A Nantes l'Université d'automne des Clionautes 

 

 

 

Par Lucie Gillet

 

Ils sont une vingtaine de passionnés de leurs disciplines, l'histoire et la géographie, des profs qui profitent de leurs vacances pour travailler, se former, échanger...A Nantes, sur 3 jours, se tient l'Université d'automne des Clionautes, une association qui promeut l'utilisation d'une pédagogie active au service des élèves, où ceux-ci sont acteurs de leurs savoirs, se construisent leurs propres outils... Que font-ils ici? Hé bien eux aussi se mettent en scène, avant de transmettre, il faut bien tester, s'exercer, se former.... Pour en savoir plus, nous interrogeons Caroline Jouneau-Sion, présidente de l'association des Clionautes.

 

Présentez-nous la « formule » de cette université d'automne :

 

C J-S : Il s'agit chaque année de prendre un temps de formation, d'échanges où nous mutualisons nos expériences. Il y a deux volets à cette université, l'un de formation théorique, l'autre plus pratique : la démarche pédagogique servie par des outils techniques. Cette année le thème retenu étant celui des transports en commun, nous abordons leurs impacts dans l'aménagement du territoire d'une grande métropole. Nantes est souvent citée pour son exemplarité à la matière, nous sommes venus sur place interroger, titiller ce consensus...

 

Quel est votre programme d'activités pour ces trois jours ?

 

C J-S : Hier, nous avons eu les contenus notionnels : la rencontre avec un représentent de Nantes Métropole et un géographe, ce qui nous a permis d'appréhender plus finement le contexte nantais. Puis selon nos envies, nos aspirations, nos centres d'intérêts nous sommes partis en petits groupes découvrir la ville toujours sous cet angle des transports en commun. Nous avons un passe pour trois jours qui nous permet de voyager selon nos besoins afin de mener nos recherches. En fait nous nous mettons en situation comme nous le demanderions à nos élèves, nous apprenons à maîtriser les outils, une démarche dont ils se saisiront également.

 

Hier, après avoir reçu quelques notions de base pour filmer, en sous-groupes nous avons filmé la ville en choisissant un angle d'analyse : la place du vélo dans la ville, le navibus, le tramway et l'université, les différents modes de transports, l'entrée dans la ville, sont quelques uns des sujets traités.

 

Aujourd'hui, toujours comme nos élèves, nous nous mettons en activité afin de réaliser un documentaire sur le thème que nous avions choisi. Un intervenant nous enseigne des rudiments sur le montage et nous construisons notre propre documentaire. En fait c'est la démarche pédagogique prônée par l'association des Clionautes : construire ses savoirs de manière à les restituer. A l'issue de ces trois jours, plusieurs documentaires seront produits, nous avons l'intention de diffuser les images que nous avons prises. Aussi ces productions seront-elles accessibles en ligne sur le site des Clionautes.

 

Emmanuel Maugard, concepteur du programme de cette université nous présente la troisième journée :

 

Mercredi, est prévue une visite d'histoire urbaine du château des Ducs de Bretagne, comme il y a beaucoup à voir dans ce musée, c'est l'angle de l'utilisation du multimédia qui a été retenu : seront présentés les différents supports de cartes interactives et autres dispositifs choisis et développés par l'équipe de conservation du Musée, le but une fois encore est d'aborder « un portrait de ville, vivant, à la fois didactique et ludique ».

 

Je vous interromps en pleine séance de travail, la salle informatique surchauffe, sur quoi planchez-vous?

 

C J-S : En ce moment, Emmanuel nous présente le logiciel Didapages, qu'il utilise en classe. Nous essayons ses diverses fonctionnalités et nous familiarisons avec la nouvelle version. C'est un outil de valorisation de la vidéo qui peut donc être utilisé à destination des profs, mais aussi des élèves. On peut très bien imaginer que des élèves produisent des documentaires comme nous le faisons à destination d'un autre groupe d'élèves ou d'autres classes, un genre d'exposé qui au lieu de finir à la poubelle, peut être restitué à destination de plusieurs publics, plusieurs fois. Il s'agit toujours de construire ses savoirs, et de trouver un médium pour les transmettre, les restituer.

 

Emmanuel Maugard : Didapages est un logiciel développé par l'association fruits du savoirs. Les Clionautes sont adhérents ce qui nous permet de tester le logiciel avant une diffusion plus large, nous appréhendons donc la version didapages2 et ses diverses applications. C'est un logiciel conçu pour pouvoir être utilisé dès l'école élémentaire et expérimenté avec des élèves.

(En savoir plus sur didapages :

http://www.fruitsdusavoir.org/index.php?page=20 )

 

Qu'est-ce qui motive les clionautes à se retrouver pendant les vacances scolaires?

 

C J-S: D'abord notre association fédère environ 140 adhérents, et la liste de diffusion touche 1600 abonnés, environ 1200 lecteurs quotidiens. Tout cela ce sont des échanges « virtuels », et l'université d'automne c'est un moyen de se voir, se rencontrer « en vrai », dépasser cette virtualité. Viennent des personnes de tout le territoire français : Béziers, Raismes (Nord), Rouen, Grenoble, Le Mans et évidemment la région nantaise... Chaque année participent des personnes qui ne sont pas adhérentes mais qui se passionnent avec nous, c'est un nouveau souffle pour l'association, c'est motivant.

 

On peut résumer en disant que quand la virtualité s'incarne, ce sont de belles rencontres humaines et un beau service rendu à la pédagogie

 

C J-S : Oui, de nos rencontres naissent et se poursuivent de nouveaux échanges pédagogiques : des correspondances, par exemple : les élèves d'une collègue ont conçu un devoir qu'ils ont transmis à mes élèves en géographie, les miens vont leur renvoyer l'ascenseur avec un devoir d'histoire. On réinvente la correspondance scolaire. Un autre collègue a inventé un jeu de « ping-pong » : pour agrémenter le traditionnel questionnaire de débuts de cours, là ce sont les élèves qui préparent une série de questions. Un élève pose sa question à un autre, si celui-ci apporte la réponse il pose une question à un autre élève à son tour, et ainsi de suite par ricochet. On peut imaginer poursuivre ce système par web-cams interposées. Il s'agit toujours de mettre les nouvelles technologies au service de la transmission des connaissances.

 

Et au-delà d'une transmission prof-élève, d'une transmission entre pairs (d'élève à élève) on peut aussi envisager une transmission ascendante : on rentre ainsi dans le cadre d'un apprentissage d'une démarche citoyenne. Se saisir des nouvelles technologies pour interpeller les institutions, les collectivités territoriales. Reprenons notre exemple de la place du vélo dans la ville par exemple, on peut très bien imaginer qu'un groupe d'élèves se saisissent de cette question, monte un documentaire et le propose à la communauté urbaine. On pratique alors une géographie réellement reliée au monde dans lequel nous vivons, en prise avec la « vraie vie » et plus du tout virtuelle pour le coup...

 

Le programme de l'université d'automne des Clionautes :

Le site de l'association les clionautes

 

 

Par fjarraud , le .

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