L’enseignement de spécialité EPPCS est une opportunité de rencontre entre enseignants chercheurs, élèves, équipes pédagogiques et étudiants. Maxime Travert, professeur en charge du master MEEF EPS à l'Inspe d'Aix Marseille, présente cette démarche. Comment penser les relations entre théorie et pratique ? Si l’enseignement de spécialité vise à penser cette relation, encore faut-il l’opérationnaliser sur le terrain entre les élèves, les équipes éducatives, les enseignants chercheurs et les étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’enseignement de spécialité EPPCS ?
C'est un des 13 enseignements de spécialité du Bac proposé en voie générale. Il a été mis en place l’année dernière. En plus des horaires traditionnels d’EPS, 4h (en 1ère) et 6h (en terminale) lui sont consacrées. Il s’appuie sur un programme qui se structure autour de 3 ambitions : « pratiquer », « analyser » et « communiquer ». L’enseignement de spécialité EPPCS dans notre académie d’Aix-Marseille, concernait l’année dernière trois lycées. Il regroupe cette année cinq établissements.
En quoi consiste votre démarche ?
Il nous a semblé opportun de s’appuyer sur cet enseignement pour diffuser la recherche scientifique concernant le domaine de la pratique physique et sportive en mettant en relation des équipes pédagogiques EPS, des élèves de 1ère ayant choisi cet enseignement, des étudiants de master 1 MEEF EPS à partir d’interventions ciblées d’enseignants chercheurs.
Aix Marseille Université est labellisée Génération 2024 et, souhaite établir des passerelles entre le monde universitaire et celui des établissements du second degré autour de la promotion du sport. La mise en place de l’enseignement de spécialité nous est apparue comme un levier pouvant servir cette ambition. Deux autres enseignants chercheurs, Olivier Rey et Luiggi Maxime, membres du parcours EPS de l’Inspé de notre université se sont totalement engagés dans ce projet.
Comment avez-vous cadré vos interventions ?
En lien direct avec l'IPR EPS Gladys Vasseur, qui accompagne et soutient cette action, et les équipes pédagogiques des établissements concernés, nous avons fixé la nature des contenus de nos interventions au regard du programme qui structure cet enseignement. Nous avons décidé d’intervenir autour de deux types de compétences « analyser » et « communiquer » à partir du thème « connaitre les effets de la pratique physique sur la santé et le développement de la personne » (« analyser ») et « développer une argumentation autour d’une thématique sur la pratique physique en mobilisant des connaissances issues de différents domaines » (« communiquer »).
Comment se déroulent vos interventions ?
Les interventions des enseignants chercheurs se font en trois temps : celui des informations, celui des questions et celui de la restitution.
Lors d’une première rencontre, une revue de questions générale sur le thème retenu, « les effets de la pratique physique sur la santé et le développement de la personne », est faite et illustrée à partir des objets spécifiques de recherche de chaque intervenant (Maxime Luiggi : « La mesure de la pratique physique » ; Olivier Rey : « La sédentarité » ; Maxime Travert : « L’abandon de la pratique sportive »). Nous profitons de cette première rencontre pour initier les élèves à la culture scientifique. Cette première rencontre nous permet d’aborder plus spécifiquement les contraintes liées à une activité de recherche en montrant comment se détermine le périmètre d’un objet de recherche (question initiale, revue de questions, hypothèses), quelles sont les différentes méthodes d’administration de la preuve (quantitative/qualitative), comment sont mis en valeur (forces et faiblesses) les résultats obtenus.
Quelques temps après la première intervention, les enseignants chercheurs retournent sur site et répondent aux questions des élèves et des enseignants en lien avec leurs interventions initiales et les éventuels documents qui ont été remis.
Lors d’un troisième et dernier rassemblement, les élèves présentent, par visioconférence, aux étudiants de M1 MEEF EPS de l’Inspé AMU l’enseignement de spécialité et une synthèse des échanges qu’ils ont eus avec les différents intervenants. Deux objectifs sont envisagés. Confronter les élèves à la difficulté de « développer une argumentation autour d’une thématique sur la pratique physique en mobilisant des connaissances issues de différents domaines » et permettre par ce partage entre lycéens et étudiants de donner aux futurs enseignants d’EPS un exemple vivant et animé de l’enseignement de spécialité et le type de travail qui peut être engagé concernant les relations entre formation et diffusion scientifique.
Comment cette initiative a été reçue et quelles perspectives ?
Concernant les équipes pédagogiques elles ont décidé de reconduire cette initiative pour cette nouvelle année scolaire. La richesse des interactions durant nos interventions avec les élèves, avec les équipes pédagogiques et lors des échanges entre élèves et étudiants nous prouvent l’intérêt de ce type de démarche.
Sur un plan plus institutionnel, cette action est soutenue par le pôle pilote Ampiric (Aix-Marseille – Pôle d’Innovation, de Recherche, d’enseIgnement pour l’éduCation) sensible aux actions originales de formation permettant de rendre les élèves plus performants et de dynamiser la formation des futurs enseignants à partir d’initiatives singulières.
Une fois que nous aurons stabilisé cette initiative dans les établissements dans lesquels nous les avons mis en place il est dans notre intention d’engager une rotation des trois enseignants chercheurs afin que chaque établissement profite d’éclairages scientifiques différents. Nous souhaitons également que les restitutions faites par les élèves prennent des formes plus originales qu’un simple témoignage oral et descriptif pour aller vers des présentations scénarisées utilisant des outils de communication numériques.
Propos recueillis par Antoine Maurice