Réforme du professionnel : Sigrid Gérardin : « Pas acceptable »  

« Le président propose une nouvelle réduction drastique de l’enseignement professionnel. Ce n’est pas acceptable ». A la veille du discours d’E Macron sur la réforme de la voie professionnelle, S. Gérardin, co secrétaire générale du Snuep fsu, soulève l’impossibilité d’horaires définis localement pour la préparation des diplômes professionnels. Elle défend une autre idée de la formation de ces jeunes et répond aux propositions d’E Macron.

 

E Macron mise sur la concertation locale pour organiser les enseignements de la voie professionnelle et notamment doubler la durée des stages tout en renforçant le français et les maths. Qu’en pensez-vous ?

 

 Nous sommes fermement opposés au doublement de la durée des stages en entreprise car cela voudrait dire que les lycéens professionnels manqueraient d’enseignements généraux. C’est prendre le risque d’augmenter le taux d’échec aux diplômes professionnels. Or le diplôme est le garant de l’insertion professionnelle. C’est contradictoire avec l’objectif annoncé d’améliorer le taux d’insertion. Si on veut le relever il faut améliorer le niveau de qualification de ces jeunes.

 

L’Elysée nous dit que ce nouvel équilibre entre stages et enseignements se décidera au niveau local. Est-ce une bonne chose ?

 

C’est étonnant. Il va bien falloir prendre les heures des stages quelque part. Si on dit qu’on augmente l’enseignement général et la durée des stages cela veut dire qu’on diminue les heures d’enseignement professionnel. C’ets vraiment méconnaitre le travail qui y est fait. En stage les élèves sont souvent amenés à effectuer que des tâches subalternes. C’est durant les heures d’enseignement professionnel qu’ils découvrent dès la 2de l’ensemble des techniques de leur métier. Par exemple en commerce –vente en stage on leur fait réassortir les rayons et faire du ménage. Au lycée dès la 2de ils travaillent la fidélisation et la prospection de clientèle. Ils travaillent le cœur du métier de façon à pouvoir s’insérer en entreprise.

 

Mais ce qui est vraiment incompréhensible c’est que les diplômes sont délivrés par rapport à une grille horaire nationale. On ne voit pas comment localement on pourrait déroger à une grille nationale. Sauf à vouloir abolir les diplômes professionnels…

 

La carte des formations pourrait aussi, selon l’Elysée, être décidée localement. Votre avis ?

 

C’est une vision étriquée de la formation professionnelle. C’est renoncer à une formation ambitieuse de ne prendre en compte que les besoins d’entreprises locales. Il faut une planification nationale qui tienne compte des enjeux nationaux pour demain comme le vieillissement de la population ou les enjeux climatiques. Et qui le fasse du point de vue de l’intérêt général et non de celui des entreprises. On ne peut pas instrumentaliser le parcours de jeunes défavorisés uniquement en fonction de besoins locaux et immédiats.

 

L’Elysée veut aller très vite. Que peut faire l’intersyndicale ?

 

Nous avons exprimé nos inquiétudes qui sont très fortes. Demain on échangera et on prendra nos responsabilités. Les experts du terrain c’est nous. On connait les jeunes et on connait aussi les entreprises. On continuera de porter la nécessité du parcours en 4 ans pour le bac professionnel alors que le président propose une nouvelle réduction drastique de l’enseignement professionnel. Ce n’est pas acceptable.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mardi 13 septembre 2022.

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