Rachel Dauvergne : Des apprentis comédiens et comédiennes  

Beaucoup d’enseignants et enseignantes font du théâtre avec leurs élèves. Rachel Dauvergne aussi. Mais, ses élèves de Cm1 et Cm2, ne font pas du théâtre. Ils le vivent. L’enseignante, comédienne et fondatrice d’une troupe de comédiens amateurs, engage ses élèves dans un projet ambitieux où ils sont tour à tour, acteurs, actrices, écrivains, écrivaines, scénaristes… De vrais pros qui se produisent devant leurs camarades mais aussi leurs familles et des professionnels du spectacle ?

 

Le théâtre n’a plus de secret pour les élèves de Rachel Dauvergne de l’école Jean Jacques Rousseau à Angers. Comédiens, comédiennes, scénaristes, public… quelle que soit la place occupée, ces jeunes enfants de 9 et 10 ans prennent le temps de l’expérimenter avec leur enseignante, qui garde les mêmes élèves en Cm1 puis en Cm2. « C’est un cycle sur deux ans. Cela instaure une ambiance de classe particulière, permet que certains enfants apprennent à avoir confiance en eux. Il n'y a pas de jugement, tout le monde fait de son mieux et les meilleurs élèves en classe ne sont pas forcément les meilleurs sur scène et inversement ! » explique Rachel.

 

Première année, on interprète un spectacle

 

En Cm1, la classe est inscrite au Printemps théâtrale du Maine-et-Loire. « On travaille l'initiation au théâtre : voix corps, espace confiance... » raconte Rachel. « Je choisis un thème porteur de valeurs - on a, par exemple, travaillé sur la différence, les préjugés, les inégalités, la vie dans le quartier... Ensuite, on écrit ensemble à partir de leurs idées. On met le tout en forme et on fait la mise en scène avec la comédienne ». Sarah El Ouni, comédienne de la compagnie OMI SISSI et conteuse, intervient auprès de la classe pour accompagner les enfants.

 

Durant l’année, la classe assiste à trois spectacles, du théâtre mais aussi du spectacle vivant : marionnettes, danse… « Ce sont des vrais spectacles jeune public que l’on peut voir en étant adulte et qui donnent à réfléchir. On assiste aussi à un spectacle en famille un soir. Chaque enfant est accompagné d'un parent, c’est souvent une première pour eux. Je choisis des spectacles plus visuels pour que les familles qui ne comprennent pas la langue s'y retrouvent. En général, ils sont ravis et viennent tous ». Ce projet a un coût – mais minime, vingt euros pour l'année. En mai, les élèves se produisent sur scène lors d’une rencontre avec d’autres classes qui font du théâtre sur le département.

 

Deuxième année : on crée un spectacle

 

En Cm2, ça se corse. Grace à un partenariat et une subvention du théâtre Angevin « Le quai », les élèves rencontrent un auteur ou une autrice et travaillent avec. « L'auteur ou l’autrice rencontre les élèves, les fait écrire et nous livre un texte que nous mettons en forme » rapporte l’enseignante. Après Sylvain Levey, Catherine Verlaguet, Karine Serre, en 2022/2023, c’est au tour de l’auteur olivier Letellier, un grand nom du théâtre jeune public. Les élèves bénéficient aussi d’ateliers divers outre l’écriture, fabrication de marionnettes et de décors, rencontres avec les metteurs en scène…

 

En Cm2 aussi, l’enseignante tente d’impliquer les parents. « L'an dernier, trois mamans ont participé en disant des phrases avec moi dans le public » ajoute Rachel. « On enrichit souvent avec les cultures et langues de nos familles. L'an dernier des phrases de leur langue d'origine ont été ajoutées au texte original ». Fin juin, les élèves montent sur scène mais cette fois comme des pros. « La représentation a lieu dans la salle de spectacle du quartier. L’après-midi, ce sont tous les élèves de cette grande école de quatorze classes qui assistent à la représentation, le soir, les familles des responsables municipaux, des comédiens et comédiennes... » Un régisseur professionnel assure la qualité technique de la pièce.

 

Cerise sur le gâteau, en juillet – sur le temps des vacances scolaires, les élèves volontaires accompagnent Rachel à Avignon dans le cadre du dispositif Avignon enfants à l'honneur pendant quatre jours. « Cela ne coute que 20 euros aux familles car nous menons différentes actions dans l’année qui rapportent un peu de sous ». Très souvent une moitié de classe est volontaire pour un départ durant l’été, en 2021, 20 élèves avaient accompagné l’enseignante.

 

Le théâtre, un support pour développer les compétences psychosociales

 

Rachel Dauvergne reconnait que si elle s’investit tant dans le projet, c’est aussi car elle est elle-même comédienne, fondatrice de la troupe Sepaf et qu’elle est persuadée des bienfaits du théâtre sur les apprentissages des élèves. « Ils et elles font de tels progrès à l’oral, dans la gestion de leur corps, dans l’acceptation de soi et de ses différences, dans leur capacité à mémoriser…. Mail y a aussi un impact sur les rapports filles-garçons notamment en Cm2, ils sont plus apaisés, moins dans la caricature de genre » développe Rachel. « Et puis, en fin d'année, les timides osent plus, les pénibles se calment et se canalisent. Tous et toutes sont fiers de s’être produits devants leurs camarades et leur famille ». L’engagement de tous les élèves, sur deux années, permet aussi de consolider le groupe classe, de limiter les conflits, « ils sont obligés de s'entendre...je leur dis toujours vous formez une troupe, vous êtes comédiens et comédiennes, vous n'êtes plus des élèves ».

 

Plusieurs des anciens et anciennes élèves de Rachel continuent le théâtre au collège, certains sont très doués selon l’enseignante-comédienne.

 

Lilia Ben Hamouda

 

 

Par fjarraud , le mercredi 28 septembre 2022.

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