Le collectif des réprimés de l'Ecole reçu au ministère 

Professeur de mathématiques au lycée Joliot Curie de Nanterre (92), Kai Terada est suspendu depuis la rentrée mais aucune procédure disciplinaire n'est ouverte contre lui. Le 21 septembre, les "réprimés de l'Education nationale" sont venus de toute la France pour le soutenir. Pour Pap Ndiaye c'est le moment du test. Ou il continue sur la voie de la répression syndicale initiée par son prédécesseur. Ou il tempère ou enterre des procédures à la limite de la légalité qui visent à faire taire les professeurs. Réponse en principe aujourd'hui.

 

Suspendu mais pas sanctionné...

 

"Il y a eu Dole, Montargis, Melle, Montauban, Montbrison, Nanterre, Pantin, Paris, Rennes, Romilly sur Seine, Saint Denis (93), Sainte Marie en Martinique et tant d'autres encore. Ca suffit. Il faut que ça s'arrête". Le 21 septembre, Kai Terada énumère les mesures administratives prises par JM Blanquer sous le quinquennat précédent contre des enseignants.

 

Professeur de maths à Nanterre, Kai Terada est suspendu depuis la rentrée sans qu'une procédure disciplinaire soit lancée contre lui. "Ils m'ont dit qu'il n'y a aucun élément pour monter une procédure disciplinaire", nous confie K Terada. "Mais ils vont me recevoir le 22 septembre et soit me réintégrer soit me muter dans l'intérêt du service".

 

Ces mutations, c'est la trouvaille de JM Blanquer. Faute de pouvoir conduire une vraie procédure disciplinaire, le recteur peut déplacer "dans l'intérêt du service" un enseignant. C'est devenu facile avec la suppression des commissions paritaires par la loi de transformation de la Fonction publique. Ainsi l'enseignant est en réalité sanctionné durement. Car on peut lui imposer un établissement très difficile ou très éloigné de son domicile, quelque chose qui va changer son quotidien et surtout rompre les liens avec ses collègues. Le tout sans avoir aucun élément à charge à a faire valoir.

 

Une affaire de répression syndicale

 

"On sanctionne clairement les personnels qui sont dans la lutte", nous dit K Terada. "Et comme Sud Education est un syndicat de lutte on est en but à la répression. Mais ce n'est pas seulement parce qu'on est à Sud. C'est parce qu'on est combatif".

 

A quelques mètres du ministère, l'intersyndicale FO, Snes, Cgt, Sud est là pour soutenir Kai Terada. D'autres enseignants déplacés d'office sont présents. Il y a deux ex-enseignants du collège République de Bobigny, Olivier Decool et Christophe Vilain , les entarteurs de JM Blanquer, les "4 de Melle" etc.  "Ils s'attaquent à ceux qui réagissent le plus pour ensuite s'attaquer à l'ensemble des enseignants. La logique c'est la casse du service public", nous dit Olivier Decool.

 

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes Fsu,  est venue. "On est dans une affaire de répression syndicale", nous dit-elle. "Le Snes a été lui  aussi touché, notamment à Clermont Ferrand lors de la mobilisation contre les E3C. Un militant a fait l'objet de poursuites administrative et judiciaire. Il y a eu criminalisation de l'action syndicale. On part du principe que quand on touche à un représentant du personnel on touche à tout le personnel".

 

Le 21 septembre, Kai Terada et une délégation de l'intersyndicale ont obtenu d'être reçus par le cabinet de P Ndiaye. "On attend du ministre qu'il donne consigne au rectorat de Versailles de réintégrer K Terada", nous dit Jules Siran, cosecrétaire fédéral de Sud éducation. "On a un soutien large de l'intersyndicale , de groupes parlementaires (LFI, EELV et PCF) et de personnalités du monde de l'éducation et la culture. On a une forte présomption de discrimination syndicale contre Sud. Ces mutations dans l'intérêt du service à chaque fois c'est pour nous. On est en train de finaliser une saisie du Défenseur des droits".

 

Le ministère a bien reçu la délégation intersyndicale. Le cabinet de P Ndiaye a bien écouté les demandes de la délégation. Mais aucune décision n'a été annoncée. Kai Terada est reçu ce jour au rectorat de Versailles. C'est à ce moment là qu'on saura si Pap Ndiaye continue le combat lancé par JM Blanquer. Ou s'il se démarque de son prédécesseur et revient à des relations normales avec les syndicats. "Le dialogue avec toute la communauté éducative sera un principe important" avait déclaré Pap Ndiaye dès le 20 mai. C'est le moment de le montrer.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 22 septembre 2022.

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