In Memoriam Madeleine Freinet 

 

 

 

Par François Jarraud

 

Madeleine Freinet, la fille d'Elise et Célestin Freinet, a été enterrée le 26 octobre, dans le village de son père, à Gars (06).  Elle avait joué un rôle important dans la construction de la pensée pédagogique de son père. Après son décès elle avait publié et sauvegardé son œuvre. Nous avons demandé à Muriel Quoniam, présidente de l'Icem Freinet, d'évoquer sa mémoire..

 

Madeleine Freinet était la fille unique de Célestin et Elise Freinet. Quelle femme était-elle ?

 

Je ne l'ai pas connue, mais d'après ce que j'en ai perçu : c'était une femme de caractère qui a assumé le lourd héritage de "fille" d'Elise et Celestin Freinet. Elle avait une capacité de travail impressionnante tout en ayant aussi l'âme (et les talents) d'une artiste

 

Quelle place a-t-elle dans les écrits de Freinet et dans la construction de sa pensée ?

 

En tant qu'enfant, Célestin Freinet s'est appuyé sur ses tâtonnements dans l'apprentissage de la lecture et l'écriture pour illustrer son ouvrage "la méthode naturelle" en publiant les genèses de ses dessins, lectures, et écriture.

 

Nous sommes des générations d'enseignants ou d'éducateurs à connaître "Baloulette" à travers l'oeuvre de son père. Devenue adulte, c'est avec son époux Jacques Bens, qu'elle a dépouillé les archives de son père, permettant la publication des "oeuvres complètes" de Célestin Freinet en deux tomes,  puis la correspondance entre Elise et Célestin entre 1940 et 1941. Elle a écrit et publié "Élise et Célestin Freinet - souvenirs de notre vie - tome 1 (1896 - 1940)" chez Stock en 1997. Il était question que le tome 2 sorte prochainement.

 

On dit parfois qu'elle était "la gardienne du temple" du mouvement Freinet. Quel rôle a -t-elle joué dans la construction du mouvement ?

 

Elle n'était pas liée directement au "mouvement Freinet" tel que nous l'entendons à l'ICEM mais beaucoup plus à la conservation de la mémoire de ses parents et du site de l'école de Vence.

 

Elle a longtemps vécu à l'école Freinet de Vence et est restée très présente dans la vie de cette "institution" jusqu'à sa mort.

 

Plus jeune, elle a contribué à la réalisation de nombreuses BT et à la revue Art enfantin : Même si son nom n'apparaît pas, elle a beaucoup écrit pour cette revue. Elle animait aussi des ateliers d'art à l'école Freinet.

 

Après le décès de Célestin Freinet (1966), c'est Élise qui gérait l'école alors qu'elle s'occupait plus de la vie quotidienne auprès des enfants et enseignants. A la mort de sa mère (1983), elle a repris la gestion de l'école. Elle a dû faire face à de gros soucis financiers. L'école a été sauvée (en 1991 je crois) par des japonais qui ont versé une très forte somme (les bénéfices d'un film réalisé sur l'école de Vence) permettant de sortir du gouffre, et grâce aussi à Lionel Jospin qui a classé l'école au patrimoine et lui a donné le statut qu'elle a aujourd'hui.

 

Qui va la remplacer ?

 

On ne remplace pas une telle femme. On tente de poursuivre une oeuvre... Le souci de tous sera de faire perdurer cet îlot d'histoire de la pédagogie qu'est l'école Freinet tout autant que de poursuivre le travail de Célestin et Élise Freinet en prouvant jour après jour dans nos classes d'écoles publiques que c'est une pédagogie populaire qui a sa place dans toutes les couches de la société actuelle.

 

 

Par fjarraud , le .

Partenaires

Nos annonces