Rien ne vaut le livre papier. Les lecteurs de livres ont de meilleures compétences en lecture que ceux qui ne lisent jamais de livre. L'OCDE le démontre sans difficulté et ce n'est pas une découverte. Pas plus que le lien entre la position sociale et la lecture de livres. Mais qu'en est il quand les livres deviennent digitaux ? Selon l'OCDE les lecteurs de livres papier ont de bien meilleures compétences en lecture que les lecteurs d'ouvrages digitaux. Et ils tirent beaucoup plus de plaisir de leur lecture. Une réalité nettement affirmée qui interroge.
Deux fois plus de livres chez les jeunes favorisés
Ce n'est pas un secret. On sait que le meilleur indicateur du niveau de compétence en lecture est le nombre de livres disponibles dans la maison. L'OCDE , avec Pisa 2018, le confirme : les élèves qui possèdent plus de 100 livres ont un niveau de compétences supérieur. L'écart avec ceux qui en ont moins de 100 atteint 44 points, soit presque une année d'étude.
Et on sait aussi que ce nombre est corrélé à la situation sociale. Ainsi les élèves âgés de 15 ans de milieu défavorisé n'ont qu'une centaine de livres chez eux, alors que les jeunes favorisés en ont plus de 200, selon l'OCDE. Malgré le développement du livre numérique, cet écart s'est maintenu depuis 2000, même si tout le monde possède un peu moins de livres en 2018 qu'en 2000.
Des lecteurs plus compétents avec le livre papier
Mais qu'en est-il de la lecture numérique ? Celle-ci s'est largement démocratisée. Est-elle aussi efficace pour l'apprentissage de la lecture que la lecture sur papier ?
Selon Pisa 2018, les jeunes (âgés de 15 ans) qui disent préférer lire sur papier plutôt que sur un écran ou qui lisent également dans les deux supports, ont de meilleures compétences en lecture que ceux qui ne lisent que sur écran. L'écart est très important selon Pisa 2018. Les lecteurs sur format numérique atteignent 19 points au dessus des non lecteurs. Ceux qui lisent également dans les deux formats on 50 points d'écart avec ceux qui ne lisent pas ou rarement. Et ceux qui lisent en format papier de référence performent 70 points au dessus de ceux qui ne lisent pas, soit près d'une année et demi. Pisa montre aussi que les lecteurs sur papier tirent beaucoup plus de plaisir de leurs lectures.
Certes l'écart reflète celui des conditions sociales. Mais une fois corrigé des inégalités sociales, l'écart entre les lecteurs papier et ceux du numérique reste très important.
C'est évidemment une mauvaise nouvelle pour les fabricants de matériel. L'OCDE ne cherche pas à expliquer l'écart. Sauf à dire que le rapport à la lecture n'est pas le même. Les lecteurs de livre papier tirent plus de plaisir de leurs lectures. Il sont probablement un rapport moins utilitaire et plus jouissif à la lecture.
François Jarraud
Pisa in focus