Vraiment pas fanatique des cérémonies de remise des prix, j’ai dû me rendre à l’évidence : le concours de l’innovation pédagogique n’était pas ce que je redoutais. J’ai dû remiser mes sarcasmes dans ma besace. J’avais, je pense, sous-estimé l’intelligence et la finesse du jury qui a su récompenser des projets en danger et qui reflètent tout ce qu’on attend de l’innovation pédagogique aujourd’hui.

Le jury

L’annonce des lauréats s’est déroulée au lycée Emile Zola, ouvert pour nous ce samedi fort gentiment par son proviseur, dans une salle éminemment historique puisqu’elle avait accueilli jadis le procès Dreyfus. Assisterait-on pour autant à des plaidoiries appuyées sur la liberté d’innover et l’accès à une éducation de qualité pour tous ? Que nenni, j’en étais encore pour mes frais : les allusions au conservatisme scolaire et à la mise en danger de l’innovation ont été suffisamment dosées pour ne pas sombrer dans la surenchère enflammée. Car ce sont les projets eux-mêmes, et les enseignants qui les portent, qui renforcent la conviction que cette voie-là est une voie avec multiples issues. On a simplement envie que nos enfants fassent un bout de chemin avec ces enseignants passionnés, ouverts et inventifs. Les 98 projets présents démontrent que cette créativité au service de l’apprentissage n’est pas une denrée rare. Elle s’épanouit souvent à l’insu du système, sans soutien, si ce n’est celui des associations. Ce n’est pas étonnant que les associations organisatrices recueillent un tonnerre d’applaudissements. Au delà de ce premier forum des enseignants innovants, elles relient les profs entre eux, les soutiennent ou leur permettent simplement d’échanger.

Des enseignants innovants et studieux

Et puis, pourquoi cacher cette joie toute personnelle, au cours de ces deux jours, j’ai perçu l’importance du Café Pédagogique pour ses lecteurs : un moyen de s’informer certes, mais surtout de ne pas se sentir isolé. Alors, ça fait plaisir, et donne envie de faire encore mieux dans la chronique des initiatives pédagogiques. Combien de rédacteurs devrions-nous être pour rendre compte de tout ce qui se passe ? L’innovation pédagogique a besoin de cette lisibilité pour soutenir les projets existants certes ; pour renforcer sa légitimité, son inéluctabilité, surtout. Evelyne Héry, historienne de l’éducation, en retraçant l’histoire de l’innovation pédagogique, nous a expliqué cette nécessité de diffusion, de visibilité de l’innovation. Des innovations disparaissent faute d’avoir été recensées, le vecteur d’Internet et le relais des associations sont deux formidables outils pour éviter ces disparitions regrettables.

Evelyne Héry

Avant le palmarès, François Jarraud posait la question « nous allons revenir plus fort de cet établissement, mais allons nous revenir plus légitimes ? ». Et tandis qu’il prenait l’exemple des menaces qui pèsent sur le collège expérimental Clisthène de Bordeaux, une main s’est levée dans l’assistance, un père de collégiens de Clisthène nous annonçait que les soucis du collège était en passe d’être résolus.

Et le palmarès, me direz-vous ? Il arrive, il arrive.