Comment exploiter facilement des données satellitaires en classe ? Jérôme Gorgues, professeur de SVT au collège Louisa Paulin de Muret (31), a suivi la formation du CNES lors des universités d’été Espace-éducation. Programmes spatiaux, conférences et ateliers codisciplinaires ont rythmé sa semaine de formation. Avec ce bagage scientifique, il travaille avec ses collégiens de 3ème sur les épisodes caniculaires avec des données satellitaires récentes. Erosion des côtes et tsunamis sont aussi des sujets exploitables. Retour sur cette formation enrichissante pour l’enseignant et par ruissellement pour ses élèves.

Que fait-on lors des universités d’été Espace-Éducation ?

L’université d’été Espace Éducation est organisée tous les deux ans par le CNES à la Cité de l’Espace de Toulouse depuis une vingtaine d’année. Une convention est passée avec l’Éducation Nationale et une partie des stagiaires provient du Plan National de Formation. Le public ciblé correspond aux enseignants de collèges et de lycées d’histoire-géographie, de SVT, de sciences physiques et chimiques, de mathématiques et de sciences industrielles de l’ingénieur.

Cette formation a pour but de donner à ces enseignants une vue d’ensemble des programmes spatiaux et des applications liées aux sciences et techniques spatiales, dans le domaine de l’observation de la Terre et des Sciences de l’Univers.

Concrètement, un programme dense est proposé sur 5 jours de juillet. Il comprend des conférences, des ateliers d’explorations pluridisciplinaires avec une mise à niveau des connaissances en imagerie spatiale, des ateliers co-disciplinaires très enrichissants (SVT-Histoire-Géographie, SVT-Physique-Chimie), des ateliers disciplinaires basés sur une étude de cas avec une manipulation de données et enfin des visites de l’observatoire de Toulouse, de la cité de l’Espace ou certains sites du CNES.

A quels ateliers avez-vous participé ?

Chaque atelier dure 3h30 et est animé par des enseignants des disciplines concernées. J’ai participé aux ateliers d’explorations « Obtenir, utiliser, interpréter et intégrer des images satellites » et « Concevoir une mission spatiale : l'ingénierie concourante », ainsi qu’aux ateliers disciplinaires comme « Climat, météo, incendie en Californie avec EOBrowser » et les « Apports de la télédétection à l'évaluation du risque volcanique : le cas de l'éruption du Nyiragongo en 2021 ».

D’autres ateliers co-disciplinaires rejoignent les sciences de la vie et de la Terre avec la physique chimique comme « Observer et expliquer le changement climatique à l'aide des données spatiales » et les SVT-HG « Les sargasses : d’une crise locale à une crise globale. L’apport des outils spatiaux ».

Quelles visites avez-vous effectué ?

J’ai visité l’observatoire d’astronomie de Jolimont (Toulouse) après la tombée de la nuit. Ce fut un moment mémorable, accompagné par des guides passionnés de la Société d’Astronomie Populaire qui ont présenté les instruments d’observation (le radiotélescope, la lunette méridienne, la lunette de la carte du ciel, le télescope T83) et la riche histoire du lieu remplie d’anecdotes. Un temps d’observation du ciel fut possible dans 2 coupoles.

J’ai également visité la cité de l’Espace, guidé par William Gambazza, enseignant de Physique-Chimie et Chargé de mission DAAC / Cité de l'espace. Avec tout son talent, il nous a montré la richesse des lieux et les possibilités pédagogiques lors d’une visite organisée avec des élèves.

Les stagiaires ont pu visiter d’autres sites comme le Cadmos : Le Centre d'Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales prépare, organise et assure le suivi des expériences qui sont menées en micropesanteur, en particulier dans la Station Spatiale Internationale (CNES) et le centre de calcul intensif et de stockage des données spatiales (CNES).

En quoi cette formation est-elle pluridisciplinaire ?

Cette formation est pluridisciplinaire car elle est proposée aux enseignants de collèges et de lycées  d’histoire-géographie, de SVT, de sciences physiques et chimiques, de mathématiques et de sciences industrielles de l’ingénieur. Les matières sont associées pendant les ateliers d’exploration et les ateliers co-disciplinaires. C’est l’occasion de recevoir le point de vue des autres disciplines et d’identifier les éléments qui permettront de mettre en place un projet pluridisciplinaire en établissement.

En dehors de ces ateliers, lors des pauses et des visites, on bénéficie des échanges enrichissants qui se créent naturellement entre les stagiaires. Ces derniers proviennent de toute la France dont les territoires d’outre-mer.

Que pensez-vous réinvestir en classe après ces universités d’été ?

Une séance de 3ème est prévue très prochainement sur le thème des épisodes caniculaires de l’été, liés ou non au réchauffement climatique. La prise de température à l’échelle de la classe (dispositifs expérimentaux avec différents objets), de la ville (données d’une station météo locale) et de la région (données satellitaires grâce à l’utilisation d’EO Browser) permet de différencier météorologie et climatologie, de comprendre la nécessité d’effectuer de nombreuses mesures qui seront étudiées sur le long terme. On peut alors travailler les thèmes du réchauffement climatique et du développement durable.

Il est également possible de traiter d’autres faits d’actualité comme les incendies avec l’utilisation des sites FIRMS et EO Browser. Ce dernier utilise les données de nombreux satellites permettant entre autre de mettre en évidence la température, l’humidité du sol, l’état de la végétation. Il est possible de comparer les données sur plusieurs dates. Cela permet alors d’illustrer le thème des risques majeurs (incendie, inondation, érosion des côtes, conséquences d’un séisme, d’un tsunami, d’une éruption volcanique, …).

Propos recueillis par Julien Cabioch

Le site de la formation

Dans le Café

Espace-Education : 100 enseignants en formation avec le CNES