"Il est important alors de discuter cette idée soutenant que les neurosciences puissent véritablement révolutionner l’école à travers une meilleure compréhension des apprentissages scolaires et de l’enseignement. Le projet même de « repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau » peut relever certes dans le meilleur des cas d’une intention noble et humaniste, mais ne peut faire l’économie de prendre en compte notre fonctionnement cognitif et notamment nos propres biais de jugement ou de raisonnement". Dans le revue Anae (n°179), Edouard Gentaz (université de Genève) décrit comme un neuromythe l'impérialisme des neurosciences. " En éducation, cette tendance à se fonder sur des « arguments neuronaux pouvant être mis en images », plutôt que sur des « arguments fonctionnels qui pourraient apporter une véritable démonstration de l’efficacité d’une méthode ou d’une pratique pédagogique », émerge aujourd’hui fortement. Par exemple, il existe de nombreuses données montrant que l’apprentissage de la lecture transforme profondément les systèmes de traitement du langage et de l’information visuelle dans le cerveau (témoignant ainsi de sa plasticité cérébrale). Pour autant, ces résultats ne peuvent être une véritable preuve ou une démonstration de l’efficacité d’une méthode pédagogique... Si les apports des neurosciences à la compréhension des bases neurales des apprentissages sont indéniables, je défends l’idée que leurs apports à l’enseignement sont limités, souvent mal compris ou surinterprétés (Gentaz, 2022). En effet, ces apports sont même très souvent confondus à tort avec les apports significatifs et tangibles des sciences cognitives en général ou de la psychologie scientifique en particulier. Ces « neuro-apports » à l’enseignement ne sont pas toujours justifiés scientifiquement et ils pourraient davantage procéder d’une « neuro-illusion » collective ; ils pourraient être donc aussi considérés comme un nouveau neuromythe".
Dans Anae 179