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«La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?»

Intervenants : André Delacharlerie Délégation Wallonie, Jean-Loup Burtin Directeur de la société FORMATICE pour BIC Education, Marie-Noëlle Martinez chercheur AC Toulouse (expérimentation tablettes au collège d’Albi, classe de 6ème), Michèle Monteils DGESCO et Jean-Paul Moiraud

Modérateur : Corinne Martignoni, DGESCO

Selon la très mauvaise habitude prise à Ludovia (sauf quand le modérateur est Eric Fourcaud), la table ronde ne l’est pas, et les intervenants ne font pas tous la même lecture du sujet à débattre. La confrontation va avoir lieu autour du terme de mobilité. Faut-il faire un bilan de l’utilisation des tablettes ou s’interroger sur la sédentarité des enseignants utilisant les nouvelles technologies en espace clos ? La mobilité est-elle celle des lieux d’apprentissage, des corps et des mondes virtuels, ou celle des supports que l’on peut mettre dans sa poche ?

Le thème de la mobilité était à l’honneur en 2011, je vous invite à relire les articles du blog du café. Pour Jean-Paul Moiraud, comme pour Jean-Loup Burtin, il faut parler aujourd’hui de mobiquité (la fusion des mots mobilité et ubiquité, qui décrit la capacité d'un usager en situation de mobilité à se connecter à un réseau sans contrainte de temps, de localisation, ou de terminal - wikipedia), et ça n’a rien à voir avec le format de l’outil, évidemment. La tablette permet la mobilité des corps, mais la mobilité des espaces est une histoire ancienne, liée pour Jean-Paul Moiraud à l’utilisation de la radio en classe dans les années 60. Invite à la mobilité tout appareil ou environnement qui permet la mobilité tout en restant assis, comme skype ou les mondes virtuels… une fois ces postulats posés, nous sommes libres de nous interroger sur les pratiques que génère cette mobiquité et sur ses applications didactiques.

Marie-Noëlle Martinez, André Delacharlerie et Michèle Monteils se focalisent sur les expériences menées avec les tablettes numériques, qui sont l’outil nomade dernier cri. En tant qu’enseignants, nous nous sentons tout de même concernés par les évaluations menées.

Marie-Noëlle Martinez nous présente son mémoire de M2 à partir de l’observation de l’usage des tablettes au collège d’Albi, en classe de 6ème. Les résultats sont à prendre en toute relativité, car sur une période de 5 mois seulement (la DGESCO nous confirme que la majorité des expérimentations a débuté en 2012), mais font écho à tout ce que l’on a pu entendre l’année dernière à Ludovia : toutes les conclusions sont positives, les tablettes sont plébiscitées par les parents, les enseignants, et enfin les élèves (si, si, dans cet ordre !) ; ces derniers semblent les considérer comme un instrument de travail (ils y consultent beaucoup plus le cahier de texte que les jeux), même s’ils les emportent à la maison. Les qualités reconnues sont une augmentation de la motivation, une plus grande attractivité des cours, de nouveaux moyens de mieux apprendre, une très bonne ergonomie. Les pratiques de classe ont beaucoup évolué en 5 mois, une fois les problèmes techniques résolus à la fois au niveau des élèves (qui savent résoudre seuls les petits soucis techniques) que des enseignants (qui prévoient une substitution papier si nécessaire). Les activités sur tablette s’organisent harmonieusement avec les usages sur l’ENT ou l’emploi du TBI. Aucune influence sur les résultats scolaires n’a pu être observée, faute de possibilité de bloquer les paramètres (la classe témoin n’est évidemment pas composée des mêmes élèves).

