L'OZP donne une leçon sur la fabrication de la carte de l'Education prioritaire 

Comment se fabrique une carte de l'éducation prioritaire ? Si Pap Ndiaye se pose la question, l'Observatoire des zones prioritaires (OZP) a la réponse. Le 28 septembre, l'OZP a croisé l'analyse du chercheur et l'expérience du pilotage du haut fonctionnaire. Pierre Courtioux a mis en évidence la réorientation impulsée en 2014 par V Peillon et G Pau-Langevin. Marc Bablet, ancien chef du bureau de l'éducation prioritaire au ministère, a rappelé les conditions nécessaires à cette nouvelle carte de 2014. Alors que l'Education nationale doit, depuis 2019, mettre à jour la carte de l'éducation prioritaire, l'OZP pose des jalons que le ministre pourrait suivre. Ou pas...

 

Une nouvelle politique en 2014

 

Il y a bien eu rupture dans la politique de l'éducation prioritaire en 2014. Partant des données de la base centrale scolarité (BCS), Pierre Courtioux et Tristan-Pierre Maury ont mis en évidence la réorientation de la politique d'éducation prioritaire portée par Vincent Peillon, George Pau-Langevin et Jean-Paul Delahaye. Leur analyse montre qu'entre 2004 et 2014, la part d'élèves défavorisés a baissé dans l'éducation prioritaire. "Cette période est caractérisée par une relative normalisation de l’Education prioritaire (EP) qui se traduit par une diminution des différences intersectorielles au niveau national", écrivent-ils.

 

"En 2015, la mise en place des réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+) constitue une rupture de tendance. Cette dernière se traduit par un recentrage de l’EP sur les populations les plus défavorisées via un effet d’éviction massif des collèges où les élèves défavorisés étaient moins nombreux. Ce recentrage du ciblage conduit à une accentuation importante des différences en termes de mixité sociale entre les collèges en EP et les autres. Les différences de mixité sociale au sein des collèges en EP ont tendance à s’atténuer à partir de la réforme. Nous montrons que, contrairement au phénomène de baisse de la part d’élèves défavorisés de la période précédente, ce phénomène de recentrage de l’EP et d’accentuation des différences entre collèges en EP et collèges hors EP concerne beaucoup plus d’académies et touche également les zones rurales et faiblement urbanisées." Cette démonstration portée par Pierre Courtioux devant l'OZP a été publiée dans un numéro d'Economie et statistique (n°528-529).

 

La primauté du politique

 

Mais comment se réalise une nouvelle carte de l'éducation prioritaire ? Il revient à Marc Bablet, en 2014 chargé de mission pour la révision de la carte, de pointer les conditions qui ont permis ce recentrage de l'éducation prioritaire en 2014. "La 1ère condition est politique", explique t-il. "Il faut un gouvernement décidé à aller vers un meilleur ajustement de la carte. Cela a été le cas avec V Peillon, G Pau Langevin et JP Delahaye. Il faut un cabinet qui s'engage et soit capable d e tenir tête aux pressions des élus locaux".  Mais il faut aussi un budget : sans cela inutile de proposer une nouvelle carte.

 

Troisième condition : il faut mettre le personnel dans le projet. En 2014 le ministre avait fait le choix de maintenir la prime rep aux enseignants dont l'établissement quittait l'éducation prioritaire. Dernier point : "il faut un pilotage central sinon les élus locaux l'emportent".

 

Alors que P Ndiaye doit construire une nouvelle carte de l'Education prioritaire, l'OZP montre l'exemple d'un renouvellement. L'initiative est maintenant chez le ministre.

 

François Jarraud

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 29 septembre 2022.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces