’enseignant. L’expérience s’est révélée très satisfaisante. Diigo a été choisi pour son côté sécuritaire : c’est  la console enseignant qui est utilisée pour créer le compte.

http://www.ludovia.com/2013/08/le-partage-de-signets-collaboratif-au-service-des-apprentissages/

Sébastien Reinders, Conseiller pédagogique TIC de la région de Wallonie francophone, nous explique le fonctionnement des institutions wallonnes, qui est sensiblement similaire au nôtre : le matériel est géré par la région, la pédagogie par la Communauté française.

En Wallonie, l’éducation aux médias se fait transversalement, les compétences sont travaillées librement par les enseignements. Les productions et pratiques de classe mettant en œuvre les TICE sont valorisées par la chaîne éducative Educatube, qui  promeut les travaux des élèves de façon sécurisée et validée. Educatube est un environnement fermé car il est institutionnel et pose le problème de la validation des sources sur un outil qui est la vitrine de l’institution. Donc ce n’est pas vraiment du web2.

http://www.educatube.be/homepage.php

Il existe un équivalent au B2i et C2i français : le Passeport TIC. Sa validation n’est pas obligatoire, de la même façon que l’utilisation de l’ENT, et ne dépend que de la motivation des enseignants. Les réseaux sociaux sont progressivement intégrés.

Puis sont soulevées dans la discussion finale animée par François Guité, enseignant et consultant en TICE au Québec, les problèmes de droits d’auteur, que l’on retrouvera tout au long de cette session de Ludovia. Il en émerge l’idée de la nécessité de créer de nouveaux droits : ceux par exemple permettant d’emprunter pour recréer. La question de la propriété intellectuelle est tout aussi importante : à qui appartiennent les productions des élèves ? L’accent est mis une fois de plus sur la protection et l’accumulation de nos données personnelles : quel usage détourné est-il fait de ces données sur le Net ?

Le compte-rendu sur le site de Ludovia par Lyonel Kaufmann et Laurence Juin

http://www.ludovia.org/2013/2013/08/27/table-ronde-expression-2-0-des-eleves-et-culture-numerique-a-lecole/

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