La DGESCO recueille les données depuis 3 ans, et mène en parallèle une évaluation des projets. Ce qui nous a été présenté ici est un commentaire de la rubrique dédiée : http://eduscol.education.fr/cid71927/retour-des-experimentations-tablettes-tactiles.html
15000 tablettes ont été distribuées au niveau national avec des dotations massives en 2012, réparties ainsi : 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées – les conseils généraux ont mieux soutenu les projets. La question de la mobilité est à nouveau posée, puisque les expérimentations à l’extérieur de la classe sont l’exception. Les avantages soulignés sont la rapidité d’allumage, l’autonomie des appareils, leur légèreté, leur simplicité d’utilisation. Les tablettes modifient en outre l’usage des TICE en classe, car elles sont utilisées comme un outil sur la table parmi d’autres, ce qui permet d’échapper à la lourdeur des réservations de la salle informatique de l’établissement, et favorise une alternance de travail individuel et collectif. L’impact est plus ou moins positif selon les disciplines, celles en profitant le mieux étant les LV, et celles l’utilisant le mieux dans sa fonction de mobilité étant l’EPS, la géographie, les SVT et les arts… Des réserves sont émises sur leur utilité en maths. On remarque cependant assez peu d’innovations dans les usages, ce qui démontre qu’une appropriation pédagogique est nécessaire, donc un accompagnement des enseignants. Les outils évoluent, dotés maintenant d’un stylet, d’une ardoise, de claviers détachables, de systèmes d’exploitation plus stables.
Restent à améliorer le développement d’applications pour l’enseignement, lentes à venir, et à résoudre le problème du renouvellement fréquent du matériel. Un choix doit être fait sur les tablettes à adopter dans l’Education Nationale : entre la tablette en classe et la tablette personnelle, entre les tablettes grand public, les tablettes dédiées à l’enseignement issues de l’appel à projet e-education 2, ou l’ardoise tactile BIC développée spécialement, ou les hybrides sous Windows 8, qui permettraient aux enseignants de réinvestir les logiciels et ressources dont ils enseignants avaient l’habitude.
La tendance actuelle de l’institution pensche pour une tablette en classe, car la mettre dans le cartable sous-entend sa solidité, et une maîtrise d’un usage différencié à la maison et à l’école (Michèle Monteils rêve de la tablette intelligente qui détecte si sa localisation est publique ou privée , après tout, nous sommes bien dans le thème de l’imaginaire).

Jean-Loup Burtin souligne le manque de ressources prévues pour l’outil, et déplore que la didactique des disciplines ne soit pas le souci principal, lorsque l’on parle de mobilité. Les applications existantes ont le défaut de ne pas permettre aux enseignants d’adapter leurs propres ressources. D’autre part, il faut veiller à ne pas accroitre la fracture sociale et scolaire. Au Canada, par exemple, où une étude vante les bienfaits de l’usage des ordinateurs portables,

(http://eduscol.education.fr/numerique/actualites/veille-education-numerique/fevrier-2013/usages-ordinateurs-portables-primaire-secondaire)

Les familles les plus défavorisées ont été dotées prioritairement. On sait que les temps d’apprentissage ont été raccourcis par le numérique. Il faut aussi repenser les lieux. Enfin, le travail collaboratif n’est peut-être pas facilité par des outils de plus en plus petits.

Il ressort des études que l’on obtient avec les outils numériques un travail scolaire bonifié et facilité, avec une meilleure répartition du temps, un accès accru à une information actuelle et de qualité, une attention améliorée sur la tâche scolaire, une interaction accrue, un apprentissage interactif et un  développement des compétences signifiant, une équité, une ouverture sur le monde et et des opportunités d’avenir.

 

André Delacharlerie nous montre le témoignage d’une enseignante de CP fort satisfaite de son expérience de l’utilisation des tablettes mais il en ressort que c’est parce qu’elle a accès à des applications développées pour l’enseignement (Etigliss) http://etigliss.ecolenumerique.be/ qui lui permettent de conserver ses activités traditionnelles (étiquettes) avec une attractivité nouvelle et une plus grande rapidité d’exécution des exercices. Cette application lui permet d’utiliser et modifier ses propres ressources.

Une intervention du représentant de la FCPE souligne le souhait des parents de mettre la tablette dans le cartable, et encore mieux, de mettre le cartable dans la tablette ; à quoi il est répondu en conclusion que le mieux sera de ne plus rien transporter, mais de tout retrouver partout sur différents matériels selon les lieux où on se trouve. Il faut développer l’interopérabilité.

Le compte-rendu sur le site de Ludovia par Lyonel Kauffman et Laurence Juin

http://www.ludovia.org/2013/2013/08/28/table-ronde-la-classe-est-elle-plus-mobile-avec-le-numerique/

 

 

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